Films (re)découverts
Blondie of the Follies (Goulding - 1932) Génial, un "women's picture" comme j'aime ! Deux amies d'enfance se disputent une carrière (en tant que "girl" dans les Follies) et un homme (Robert Montgomery, impeccable, comme d'habitude). C'est une fois de plus réalisé avec un soin et une intelligence de tous les instants par le brillant Edmund Goulding, toujours à l'aise dans ce type de sujet, le scénario, un peu répétitif, révèle quelques jolies trouvailles, tout cela est tout baigné du lait de la tendresse humaine, comme on dit et Marion Davies (cette dernière aurait dû être nommée aux Oscars, je ne comprends pas) et Bessie Love n'ont sans doute jamais été aussi bonnes (ni aussi jolies). C'est dans ce film que Jimmy Durante (un peu fastidieux) et Davies imitent Barrymore et Garbo dans
Grand Hotel. 8,5/10
Le Roi du Tabac (Curtis - 1950). Excellent mélodrame en costume qui fleure bon son "adaptation de best-seller" à la Autant en Emporte le Vent (c'est un vrai sous-genre). Certaines séquences (le duel avorté) sont magistrales et le rythme est sans faille. On regrette simplement que le film soit un peu trop court pour son sujet, ce qui explique certaines questions qui restent sans réponse (et une catharsis qui ne se fait pas). On commence par se dire que Patricia Neal est un choix curieux pour une ingénue, mais elle se relève fascinante dans un personnage particulièrement cruelle. Bacall est trop belle, moderne et sophistiquée pour être crédible en pute au grand coeur mais Cooper a une rudesse appropriée au personnage (à défaut de l'âge idoine). Malgré ses défauts c'est sans doute le film qui m'a fait passer mon meilleur moment du mois. 8,5/10
7 amoureuses (Borzage - 1942) Une très jolie découverte, qui montre bien le talent de Borzage, même dans un registre mineur comme ici. Ce qui aurait dû être un film presque enfantin se change en parenthèse romantique et musicale, aussi touchante qu'un mélodrame flamboyant. Tout le monde est excellent, en particulier Grayson, adorable, juste et naturelle et S.Z. Sakall moins caricatural que d'habitude et du coup très émouvant. 8/10
La Famille Van Trapp (Reinecker - 1956) Première version, très réussie, des aventures de la famille Von Trapp. C'est assez curieux de voir que la comédie musicale a repris énormément d'éléments du film allemand, également filmé dans de superbes décors salzbourgeois. Ruth Leuwerik est absolument superbe, dans un registre beaucoup plus émotif et nerveux que Julie Andrews. 8/10
La Colline des potences (D.Daves - 1959) Très beau western, lyrique et émouvant, porté par l'humanisme de ses personnages, la merveilleuses BO et les interprétations inspirées de Gary Cooper, Karl Malden (génial en libidineuse canaille) et la merveilleuse Maria Schell, toujours bouleversante. 8/10
The Dark Knight Rise (Nolan - 2012) 8/10
Rose-Marie (Leroy - 1954) Je préfère la première version, plus glamour et beaucoup plus mélodramatique, mais le film est nettement plus réussi que
Les Rois de la couture (autre remake par Leroy et en couleurs d'un classique de la comédie musicale). Comme le fait remarquer Cathy les deux intrigues sont totalement différentes, le second film devient plus familial et s'articule autour de deux prétendants (l'intrigue rappelle d'ailleurs
La Belle Cabaretière, autre Jeanette MacDonald-Nelson Eddy) pour une seule Ann Blyth. Mais le trio est sympathique et efficace et les décors naturels sont splendides.
Sunrise at Campobello (Donehue - 1960). Avoir vu le film sans sous-titres, avec ses enjeux politiques importants et ses deux heures et demi de durée explique sans doute une sensation de fatigue, pas très cinéphilique. D'autant que le film a tout pour me plaire : superbe cinématographie et reconstitution d'époque, sujet humaniste et performances d'acteurs étonnanntes. C'est en particulier, je crois, le meilleur rôle de Greer Garson en Eleanore Roosevelt particulièrement attachante. 8/10
Un monde fou, fou, fou (Kramer - 1963). Probablement profondémente exaspérant. Mais pourtant l'énormité, parce qu'elle est connue, recherchée, assumée, revendiquée, soulignée, a fini par susciter chez moi une espèce d'hilarité jubilatoire qui est, après tout, le but recherché. La première demi-heure épuise et puis ensuite on est au delà de la fatigue. 8/10
Fanny Ellsler (Martin - 1937) Les scènes de danse sont belles, assez modernes et subtiles et Lilian Harvey, technicienne passable, est formidablement expressive. C'est court, très délicat, très romantique et sans aucune lourdeur, même dans le drame. Il est curieux de voir un film allemand de 37 présenter les Autrichiens comme les méchants du film et les français comme les héros (même si "Napoléon II" est un héros vaincu évidemment). 8/10
I love you Philipp Morris (Ficarra - 2009) 8/10
Betsy (Borzage - 1936) Fantaisie historique, romantique à souhait, un peu handicapée pour nous, par le choix du sujet français, pas très bien traitée ("ah si vous pouviez voir Paris ... la Loire !"
). L'historien sérieux sera que la fable (une américaine tombe amoureuse du frère de Napoléon) ne s'est pas bien terminé. Marion Davies, très touchante, est un peu trop âgée pour le rôle, Dick Powell nous amuse avec son français, mais Claude Rains est excellent en empereur. Plein de défauts et pourtant vraiment charmant. 8/10
Life at the Top/Les Chemins de la puissance (Kotcheff - 1965) C'est plutôt une bonne idée d'avoir adapter la suite des
Chemins de la Haute-Ville dont la fin ouverte laissait songeur sur le devenir des héros. Il est vraiment intéressant et rare d'avoir réussi à réunir le même casting (à une importante exception près : la trop radieuse Heather Sear, "trop" si l'on en juge par la manière dont son personnage évoluait, est remplacée par Jean Simmons, toujours magistrale). Du coup les deux films se laissent suivre à la suite, comme une espèce de large saga, à la sauce anglaise (photo et décors ne trompent pas), plus proche du réalisme européen que du glamour de Hollywood (qui aurait pu faire un film de cette histoire d'adultère et de frustration dans la haute société). Un film réussi, pas très personnel (on voit vraiment les ficelles de ce cinéma britannique là), chargé de personnages peu reluisants, mais intriguant et bien fait. 8/10
Les Liaisons dangeureuses (Vadim - 1959) Adaptation rigolote du roman de Laclos. C'est incroyablement daté "fin des années 50", même dans le côté libertin décadent, mais on s'amuse bien à se demander comment Vadim va réussir sa transposition. Gerard Philippe et Jeanne Moreau sont excellents (elle est vraiment d'une justesse et d'une modernité rare, quel que soit le contexte) mais ne parviennent quand même pas à ce qu'on s'intéresse "pour de vrai" aux personnages et à l'action. 7,5/10
She had to say yes (Berkeley - 1933) Bon précode dont les premières images rappelle bien le style de Berkeley dans les musicals. L'image de l'homme sort vraiment écorné de l'ensemble, mais ça se suit avec autant d'intérêt que de grincements de dent et Loretta Young est très bien dans un registre crawfordien première manière. 7,5/10
Heroes for Sale (Wellmann - 1933) Incontestablement un excellent film du point de vue de la mise en scène, du rythme (étourdissant mais maîtrisé) et de l'interprétation. Mais un spectateur européen ne peut pas s'empêcher de voir dans le destin de ce pauvre garçon héroïque, qui, pour chaque bonne action faite, est récompensé par la prison, la honte, la mort de ses proches, l'exil, quelque chose d'un peu masochiste qui le rapproche de la Justine de Sade. Trop c'est trop. 7,5/10
That Midnight Kiss (Taurog - 1949). Typique production Pasternak qui ravira les uns et insupportera les autres. C'est plein de couleurs, de chansons, d'airs d'opéras massacrés allégrement, de grosses ficelles qui marchent pas trop mal. J'ai une grande faiblesse pour ces films, malgré leurs limites. Premier film, quasi autobiographique, de Mario Lanza. 7,5/10
Les Mariés de l'An 2 (Rapeneau - 1971). J'ai aimé beaucoup de choses dans ce film : l'intrigue proprement dite, la musique éblouissante de Legrand, le rythme évidemment et plusieurs séquences (celle du bal par exemple, l'ouverture et la dernière séquence aussi). Mais le côté "pif paf pouf" me fatigue assez vite et surtout j'ai vraiment du mal à supporter Belmando, anachronique au possible. Je crois que je garderai cependant surtout un souvenir des choses positives, ce qui est bon signe. 7,5
Caïn et Mabel (Bacon - 1937). Série A qui a un parfum de série B. Curieux, parce que les numéros musicaux sont énormes et distrayants. Ca vient peut-être du sujet : une actrice et un boxeur, la première médiocre, le second pas extraordinaire, mais tous les deux célèbres (à cause de la publicité faite autour de leur pseudo-idée) rêvent en fait de redevenir monsieur et madame tout le monde. Il y a un peu de masochisme de la part de Marion Davies (parfaite, malgré son physique qui n'a pas bien vieilli) à avoir joué un tel rôle. 7,5/10
Sa mère ou moi (Luketic - 2003) On se demande vraiment d'où vient l'horrible réputation de cette sympathique comédie romantique ou Jennifer Lopez et Jane Fonda sont vraiment très bien, en plus. Rien de neuf sous le soleil, mais rien de pire non plus ! 6,5/10
Une famille très moderne (Gordon/Speck -2010) 6,5/10. Vu d'un oeil.
Mélinda (Minelli - 1970) Les reconstitutions d'époque sont très belles, très "minelliennes", c'est la chose à sauver, à mes yeux, dans ce film passablement ennuyeux, affublé de personnages rébarbatifs, d'un scénario verbeux et répétitif et d'une musique vraiment médiocre. Je me demande si je n'ai pas un problème avec Minelli en fait. 4/10
Films revus
Queen Bee (MacDougall - 1955) 9/10
La Mélodie du Bonheur (Wise - 1965) 9/10 Se regarde toujours avec jubilation.
Piège à Minuit (Miller - 1960) 8,5/10
La Chanson du souvenir (C.Vidor - 1945) 8,5/10
Confidences sur l'oreiller (M.Gordon - 1959) 8,5/10
Les Chemins de la Haute-Ville (Clayton - 1959) 8,5/10
Au risque de se perdre (Zinnemann - 1959) 8,5/10
Soudain l'été dernier (Mankiewicz - 1959) 8,5/10 C'est incontestablement superbe, même si je continue de me poser des questions sur le texte.
Les Croisades (De Mille - 1935) 7,5/10