OCTOBRE 2021
Film du mois :

Gen d'Hiroshima, de Mori Masaki (1983)
Découvertes & revisionnages :
Les anges déchus (
Do lok tin si, Wong Kar-wai - 1995) : Il me semble qu'initialement cette histoire aurait du intégrer une troisième parie de
Chungking Express qui finalement n'en contient que 2. Les anges déchus c'est déjà deux récits assez séparés qui vont, comme souvent, se croiser. On retrouve pas mal d'effets et le rythme qui font le charme de Chungking Express, mais dans un genre un peu plus sombre et mélancolique. Finalement je trouve que ça colle moins, si ça reste très bien fait mais dans le genre mélancolique je lui préfère
Nos années sauvages.
7/10
Le ciel est à vous (Jean Grémillon - 1944) : Découvert à l'occasion de sa ressortie en salle et belle claque. Je ne m'attendais pas à cela. De Grémillon je n'ai vu que le fascinant mais massacré
Dainah la Métisse. Cette histoire d'aviation populaire participant à l'émancipation du couple est très bien écrite mais le film est vraiment porté par ce duo d'acteur Madelaine Renaud - Charles Vanel, loin des archétypes féminins et masculins qu'on peut avoir en tête pour le cinéma de l'époque. Ils sonnent pour autant terriblement vrai ce qui permet au film d'être à plusieurs reprises très touchant, notamment par le personnage de Vanel. Cela mélangé au souffle quasi épique de l'aventure de l'aviation ça en fait une très belle réussite, qui fonctionne encore à merveille aujourd'hui.
9/10
Dune (David Lynch - 1984) : Après avoir lu le roman cet été et découvert l'adaptation de Villeneuve j'avais bien envie de me revoir celle de Lynch dont je ne gardais que de vagues souvenirs étranges mais pas déplaisant. Clairement le film fait souvent assez kitsch, voir cheap par moment (alors que le budget était assez important), mais au final il s'en dégage quelque chose, une substance, ce dont manque cruellement le Villeneuve. Lynch a vraiment tenté des choses pour l'adaptation d'une oeuvre compliquée et si c'est largement imparfait ça a le mérite de la prise de risque et pour qui adhère on peut même y trouver une vision assez poétique

En revanche le dernier tiers du film accélère assez violemment et parait vraiment rushé par rapport à la première moitié du bouquin sur lequel il passe environ 1h30. Je trouve qu'il manquerait bien 15 minutes pour donner un peu plus de liant à la succession des événements. Malgré ses ratés je le trouve assez fascinant quand le Villeneuve est tristement lisse et attendu.
6/10
Au nom de la loi (
Au nom de la loi, Pietro Germi - 1949) : un jeune juge de Palerme prend ses fonctions dans un petit village de Sicile où règne la loi de la mafia. Premier film italien à aborder la problématique mafieuse, en y opposant un personnage d'une imperturbable droiture et volonté d'appliquer la loi de l'Etat. Très beau film, que ce soit visuellement ou dans cette plongée dans une Italie du sud en proie à la misère. Finalement plus que la mafia le groupe le plus condamnée par Germi (et Monicelli qui a participé au scénario) c'est la haute bourgeoisie mené par le terrible Baron local, alors que le parrain superbement interprété par Charles Vanel est plus nuancé, présenté de manière plus digne voir honorable, jusqu'à ce dénouement un peu surprenant et qui peut être interprété de différente manière, soit pessimiste et cynique (vision plus en phase avec tout un pan du cinéma italien à venir), soit quasi utopique (ce qui collerait davantage aux influences notamment fordienne qui transparaissent dans le film). Ca en fait un film d'autant plus passionnant qui contient probablement en lui un peu de ses deux aspects, l'envie de voir dans la volonté individuelle un espoir d'améliorer les choses, et un certains désespoir face à l'inertie d'une société qui broient tout sur son passage.
8/10
Confusion chez Confucius (
Du li shi dai, Edward Yang - 1994) : Dernier long d'Edward Yang qu'il me restait à découvrir. On est ici plus dans la veine de
Mahjong, dans un Taipei résolument moderne, sauf qu'ici on reste parmi les classes aisées, à suivre leurs histoires de carrière professionnels, leurs relations "sentimentales". Et je met les guillemets à dessein car le moteur de ces relations est quasi systématiquement intéressé, on est dans une consommation des uns et des autres où chacun cherche à tirer profits de l'autre, à l'exception de deux personnages qui tentent tant bien que mal de conserver leur intégrité morale, de refuser l'aliénation au risque d'être encore plus isolé que ne le sont tous les autres, lié seulement par des rapports superficiels. Comme avec Mahjong on est sur un film chorale qui mélange humour, drame et romance, le tout sur un rythme effréné qui tranche avec beaucoup des autres films de Yang, mais qui nous fait ressentir d'autant plus le côté essorage de ces vies dans le Taipei moderne. Il est peut être un poil long avec ses 2h et quelques, il aurait à mon sens probablement gagner à être un peu plus ramassé.
7/10
Twister (Jan de Bont - 1996) : Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu ce film de chasseurs de tornades. J''avais un peu peur que ce soit un peu long car si je gardais de bons souvenirs ils étaient très peu nombreux. Finalement le film tiens très bien son rythme, on est pas si loin de
Speed à ce niveau, les tornades s'enchaînent et montent en intensité tout du long. La galerie de personnage est cliché mais fait sourire, notamment Philip Seymour Hoffman, tout comme les méchants liés aux grosses corporations alors que nos héros font ça pour la science, ça vol pas forcément très haut mais c'est sympathique et parfait pour un film du dimanche soir. Et s'il y a quelques effets spéciaux qui piquent un peu les yeux il y a certains passages qui restent relativement impressionnant.
6/10
Mafioso (Alberto Lattuada - 1962) : Un contremaître d'une usine milanaise retourne en vacances pour une dizaine de jour chez lui, en Sicile, avec un paquet de son patron à remettre au Don local. J'ai été au départ un peu déstabilisé par le ton du film. Car s'il commence principalement comme une comédie, on sent tout un poids sur les épaules du personnage principal (magnifiquement incarné par Alberto Sordi) qui nous fait assez vite présumé d'un drame à venir. Alors ce n'est pas une surprise non plus la comédie italienne de l'époque c'est clairement pas Les bronzés, elle est la plupart du tout porté par un lourd constat social et/ou historique. Mais ici la comédie va peu à peu s'effacer pour laisser grandir un sentiment de malaise, d'angoisse, que ce soit devant cette peinture d'une Sicile arriérée ou par la subtile description de ce qu'est la mafia dans la vie quotidienne là bas (et les deux sont évidemment intimement liés), le tout parfaitement accompagné par la mise en scène de Lattuada.
8/10
Le sommet des Dieux (Patrick Imbert - 2021) : Très beau film. Je n'ai pas encore lu le manga donc je ne sais pas ce que ça donne en terme de fidélité. Mais au niveau de l'adaptation sur un autre medium que la BD, je trouve que c'est superbe, ol y a pas mal d'idée, notamment sur l'ascension final et sa difficulté pour nous faire ressentir des choses. Et je n'ai alors pas pu m'empêcher de penser au
Dune de Villeneuve et à quel point il est pauvre à ce niveau. En tout cas le film de Imbert est limpide, malgré une narration pas linéaire ça déroule tout seul, c'est vraiment très bien écrit on est tenu en haleine du début à la fin. Et une chose que je n'aime pas forcément et qui me faisait un peu peur (mais pas trop car le manga étant de Taniguchi ce n'est pas trop son genre non plus) c'était de tomber dans le dépassement de soi extrême, le danger comme seul manière de se sentir vivant et finalement, et si c'est un peu dit par un des principaux protagonistes c'est aussi assez nuancé.
7/10
In Our Time (
Guang yin de gu shi, Edward Yang & Chang Yi & Ko I-Chen & Jim Tao - 1982) : Film considéré comme l'oeuvre fondatrice de la nouvelle vague taïwanaise. Les 4 sketchs sont intéressants et s'intéressent à des classes d'âges différentes, de l'enfance, à l'age adulte en passant par l'adolescence et l'époque étudiante. Edward Yang aborde l'éveil du désir chez une jeune adolescente, avec déjà quelques traits qu'on retrouvera plus tard (que ce soit dans la mise en scène, ou dans les personnages). Sans avoir été totalement emballé, chaque segment possèdent de belles scènes.
6/10
Happy Together (
Chun gwong cha sit, Wong Kar-wai - 1997) : Une histoire d'amour entre deux hommes, et pas n'importe lesquels puisqu'interprétés par les charismatiques Leslie Cheung et Tony Leung. J'ai trouvé le film un peu à mi chemin entre le romantisme mélancolique quasi désespéré de
Nos années sauvages et celui plus torride des
Anges déchus. Si je me suis une nouvelle fois laissé porté sans déplaisir par le récit, je n'y ai pas retrouvé le charme ou la grâce de mes préférés du réalisateur.
7/10
L'oeuf de l'ange (Tenshi no tamago, Mamoru Oshii - 1985) : Début d'une série de (re)visionnage de Mamoru Oshii, je débute avec un de ses films les plus mystérieux, mais aussi un des plus fascinant avec cette petite fille, son oeuf, ce personnage quasi christique, ses pêcheurs de poisson-ombre et surtout son monde post-apocalyptique qui semble sortir d'un (mauvais) rêve. L'aspect contemplatif vire au mystique et si le rythme particulièrement lent pourrait tourner à l'ennuie le film dure juste ce qu'il faut pour ne pas en sortir.
8/10
Take Shelter (Jeff Nichols - 2011) : Mouais, il n'est pas dénué de quelques atouts, notamment visuels, mais même après un second visionnage je ne comprends toujours pas le succès, voir la hype qu'il y a eu autour de ce film que je trouve assez lourd son procédé de montée en psychose, et sa fin me laisse également toujours aussi perplexe.
5/10
Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô, Hiroyuki Okiura - 1999) : Mamoru Oshii officie ici au scénario et laisse la réalisation à un de ses "disciples" pour un film devenu culte, notamment de par son chara design totalement fou. Mais l'histoire n'est pas en reste. Elle possède de nombreuses caractéristiques du cinéma de Oshii, un questionnement sur la société (ici des questionnements sociaux et sur la violence) et sur l'identité individuel, le tout avec une femme comme élement clef du récit. On trouve aussi un rythme qui sait se faire lent pour mieux faire ressortir ses éclats de violence. Un film touchant, humain, même si, comme souvent, on en ressort pas avec une grosse patate...
8/10
Ghost in the Shell (Kôkaku Kidôtai, Mamoru Oshii - 1995) : Je ne l'avais pas revu depuis que j'étais ado. C'est un de premier anime que j'ai découvert, au côté d'
Akira et
Blood the last vampire, et aussi une de mes premières incursions dans le cyberpunk et le transhumanisme. Je conservais le souvenir d'un dessin sublime, notamment au niveau de la ville et d'une intrigue complexe. Je n'ai été déçu sur aucun de ses deux points. Les séquences contemplatives dans la mégalopole, que ce soit son centre ou ses "ghettos" avec la musique de Kenji Kawai sont toujours aussi bluffantes. Le récit est toujours complexe, mais toujours moins que ce que Oshii semble vouloir nous dire sur le plan philosophique, notamment par les réflexions du personnage principal cyborg Motoko Kusunag, ou via le Puppet Master. Un vaste questionnement sur l'identité, le corps, ce qui fait de nous des humains, le tout sur fond d'une société hyper moderne dévitalisé.
8/10
L'Amateur (
Amator, Krzysztof Kieslowski - 1979) : Un employé qui vient tout juste d'acheter une caméra pour filmer sa fille nouvellement née se voit confier un petit film à faire par son chef lors d'une visite d'officiels. Il va peu à peu y prendre de plus en plus goût. Une jolie découverte, avec de belle touche d'humour qui passe beaucoup par son acteur principal Jerzy Stuhr, et le traitement des différentes thématiques, de l'obsession, du cinéma, du sens de la vie, m'a paru assez fine et bien vu.
7/10
Lamu 1, Only You (
Urusei Yatsura 1: Onri yû, Mamoru Oshii - 1983) : Premier long métrage de Oshii qui travail déjà depuis 1981 sur la série animée Lamu, adaptée du manga de Rumiko Takahashi. On retrouve clairement le ton de la mangaka, avec un rythme effréné, pleins de gags "loufoques". Dans ce premier film (comme dans la première moitié de la 100aine d'épisodes qu'il réalisera pour la série) Oshii reste assez proche de cela, même s'il introduit de nouveaux personnages, et fait déjà montre d'un vrai talent de mise en scène, notamment dans la séquence d'ouverture du film qui m'a un peu rappelé
Le Château de Caligostro de Miyazaki. Pour le reste, ça se regarde bien pour peu qu'on adhère à cet humour (ce qui est mon cas, j'aime beaucoup les Ranma 1/2 de Takahashi, où on retrouve le même genre d'ambiance barrée et de personnages sympathiques), sans en faire un indispensable de la filmo d'Oshii.
6/10
Lamu: Un rêve sans fin (
Urusei Yatsura 2: Byûtifuru dorîmâ, Mamoru Oshii - 1984) : Cette seconde adaptation de Lamu en film d'animation arrive vers la fin du passage d'Oshii sur la série. Comme sur la seconde moitié de celle ci, son style se fait nettement plus présent, le rythme des gags ralentis pour laisser parfois place à des séquences ouvertement contemplatives et à une esthétique qui tranche avec le reste. La thématique aussi se fait plus "Oshiienne" avec cette histoire de journée qui se répète sans fin, et qui va poser le trouble autour des limites de la réalité. De ce point de vue il est donc plus intéressant que le premier (et il me semble que Rumiko Takahashi désapprouve surtout cette seconde adaptation). Ce qui peut faire bizarre c'est le mélange du style Oshii et de celui de Takahashi. Rien de rédhibitoire néanmoins, loin de là, c'est assez amusant de voir ces deux univers cohabité, mais on sent qu'il y a un auteur derrière qui ne demande qu'à exploser. Il faudrait d'ailleurs que je vois quelques épisodes de la série, certains sont parait-ils vraiment excellents.
7/10
P'tang, Yang, Kipperbang (Michael Apted - 1982) : Téléfilm britannique sur un jeune garçon amoureux d'une fille de sa classe. J'avais probablement trop en tête le superbe
Melody pendant le visionnage. On est bien un cran ou deux en dessous ici, dans ce portrait de l'adolescence et du premier amour. Ca reste néanmoins un film sympathique avec de beaux moments, mais le revirement de la jeune fille à la fin m'a paru tombé un peu de nul part et la voix off en mode commentaire de cricket est amusante au début pour devenir un peu répétitive et trop présente.
6/10
Patlabor (Kidô keisatsu patorebâ: Gekijô-ban, Mamoru Oshii - 1989) : Premier film de la saga de Oshii où il va faire un beau mélange de l'ambiance de la série anime avec présentation de la vie de l'Unité 2, et de ses thématiques plus profondes, à la fois politique et technologique. L'ensemble fonctionne très bien avec d'un côté des personnages attachant et souvent amusant et de l'autre une intrigue assez mature.
7/10
Mary from Beinjing (
Meng xing shi fen, Sylvia Chang 1992) : Un des films les plus connu de l'actrice star Sylvia Chang. Une histoire qui en contient deux qui vont se rejoindre, celle de Ma Li qui retourne à Hong Kong après des années en Chine continentale et va galérer à faire faire sa carte d'identité, et donc à pouvoir travailler. Et celle de Kwok-wai lui aussi de retour à HK mais après avoir grandi en Angleterre. En parallèle de la relation de chacun avec leur conjoints, leurs aspirations différentes, en apparence, vont peu à peu être amené à se rapprocher. C'est donc une romance qui prends tantôt l'allure d'un drame, tantôt de la comédie, très charmante, avec un arrière plan social et une sensibilité évidente sur la condition féminine. Mais il m'a manqué un petit quelques chose pour être totalement emballé.
6/10
Hidden (
The Hidden, Jack Sholder - 1987) : Un mélange thriller/SF/horreur bien sympa pour une soirée entre potes comme ce fut le cas pour ce visionnage. Un film assez bien fait, qui assume son côté bourrin et 80s, mais qui pêche quand même dans son écriture vraiment légère et répétitive.
6/10
Le dernier duel (
The Last Duel, Ridley Scott - 2021) : Le résultat est à peu près ce à quoi je m'attendais : il y a de belles choses de cinéma, on passe (en tout cas je passe) plutôt un bon moment (les 2h30 file), mais Ridley Scott a la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. La narration à la
Rashomon saute au yeux mais est bien moins fine que dans le film de Kurosawa (dont je ne suis pour autant pas très fan) même si elle fonctionne sans ennui, et surtout ce qui me gêne le plus c'est le propos #MeToo qui clignote en police 72 pendant tout le film. Alors certes c'est surement en parti imputable à Ben Affleck et Matt Damon qui ont oeuvré au scénario avec Nicole Holofcener (adapté d'un roman), qui avait par ailleurs tout deux fait l'object d'accusation (pour Affleck) ou de polémique (pour certains propos de Damon sur le sujet). Est ce que ça a joué sur l'aspect gros sabot ? Ca pourrait. Mais la mise en scène n'est pas non plus des plus subtiles et vient souvent appuyer un récit déjà très explicite. Le tout créé un sentiment d'anachronisme. Pas qu'on ne puisse pas faire un film sur la condition féminine au XIVème siècle, loin de là. Mais les questions soulevés par #MeToo sont tellement évidentes voir paraphrasés que ça créé un certains décalage. Et un peu de nuance dans les différents personnages n'auraient pas fait de mal non plus. C'est dommage car au delà de ça, je trouve que Scott avec ses 83 ans sait toujours très bien rendre une ambiance (et c'est ce qui l'intéresse le plus, il a confessé plusieurs fois porter assez peu d'importance au réalisme, tant que ça sert l'ambiance). La photo grisâtre colle assez bien au récit, Matt Damon passe quasi tout le film le visage tout dégueulasse, les armures semblent lourdes, la puissance des chevaux est bien rendu. Vraiment il y a un beau travail au niveau des scènes de combats/batailles, notamment en terme d'effets sonores. Bon on a toujours quelques plans qui piquent un peu les yeux (ou dont on sait qu'ils piqueront les yeux d'ici 5/10 ans, comme un plan large de Paris, qui fait penser à certains plans CGI de Rome dans
Gladiator) mais sinon visuellement et en terme d'immersion je trouve ça assez réussi. Et la répétition en trois chapitres des évènements est quand même assez bien géré, par ses petites nuances, détails, qui apporte quelques choses de quasi ludique. Bilan en demi teinte donc, mais ça fait pas mal de temps qu'on est habitué à ça avec Scott.
Patlabor 2 : The Movie (
Kidô keisatsu patorebâ: The Movie 2, Mamoru Oshii - 1993) : Dans ce deuxième film de la saga, Oshii laisse totalement se déployer son style, aussi bien thématique, que dans la mise en scène. Comme dans le premier il y a un arrière plan politique, voir complotiste un peu flou, avec une enquête. Le tout est bien raconté mais ce qui fait vraiment toute la superbe de ce film c'est son ambiance visuelle qui le place au niveau de Ghost in the Shell à mes yeux. Les séquences contemplatives dans ce Tokyo enneigé, bercé par les nappes synthétiques de Kenji Kawai, sont sublimes et l'animation recèle de petits détails qui donne vie à l'ensemble.
9/10
Siao Yu (
Shao nu Xiao Yu, Sylvia Chang - 1995) : comme dans
Mary from Beinjing on retrouve également une femme taïwanaise, en couple, qui va chercher à décrocher une pièce d'identité, mais cette fois ci à New York avec la précieuse Green Card. Pour cela, avec son compagnon qui est étudiant, elle va s'engager dans un faux mariage avec un curieux bonhomme, assez âgé (par rapport à ses 24 ans en tout cas), qui a besoin de l'argent pour rembourser ses dettes de jeu. Alors que dans
Mary From Beijing on naviguait entre plusieurs classes sociales, ici on reste parmi les milieux populaires, principalement entre les immigrés chinois et taïwanais nouvellement arrivés, et les italiens "bien" installés. Il y a une vraie alchimie qui opère entre Rene Liu qui interprète la réservée Siao Yu et Daniel J. Travanti qui joue Mario, son drôle de faux mari. L'évolution touchante de leur relation sonne très juste et ne laisse jamais de place à l'ambiguïté entre eux (sauf peut être pendant 5 secondes, mais aussitôt écarté de manière amusante). Mon petit bémol serait plus sur l'histoire secondaire du vrai compagnon de Siao Yu avec une autre femme, traité un petit peu vite. J'ai presque eu l'impression qu'il manquait une ou deux scènes. Mais très beau film, avec un sujet (voir des sujets) qui aurait pu facilement donné lieu à un certain misérabilisme, parfaitement évité ici. Le style est réaliste, avec de nombreux moments de vie charriant toutes sortes d'émotions particulièrement bien retransmises.
8/10
Ghost in the Shell 2: Innocence (
Inosensu: Innocence, Mamoru Oshii - 2004) : On retrouve Batou pour une nouvelle enquête sur des robots qui assassinent leur propriétaire. Oshii continue ici son expérimentation avec un mélange d'animation 2D et de CGI 3D, ça peut rebuter. Ce n'est pas mon cas mais il faut bien avouer que la 3D n'a pas ultra bien vieillis sans être honteuse non plus. J'ai trouvé l'intrigue ici très prenante, on s'y perds peut être moins que dans d'autres Oshii, malgré toujours pas mal de thématiques brassés (politique, social, technologique...). Kenji Kawai encore une fois au top.
7/10
Avalon (Mamoru Oshii - 2001) : On quitte le Oshii de l'animation pour passer à son plus célèbre film en prise de vue réelle. Pour autant ça reste du pur Oshii, mélancolique et expérimentale. Et replacé en 2001 c'est encore plus impressionnant. C'est très marqué par le jeu vidéo (auquel s'est beaucoup adonné Oshii pendant des périodes compliqués professionnellement) de par l'esthétique et l'intrigue qui présente une jeune femme, Ash, excellente joueuse d'un jeu illégal dans lequel on se retrouve "projeté" et par lequel la frontière réel/fiction va peu a peu se brouiller. La scène d'intro est dingue, ensuite on retrouve un rythme contemplatif, avec les moments de la vie quotidienne de Ash et de son chien (le fameux basset des films d'Oshii), très proche des séquences de Batou dans GitS 2. La photo du film est radicale, avec un sepia qui n'est parfois pas sans rappeler
Stalker. L'ensemble forme quelque chose d'assez unique, encore plus quand on rajoute le fait que le film est tourné en Pologne et interprété (malheureusement pas toujours de manière très heureuse) par des polonais. Et comme d'habitude impossible de ne pas compter le score de Kenji Kawai comme un des éléments essentiels à l'ambiance du film. Un véritable OVNI.
8/10
A moment of romance (
Tin joek yau ching, Benny Chan - 1990) : Un membre des triades va décider de ne pas tuer une jeune fille qu'il a pris en otage, contre l'avis de son gang. Un des classiques et des premiers du polar HK romantique (avec notamment le très bon
My Heart is That Eternal Rose sorti l'année précédente), qui fait aussi bien dans l'ultra violence que dans le romantisme contemplatif décomplexé. Forcément, ça divise, mais ça marche très bien sur moi, même si je ne peux pas m'empêcher de sourire sur certains scènes, plus par satisfaction de voir Benny Chan pousser jusqu'au bout son concept. Les ruptures de ton sont renforcés par les différences sociales entre les deux protagonistes principaux, Wah Dee un orphelin élevé par plusieurs femmes dans un quartier violent, et Jo Jo issue de la haute bourgeoisie Hongkongaise. Chacun cherche à s'extirper de son milieu, non sans mal. Il y a donc un arrière plan social assez net dans le film, renforcé par des petits détails qui m'ont bien plu, comme par exemple une des employées de maison de la famille de Jo Jo, qui l'aide discrètement à faire le mur. On en prends en tout cas pleins les yeux dans les scènes d'actions très efficace, avec de belles cascades et courses poursuites (en voiture, en moto, et dans des courses de camions qui balade des jeunes femmes sur leur toit). Le point négatif du film serait quand même dans ce personnage de Jo Jo pour qui j'aurais aimé un peu plus de profondeur, un peu moins de passivité (même si ça reste crédible j'en avais un peu marre de la voir coudre, faire à manger, faire la vaisselle, nettoyer par terre...). Et son interprétation par Wu Chien-lien ne m'a pas toujours convaincu non plus.
7/10
His Motorbike, Her Island (
Kare no ootobai, kanojo no shima, Nobuhiko Ôbayashi - 1986) : Une autre romance motorisé, mais avec moins d'action cette fois ci que dans
A moment of Romance (vu la veille). Un récit très dynamique, entre le montage par à-coup qui rappellent les accélérations de leurs virés à moto, les passages du noir & blanc à la couleur parfois juste pour un plan, c'est extrêmement énergique et moderne, ce qui tranche d'autant plus avec les images de la campagne japonaise, de onsen, d'une fête traditionnelle. Mais le film joue tout du long du contraste, des couleurs, des changements de rythme, d'environnements, de personnages (entre les deux jeunes femmes Fuyumi très traditionnel et Miyajo bien plus moderne, alors même que leur environnement d'origine sont à l'opposés, la première étant plus urbaine, la seconde venant de la campagne). S'en dégage une quête de liberté, parfaitement incarné par les deux protagonistes principaux, magnifiques, une tentative de s'arracher à une sorte de marasme ambiant. Obayashi a une vraie tendresse pour l'ensemble de ses personnages, même Fuyumi l'ex très touchante de Ko, ou les autres motards qui pourraient au départ apparaître comme des adversaires de ce dernier. Et pour ne rien gâcher c'est visuellement très beau. Un film qui réchauffe le coeur et qui donne la pêche.
9/10
Terminator (The Terminator, James Cameron - 1984) : énième révision après avoir écouté l'épisode de l'excellent podcast Splitscreen qui lui est consacré. Un grand classique de la SF, de l'action, le tout dans une ambiance bien noir. Alors oui on voit parfois que le budget était tout petit, mais rien de honteux même aujourd'hui, loin de là, beaucoup de séquences à SFX restent cultes. Supérieur à sa suite de par sa noirceur, son absence de concession, la tension du début à la fin, le destin qui emporte les personnages dans une tourbillon d'action... Et ce score mythique de Fiedel.
10/10
Gen d'Hiroshima (
Hadashi no Gen, Mori Masaki - 1983) : Probablement l'adaptation la plus connue du manga du même nom, ici sous la forme d'un film d'animation. On se retrouve davantage centré sur la famille de Gen (elle même réduite me semble t il). La première demi heure on suit principalement ce dernier et son petit frère Shinji, dans un esprit presque insouciant malgré le contexte de la seconde guerre mondiale, les alertes aux bombes, la misère et la faim. Et ensuite arrive le 6 août 1945. Glaçant. Extrêmement bien rendu mais extrêmement dur, et l'horreur ne s'arrête pas à l'explosion de la bombe atomique, suivent les incendies, la désolation, les maladies plus ou moins rapide dû aux retombées radioactives. D'ailleurs le film emprunte beaucoup au genre de l'horreur avec ces corps de survivants qui ressemblent à une foule de zombie, ces montagnes de cadavres. J'ai lu que l'aspect politique était quasi gommé par rapport au manga, malgré tout, même si ça prend peu de place, je trouve les paroles du père assez clair et dur, un pacifisme revendiqué, quitte à se déclarer antipatriotique. Un très beau film contre la barbarie de la guerre, qui fini comme il a commencé avec un peu d'espoir.
9/10
Hurler de peur (
Taste of Fear, Seth Holt - 1961) : Un thriller de la Hammer qui se passe à l'époque contemporaine. Joli noir et blanc, et récit efficace avec cette histoire de jeune femme en fauteuil roulant au milieu d'un manoir intriguant, et un beau final à twist.
6/10
La villa (Robert Guédiguian - 2017) : Après l'accident de leur père deux frères et une sœur se retrouvent dans la maison familiale, faisant resurgir souvenirs et rancœurs. Assez peu emballé, j'ai trouvé ça assez lourd dans le propos. C'est bien interprété (même si je ne supporte pas le personnage Robinson Stévenin) mais j'ai trouvé tout un peu trop caricatural dans le genre drama familiale français et "gauche RESF".
4/10
Tetsuo (Shin'ya Tsukamoto - 1989) : La transformation d'un homme en une sorte d'homme métal, fusion entre l'humain et la machine. Très expérimentale, hypnotique avec son montage dynamique, ses plans de chair martyrisé par le métal, les hurlements de douleurs ou de plaisirs (voir parfois les deux ?), les moments purement WTF.
7/10
Old Joy (Kelly Reichardt - 2006) : Un homme bientôt papa part quelques jours en forêt avec un de ses amis. Film étrange, poétique et mélancolique (bien aidé en cela par la musique signé Yo La Tengo), mais aussi un peu malaisant, notamment dans la relation ambiguë entre les deux hommes. J'ai eu du mal à voir où Reichardt voulait en venir, et si le visionnage n'a pas été désagréable, c'est une bonne chose qu'il soit court (1h16).
6/10
Le grand méchant renard et autres contes... (Patrick Imbert & Benjamin Renner - 2017) : Film d'animation découpé en trois histoires. Celle du milieu reprend celle de la BD (je ne me souviens plus si celle ci contenait plusieurs récits?). C'est visuellement très proche de la BD, ce qui est une bonne chose car c'est beau et plutôt singulier. C'est à la fois un film jeunesse mais qui se regarde sans déplaisir par des adultes. C'est même très plaisant, on retrouve aussi le ton, l'humour décalé qui me plait bien et qui fait souvent mouche. Le troisième segment (sur Noël) est en deça des deux premiers pour moi, plus drôle et touchant.
7/10
An American Pickle (Brandon Trost - 2020) : Un juif d’Europe de l'est se retrouve par accident conservé dans du saumure pendant 100 ans pour se réveiller en 2019. Double dose de Seth Rogen dans cette comédie assez pénible. Pourtant j'y ai un peu cru au début, sur la séquence se passant dans le passé. J'y ai aussi un peu cru après, dans le présent, quand ça vanne les hiptsers et start up. Mais très vite ça tourne en rond, ça reste totalement inoffensif et n'exploite finalement que très peu son concept.
4/10
Précédemment...
- Spoiler (cliquez pour afficher)
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Septembre 2021 - YI YI, de Edward Yang (2000)
Août 2021 - IN THE MOOD FOR LOVE, de Wong Kar-wai (2000)
Juillet 2021 - YAKUZA, de Sidney Pollack (1974)
Juin 2021 - OÙ EST LA MAISON DE MON AMI, de Abbas Kiarostami (1987)
Mai 2021 - TERREUR AVEUGLE, de Richard Fleischer (1971)
Avril 2021 - FULL ALERT, de Ringo Lam (1997)
Mars 2021 - UN AIR DE FAMILLE, de Cédric Klapisch (1996)
Février 2021 - RÈGLEMENT DE COMPTES, de Fritz Lang (1953)
Janvier 2021 - SOCIÉTÉ ANONYME ANTI-CRIME, de Steno (1972)
Décembre 2020 - MECREDI APRÈs, de Waris Hussein (1961)
Novembre 2020 - POINT LIMITE, de Sidney Lumet (1964)
Octobre 2020 - LE GOÛT DE LA CERISE, de Abbas Kiarostami (1997)
Septembre 2020 - LE PIGEON, de Mario Monicelli (1958)
Août 2020 - NAVAJO JOE, de Sergio Corbucci (1966)
Juillet 2020 - PLUIE NOIRE, de Shôhei Imamura (1989)
Juin 2020 - MISSISSIPPI BURNING, de Alan Parker (1988)
Mai 2020 - SACCO & VANZETTI, de Giuliano Montaldo (1971)
Avril 2020 - A BOUT DE COURSE, de Sidney Lumet (1988)
Mars 2020 - LA PRISONNIERE DU DESERT, de John Ford (1956)
Février 2020 - SEULS SONT LES INDOMPTÉS, de David Miller (1962)
Janvier 2020 - L'ENFER DE LA CORRUPTION, de Abraham Polonsky (1948)
Décembre 2019 - MILLENIUM ACTRESS, de Satoshi Kon (2001)
Novembre 2019 - VORACE, de Antonia Bird (1999)
Octobre 2019 - COLORADO, de Sergio Sollima (1966)
Septembre 2019 - FOLLE À TUER, de Yves Boisset (1975)
Août 2019 - ZATÔICHI, LE MASSEUR AVEUGLE, de Kenji Misumi (1962)
Juillet 2019 - KIDS RETURN, de Takeshi Kitano (1996)
Juin 2019 - L'AVENTURE DE MADAME MUIR, de Joseph L. Mankiewicz (1952)
Mai 2019 - LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE, de John Huston (1949)
Avril 2019 - TRAÎTRE SUR COMMANDE, de Martin Ritt (1970)
Mars 2019 - A BITTERSWEET LIFE, de Jim Kee-woon (2005)
Février 2019 - L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE, de John Ford (1962)
Janvier 2019 - BARBEROUSSE, de Akira Kurosawa (1965)
Décembre 2018 - LA NUIT DU CHASSEUR, de Charles Laughton (1955)
Novembre 2018 - LE CONFORMISTE, de Bernardo Bertolucci (1970)
Octobre 2018 - CRIMSON PEAK, de Guillermo Del Toro (2015)
Septembre 2018 - CRONOS, de Guillermo Del Toro (1993)
Août 2018 - DANSE AVEC LES LOUPS, de Kevin Costner (1990)
Juillet 2018 - JSA - JOINT SECURITY AREA, de Park Chan-wook (2000)
Juin 2018 - THE AGE OF SHADOWS, de Kim Jee-woon (2016)
Mai 2018 - L’ÉTÉ DE KIKUJIRO, de Takeshi Kitano (1999)
Avril 2018 - DARK CRYSTAL, de Jim Henson & Frank Oz (1982)
Mars 2018 - LA GARÇONNIÈRE, de Billy Wilder (1960)
Février 2018 - DONNIE DARKO, de Richard Kelly (2001)
Janvier 2018 - LOGAN, de James Mangold (2017)
Décembre 2017 - VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER, de Michael Cimino (1978)
Novembre 2017 - NO COUNTRY FOR OLD MEN, de Ethan & Joel Cohen (2007)
Octobre 2017 - WIND RIVER, de Taylor Sheridan (2017)