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Coffret Pasolini 100 ans !

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 8 novembre 2022

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Fidèle depuis son tout premier DVD au réalisateur Pier Paolo Pasolini, Carlotta a fêté le centenaire de sa naissance en sortant ce très beau coffret Pasolini 100 ans ! quelques jours après l'anniversaire de sa disparition (le 2 novembre 1975). L'équipe de Carlotta réédite aujourd'hui en Haute Définition, à partir des meilleures restaurations disponibles, une partie des oeuvres qu'elle avait sorties elle-même en son temps en DVD, reprises ensuite chez M6 Vidéo, d'abord dans la collection des Maîtres italiens puis dans le coffret DVD Pasolini e amici en 2019.

Blu-ray 1 : Accattone (1961)

Le premier long-métrage de Pier Paolo Pasolini a été minutieusement restauré en 2020 pour la Cinémathèque de Bologne et The Film Foundation. Les travaux ont été effectués en 4K par L'Immagine Ritrovata à partir du négatif original. Le savoir-faire du laboratoire italien est de nouveau confirmé ici avec ce master de toute beauté, aux images très bien définies et au niveau de détail confortable. De nombreux points sont corrigés par rapport au DVD M6 qui était plutôt bon pour l'époque, malgré un tremblement du cadre, des pulsations de luminosité et une copie parsemée de salissures. Ce nouveau master 4K propose un ensemble d'une grande stabilité (à l'exception de quelques micro-tremblements très ponctuels) et des images totalement nettoyées. Le noir & blanc est particulièrement séduisant, nuancé et bien équilibré tout en renforçant la densité des ombres et des pénombres, pour des nuits qui ressemblent désormais vraiment à des nuits. Cette restauration surpasse sans hésitation le Blu-ray britannique sorti en 2012 chez Eureka, beaucoup trop clair et moins détaillé (issu d'un interpositif et non du négatif ?) comme le montre le comparatif ci-dessous :

Blu-ray Eureka (2012) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

DVD M6 vidéo (2011) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 2 : Mamma Roma (1962)

Autre restauration réussie, au rendu cette fois encore plus spectaculaire par rapport à la précédente édition du film en France. Carlotta réédite Mamma Roma, pour la première fois au monde en Blu-ray, à partir de la restauration 4K effectuée en 2022 pour la Cineteca Nazionale. Les travaux ont été effectués par le laboratoire Cinema Communication Services à partir du négatif original complété par un second élément pour remplacer certains plans trop dégradés. Le comparatif ci-dessous se passe de commentaires : le DVD offrait une image sensiblement dénaturée par des noirs bouchés qui limitaient l'équilibre et la visibilité de la photographie. Tout cela est désormais oublié puisque Mamma Roma retrouve sa splendeur et les nuances d'un noir & blanc séduisant, même si l'aspect argentique et l'accentuation des ombres sont moins marqués que sur Accatone. On appréciera la précision accrue, la propreté soignée de l'ensemble et la stabilisation des cadrages.

DVD Carlotta (2006) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 2 : La Ricotta (1963)

La Ricotta est un sketch tourné par Pasolini en 1963 pour le film collectif Ro.Go.Pa.G, sorti en France chez M6 Vidéo en 2011 et 2019 (dans le coffret Pasolini et amici). L'amélioration est très sensible par rapport aux anciennes éditions : là où Carlotta annonce une "simple" restauration HD, cela nous semble être une très belle restauration 2K. La texture argentique refait son apparition, le grain est bien organique, la finesse se fait enfin sentir dans un ensemble bien mieux détaillé. Les contrastes sont bien tenus, le noir & blanc nuancé est très agréable à l'oeil, la copie est profondément nettoyée et totalement stabilisée, là aussi un petit luxe qui ajoute au confort de visionnage. Dans de telles conditions, quel dommage de ne pas avoir proposé Ro.Go.Pa.G en intégralité...

DVD Carlotta (2006) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 3 : L'évangile selon Saint Matthieu (1964)

Carlotta reprend le transfert HD édité initialement en Blu-ray en Angleterre en 2012 chez Eureka ! (collection Masters of Cinema) puis sorti ensuite dans le reste de l'Europe. Si l'éditeur annonce un transfert 2K, les images n'en ont cette fois pas vraiment l'aspect. Que ce soit à cause de la qualité du scan HD ou de l'élément photochimique utilisé, le rendu conserve une trop grande douceur pour convaincre totalement. Il y a, certes, du mieux par rapport à l'ancien DVD puisque le piqué est (légèrement) plus palpable mais le niveau de détail reste sommaire, dans un ensemble qui se montre assez épais (la texture argentique est faible). Les contrastes semblent moins renforcés qu'en DVD, les ombres sont moins marquées. On reconnaîtra cependant la signature d'une restauration 2K par la grande stabilité des images et l'évidente propreté, des avancées non négligeables par rapport au DVD, mais une restauration digne de ce nom se fait donc toujours attendre...

DVD Carlotta (2013) vs. Blu-ray Carlotta (20200) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 4 : Des oiseaux petits et gros (1966)

Autre reprise d'un master édité en Angleterre chez Eureka ! en 2016, qui était une version améliorée de leur DVD de 2012. Il s'agit d'une restauration HD honorable mais de nouveau encore douce, même si le rendu est plus précis que celui de L'Evangile selon saint Matthieu. C'est surtout une alternance d'impressions contradictoires, entre finesse et épaisseur : les textures des tissus, par exemple, sont palpables alors que grain reste pourtant épais, et le niveau de détail trop en retrait. On constate surtout dans les zones claires (les blancs et les gris les plus clairs) une sorte de filtrage qui estompe les détails, un effet subtil "ouaté" que nous avions déjà croisé sur le Blu-ray du Cave se rebiffe et qui profite malheureusement ici d'un étalonnage manquant de contrastes, aux carnations souvent un peu trop claires. Cela se passe mieux dans les plans de faible éclairement, de pénombre, où les carnations ne sont pas touchées. Ce scan HD modeste a heureusement bénéficié de corrections supplémentaires de stabilisation et de nettoyage.

DVD M6 vidéo (2010)  vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7

Blu-ray 4 : Enquête sur la sexualité (1964)

Non restauré en HD pour l'instant, le documentaire Enquête sur la sexualité, modestement tourné en 16mm, est proposé en SD à partir du même élément édité par M6 en 2010. Il faut cependant remarquer que le Blu-ray apporte un upscale bienvenu par rapport au DVD et sa compression fragile, puisqu'on constate un très léger gain de finesse qui n'améliorera pas pour autant les faiblesses du matériau d'origine. Le rendu reste en effet toujours très modeste, peu défini, légèrement tremblotant.

DVD M6 vidéo (2010) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 5 : Oedipe roi (1967)

Reprise du master sorti en Angleterre en 2012 (Blu-ray Eureka!), une jolie restauration officiellement "HD" mais qui ressemble souvent à du 2K. On reconnaît des travaux bien effectués grâce à une copie très stable et entièrement nettoyée, une définition très satisfaisante épaulée par un niveau de détail appréciable et efficace dans les gros plans. Les contrastes sont équilibrés, et même mieux tenus grâce à une luminosité réajustée (à la baisse) par rapport au disque anglais. On appréciera en particulier les scènes de pénombre marquées qui conservent malgré tout du détail. Par rapport au Blu-ray Eureka!, la colorimétrie perd également ses tonalités jaunâtres pour gagner en nuances légèrement plus magenta, ce qui ne choque pas l'oeil outre mesure puisque la palette reste très naturelle, très photochimique, sans modernisation abusive. L'ensemble est accompagné d'un beau grain, abondant et non filtré. Le rendu général rappelle un peu (mais cette fois en plus précis) celui de La Trilogie de la vie, parue il y a deux ans chez Carlotta.

DVD M6 vidéo (2010) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray Eureka (2012) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Blu-ray 5 : Carnet de notes pour une orestie africaine (1970)

Autre documentaire tourné en 16mm, Carnet de notes pour une orestie africaine a été restauré en 2K par la Cinémathèque de Bologne. Les images ont été stabilisées et totalement nettoyées, il n'y a pas de pulsations de luminosité et l'étalonnage se montre satisfaisant, avec une dynamique maîtrisée et des contrastes équilibrés. Tout cela apporte déjà un confort de visionnage non négligeable. Malgré le scan 2K, la patine reste encore un peu douce, le niveau de détail est limité et le trait est parfois affaibli par des soucis d'instabilité de pellicule dans la caméra au moment du tournage (créant de petits flous ponctuels). Mais le grain est bien présent, non gommé et même abondant, conforme à la texture 16mm.

Blu-ray 6 : Médée (1969)

Reprise de la restauration 2K sortie en Blu-ray chez M6 Vidéo en 2013, Médée bénéficie d'une jolie présentation à laquelle il manque seulement un peu de précision. La copie est stabilisée et totalement nettoyée, la colorimétrie se montre naturelle, photochimique, chatoyante et bien saturée, sans exagérations modernistes sur les tons et les couleurs. La patine argentique est respectée, avec un grain parfois léger, parfois plus insistant, mais toujours maîtrisé. L'image bénéficie d'une définition relativement correcte malgré un niveau de détail qui aurait mérité d'être un peu plus renforcé, donnant à l'ensemble un aspect un peu trop doux pour du 2K.

DVD Carlotta (2006) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Les films proposés dans le coffret bénéficient de pistes son relativement correctes. Les films les plus récemment restaurés comme Accatone ou Mamma Roma (à partir des négatifs son) bénéficient sans surprise des meilleurs rendus. Comme c'est la tradition dans le cinéma italien de cette période (cela perdurera jusque dans les années 80), les films ont été tournés sans prise de son direct puis doublés en post-production. Les mixages sont assez bien restitués dans leur modération voire un certain minimalisme (pour L'Evangile selon saint Matthieu ou Oedipe Roi), les paysages sonores et les ambiances conservent du détail. A l'exception de Médée, légèrement touché par d'infimes craquements et des sifflantes, ou Des oiseaux petits et gros pendant lequel on pourra déceler un très léger bourdonnement permanent, les pistes ont été plutôt bien nettoyées, le souffle reste discret la plupart du temps et les voix sont claires et intactes. La Ricotta est un cran en deçà, avec une ouverture réduite et un ensemble un peu plus couvert. Si le rendu sonore d'Enquête sur la sexualité est plutôt convenable malgré une dynamique modeste, celui de Carnet de notes pour une orestie africaine, l'autre documentaire en 16mm, apparaît moins détaillé et couvert, un peu embrouillé, avec des ambiances discrètes.

Suppléments

Le coffret Pasolini 100 ans ! regroupe six digipacks slim dans un fourreau cartonné. Les suppléments sont tous repris des précédentes éditions de l'éditeur.

Blu-ray 1

Pasolini l'enragé (98 min - SD upscalé HD)
"Dans le cadre de l'émission Cinéastes de notre temps dirigée par Janine Bazin et André S. Labarthe, Pier Paolo Pasolini revient sur son oeuvre cinématographique d'Accatone à Des oiseaux petits et grands, des films placés sous le signe de la nostalgie, du sentiment d'exclusion et nourris par sa haine traumatique de la bourgeoisie. Tandis que le cinéaste marxiste, considéré comme une contestation vivante, développe son rapport au néoréalisme italien et sa fascination paradoxalement religieuse pour le monde archaïque, son assistant Bernardo Bertolucci et son acteur fétiche Franco Citti, entre autres, parlent du cinéaste." Diffusion ORTF, le 15 novembre 1966

S'il y a un document filmé idéal pour appréhender l'oeuvre cinématographique, mais plus largement intellectuelle, de Pasolini, vraiment le voici. La première surprise est de le voir s'exprimer dans un assez bon français... lui qui annonce tout de suite songer renoncer à la nationalité italienne, en signe de protestation vis-à-vis de sa petite-bourgeoisie italienne d'appartenance. Derrière la provocation (Pasolini ne le fera du reste jamais) se développe la pensée - où des impulsions foncièrement méridionales se rationalisent par un léninisme théorique - de cet anticonformiste. D'Adriana Asti à Ninetto Davoli, ses acteurs favoris parlent de lui, échangent avec dans le cas de ce dernier et de Franco Citti (qui lui permet de revenir sur l'accusation d'exploitation à l'image du sous-prolétariat). Il retourne ce faisant sur les lieux de tournage, mais aussi d'enfance, qui sont les siens - ces faubourgs romains qu'il aimait tant et qui marquaient pour lui l'entrée dans le monde archaïque, soit le Tiers-Monde. Ce qui se développe peu à peu est le rapport sacral du cinéaste des débuts à la réalité. Cette tendance n'ira qu'en s'accentuant, pour finalement se retourner stylistiquement (quand le mythe devient vecteur de réel). L'homme qui peinait tant à ne pas vouvoyer ses congénères les abordait bel et bien comme autant de divinités. Un épisode tout à fait passionnant de la vénérable émission de Labarthe, où un réalisateur de génie dit modestement qu'apprendre à filmer est très simple. Ce qui est moins simple à acquérir que le b-a.-ba de la grammaire cinématographique serait peut-être un bagage aussi riche et réfléchi que le sien, ici exposé de façon détaillée (le reportage étant plus long que certains films du coffret).


Bande-annonce (1 min 57 s - HD - VOSTF)

blu-ray 2

Bande-annonce de Mamma Roma (4 min - SD upscalé HD - VOSTF)

Bande-annonce de l'évènement Pasolini - partie 1 (2 min - HD - VOSTF)

Blu-ray 3

Pasolini, un religieux sans foi (10 min - SD upscalé HD)
Hervé Joubert-Laurencin, enseignant en cinéma et spécialiste de Pier Paolo Pasolini, évoque le rapport du cinéaste à la religion, l'impact de son éducation familiale, sa "dévotion adolescente" avant sa perte de foi à l'âge de 15 ans. Il parle du rapport religieux "dans sa vie", sa relation au sacré "profondément culturelle" et l'impact de la religion dans son oeuvre : fasciné par l'histoire des religions, ses films exprimeront une ouverture au monde, à d'autres civilisations, d'autres croyances. Hervé Joubert-Laurencin évoque "l'exorcisme" de La Ricotta dont les premières images en couleurs de sa carrière trahissent sa lutte entre le baroque et le réalisme. Il revient sur L'Evangile selon saint Matthieu, observant avec distance et amusement les "projections" des spectateurs sur un personnage qui n'exprime pas grand chose lui-même. Il admire un "artiste anormal" qui n'hésite pas à casser son style pour proposer quelque chose de différent et d'unique : "le magma stylistique". Un intervenant très intéressant mais un supplément bien trop court !

Pasolini face à l'église (15 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Prêtre jésuite et directeur de la rubrique spectacle de la revue Civilta cattolica, Virgilio Fantuzzi raconte sa découverte de L'Evangile selon saint Matthieu à sa sortie, en 1964, qu'il considère comme "le film de [sa] vie". Il parle de ses rencontres avec Pasolini, ses paroles prophétiques, et des émotions contradictoires d'un cinéaste qui portait en lui une sorte de croyance qu'il refusait de voir, traduite par une "émotion religieuse" qui transparaît dans son film. Virgilio Fantuzzi revient également sur les déboires de Pasolini avec la censure et comment il dut se rapprocher des autorités religieuses afin de montrer patte blanche pour obtenir des autorisations de financement.

Un Christ à Cadaquès (23 min - SD upscalé HD - VOSTF)
L'acteur espagnol Enrique Irazoqui, qui interprète Jésus-Christ dans L'Evangile selon saint Matthieu, revient notamment sur sa rencontre fortuite avec Pier Paolo Pasolini et les efforts que le cinéaste dut entreprendre pour convaincre cet "Espagnol pur et dur" d'accepter le rôle. Il raconte quelques souvenirs de tournage et surtout Pasolini : ses conseils de jeu, sa "vitalité extraordinaire" pendant la production, son rapport aux miracles qu'il a longtemps hésité à inclure dans le film. Enrique Irazoqui se souvient aussi de cette période de "découverte du monde et de la vie" qui le changeait de son morne quotidien espagnol. Il raconte le Festival de Venise, sa perception du film après la projection, ou comment il fut puni par les autorités franquistes pour avoir joué dans ce "film communiste"...

Bande-annonce (5 min - HD - VOSTF)

Blu-ray 4

Scène coupée (7 min - HD)
Une séquence retirée du montage final, sans le son (a-t-elle jamais été post-synchronisée ?) où Toto et son fils se retrouvent dans un cirque.


Bande-annonce originale de Des oiseaux petits et gros (3 min 22 s - HD - VOSTF)

Bande-annonce de Enquête sur la sexualité (4 min 33 s - SD upscalé HD - VOSTF)


Blu-ray 5

Appunti, poétique de l'inachèvement (26 min - SD upscalé HD)
Retour d'Hervé Joubert-Laurencin pour un supplément foisonnant et très éclairant sur les "appunti" de Pasolini, ces films-essais construits comme "des notes pour des films à faire" alors qu'ils n'ont pas cette finalité, conservent leur propre autonomie et sont ouverts à la contradiction. Hervé Joubert-Laurencin recontextualise cette oeuvre "terminée dans son inachèvement" et explique la démarche artistique de Pasolini : prolonger son érudition théorique et critique sur sa propre création par des documentaires idéologiquement très structurés où il assume les limites occidentalistes de sa vision d'autres civilisations. Il resitue les oresties de ses pièces de théâtre avec Vittorio Gassman, et commente le passage "incongru mais assez intéressant" du joueur de free jazz en pleine création.


Quatre entretiens dirigés par la Cinémathèque de Bologne (SD upscalé HD - VOSTF)
Dacia Maraini (10 min)
Gian Vittorio Baldi (7 min)
Gato Barbieri et Stefano Zenni (10 min)
Massimo Fusillo (24 min)

Dacia Maraini, celle qui a accompagné Pasolini en compagnie d'Alberto Moravia en Tanzanie et en Ouganda, raconte le choc du cinéaste à la rencontre du Sud-Est de l'Afrique, la grande misère de ce qui était encore un continent dont on attendait beaucoup politiquement, de même que les ambivalences du poète révolutionnaire, mais aussi romantique, devant la modernisation (donc d'une certaine façon l'occidentalisation) du territoire. L'affection de Pasolini pour son sous-prolétariat cédait la place, forcément, au désir quand il partait seul dans la nuit, serait-ce dans des lieux qu'on lui recommandait fortement d'éviter. Maraini rappelle toutefois l'engagement réellement intellectuel de Pasolini durant ce périple, à la rencontre des nouveaux étudiants militant pour l'émancipation de leurs nations (la notion politique d'"Afrique" leur parlait visiblement moins qu'à lui). Gian Vittorio Baldi, son producteur (qui n'était cette fois pas Alfredo Bini), indique la spécificité de ce film qui se fait en prétendant en préparer un autre, cas assez inédit pour l'époque et qui permettait au cinéaste d'aller au plus proche de sa tendance essayiste, cela avec l'Arriflex qu'il lui avait offerte. Il revient sur les déboires finaux du film avec sa commanditaire, la RAI connaissant alors un changement de gestion, qui lui a coûté une grande partie sa visibilité. Gato Barbieri, le saxophoniste argentin qui de façon curieuse diffuse ici la mélodie free jazz d'un tiers-mondisme centré sur l'Afrique dans un intermède musical étonnant, revient sur cette expérience tandis qu'elle est remise dans le contexte du Folkstudio et commentée par le musicologue Stefano Zenni, qui indique aussi le choix fort d'Archie Savage (acteur américain exilé dans le pan hollywoodien de Rome) pour donner voix à cette aria des damnés de la Terre. L'universitaire (spécialiste en littérature comparée) Massimo Fusillo revient sur la traduction d'Eschyle par Pasolini, à la fois dédaignée de plusieurs experts et frappante par sa force poétique (il la défend, personnellement) puis décortique le cinéma anthropologique que tente ici Pasolini, ne cachant pas son admiration pour ce pan méconnu et sous-estimé de sa filmographie, le replaçant dans le contexte de la production intellectuelle pasolinienne. Ces entretiens ont été conduits en 2009.


Bande-annonce de Oedipe roi (3 min 32 s - HD - VOSTF)

Blu-ray 6

Le mythe de Médée et Jason (6 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Résumé de la légende mythologique.


Médée passion, souvenirs de tournage (30 min - SD upscalé HD - VOSTF)
C'est bien entendu Maria Callas, décédée en 1977, qui manque à l'appel à l'évocation du tournage de 1969 (de ce qui est son seul long-métrage de fiction, bien qu'elle ait également incarné la Médée sur les planches). Les deux interprètes principaux masculins évoquent le film : d'abord Giuseppe Gentile, pour le moins perplexe devant le peu d'explications que lui fournissait Pasolini (il est vrai que le film est très abstrait, comme réalisé dans les interstices des hauts faits du récit mythologique), au point de ne pas saisir la continuité de ses actions au sein de l'intrigue ; et Laurent Terzieff, confirmant, lui aussi, la dureté physique du tournage, en plus du "deal"  lui ayant permis de tourner dans Médée (une sorte de deux films pour le prix d'un où il lui fallait jouer aussi dans l'Ostia de Sergio Citti, protégé du cinéaste). Les conditions difficiles de l'élaboration de ce film peu commun sont encore rappelées par Piero Tosi, costumier attitré de la Callas qui lui avait confectionné des parures avec bijoux, très lourdes à porter (jusqu'à 50 kg sur soi) pour un filmage sous un soleil de plomb ; Dante Ferreti, le décorateur qu'on ne présente plus et qui devait ici trouver des sites réels de la Turquie à la Syrie en passant par l'Italie ; ainsi que Mario Tursi qui a suivi l'entreprise en sa qualité de photographe et ramené les images conservées de cette aventure. Un tournage peu raisonnable pour l'un des films les plus déraisonnables de son créateur.



Médée, le choc des cultures (12 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Christophe Mileschi, plusieurs fois traducteur de Pasolini, évoque le travail de cet "homme de lettres qui fait du cinéma" à travers ses "Visions" publiées à chaque sortie de ses films, un "travail d'écriture" qui complète une oeuvre que l'on peut considérer comme "un océan" où tout communique. Il explique ensuite différents aspects du film : le personnage du Centaure, "une bibliothèque vivante" ; les rapports de Pasolini avec les mondes anciens auxquels il essaie de confronter le présent et qui représentent pour lui différents "chocs" ; la relation conflictuelle entre le monde de Médée et celui de Jason, leurs "inter-pénétrations" très fortes ; la "conversion à l'envers" de Médée, qui perd sa foi ; le choix de Maria Callas, symbole d'un art marchand à grande échelle qu'il inclue dans une oeuvre anti-commerciale et dont il envisage le corps (quasi muet) comme un élément d'écriture ; la logique du sacrifice comme "sauvegarde de valeurs". Très intéressant.


Visions de la Médée de Pier Paolo Pasolini (27 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Passages lus des écrits Visions de la Médée mis en relation par l'image avec des extraits du film.

Scènes coupées (35 min - SD upscalé HD - VOSTF)
Eléments retirés du montage final, retrouvés en 2004.


Bande-annonce originale (2 min 44 s - HD - VOSTF)


Bande-annonce de l'Evènement Pasolini - partie 2 (1 min 46 s - HD - VOSTF)

En savoir plus

Accatone

Taille du Disque : 33 968 210 326 bytes
Taille du Film : 28 714 919 040 bytes
Durée : 1:57:22.201
Total Bitrate: 32,62 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,98 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29980 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1036 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 23,611 kbps

Mamma Roma

Taille du Disque : 41 190 463 536 bytes
Taille du Film : 30 266 407 680 bytes
Durée : 1:47:07.337
Total Bitrate: 37,67 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,82 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34826 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1034 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 25,731 kbps

La ricotta

Taille du Disque : 41 190 463 536 bytes
Taille du Film : 9 962 233 536 bytes
Durée : 0:35:18.199
Total Bitrate: 37,63 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,72 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34725 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1093 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 18,232 kbps

L'évangile selon Saint Matthieu

Taille du Disque : 38 332 237 259 bytes
Taille du Film : 34 749 560 832 bytes
Durée : 2:17:32.041
Total Bitrate: 33,69 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29996 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 845 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1046 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 17,062 kbps
Subtitle: French / 0,300 kbps

Des oiseaux petits et gros

Taille du Disque: 31 661 557 407 bytes
Taille du Film : 21 673 462 464 bytes
Durée : 1:28:39.355
Total Bitrate: 32,60 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,90 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29900 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1095 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 23,555 kbps

Oedipe roi

Taille du Disque : 49 829 894 808 bytes
Taille du Film : 29 578 148 544 bytes
Durée : 1:44:30.305
Total Bitrate: 37,74 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,83 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34838 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1075 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 13,494 kbps

Carnet de notes pour une orestie africaine

Taille du Disque : 49 829 894 808 bytes
Taille du Film : 11 164 714 368 bytes
Durée : 1:13:45.087
Total Bitrate: 20,18 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 18,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 18000 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1061 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 31,840 kbps

Médée

Taille du Disque : 41 705 885 470 bytes
Taille du Film : 31 537 869 504 bytes
Durée : 1:51:18.713
Total Bitrate: 37,78 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,87 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34871 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1114 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 10,788 kbps

Par Stéphane Beauchet et Jean Gavril Sluka - le 19 décembre 2022