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Test dvd
Image de la jaquette

JLG/JLG : Autoportrait de décembre

DVD - Région 2
Gaumont Découverte DVD
Parution : 8 février 2023

Image

Alors que l'éclairage du film joue en général sur des clairs-obscurs (un recours fréquent aux lampes d'intérieur chez le cinéaste, des teintes hivernales mordorées pour les paysages), le filmage se caractérise pourtant par une préférence pour la netteté, où les fonds de cadre (l'image contient souvent plusieurs strates) sont clairement découpés. C'est un film de la clarté hivernale, dont le rendu, le piqué est rendu à satisfaction par cette copie. Des fourmillements peuvent être relevés.

Son

Derrière l'apparente simplicité de sa mise en scène, le film additionne un nombre parfois assez étourdissant de pistes sonores (cris d'enfants au-dehors de la maison et bruit du trafic, chaînes de télévisions parlant dans la vide à l'intérieur, voix caverneuse de « Jeannot » qui commente, musique et l'inévitable cri de mouette... à moins qu'il ne faille plutôt évoquer l'Albatros baudelairien). La piste 5.1 rend justice à ce travail dodécaphonique, où Godard fait au son ce que Schönberg ou Sibelius faisaient à la mélodie.

Suppléments

Conversation avec JLG (2010, 128 min, avec Dominique Maillet et Pierre-Henri Gibert)

« Gantanamo, prise un. » annonce un Godard espiègle histoire de lancer les hostilités. Mais qui est le tortionnaire et qui la victime à l'Hôtel Vendôme en 2010, quand Dominique Maillet et Pierre-Henri Gibert interviewent l'oracle moderne durant deux heures huit, au cours d'un entretien agrémenté d'extraits de ses films (Bande à Part, Une femme mariée, Tout va bien, Je vous salue, Marie, Soigne ta droite, JLG/JLG, For Ever Mozart) ? Le choix par l'éditeur d'avoir placé ce supplément sur le disque de JLG / JLG : Autoportrait de décembre fait sens, sachant que c'est un des premiers films (avec sa Lettre à Freddy Buache) évoqué au cours de la conversation. Se posent alors ce qui seront les jalons thématiques de cet échange : le rapport image/langage chez Godard, son refus (et/ou son incapacité) du film à sujet, son rapport paradoxal à la commande, qu'il accepte pour mieux la détourner - au travail et même à la peinture, cette source plus profonde que la littérature de sa mise en scène. Comme à son habitude (celle qui fait préférer à certains pervers ses entretiens à ses films) Godard se montre aussi drôle que cryptique, très (trop) porté sur les jeux de mots auxquels il attribue des significations sérieuses, mais jamais évasif, tant cet art de la répartie et du rebond (on parle d'un excellent tennisman) lui permet d'en dire long sur sa conception de l'art qu'il pratique, le regard qu'il porte sur une « carrière » (le mot lui ferait vraisemblablement horreur) riche et complexe... celle d'un poète égaré, pour le bonheur des cinéphiles, dans une industrie qui ne peut elle au mieux que jouer que la culture contre l'art. On notera au passage que celui qui fut, avec d'autres figures de la Nouvelle Vague, un inventeur du cinéma de la jeunesse, vieillit alors très bien - avec cette irrévérence qui lui empêchait de virer au vénérable. « Il faut s'entretenir. » À voir, faire l'idiot ça conserve. Il est également réjouissant (même si d'aventure on ne partageait pas son point de vue sur les films en question) de constater qu'il a lui-même la dent dure contre certaines de ses créations.

Par Jean Gavril Sluka - le 4 mai 2023