La Montagne des neuf Spencer, Spencer's Mountain (1963)
Delmer Daves réalise ici une très belle comédie dramatique qui n'est pas dans la lignée mélodramatique de ses précédents films, mais au contraire, le ton est plus léger, plus frais, même si le drame se cache au tournant. On sent que Daves a vraiment le don de filmer la vie de famille avec amour, tendresse, des petites touches comme les relations entre ce grand frère et sa petite soeur notamment. Le réalisateur continue à filmer cette jeunesse qu'il semble adorer, mais ici nous sommes dans des jeunes gens qui ne vivent aucun drame réel. Certes on y parle encore de libération sexuelle, que ce soit dans les propos des parents, ou dans ce jeune couple qui a sans doute des relations, mais sans conséquence dramatique, contrairement à Parrish, Summer Place, ou Susan Slade.
Le Charme du film vient sans doute aussi du couple principal formé par Henry Fonda, excellent en patriarche père de neuf enfants, qui a tendance à se souler, mais ne vit que pour sa famille. Maureen O Hara est pétillante dans le rôle de son épouse, un peu coincée. La religion est aussi au centre du film avec ce père qui ne va pas à l'église et sa femme qui au contraire élève ses enfants dans les préceptes religieux. La rencontre entre le pasteur et ce père donne d'ailleurs lieu à une savoureuse partie de pêche !
Il y a aussi cette nature magnifiée par la caméra de Daves, le parc des Tetons, sublimé par le cinémascope. Si le film démarre un peu lentement, on finit par rentrer dans cette vie familiale qui tourne autour de la réussite de l'ainé de la famille qui doit entrer à l'université. Contrairement à ses mélos, nous sommes ici dans un milieu moins aisé socialement, mais sans doute plus heureux, assez manichéen, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur finalement. Nous sommes touchés par la mort du grand père, attendris par ces enfants, charmé par le fils ainé. La force du film vient sans doute de son casting exemplaire, James Mac Arthur est très attachant en fils qui passe son temps à courir, Mimsy Farmer est piquante en petite amie, Donald Crisp campe aussi un superbe grand père.
Bref Delmer Daves signe encore une subtile évocation de la vie familiale, pleine de sensibilité, et à la fin du film, on regrette de ne pas pouvoir rester encore avec ces Spencer si sympathiques, malgré leurs défauts, leurs emportements, mais aussi leur amour !