FEVRIER 2020
FILM DU MOIS:
Elmer Gantry, de Richard Brooks (1960) 10/10 - Généralement réservé sur Brooks, je découvre avec émerveillement ce film qui évoque manipulation des masses, religion et salvation personnelle, fait un portrait du sud américain qui n'a pas perdu de sa pertinence, et offre à Burt Lancaster l'occasion de faire éclater son talent. Film du mois très probable !!
FILMS DECOUVERTS:
Lancelot du lac, de Robert Bresson (1974) 8/10 - Bresson déconstruit la légende arthurienne par une multiplicité de plans de détails, armures, chevaux, accessoires, pour un rendu très authentique. Le film est presque conceptuel tellement il pratique le découpage et le hors-champ, mais il ne sacrifie jamais à l'intégrité de ses personnages.
Show Boat, de George Sidney (1951) 7/10 - Comédie musicale autour d'un drame poignant ancré dans le Sud américain. Mais pour enlaidir Ava Gardner, il faut en vouloir !!
Solitaire, de Greg McLean (2007) 6/10 - Le film ancre bien décor et personnages, mais finit dans un enfilage de clichés qui lasse un peu...
Plus fort que la tempête /
Potop, de Jerzy Hoffman (1974) 8/10 - Grand spectacle et film d'aventure, pour une période de l'histoire que je connais mal. C'est parfois un peu convenu, mais j'avoue m'être régalé.
Les oubliés /
Under Sandet, de Martin Zandvliet (2015) 7,5/10 - Bien joué et réalisé, le film a le mérite d'évoquer un point de l'histoire peu connu, le déminage des côtes danoises après la deuxième guerre mondiale par des prisonniers allemands.
Sweet Sweetback's Baadasssss Song, de Melvin van Peebles (1971) 8/10 - Enragé, engagé, drole, érotique, furieux et d'une inventivité folle, sans parler de la BO d'Earth, Wind & Fire, ce film serait un chouia moins répétitif qu'on toucherait au chef d'oeuvre.
The King, de David Michod (2019) 6/10 - Michod reprend Henry V dans une mise en scène au ralenti et bourrée de stars, qui privilégie le drame familial. Très belle photo et costumes au poil, mais la lenteur du récit et de la BO en nappe, ou la longueur du film m'ont un peu perdu...
Marriage Story, de Noah Baumbach (2019) 8,5/10 - Cinéaste du ressassement, Baumbach parvient ici à une sorte d'aboutissement sur le sujet qui le préoccupe tant. Adam Driver domine l'écran avec maestria, Scarlett Johansson est très juste. Le film est une grande réussite.
Ceddo, de Ousmane Sembene (1977) 7/10 - Film difficile d'abord, mais à la problématique d'une grande actualité, et au final grandiose. Sembene est vraiment un grand cinéaste.
Tables séparées, de Delbert Mann (1958) 7,5/10 - Inspiré d'une pièce de théâtre, le film bénéficie d'une belle production value et d'un casting investi, qui incarne bien le film. David Niven, en particulier, est mémorable.
La route des Indes, de David Lean (1984) 8/10 - Un film étonnant, à la fois juste, superbe et perturbant dans son récit et son mystère. La maestria formelle de Lean n'étouffe jamais la complexité du fond, c'est très intéressant.
The Front Page, de Lewis Milestone (1931) 7,5/10 - La pièce est hilarante, et certaines interprétations sont jubilatoires (Menjou notamment), mais le tout reste assez en deça de la version de Hawks, que j'adore et dont je n'ai pu faire abstraction...
Alfie, de Lewis Gilbert (1966) 8/10 - Un film dont on appréciera l'indétermination, qui suit un personnage dans la cohérence et la radicalité de sa démarche, soit une approche particulièrement intéressante.
Snatchers, de Stephen Cedars & Benji Kleiman (2019) 6,5/10 - Comédie potache gore aux inspirations très appuyées. Mais on s'amuse, il y a du gore qui tache et des créatures old-school bien fichues.
Répertoire des villes disparues, de Denis Coté (2019) 3,5/10 - Inspiré par ces paysages enneigés et fantômatiques, Coté flâne et imagine des apparitions muettes et effrayantes, il n'ira pas plus loin. Ses plans jouent sur la durée. Ca dure une heure quarante, c'est très très long...
Blood Quantum, de Jeff Barnaby (2019) 6/10 - Du film de zombie dont la seule originalité est son cadre amérindien, jamais justifié. Le reste est mal construit, scénario, personnages, dialogues, montage, tout sent l'amateurisme, mais aussi la passion maladroite, je me suis laissé séduire, mais c'est peut-être parce que j'aime bien les films de zombie, jusqu'aux plus ratés.
Blacula, de William Crain (1972) 7,5/10 - Ce film de vampire noir offre plus qu'un simple film d'exploitation à destination d'un public cible. Son personnage est profondément romantique, une mise en scène rigoureuse et le respect des règles du genre donne à ce film un aspect assez touchant. Bonne surprise...
Revanche, de Götz Spielmann (2008) 7,5/10 - Un polar social bien conduit, mais qui bascule dans un naturalisme qui serait de bon aloi s'il ne reposait pas, à la base, sur quelques coincidences très romanesques...
Sarraounia, de Med Hondo (1986) 8/10 - Film ambitieux qui retrace le funeste parcours de la colonne Voulet-Chanoine. J'ai beaucoup appris devant ce film, qui garde une ambition formelle assez formidable aussi.
Des souris et des hommes, de Lewis Milestone (1939) 7,5/10 - Où je retrouve l'origine du Lonesome Lenny de Tex Avery...

Le film est une belle adaptation, efficace et parcourue de scènes visuellement très ambitieuses (mais un peu artificielles).
Quand le jour viendra /
Watch on the Rhine, de Herman Shumlin (1943) 7/10 - Adapation très théâtrale, mais inscrite dans une période avant-guerre, lorsque certains affrontaient les Nazi, ignorés par le reste du monde. A ce titre, le film est assez intéressant.
La dernière vie de Simon, de Léo Karmann (2019) 7/10 - Une fable fantastique qui fonctionne globalement bien. Mention spéciale à la remarquable BO d'Erwann Chandon.
Nightmare Island, de Jeff Wadlow (2020) 2/10 - L'abominable réalisateur de Truth or Dare et Kick Ass 2 s'attaque à une série culte des années 70, qu'il détruit scrupuleusement à coup de récit foireux, mise en scène bancale et morale à deux balle. Michael Pena n'est définitivement pas Ricardo Montalban...
Mandingo, de Richard Fleischer (1975) 8/10 - Représentation sans fard du traitement des noirs dans la Louisiane du XIX° siècle. Pénible, mais parce que, justement, remarquablement fait.
Aujourd'hui, d'Alain Gomis (2012) 4/10 - Un homme va mourir dans 24 heures. Sur ce prémisse hasardeux, on nous filme son parcours alors qu'il dit adieu à tout, amis, famille, sa ville... La photo est jolie, mais l'argument ténu et les dialogues encore plus pèsent. On s'ennuie pas mal au final.
Scream Blacula Scream, de Bob Kelljan (1973) 7,5/10 - Suite croustillante et non dénuée d'intérêt, le vampire gothique européen se frottant au vaudou américain pour le plus grand bonheur du spectateur... Dans la veine du cinéma d'exploitation, ces Blacula sont dans le haut du panier.
Lettre à Franco d'Alejandro Amenabar (2019) 7/10 - Un beau film historique sur les difficiles hésitations de l'écrivain Miguel de Unamuno face à la montée du franquisme en 36. Très intéressant.
La fille au bracelet, de Stéphane Demoustier (2019) 8,5/10 - Sobre, des dialogues ciselés et des comédiens au meilleur de leur forme. Un remarquable film de tribunal qui se révèle passionnant et poignant.
Queen & Slim, de Melina Matsoukas (2019) 8/10 - Variation sur Bonnie & Clyde à l'ère du Black Lives Matter, le film, portée par une colère froide, dresse un redoutable portrait d'une Amérique clivée, et son couple phare reste émouvant jusqu'à la fin du film.
Sonic, le film, de Jeff Fowler (2020) 4/10 - Comédie pour enfants sans relief, où seul Jim Carrey apporte un peu d'épaisseur...
Le prince oublié, de Michel Hazanavicius (2020) 4/10 - Tentative ratée de faire un film sur l'imaginaire et la transmission par les contes... Un film souvent laborieux.
The Gentlemen, de Guy Ritchie (2020) 7/10 - Un récit policier dans lequel quelques bons acteurs s'amusent et cabotinent avec brio. Rien d'inoubliable, mais on passe de bons moments...
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn, de Cathy Yan (2020) 5/10 - Un personnage faussement irrévérencieux brise le quatrième mur en racontant ses aventures... Un peu d'action, beaucoup de Female Empowerment, très, très peu de fantaisie.
Les traducteurs, de Régis Roinsard (2019) 6,5/10 - Sans être révolutionnaire, ce whodunnit littéraire propose un petit film à la tension efficace, même si parfois artificiellement soutenue...
Shaft, de Gordon Parks (1971) 7/10 - La banalité de cette intrigue de guerre des gangs est transfigurée par la coolitude de son personnage principal, sans parler de la merveilleuse Bo d'Isaac Hayes...
The Sundowners, de Fred Zinnemann (1960) 7/10 - Un film sur les élevages de moutons en Australie, bien fichu et qui change des westerns. Le ton reste malgré tout celui d'un comédie assez légère, et le film se garde de toute profondeur.
Dolemite is my name, de Craig Brewer (2019) 7,5/10 - Grosse performance d'Eddy Murphy. Le travail de recréation est remarquable, et le récit du tournage de Dolemite hilarant. Au final, une belle comédie sur la passion de la création.
A few good men, de Rob Reiner (1992) 8,5/10 - Des dialogues percutants de Sorkin à l'interprétation sans faille de Nicholson, le film est un régal de bout en bout.
Judy, de Rupert Goold (2019) 8/10 - L'incarnation de Judy par Renee Zellweger est de celles qui caractérisent les grandes actrices. La mise en scène fait le job, mais le scénario équilibré parvient à retracer par le récit d'une courte période toute une trajectoire tragique, tracée dès le plus jeune age.
FILMS REVUS:
Labyrinthe, de Jim Henson (1986) 9/10 - Révision toujours heureuse de ce classique de la fantaisie...
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- janvier 2011=Incendies (Villeneuve)
février 2011=Portrait of Jennie (Dieterle)
mars 2011=Orgueil et préjugés (Wright)
avril 2011=Murder by Contract (Lerner)
mai 2011=Vincent, François, Paul, et les autres (Sautet)
juin 2011=Les contes cruels du Bushido (Imai)
juillet 2011=Underworld (Von Sternberg)
aout 2011=L'heure suprême (Borzage)
septembre 2011=L'Apollonide, souvenirs de la maison close (Bonello)
octobre 2011=The ox-bow incident (Wellman)
novembre 2011=The Movie Orgy (Dante)
décembre 2011=Mission Impossible : le protocole fantôme (Bird)
janvier 2012=Take Shelter (Nichols)
février 2012=Gentleman Jim (Walsh)
mars 2012=Le miroir (Tarkovski)
avril 2012=Divorce à l'italienne (Germi)
mai 2012=La cabane dans les bois (Goddard)
juin 2012=Les meilleures années de notre vie (Wyler)
juillet 2012=Feux dans la plaine (Ichikawa)
aout 2012=Wichita (Tourneur)
septembre 2012=Baraka (Fricke)
octobre 2012=Les grandes espérances (Lean)
novembre 2012=Man Hunt (Lang)
décembre 2012=Wings (Shepitko)
janvier 2013=Les dimanches de Ville d'Avray (Bourguignon)
février 2013=Wings (Wellman)
mars 2013=Le bossu de Notre-Dame (Wise & Trousdale)
avril 2013=Comme des frères (Gélin)
mai 2013=Walkabout (Roeg)
juin 2013=Kekexili (Chuan)
juillet 2013=Doro no kawa (Oguri)
aout 2013=My Childhood (Douglas)
septembre 2013=Hoop Dreams (James)
octobre 2013=Pique-nique à Hanging Rock (Weir)
novembre 2013=Du rififi chez les hommes (Dassin)
decembre 2013=Heimat, chronique d'un rêve (Reitz)
janvier 2014=Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse (Bahr & Hickenlooper)
fevrier 2014=The Grand Budapest Hotel (Anderson)
mars 2014=Voyage à Tokyo (Ozu)
avril 2014=Untel père et fils (Duvivier)
mai 2014=Seuls sont les indomptés (Miller)
juin 2014=Les harmonies Werckmeister (Tarr)
juillet 2014=La maison des geishas (Fukasaku)
aout 2014=The Act of Killing (Oppenheimer)
septembre 2014=White God (Mundruczó)
octobre 2014=Gone Girl (Fincher)
novembre 2014=Odd Man Out (Reed)
decembre 2014=Le retour (Zvyagintsev)
janvier 2015=Le Soleil brille pour tout le monde (Ford)
février 2015=Le vent (Sjostrom)
mars 2015=Eté précoce (Ozu)
avril 2015=The taking of Tiger Mountain (Hark)
mai 2015=Mad Max: Fury Road (Miller)
juin 2015=Vice versa (Docter)
juillet 2016=Johnny BelindaN(Negulesco)
aout 2015=Selon la loi (Koulechov)
septembre 2015=Gosses de Tokyo (Ozu)
octobre 2015=La baie sanglante (Bava)
novembre 2015=La vie passionnée de Vincent van Gogh (Minelli)
decembre 2015=La chanteuse de Pansori (Kwon-Taek)
janvier 2016=L'ange exterminateur (Bunuel)
février 2016=Le vieux Manoir (Stiller)
mars 2016=Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Hsiao Hsien)
avril 2016=Vivre sa vie (Godard)
mai 2016=Nazarin (Bunuel)
juin 2016=Voyage à travers le cinéma français (Tavernier)
juillet 2016=Et tournent les chevaux de bois (Montgomery)
août 2016=Le festin de Babette (Axel)
septembre 2016=La region salvaje (Escalante)
octobre 2016=The Deep Blue Sea (Davies)
novembre 2016=La fille de Brest (Bercot)
decembre 2016=The Mermaid (Chow)
janvier 2017=Le cheval de Turin (Tarr)
fevrier 2017=Loving (Nichols)
mars 2017=The Lost City of Z (Gray)
avril 2017=Saving Sally (Liongoren)
mai 2017=The Tin Star (Mann)
juin 2017=Comme un torrent (Minnelli)
juillet 2017=Le monde lui appartient (Walsh)
aout 2017=Taking off (Forman)
septembre 2017=Trois pages d'un journal (Pabst)
octobre 2017=Long Weekend (Eggleston)
novembre 2017=Chasse au gang (de Toth)
decembre 2017=The Florida Project (Baker)
janvier 2018=Coco (Unkrich & Molina)
fevrier 2018=la forme de l'eau (del Toro)
mars 2018=L'arche russe (Sokourov)
avril 2018=Ready Player One (Spielberg)
mai 2018=Plaire, aimer et courir vite (Honoré)
juin 2018=Chambre avec vue (Ivory)
juillet 2018=Dragon Inn (Hu)
aout 2018=Green Fish (Lee Chang-Dong)
septembre 2018=Fanny et Alexandre (Bergman)
octobre 2018=Deux mains, la nuit (Siodmak)
novembre 2018=Paper Moon (Bogdanovitch)
decembre 2018=Next of Kin (Williams)
janvier 2019=Leto (Serebrennikov)
février 2019=Roma (Cuaron)
mars 2019=La symphonie nuptiale (Stroheim)
avril 2019=Little Monsters (Forsythe)
mai 2019=Sang et or (Panahi)
juin 2019=Le Mont Fuji et la lance ensanglantée (Uchida)
juillet 2019=Toy Story 4 (Cooley)
aout 2019=Midsommar (Aster)
septembre 2019=Adoration (du Welz)
octobre 2019=Seance on a wet afternoon (Forbes)
novembre 2019=Les vikings (Fleischer)
décembre 2019=Jallikattu (Lijo Jose Pellissery)
janvier 2020=1917 (Mendes)