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Test dvd

Werner Herzog Volume 3 - 1984/1999

DVD - Région 2
Potemkine
Parution : 1 septembre 2015

Image

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Le Pays où rêvent les fourmis vertes : L'ensemble manque de netteté, mais sans doute est-ce dû au matériel d'origine. Néanmoins la définition reste correcte même en projection. On constate aussi la présence de bruit numérique sur les plans en basse luminosité. Sur toutes les scènes en extérieurs, les couleurs sont vraiment éclatantes et lumineuses.

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La Ballade du petit soldat : Belle définition, aucun parasite, un ensemble satisfaisant surtout si l'on tient compte de conditions de tournage qu'on imagine difficiles.

Gasherbrum, la montagne lumineuse : En dehors d'une ou deux lignes verticales ponctuelles, l'image est belle : définition satisfaisante, couleurs brillantes. La compression souffre sur quelques plans d'eau en mouvement, mais l'ensemble est correct.

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Cobra Verde : Belle définition, aucun défaut de pellicule, excellente compression, un rendu fidèle à l'image originale.

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Wodaabe, les bergers du soleil : Une copie en bon état, mais on note la présence ponctuelle de lignes verticales, cependant pas suffisamment pour gêner le visionnage. Sinon, définition correcte et belles couleurs, aucun défaut de compression à noter.

Jag Mandir : La définition est passable - même pour le standard DVD - et souvent prise en défaut sur les plans très détaillés. Sinon la copie est belle et les couleurs brillantes.

digipack 5 (1 dvd)

Échos d'un sombre empire : Très belle copie, sans défaut notable, sauf évidemment sur certaines images d'archives comme celles du procès, mais qui n'empêcheront nullement d'apprécier ce film étonnant.

Leçons de ténèbres : Belle définition, le grain est bien géré par la compression, hormis quelques plans de nuages en mouvement. Un très beau rendu d'un film d'une grande force visuelle.

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Ennemis intimes : La qualité d'image varie selon les sources : certaines images d'archive sont très granuleuses, comme la scène d'ouverture, d'autres comme le tournage de Fitzcarraldo sont de bonne tenue, mais l'ensemble est très convenable.

Les Cloches des profondeurs : Belle copie, sans défauts ; la définition est parfois prise en défaut lors de plans d'ensemble, mais cela reste tout à fait correct. Pas de problème de compression à signaler.

digipack 7 (1 DVD)

Petit Dieter doit voler : Forcément inégale. Pour les interviews, la définition est correcte et on ne note pas de défauts de compression. Les images d'archives sont évidemment dans des états très variables, mais c'est la loi du genre.

Les Ailes de l'espoir : Une définition correcte si l'on tient compte des conditions de tournage, et une belle tenue des couleurs. On notera juste un peu de bruit numérique en basse lumière.

Son

Le Pays où rêvent les fourmis vertes : En dehors d'un peu de souffle sur la musique du générique, la piste son est claire et sans défaut particulier. À noter quelques défauts ponctuels dans les sous-titres – fautes de participes, lettres inversées...

La Ballade du petit soldat : Un peu de souffle ponctuel mais dans l'ensemble un mono clair.

Gasherbrum, la montagne lumineuse : Mono clair, parfaitement intelligible.

Cobra Verde : 2.0 clair qui témoigne d'une belle ouverture musicale, en VO comme en VF. Sur cette dernière, les dialogues sont peut-être un peu trop détachés, mais c'est très mineur.

Wodaabe, les bergers du soleil : Mono clair, on remarque juste du souffle sur l'Ave Maria, issu d'un vieil enregistrement. À noter que les sous-titres des propos en langue wodabee sont placés sur des cadres noirs peu discrets, sans doute pour cacher d'autres sous-titres incrustés.

Jag Mandir : Rien de très spectaculaire dans ce mono bien équilibré entre musique et voix off.

Échos d'un sombre empire : Un mono basique, net, sans défaut.

Leçons de ténèbres : 2.0 net, sans souffle ni saturation qui fait même preuve d'une belle ampleur sur les passages musicaux.

Ennemis intimes : On note des parasites sur certaines archives, mais l'ensemble, c'est à dire essentiellement des dialogues, est clair et parfaitement intelligible.

Les Cloches des profondeurs : 2.0 sans souffle, très correct.

Petit Dieter doit voler : Des dialogues nets, une ampleur musicale correcte, l'ensemble est de bonne tenue.

Les Ailes de l'espoir : Un 2.0 clair, les dialogues qui constituent l'essentiel de la bande-son sont parfaitement distincts.

Suppléments

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Présentation (4'46) : Olivier Bitoun explique tout d'abord la double origine du film : d'une part la lecture du récit d'un procès opposant une compagnie minière à une tribu aborigène, cette dernière étant déboutée car aucune loi n'était prévue pour défendre ses droits, d'autre part le souvenir du tournage de Fitzcarraldo, durant lequel Herzog avait obtenu du président péruvien la promesse de préserver un territoire sacré... promesse oubliée après le départ de l'équipe. Le Pays où rêvent les fourmis vertes est donc la réponse à cette double colère, mais reste un film typique du cinéaste ; Olivier Bitoun précise d'ailleurs que, plutôt que de trahir une mythologie difficile à appréhender, le réalisateur a préféré inventer de toute pièce l'histoire des fourmis vertes.

Entretien avec Werner Herzog (56'35) : cet entretien a été réalisé à l'occasion de la venue de Werner Herzog à l'Université de Strasbourg en novembre 2014. Après avoir parlé de ses nombreuses influences artistiques et littéraires, le cinéaste est invité à commenter les premières images de L'Énigme de Kaspar Hauser. Il explique ensuite en quoi de documentariste doit se détacher du journalisme, et revient en détails sur Into the Abyss. La conversation se poursuit sur des sujets aussi divers que le temps, Internet, l'utilisation d'images d'archives... et se termine sur quelques mots sur ses derniers projets, et ces paroles : « Le problème est qu'il y a 4000 festivals, et seulement quatre bons films les bonnes années ».

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Présentation de Gasherbrum (3'18) : Olivier Bitoun explique d'abord l'origine du projet : Herzog est entré en contact avec Messner pour son expertise technique en vue d'un projet avec Klaus Kinski, car il souhaitait savoir jusqu'à quelle altitude l'acteur pourrait grimper, et surtout quelles seraient les contraintes pour un tournage en 35 mm. Gasherbrun est donc à l'origine un test technique pour un projet qui ne verra jamais le jour, mais s'avère être une œuvre au final très personnelle, tant Herzog et Messner ont des points communs.

Entretien avec l'alpiniste Reinhold Messner (16'15) : Interrogé à Chamonix en décembre 2014, Reinhold Messner revient sur son expérience avec Herzog, trente ans après le tournage. Il insiste sur le fait qu'il s'agit à 100% d'un documentaire, et que le cinéaste n'a rien fictionnalisé. Messner déclare que la meilleure scène du film est celle de la veille du départ, où Herzog l'interroge sur les mesures à prendre si les deux alpinistes devaient ne pas revenir. S'ensuivent des considérations sur l'état actuel de l'alpinisme, qui juge quasi touristique tant il devient balisé. Il raconte enfin avoir retrouvé récemment le porteur/masseur lors du tournage d'un autre film.

Werner Herzog à la Cinémathèque française, partie 2 (22'39) : il s'agit de la seconde partie de l'intervention de Werner Herzog à la Cinémathèque française en 2014 – la première se trouve dans le deuxième coffret Potemkine. Serge Toubiana l'interroge en particulier sur la pulsion de mort chez les alpinistes, ainsi que sur son processus de questionnement de Messner. Herzog explique que la réaction a été obtenue, non par la question en elle-même, mais pas la langue qu'il a employée, un allemand très Ancien Testament qu'il qualifie de « langue de Luther ».

Présentation de La Ballade du petit soldat (1'56) : Olivier Bitoun explique brièvement le contexte du conflit au Nicaragua, avant de vanter la simplicité et le très grand humanisme du film.

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Présentation (3'44) : Olivier Bitoun expose tout d'abord le lien très fort qui unissait Werner Herzog à Bruce Chatwin, auteur du texte dont s'inspire Cobra Verde, et qui gardait toujours sur lui un exemplaire de Sur le chemin des glaces. Il évoque ensuite les difficultés de Herzog à appréhender l'Afrique dans ses films, où il a toujours vécu des expériences douloureuses ; puis il détaille les problèmes liés à Kinski, qui sortait du tournage harassant de Paganini, et auquel Herzog fera inconsciemment ses adieux dans la dernière scène.

Entretien avec Dominique Juhé-Beaulaton, historienne (15'20, 2009) : L’historienne replace le film dans son contexte historique et relève les quelques libertés prises par Herzog, comme par exemple la façon dont il montre Cobra Verde pris de remords alors que sans nul doute l’esclavagiste a vécu toute sa vie sans en éprouver un seul. Dominique Juhé-Beaulaton apporte un éclairage clair, précis et intéressant. On apprend ainsi qu’au moment où se déroule le film, le Brésil poursuivait illégalement la traite des esclaves avec le royaume du Dahomey, ce qui nous permet de mieux saisir la situation générale et la terrible histoire de l’esclavagisme.

Entretien avec Werner Herzog (11 mn, 2008). L’entretien débute de manière très intéressante sur la manière dont Herzog a dirigé les femmes incarnant les guerrières amazones du film mais se poursuit de manière très attendue sur les difficultés rencontrées par Herzog sur ce tournage. Pour le cinéaste, surmonter les difficultés fait partie intégrante de son métier : problèmes de production, de financement, pellicule détruite en laboratoire, acteurs difficiles à gérer sont le lot commun de tout metteur en scène. Pour lui, il n’y a rien de particulier à noter sur ce film, si ce n’est que Klaus Kinski ne parvenait pas à se défaire du rôle de Paganini qu’il venait d’endosser. L’entretien se poursuit sur le travail d’adaptation du roman de Bruce Chatwin et sur la part documentaire du film. Pour terminer, Herzog est amené à parler de sa cinéphilie. Un terrain plus intéressant mais qui tourne court, le cinéaste avouant ne regarder que trois, quatre films par an ce qui en fait un piètre cinéphile.

digipack 4

Présentation de Wodaabe (3'42) : Olivier Bitoun explique tout d'abord le contexte du film, qui marque le retour de Werner Herzog sur les terres africaines, et présente la tribu des Wodaabe, son isolement culturel au sein du continent, sa difficile lutte pour la survie et son culte de la beauté. Il détaille comment le cinéaste montre le paradoxe de leur existence à travers sa mise en scène et ses choix musicaux.

Présentation de Jag Mandir (2'38) : Olivier Bitoun précise tout d'abord est le premier de la « traversée du désert » critique de Werner Herzog, qui suit Cobra Verde, où le cinéaste continue à tourner au même rythme, mais dont les films sont très peu vus et commentés. Il explique ensuite que le film est une commande, exercice auquel Herzog se plie totalement car le projet lui permet de contribuer à préserver le souvenir de civilisations en voie de disparition.

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Présentation d'Echos d'un sombre empire (4'20) : Hervé Aubron explique qu'il considère avant tout Échos d'un sombre empire comme un film mélancolique ; sa théorie est que Werner Herzog, au début de sa traversée du désert critique, voit en Goldsmith un reflet de lui-même.

Entretien avec Jean-Pierre Bat (19min) : Historien de l'Afrique et chercheur affilié au CNRS, Jean-Pierre Bat précise tout d'abord que, de par sa structure et son regard, le film de Werner Herzog ne ressemble à aucun autre travail sur le sujet. Il détaille ensuite les différentes étapes de la vie de Bokassa, depuis ses états de service militaires jusqu'à l'exil. Les propos sont clairs, précis et éclairants, et ce module gagne à être vu avant Échos d'un sombre empire.

Présentation de Leçons des ténèbres (5'02) : Hervé Aubron explique tout d'abord que Leçons de ténèbres est un film qui s'est tourné dans l'urgence, avec une équipe légère, suite à la stupéfaction de Herzog devant les images de la fin de la Guerre du Golfe vues à la télé. Il rappelle ensuite le mauvais accueil fait au film lors du Festival de Berlin, le cinéaste se faisant à nouveau qualifier de « néo-colon », comme au temps de Fitzcarraldo. Il explique enfin que sa manière de montrer le désert comme une terre étrangère, d'avant ou d'après l'Humanité, en fait un film totalement herzogien, dans la lignée de Fata Morgana.

digipack 6

Présentation (6'15) : Hervé Aubron considère Ennemis intimes comme l'amorce du retour de Werner Herzog dans le radar de la critique, qui sera effectif avec Grizzly Man. Après avoir souligné la nature linéaire, quasi télévisuelle du film, il propose une explication : outre que Herzog n'a pas jugé utile d'ajouter de l'emphase à un sujet aussi puissant, Ennemis intimes peut être vu comme une sorte de documentaire animalier, où le cinéaste s'interroge sur sa persistance à travailler avec un acteur à ce point incontrôlable.

Werner Herzog et Popol Vuh, entretien avec Éric Deshayes (19'57) : spécialiste du Kraut Rock, Éric Deshayes explique tout d'abord que plusieurs groupes de musique électronique allemands ont collaboré avec des cinéastes, dont Can et Tangerine Dream. Il détaille ensuite l'histoire de la collaboration entre Popol Vuh et Werner Herzog, dont l'un des points culminants est la BO de Aguirre, qui utilise des synthétiseurs alors que le groupe avait déjà opéré son virage vers l’acoustique. Il raconte enfin comment leurs chemins se sont séparés, sans que les liens soient vraiment rompus.

Herzog et Kinski, entretien avec Pierre-Henri Deleau (2'58) : Pierre-Henri Deleau explique que Herzog et Kinski sont autant antinomiques que complémentaires, le cinéaste cherchant un comédien capable de repousser les limites, l'acteur ayant besoin d'un metteur en scène capable de le sublimer en insufflant de l'âme dans leur travail. Des propos intéressants, mais un peu courts.

Présentation des Cloches des profondeurs (1'59) : Olivier Bitoun souligne le paradoxe : un cinéaste sans dieu tourne un documentaire sur la foi. Mais il démontre que ce qui intéresse Herzog en filmant aussi bien des gens sauvés du malheur par leur croyance que des comportements plus insolites est la recherche de transcendance.

digipack 7

Présentation de Petit Dieter doit voler (4'52) : Olivier Bitoun explique ce qui rattache Petit Dieter doit voler à l'ensemble de l'oeuvre herzogienne. Outre qu'il s'agit d'un nouveau personnage fasciné par l'ascension et devant faire face à l'obligation de survie, le traitement est beaucoup plus fictionnel qu'il n'y paraît. Ainsi, de nombreux détails comme les rêves ou les TOC de Dieter sont des inventions de Herzog, qui poussera le processus jusqu'au bout en livrant quelques années une relecture fictionnelle, Rescue Dawn.

Présentation des Ailes de l'espoir (2'20) : après avoir rappelé que Herzog une fois encore se sent proche de son sujet – il aurait pu se trouver à bord de l'avion accidenté - Olivier Bitoun souligne que l'originalité de cette nouvelle histoire de survie est qu'elle refuse toute forme de spectaculaire, un postulat renforcé par la façon très clinique dont l'héroïne conte son périple.

Ce troisième coffret est complété d'un très beau livret, comprenant un texte d'Emmanuel Burdeau décryptant les enjeux de ce qu'il décrit comme la période la moins allemande de la carrière de Werner Herzog. Le tout est comme d'habitude illustré de magnifiques photos de tournage, et chaque DVD est présenté dans un digipack. 

Tout comme les deux précédents, ce coffret est chaudement recommandable, d'autant qu'il traite de la période la moins connue de Werner Herzog. On attend la suite avec impatience !

Par Franck Suzanne - le 3 septembre 2015