Film du mois - Février 2021
(Re) découverts :
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La petite voleuse de Claude Miller (1998)
6
Portrait d’une adolescente meurtrie, qui de transgressions en expériences chemine vers son devenir de femme. La fraicheur intacte de Charlotte Gainsbourg et les résonances avec les 400 coups sont les points forts du film mais après une embardée sur le thème de Pygmalion et de l’éducation sentimentale le dernier tiers patine sans convaincre.
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Nuages flottants de Mikio Naruze (1955).
7.5
Naruze ausculte un amour né dans le tumulte de la guerre d’Indochine et son érosion de retour au japon. De concessions en petites lâchetés, de résurgences en divagations, il décrit avec finesse la complexité des sentiments et offre une vision quasi-documentaire du Japon de l’époque.
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Les cicatrices de Dracula de Roy Ward Baker (1970).
6
Malgré quelques invraisemblances scénaristiques, Roy Ward Baker réussit la résurrection millésimée années 70 du célèbre comte plus sadique qu’à son habitude. Les seconds rôles croqués à traits épais concourent sans faillir à l’ambiance et l’on marche…la plupart du temps.
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Hunger de steve McQueen (2008) - Michael Fassbender, Stuart Graham.
9
Humilier, déshumaniser, torturer pour annihiler toute forme de contestation… jusqu’à l’anéantissement, la dissolution du corps et des idées. L’enfer c’est aussi quelques moments de grâce, une main cherchant le contact avec une mouche, l’évocation d’une enfance sauvage et fondatrice. Un film d’une violence inouïe qui m’a laissée K.O. debout.
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Le village des damnés de Wolf Rilla (1960)
7.5
Sous prétexte d’incarner la menace communiste ou de ressusciter la crainte de la suprématie aryenne, Rilla dynamite la famille traditionnelle, la société et ses institutions. Un classique efficace toujours aussi délectable.
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Le complexe de Frankenstein de Alexandre Poncet et Gilles Penso.
7
Deux passionnés de monstres « à l’ancienne » qui nous baladent dans l’antre de leurs créateurs. On retrouve son âme d’enfant et les peurs qui nous faisaient frissonner. Passionnant.
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Les démons du maïs de Fritz Kiersch (1984) 4.5
Derrière Kiersch, c’est S. King qui nous parle d’une Amérique malade fondée sur la violence, boursoufflée de puritanisme et bonne cliente de dérives sectaires. Le film fait de l’œil aux révoltés de l’an 2000 mais se heurte à un scénario faiblard.
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La complainte du sentier de Satyajit Ray (1955) -
8
Entre documentaire et récit fictionnel, S. Ray filme le quotidien d’une famille pauvre dans le Bengale de 1910. Chronique subtile et attachante qui instruit et touche au cœur.
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The plague dogs de Martin Rosen (1982)
7.5
Deux chiens, cobayes de laboratoire, se font la belle dans la campagne anglaise. Un survival qui prend le parti des plus faibles contre le démiurge humain capable de toutes les atrocités.
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Killer Joe de William Friedkin (2012)
6.5
Un film noir et pervers où ne subsiste guère d’illusions. L’Amérique de Friedkin est pourrie jusqu’à la moelle. La famille et les institutions sont à la même enseigne d’où un haut-le-cœur persistant.
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Evil dead de Sam Raimi (1981)
7
Un classique du genre efficace dont les effets bricolés font parfois rire, parfois frissonner. Idéal pour une soirée confinée seule à la maison.
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Midnight special de Jeff Nichols (2016)
8
Hommage inspiré aux films de SF des années 80 et prétexte pour évoquer l’amour inconditionnel entre un père et son fils, ce road-movie slalome entre dérive sectaire et monde parallèle. Décidemment, le cinéma de Nichols remporte mon adhésion.
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Police fédérale Los Angeles de William Friedkin (2004)
7.5
Friedkin expulse tout manichéisme pour sonder les profondeurs de l’âme humaine et dissoudre à l’acide les frontières entre flic kamikaze et artiste faussaire. Âpre et solide.
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Le projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (1999)
1
Le film qui popularisa le found footage m’a donné le tournis et fait espérer qu’une entité maléfique ou un sadique sorte du bois pour fermer le clapet de cette jeune réalisatrice logorrhéique et insupportable.
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Canicule de Yves Boisset (1984)
6.5
La France profonde de Boisset n’a rien à envier à l’Amérique profonde de Friedkin. L’entre-soi, l’alcool et l’avachissement de la psyché libèrent des pulsions bestiales et donnent naissance à des enfants-monstres.
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Raccrochez, c’est une erreur de Anatole Litvak (1948)
3
Le jeu hystérique de Barbara Stanwick et l’intrigue cousue de fil blanc provoquent très vite un ennui irréversible malgré une belle tenue formelle.
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Folle à tuer de Yves Boisset (1975)
7
Oublions le postulat simpliste arguant que la folie est partout. J’y vois plutôt un survival au cœur duquel une femme apeurée par le monde extérieur, va puiser en elle, en l’affrontant, la force de se réparer. Peut-être le plus beau rôle de Marlène Jobert comme le prétend J.B. Thoret dans la présentation.
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En avant de Dan Scanlon (2020)
6
Bien que j’ai pris du plaisir à cette fable elfique qui traite du deuil et du rite initiatique d’un ado, je regrette la digestion par l’ogre Disney synonyme de polissage et de formatage.
Revus
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Green Book de Peter Farrelly (2019)
7
Si le film n’était tiré d’une histoire vraie, on trouverait la démonstration trop appuyée mais Farrelly s’applique ici à restituer l’état d’une Amérique ségrégationniste et raciste et à brosser le portrait d’une amitié improbable. Il faut en croire nos yeux.
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La meilleure façon de marcher de Claude Miller (1976)
8
Et si l’intolérance, le trouble, le harcèlement moral et physique venait de la méconnaissance de soi et de l’ignorance ? Et si la sexualité était une terre à défricher plutôt qu’une ligne toute tracée par une société patriarcale célébrant la virilité ? Claude Miller fait bouger les lignes.
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Vampire, vous avez dit vampire ? de Tom Holland (1985)
7
Un vampire sexy en diable, un ado mordu de films d’horreur et un chasseur de vampire en toc. Un trio fantastique pour dépoussiérer le mythe avec efficacité. Un film efficace qui fleure bon les années 80.
Mes films du mois :
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- - Jan 2021 : Cousin Jules
- Fev 2021 :