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Test blu-ray

Coffret François Truffaut, la passion cinéma

BLU-RAY - Région B
Arte Editions et L'Atelier d'images
Parution : 17 novembre 2020

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Associé pour l'occasion à L'Atelier d'Images, Arte consacre son coffret de Noël 2020 à François Truffaut, réunissant huit films jusque-là cantonnés au seul format DVD. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il a fallu se contenter jusqu'à aujourd'hui des tristes éditions MGM/United Artists, sorties depuis 2003, qui ont monopolisé le marché avec leurs masters fatigués et non compatibles 16/9. Une longévité difficile à admettre si l'on réfléchit au fait que la généralisation de la Haute-Définition forçait logiquement les ayant droits (MGM, MK2, Sony) à financer de nouvelles restaurations il y a une dizaine d'années. Des travaux qui ont finalement bien eu lieu, sans doute accélérés par l'arrivée d'un nouveau venu parmi les détenteurs de droits (MK2), mais sans pour autant être édités par la suite. Ainsi l'intégrale Truffaut sortie en DVD par Potemkine en 2014, qui aurait dû utiliser tous ces nouveaux masters, reprenait en fait les disques MGM à l'identique. A une exception près, ceci dit : Une belle fille comme moi était présenté à partir du disque allemand (Studiocanal) datant de 2011. C'était alors la première fois que le film était disponible en DVD en France, Sony/Columbia ne s'y étant pas intéressé depuis... la VHS de 1996 ! Notez que le film a été vraisemblablement tourné pour le format 1.85, les captures le montrent bien, mais qu'il a été filmé en 1.33 open matte, format carré avec lequel il a toujours été présenté en vidéo (et à la télévision), et qui est également celui du master HD proposé aujourd'hui.

Après cette intégrale DVD, les rééditions HD se faisaient toujours attendre et c'est, comme souvent, à l'étranger que cela a bougé... mais en partie seulement. L'éditeur anglais Artificial Eye a proposé Une belle fille comme moi en 2014 et les Américains de Twilight Time ont sorti La Mariée était en noir, L'Histoire d'Adèle H. et La Sirène du Mississipi en 2015 (avec des sous-titres anglais imposés). Ce dernier était aussi sorti en janvier 2020, en Allemagne. (On passera sous silence une édition suspecte de La Mariée était en noir, sortie en Espagne en 2015).

Le coffret Arte/L'Atelier d'Images présente donc (enfin !) ces films en Blu-ray en France, à partir de leurs dernières restaurations en date, et dans des conditions de visionnage nettement améliorées. L'Enfant sauvage, L'Argent de poche, L'Homme qui aimait les femmes et La Chambre verte sont d'ailleurs proposés pour la première fois au monde en Blu-ray.

Arte et L'Atelier d'Images ont financé un tout nouveau master pour La Chambre verte, récemment restauré en 4K par le laboratoire Hiventy à partir du négatif original. Sans surprise, le résultat est très convaincant, stable et assez propre, avec une image précise. La colorimétrie est nuancée et bien saturée, le rendu est organique, conforme à la photographie de Nestor Almendros. S'il s'agit du master le plus solide techniquement, d'autres ne sont pas très loin derrière puisque le coffret comporte également trois films restaurés en 2K. L'Homme qui aimait les femmes possède un rendu lui aussi relativement satisfaisant, même s'il reste un peu moins précis et détaillé. La copie est stable, il y a un peu de grain (mais pas assez), les contrastes sont très équilibrés et la colorimétrie apparaît très convaincante, dans des tons assez naturels. L'Argent de poche, qui a bénéficié d'un scan plutôt efficace, bénéficie d'une image correctement détaillée et d'une copie stable et immaculée, aux contrastes souvent bien gérés (mais parfois relâchés). La colorimétrie reste honnête mais pas toujours de manière évidente puisqu'on a retiré quelques nuances vert/jaune typiques de la composition photochimique de l'époque et que cela a mécaniquement accentué la présence du magenta (sa couleur complémentaire), notamment sur les carnations de plusieurs scènes. Un dernier film, annoncé comme restauré en 2K, nous laisse en revanche plutôt perplexe : estampillé MK2, le master HD de L'Enfant sauvage bénéficie d'un piqué honnête mais reste plombé par un niveau de détail plutôt faible. Les contrastes peuvent être soumis à quelques pulsations et manquent parfois de densité. Deux défauts apparaissent également, imputables à la fabrication du master : d'infimes contours colorés (aux nuances verte ou magenta) presque imperceptibles, et surtout l'apparition de très légères lignes verticales (visibles dans les plans sombres) qui ne semblent pas être des défauts de pellicule mais plutôt une sorte de bruit vidéo, comme un minuscule écho électronique...

Les autres restaurations présentées dans le coffret sont un peu plus anciennes mais tiennent encore tout à fait la route, techniquement, pour la plupart. A l'exception de La Mariée était en noir qui déçoit toujours par sa douceur un peu plus affirmée et son grain épais, encore trop effacé, La Sirène du Mississipi et Une belle fille comme moi possèdent une image correctement définie, avec un niveau de détail suffisant, à défaut d'être très poussé. Le grain est en général encore un peu atténué mais il reste globalement présent et bien palpable. Il faut surtout noter que les images ont gagné sur tous les tableaux (luminosité, stabilité, propreté) avec un rendu incomparable à ce qui était jusqu'alors disponible en DVD. Comme le montre le comparatif ci-dessous, un nettoyage supplémentaire a même été appliqué sur La Sirène du Mississipi par rapport à l'édition américaine. La colorimétrie est l'un des très bons aspects de ces "nouveaux" masters puisque les teintes apparaissent désormais mieux saturées et beaucoup plus naturelles, malgré quelques dérives magenta typiques - et même si la palette d'Une belle fille comme moi semble parfois un peu accentuée pour la vidéo. La gamme de couleurs de L'Histoire d'Adèle H est relativement efficace, aidée par des contrastes solides, des noirs parfois denses. La précision de ses images reste en revanche un peu douce, limitée par le niveau de détail. On remarquera aussi une nette dégradation de qualité durant les nombreux plans truqués (fondus au noir, etc.).

Si ce coffret nous procure donc de grandes réjouissances, il y a en revanche un sérieux regret. Celui de retrouver le même défaut que pour les coffrets Costa-Gavras, sortis en 2016 et 2017, et que Arte reconduit malheureusement ici : à l'exception de La Chambre verte, tous les films sont présentés en 1080i. Ce sont des masters destinés à la diffusion TV ou à la fabrication des DVD, et si les images sont bien en HD, elles ne respectent malheureusement pas le cadencement original de la pellicule : le film défile ici à une vitesse de 25 images par seconde au lieu de 24, une différence infime qui se retrouve dans la durée finale, légèrement accélérée et donc légèrement plus courte. A titre d'exemple : La Mariée était en noir dure 1h 47 min 37 s sur le Blu-ray américain et se retrouve réduit à 1h 42 min 57 s dans ce coffret ; La Sirène du Mississipi dure 2h 03 min 19 s sur le Blu-ray américain et se retrouve réduit à 1h 58 min 16 s dans ce coffret ; Une belle fille comme moi dure 1h 38 min 07 s sur le Blu-ray anglais et se retrouve réduit à 1h 33 min 57 s dans ce coffret, etc. Vraiment dommage...

Voici pour terminer quelques comparatifs (éclairants et parfois spectaculaires) avec d'anciennes éditions DVD ou Blu-ray :

LA MARIEE ETAIT EN NOIR

DVD MGM (2007) vs. Blu-ray Arte/L'Atelier d'Images (2020)
1 2 3 4 5 6 7

LA SIRENE DU MISSISSIPI

DVD MGM (2003) vs. BR Arte/L'Atelier d'Images (2020)1 2 3 4 5 6 7 8 

BR Twilight Time (2015) vs. BR Arte/L'Atelier d'Images (2020) : 1 2 3 4 5 6 7

UNE BELLE FILLE COMME MOI

DVD Arthaus/Studiocanal (2011) vs. BR Arte/L'Atelier d'Images (2020)1 2 3 4 5 6

L'ENFANT SAUVAGE

DVD MGM (2003) vs. Blu-ray Arte/ L'Atelier d'Images (2020) 1  2  3  4  5

L'HISTOIRE D'ADELE H.

DVD MGM (2003) vs. Blu-ray Arte (2020) : 1 2 3 4 5 6 7 8 

L'ARGENT DE POCHE

DVD MGM (2003) vs. Blu-ray Arte/L'Atelier d'Images (2020)1  2  3  4  5  6  7

L'HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES

DVD MGM (2003) vs. Blu-ray Arte (2020) : 1 2 3 4 5 6 7 8 

LA CHAMBRE VERTE

DVD MGM (2007) vs. Blu-ray Arte/L'Atelier d'Images (2020) : 1 2 3 4

Son

Côté son, les films sont globalement bien traités, les pistes apparaissent en tout cas plutôt conformes aux caractéristiques d'origine. Elles ont été nettoyées des impuretés et du souffle, et souvent basées sur des prises en son direct, sans ambiances très détaillées, avec un rendu en général relativement simple et clair, sans effets. Le mixage peut toutefois apparaître un peu plus confus, brouillon, sur certains passages de La Mariée était en noir et La Sirène du Mississipi où les voix sont de temps en temps comme écrasées par les sons d'ambiance, les paroles devenant moins intelligibles. On remarquera parfois également une qualité de prise de son qui n'est pas toujours optimale : certaines scènes de La Chambre verte ou de L'Homme qui aimait les femmes peuvent souffrir de voix un peu crispées, comme par une usure de bande ou de pellicule. Peut-être une mauvaise conservation du négatif ? On relèvera surtout des imperfections sur La Mariée était en noir, sans doute le moins bien loti du lot, dont la dynamique apparaît assez molle et où l'on peut à peine remarquer un léger bourdonnement électronique en arrière-plan. C'est également le seul film où l'on peut facilement remarquer des voix plus aigües et accélérées que la normale : un défaut probablement imputable à la fabrication du master plutôt qu'au passage en 1080i. On ne relève heureusement pas de désagrément majeur de ce type avec les autres films du coffret.

Notez que La Mariée était en noirLa Sirène du Mississipi, L'Histoire d'Adèle H. et L'Argent de poche sont proposés en Audiodescription pour les malvoyants, et que tous les films sont sous-titrés pour les sourds et malentendants.

Suppléments

Les huit films sont présentés dans des digifiles slim cartonnés, inclus dans un coffret sobre, épuré et classieux. Ils sont accompagnés d'archives télévisées, en partie ressorties des placards de l'INA :
 

Blu-ray 1 : La Mariée était en noir

La comtesse de Monte-Cristo (10 min - N&B - SD upscalé en 1080i)
Installé dans son bureau (que l'on apercevra dans d'autres suppléments) et interrogé par Anne Andreu, qui coproduira 15 ans plus tard la mythique émission Cinéma, Cinémas, François Truffaut parle de La Mariée était en noir et des raisons pour lesquelles il souhaite entretenir le mystère autour de la sortie du film. Il revient sur le travail d'adaptation du livre, l'importance de l'histoire et de sa construction, l'absence d'humour ("je prends la mort très au sérieux") ou son amour pour les personnages ("pour leur fragilité"), en particulier concernant l'héroïne, dessinée comme une "meurtrière idéaliste", une "comtesse de Monte-Cristo". Il évoque également l'influence du cinéma américain, "un cinéma de situation" qu'il a ici agrémenté d'"un esprit français", entre Hitchcock et Cocteau. Intéressant mais bien court...

Une mariée solitaire (4 min - N&B - SD upscalé en 1080i)
Très brièvement interrogée pendant une pause du tournage de La Mariée était en noir, Jeanne Moreau parle de ce qui fait son métier ("des expériences qu'on vit à travers les autres") et de l'aspect "très éprouvant" de ce personnage du film de Truffaut : abstrait, mystérieux, "perturbant", qui n'est relié qu'à son obsession, "un cas très particulier de solitude totale".

Los 4 golpes (2 min 39 - N&B - 1080i)
Restauré par la Cinémathèque royale de Belgique, un court-métrage muet et semi-burlesque réalisé entre amis (parmi eux, Marie Laforêt) et sans moyens par François Truffaut, en Argentine, pendant le Mar del Plata Film Festival de 1962. Une curiosité.

Bande-annonce originale (3 min 44 - 1080i)


 

Blu-ray 2 : La Sirène du Mississipi

Un homme né pour faire des films (4 min - N&B - SD upscalé en 1080i)
Interrogé par Pierre Dumayet en 1969, Jean Renoir parle de son ami François Truffaut : "continuateur" d'André Bazin, autodidacte qui "a assimilé la technique des plus grands maîtres", un poète à la vie comme à l'écran...

Une histoire d'amour inversée (4 min - SD upscalé en 1080i)
Brève interview de François Truffaut par André Halimi, en 1973. Le cinéaste parle de La Sirène du Mississipi, sa manière de construire des films d'amour et explique sa vision du couple composé de la femme "professionnelle" et de l'homme "amateur"... Il s'explique l'échec du film par ses personnages d'hommes trop faibles et une inversion des sexes trop marquée, qui traite Belmondo "comme une jeune fille vierge" et Deneuve "comme un aventurier"...

Bande-annonce originale (4 min 12 - 1080i)



 

Blu-ray 3 : Une belle fille comme moi

François Truffaut : 12e fois - "Une belle fille comme moi" (30 min - N&B - 1080i)
Diffusé en avril 1972, un reportage sur le tournage d'Une belle fille comme moi. Bernadette Lafont interprète la chanson-titre, aux paroles hautes en couleur ; on aperçoit également un dialogue entre André Dussolier et Guy Marchand. Aux côtés d'un Pierre-William Glen hyper-chevelu, François Truffaut "vif, l'oeil à tout" est scruté par le reporter pendant les prises. Il évoque ce "film à ambition comique" qui joue sur la proximité de caractère entre Bernadette Lafont et son personnage. Truffaut parle de son précédent film, Les Deux Anglaises et le continent, pour lequel il souhaitait "filmer les sentiments d'amour avec un maximum de violence". Pendant que le cadreur lorgne de manière insistante et répétitive sur son décolleté, Bernadette Lafont est interrogée sur sa carrière et ses films à venir, "toujours emportée par les nouvelles vagues" : Out 1 ou La Maman et la putain. Un simple reportage, finalement, alors qu'il y avait sans doute matière à en faire un peu plus...


Bande-annonce originale (1 min 56 - 1080p)


 

Blu-ray 4 : L'Enfant sauvage

Sur le tournage de L’Enfant sauvage (14 min - SD upscalé en 1080i)
Extrait de la collection Cinéastes de notre temps, diffusé en 1970 (quel dommage de ne pas avoir conservé l'intégralité du documentaire !). Des moments glanés sur le tournage, où Truffaut dirige l'enfant et prépare le plan avec Néstor Almendros. Le cinéaste est interrogé sur ce premier rôle devant la caméra qui traduit son besoin de s'impliquer davantage, d'aller au-delà de la mise en scène technique. Il évoque son personnage "qui ne sourit pas" et sa vision du film ("une recréation plus poétique que scientifique"). On entend quelques mots du jeune Jean-Pierre Cargol et son accent méridional...

Entretien de François Truffaut et Lucien Malson (12 min - N&B - SD upscalé en 1080i)
Extrait de L'Invité du dimanche en 1969, où Truffaut parle de Victor de l'Aveyron, "un personnage que je trouve extraordinaire", et explique son intérêt pour "un grand sujet fait de petites choses", cette situation inédite d'un enfant qui découvre la civilisation et le réveil de "l'homme moral". Il raconte de nouveau pourquoi il a fait le choix d'interpréter Jean Itard, son besoin de faire une mise en scène également devant la caméra, et revient sur le choix de l'enfant pour interpréter Victor. Il est accompagné du philosophe et sociologue Lucien Malson, spécialiste des enfants sauvages "qui ont vécu à l'écart de la culture humaine", auteur d'un livre qui permit la redécouverte des textes de Jean Itard, dont Truffaut s'inspira pour le film.

Bande-annonce originale (2 min 52 - 1080i)


 

Blu-ray 5 : L'Histoire d'Adèle H.

Une histoire d'amour avec une seule personne (4 min - SD upscalé en 1080i)
Bref entretien diffusé en 1975 dans lequel Truffaut raconte la longue gestation du projet, initié six ans plus tôt, et son goût pour les fictions "à partir de choses réelles". Il évoque ce qui l'a intéressé dans cette "histoire d'amour avec une seule personne", où Victor Hugo n'apparaît jamais mais reste toujours présent, et parle d'Isabelle Adjani, choisie en voyant La Gifle, et de la "coïncidence d'intensité" entre un personnage et une actrice "émotives et émotionnelles".

Présentation du film à Lyon (2 min - SD upscalé en 1080i)
Reportage de FR3 Rhône-Alpes pendant la Semaine du cinéma à Lyon, en novembre 1975. Après la visite d'une exposition de cinématographes à l'aéroport Satolas (devenu depuis Sain-Exupéry), quelques brèves réponses sur L'Histoire d'Adèle H. : Isabelle Adjani parle du travail systématique à effectuer sur ses personnage tandis que Truffaut raconte son souhait de faire un film "sur un visage de femme" à une époque où le cinéma est envahi par les hommes.


Entretien avec Isabelle Adjani (6 min - SD upscalé en 1080i)
L'actrice est l'invitée d'une émission de la RTBF diffusée en 1980, malheureusement pas proposée ici puisqu'il s'agit uniquement de la présentation de L'Histoire d'Adèle H. juste avant sa diffusion. L'actrice parle de sa brève hésitation à interpréter ce personnage "à l'itinéraire plus torturé" que celui de La Gifle, de son refus du contrat de 20 ans que lui proposait alors la Comédie Française et évoque Adèle Hugo, "un peu l'enfant maudite de la famille", écrasée par l'ombre de son père. Elle avoue avoir été intimidée par l'idée de tenir le film sur ses seules épaules, et par François Truffaut (pourtant "adorable")...

Bande-annonce originale (2 min 44 - SD upscalé en 1080i)


 

Blu-ray 6 : L'Homme qui aimait les femmes

Femmes et hommes (10 min - SD upscalé en 1080i)
Extrait d'une discussion entre, notamment, François Truffaut, Charles Denner et Jean-Louis Trintignant, au cours d'une émission TV diffusée en mai 1977. Ils évoquent le ton de L'Homme qui aimait les femmes et se questionnent sur le personnage de Bertrand Morane, son éventuelle misogynie et l'amour en tant que "quête". Ils parlent de la représentation des femmes qui "existent" dans le film, et l'intérêt de faire un jour un film en contrepoint sur le comportement d'une femme libre. Jean-Louis Trintignant parle de la virilité comme d'un mot "raciste", une "notion fasciste". Intéressant mais trop bref et décousu.

Bande-annonce originale (2 min 30 - 1080i)


 

Blu-ray 7 : L'Argent de poche

Entretien avec François Truffaut (25 min - SD upscalé en 1080i)
François Truffaut est en plein montage de L'Argent de poche lorsqu'il répond aux questions de la télévision Suisse en 1975. Il évoque sa "destinée" avec le cinéma, un art pudique qui l'a rendu "frustré du reste de la vie", parle de ses premiers films, de leurs "références réelles" qui ont su absorber l'influence de ses modèles et réfléchit à ce qu'il n'a pas encore réussi à aborder à l'écran, notamment un film sur la mort (La Chambre verte sera tourné deux ans plus tard...). Il parle de l'enfance vers laquelle il revient régulièrement, et la "souplesse requise" pour tourner avec eux : filmer beaucoup de matière pour ensuite couper et trouver la musique du montage qui "peut faire chanter un film". Il évoque le cap franchi en devenant comédien qui lui donne une plus grande impression de contrôle et de liberté (ainsi qu'"un très grand plaisir") et la dualité entre le cinéaste et l'écrivain, racontant que L'Argent de poche était d'abord pensé comme un recueil de nouvelles avant d'être transformé en scénario. Il parle du financement de ses films, ses budgets modestes car "destinés à un public assez fidèle mais pas tellement nombreux", et donne son point de vue critique sur la qualité du cinéma français et américain, dominé par les cinéastes venus des pays de l'Est : Milos Forman, Roman Polanski et Ivan Passer. C'est un vrai régal d'écouter Truffaut, toujours aussi habile et captivant lorsqu'il parle de cinéma, surtout qu'il est ici interrogé par l'excellent Christian Defaye, un interviewer peu connu en France qui savait mener des entretiens de fond tout en laissant ses invités se livrer comme rarement. L'occasion de signaler quelques-unes de ses interviews visibles sur Youtube et un fil de discussion qui  lui est consacré sur notre forum.

Les essais des enfants (12 min - SD upscalé en 1080i)
Interrogés par Truffaut dans les bureaux des Films du Carrosse puis dans la cour de l'école de Thiers, où sera tourné le film, les enfants racontent leur vie, improvisent un peu ou récitent le monologue d'Arpagon.


Sur le tournage du film (14 min - SD upscalé en 1080i)
Avant de devenir un fameux scénariste pour Claude Lelouch, Philippe de Broca, Claude Sautet, Patrice Leconte ou Yves Robert, entre autres, l'adolescent Jérôme Tonnerre est alors "le petit voisin" que François Truffaut prend sous son aile, dans "une relation formatrice et bienveillante" qu'il décrira dans un livre en 1999. Le cinéaste l'a autorisé à venir filmer le tournage de L'Argent de poche avec sa caméra super-8. Des images muettes, "maladroites mais ferventes", des pauses du tournage ou des prises de vues de la scène de la fenêtre. On peut reconnaître les collaborateurs habituels du cinéaste : Susan Schiffman, Pierre-William Glenn sur sa moto, la maquilleuse Thi-Loan Nguyen, ou Jean-François Stévenin qui passe un oeil dans le viseur de la caméra...


Bande-annonce originale (3 min 24 - 1080i) présentée en voix off par Truffaut, avec quelques images d'avant-prise non inclues dans le montage final.



 

Blu-ray 8 : La Chambre verte

La fin des bougies (11 min - 1080i)
Entretien mené pour la RTBF en 1978 dans lequel Truffaut parle de "l'amour posthume" d'une seule femme dans La Chambre verte, face au "salut dans la quantité" de L'Homme qui aimait les femmes. Il revient sur ce qui lie ses derniers films, notamment "l'idée fixe" de ses personnages, et comment La Chambre verte marque la fin d'une série de "films à bougies". Il explique le choix d'inclure dans le film un enfant sourd-muet, la signification des photos placées dans la chapelle, et raconte quelques détails du tournage de Rencontres du 3e type, comment sa curiosité fut assouvie en observant le travail d'un autre réalisateur pendant ses heures d'attente. Il parle enfin de l'an 2000 ("dans 4-5 ans on ne va parler que de ça") et d'un "état d'esprit du renouveau" qui arrivera, pense-t-il, avec le prochain siècle...

Bande-annonce originale (2 min 01 - 1080i)


Au final, ce sont trois heures de documents rares et une belle initiative. Mais cela ne comble pas tout à fait l'impression de picorer plein de petites choses au lieu de se plonger dans un véritable supplément, plus complet et plus global, digne du cinéaste de la stature de Truffaut. Des documentaires de ceux qu'Arte diffuse très régulièrement sur son antenne, par exemple, ou d'autres devenus invisibles aujourd'hui - comme le Portrait volé de Serge Toubiana et Michel Pascal sorti en 1992 - n'auraient pas été de trop ici...

Ce regard rétrospectif et analytique, on le trouvera finalement dans le livret de 106 pages présenté en complément des Blu-ray, préparé sous la direction d'Olivier Père, directeur de l'unité cinéma d'Arte. Truffaut vu par... réunit 17 textes de cinéastes et de critiques qui apportent leur "relecture attentive" aux films de François Truffaut, et que nous vous conseillons de parcourir après les visionnages... Axelle Ropert évoque "la trivialité française" de La Mariée était en noir, sa "brutalité du détail" et son montage "contre l'écriture", quand Serge Bozon y voit un Truffaut hésitant "jusqu'au bout" avec la morale de son héroïne, uniquement intéressé aux "sentiments autobiographiques" et au suspense hitchcockien "formel et cinéphilique".

Catherine Corsini, dont on se souvient du truffaldien Partir, revient sur "la passion dévorante" qui parcourt La Sirène du Mississipi comme une "transgression totale", une "exaltation du cinéma" à travers laquelle Truffaut impose "une langue particulière" à des personnages modernes, "jamais là où on les attend". Dans un excellent texte, Arnaud Desplechin décrit un film "lumineux et secret", aux nombreux paradoxes, "un hymne à la liberté" où le cinéaste fait son autoportrait dans la peau de Deneuve, où "Truffaut devient vraiment Truffaut" lorsqu'il s'intéresse à des cas "borderline" dans leur quotidien.

Mia Hansen-Løve voit dans L'Enfant sauvage un film à la "tristesse indélébile" où Truffaut revisite sa propre enfance et soigne ses blessures, imposant "le cinéma comme des lieux d'adoption". Le cinéaste "se met à la meilleure place" et "établit une continuité entre les deux territoires du film, celui du jeu et celui de la mise en scène", dans "une quête de structure" à contre-courant de son époque. Nicolas Saada analyse le travail visuel "admirable" qui rappelle Robert Bresson ou Murnau. Pour lui L'Enfant sauvage est une aventure d'intuition, de tendresse, de sensualité, "un film au lyrisme raisonné" où Truffaut réfléchit sur son statut de cinéaste. Luc Dardenne observe, avec sa propre expérience, la direction de l'enfant acteur par Truffaut, évoquant le rapport au corps ou sa démarche, et montre comment Truffaut "devient le père de cet enfant" en transformant la réalité du texte d'Itard par la prise en charge du rapport affectif.

Olivier Assayas sent un Truffaut qui va "au plus échevelé du romanesque" dans L'Histoire d'Adèle H., observant "au scalpel des tourments de l'amour". Dans cette "oeuvre dangereuse", il sent un Truffaut "obsédé par Isabelle Adjani", "interprète idéale", à "la grâce étonnante". Serge Bozon parle pourtant de "la performance d'une actrice anti-trufaldienne" qui n'allait pas dans le même sens que le cinéaste. Le résultat est, pour lui, "une histoire plus racontée qu'incarnée" où Truffaut refuse la simple adaptation et impose un didactisme froid "qui fait déborder l'émotion". Christophe Honoré va encore plus loin, avec un point de vue très intéressant : il ressent un film "empoisonné" par une actrice qui résiste au style de Truffaut et n'entre pas dans son univers. Honoré sent le cinéaste "désemparé" devant Adjani : quand elle est là, "elle pétrifie tout, le film et Truffaut". L'Histoire d'Adèle H. raconte une désillusion amoureuse qui est peut-être aussi celle d'une actrice pour son metteur en scène...

Mathieu Amalric voit dans L'Argent de poche un film à "la vibration intemporelle" et aux "tonalités en mineur" que Truffaut "explose généreusement" par son "respect amoureux pour l'enfance", quand Luc Dardenne évoque, lui, un film où "la vie exprime la vie". Axelle Ropert revient sur la trajectoire-crucifixion de L'Homme qui aimait les femmes, le portrait en mosaïque d'un "pantin étrange" qui trahit "le rapport anxieux au désir" de Truffaut.

Noémie Lvovsky parle de La Chambre verte, un film extrême et radical "sans le montrer", qui possède les échos "infinis" du cinéma de François Truffaut, dont elle défend inlassablement la mise en scène et "son désir de clarté". Valérie Donzelli renvoie les éléments de La Chambre au verte au cinéma qui "répare nos deuils" et fait des morts des vivants, dans une chapelle aux apparences de salle de projection. Elle évoque le jeu "fascinant et presque fantomatique" de Truffaut où "on sent le cinéaste" qui "dirige tout en jouant". Elle raconte quelques souvenirs sur le réalisateur racontés par le scénariste Jean Gruault pendant la préparation de Marie et Julien, son film adapté en 2015 d'un de leurs scénario.

Enfin, Olivier Père se charge d'Une belle fille comme moi, le "vilain petit canard" aux registres très éloignés de son auteur, "un film à côté" et presque un prolongement moderne de L'Enfant sauvage, "avec le cas étudié et le cas étudiant".

On trouve également un entretien avec Nathalie Baye qui raconte sa collaboration avec le cinéaste, leur rencontre et le tournage "joyeux" de La Nuit américaine. Elle se souvient d'un Truffaut "très angoissé" de ne pas être à la hauteur de La Chambre verte... L'ancien agent et producteur Jean-Louis Livi livre en quelques pages un bon résumé de l'aventure des Films du Carrosse avec Les Artistes Associés, filiale française de United Artists qui coproduira pendant dix ans les films de Truffaut, lui apportant des moyens financiers suffisants. Il raconte une époque où "l'artisanat se mariait à l'artistique", et l'intelligence d'un cinéaste qui anticipait (et supportait) les risques financiers de ses films.

En savoir plus

La Mariée était en noir

Taille du Disque : 29 095 535 161 bytes
Taille du Film : 23 717 959 680 bytes
Durée : 1:42:57.640
Total Bitrate: 30,71 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24971 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1812 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2054 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 32,937 kbps

La Sirène du Mississipi

Taille du Disque : 29 977 460 095 bytes
Taille du Film : 26 987 390 976 bytes
Durée : 1:58:16.280
Total Bitrate: 30,42 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24997 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1705 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1878 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 34,008 kbps

Une belle fille comme moi

Taille du Disque : 31 856 523 237 bytes
Taille du Film : 23 825 393 664 bytes
Durée : 1:33:57.400
Total Bitrate: 33,81 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29996 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2047 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 52,653 kbps

L'Enfant sauvage

Taille du Disque : 24 765 989 227 bytes
Taille du Film : 20 555 735 040 bytes
Durée : 1:21:10.760
Total Bitrate: 33,76 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29995 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2032 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 33,955 kbps

L'Histoire d'Adèle H

Taille du Disque : 23 361 868 811 bytes
Taille du Film : 20 543 889 408 bytes
Durée : 1:33:28.680
Total Bitrate: 29,30 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24995 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1711 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 886 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 8,084 kbps
Subtitle: French / 39,400 kbps

L'Argent de poche

Taille du Disque : 38 830 649 085 bytes
Taille du Film : 27 534 618 624 bytes
Durée : 1:41:04.400
Total Bitrate: 36,32 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30009 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2069 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2130 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 46,742 kbps

L'Homme qui aimait les femmes

Taille du Disque : 29 566 230 693 bytes
Taille du Film : 26 342 375 424 bytes
Durée : 1:54:00.240
Total Bitrate: 30,81 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 24,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 24999 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1972 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1969 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 57,912 kbps

La chambre verte

Taille du Disque : 24 745 676 075 bytes
Taille du Film : 23 966 742 528 bytes
Durée : 1:34:44.791
Total Bitrate: 33,73 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1972 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 38,464 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 23 novembre 2020