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Test blu-ray
Image de la jaquette

The Servant

BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 29 septembre 2021

Image

The Servant a été restauré en 2020 par le laboratoire britannique Silver Salt, le négatif original ayant été scanné en 4K par un Arriscan, puis a bénéficié de 450 heures de travaux de restauration dans cette même résolution. Le film a également bénéficié d'une passe HDR/Dolby Vision, ce qui lui vaut d'être proposé également en Blu-ray UHD par StudioCanal. Nous sommes évidemment très contents que cette oeuvre majeure du grand Joseph Losey bénéficie d'une telle attention, mais il faut tout de même rappeler que The Servant est lui-même servi par une photographie magnifique de Douglas Slocombe et que le film nous a toujours paru splendide quel que soit le support vidéo. C'est donc sans surprise que le Blu-ray HD de cette nouvelle restauration nous offre un noir et blanc splendide avec ses contrastes soignés, ses nuances de gris presque infinies, sa définition et son piqué au rasoir et une fine granulation homogène tout le long du long métrage. Notre première série de comparatifs, accessible via les liens ci-dessous, entre ce nouveau Blu-ray et le plus ancien (une édition anglaise StudioCanal datant de 2013), apporte son lot d'améliorations (principalement la gestion du grain plus précise, et un cadre légèrement plus large) sans non plus que l'ancien master soit totalement à la rue :

Comparatif 1 Comparatif 2 Comparatif 3 Comparatif 4 Comparatif 5

La version UHD/HDR

Le noir et blanc de The Servant possède des caractéristiques très intéressantes, les vingt premières minutes du film sont assez platement éclairées, sans relief, les protagonistes issus de la bourgeoisie anglaise sont habillés en gris et évoluent dans un univers où tout semble gris. Seul le personnage joué par Dirk Bogarde, tout de noir vêtu, apporte du contraste à l'image. L'univers visuel du film bascule réellement à partir de l'apparition à l'écran de Sarah Miles et donc de la dimension sexuelle du film, les éclairages se durcissent comme dans un Film Noir, augmentant les ombres portées. Les éclairages basse intensité abondent dans le cadre, multipliant les spéculaires, c'est à ce moment précis que le HDR prend tout son sens. La comparaison directe entre le Blu-ray HD/SD du nouveau master et son équivalent UHD/HDR ne montre pas de différences importantes en termes de définition. Par contre, la gestion des contrastes y est sensiblement différente. Ainsi, en regardant notre comparatif 6 ci-dessous, nous observons le filament d'un radiateur électrique placé juste derrière James Fox et Wendy Craig. Dans la version SDR, le filament est un blanc saturé et clipé, ce qui veut dire que pour obtenir le contraste nécessaire l'image a été artificiellement accentuée dans le domaine vidéo. Dans la version HDR on observe une gradation dans le blanc, le contraste ne sera pas obtenu artificiellement mais en exploitant les capacités du diffuseur à délivrer plus d'intensité lumineuse naturellement (la source de lumière du rétro-éclairage d'un écran LCD par exemple). Cette manière d'arrondir les hautes lumières se rapproche plus spécifiquement des capacités de la projection film. Loin de moi l'idée de déclarer ce procédé HDR comme étant essentiel à la vie de tout cinéphile, mais on peut y voir malgré tout un intérêt sans le rejeter totalement.

 Comparatif 6 Comparatif 7 Comparatif 8 Comparatif 9 Comparatif 10 

Le format du film

StudioCanal a fait le choix de présenter le film dans deux formats. Aussi bien pour la version HD que pour celle en UHD, nous pouvons voir le film en 1.66  et en 1.75. La différence d'image entre ces deux formats est très légère, nous vous proposons ci-dessous le texte explicatif de ce choix ainsi que deux illustrations de cette différence de cadrage :



Précisons que les deux formats sont proposés sur le même disque, et qu'à aucun moment la compression ne s'en fait ressentir par un  quelconque artefact.

Son

Le mixage mono de la version originale possède toutes les qualités attendues, une précision constante permettant de profiter de la diction impeccable de ces remarquables comédiennes et comédiens britanniques que sont Dirk Bogarde, Sarah Miles (La Fille de Ryan !!) et James Fox. Le mixage de la version française n'appelle pas de commentaire particulier sur le plan technique, mais nous mentionnerons juste qu'il ne semble pas d'époque (années 80 peut être) et que ce doublage est, artistiquement parlant, passablement nul.

Suppléments

Les suppléments sont en nombre conséquent et sont proposés sur un disque Blu-ray dédié.

Chacun connaît sa place (15 min - HD - STF)
L'écrivain et réalisateur Adam Scovell visite les différents sites de tournage de The Servant. Le film fut tourné à Londres lors de  l'hiver glacial de 1962, juste avant la révolution culturelle qui anima l'Angleterre au début des années 60. La Royal Avenue, dans le quartier huppé de Chelsea, est l'emplacement de la maison de Tony. En utilisant Google Maps, vous vous apercevrez qu'au numéro 29 figure une plaque commémorative indiquant que Joseph Losey vécut dans cette maison de 1966 jusqu'à sa mort en 1984. L'action du film se déroule au numéro 30 de cette même rue. Le quartier de Kensington, la gare de St Pancras, la Chiswick House et le pub Queen's Elm qui n'existe plus aujourd'hui, remplacé par un magasin de salles de bains, sont les quelques lieux visités par ce sympathique document touristique.

Dirkology (40 min - HD - STF)
Deux critiques de cinéma, Phuong Lee et Matthew Sweer, analysent la carrière de Dirk Bogarde et plus précisément son changement de statut auprès du public, passant d'un comédien apprécié pour ses rôle de jeune premier dans des comédies légères (comme la série des Doctors) à des rôles plus difficiles comme son personnage d'homosexuel dans Victim de Basil Dearden. Les deux critiques s'appuient essentiellement sur les images de The Servant pour caractériser le jeu de Bogarde, comme sa manière de s'habiller et sa chevelure plaquée (entièrement noire) qui contraste avec l'apparence de James Fox au cheveu aérien, blond, et habillé avec des couleurs claires. Ils évoquent les personnages joués par James Fox et Wendy Craig, supposés être fiancés dans le film, dont la ressemblance de tenue vestimentaire et de coupe de cheveux est tellement queer qu'elle donnerait aux personnages une nature sexuelle indéterminée et ambivalente. Finalement, ce document n'est pas vraiment centré autour de la personnalité de Dirk Bogarde mais révèle plus le génie de metteur en scène de Joseph Losey, sans que les deux critiques ne citent jamais son nom, sauf à la fin où l'un des deux s'interroge si les deux personnages du maître et du majordome ne seraient pas une métaphore de la relation entre Bogarde et Losey.

Interview de James Fox (47 min - HD - STF)
Ce long entretien avec l'interprète de Tony nous révèle que Losey était déjà malade en 1962, avec des problèmes respiratoires alors qu'il n'avait que 54 ans. Il était d'humeur très sombre et paranoïaque, ayant tourné ses premiers films européens sous pseudonyme. James Fox raconte comment il fut découvert par Dirk Bogarde pour ce qui allait être son premier film au cinéma alors qu'il était déjà le petit ami de Sarah Miles (La Fille de Ryan !!). Richard Ayoade anime brillamment ce qui s'apparente plus à une discussion qu'à une interview de James Fox. Malheureusement, sur la fin, le jeune réalisateur se laisse trop emporter par son admiration pour le film et a un peu trop tendance à faire les questions mais aussi les réponses, au détriment d'un James Fox pourtant très disert et assez à l'aise.

Interview de Wendy Craig (6 min - HD - STF)
Wendy Craig, qui interprète le rôle de Susan (la petite amie de Tony dans The Servant), évoque dans ce document sa vision de son personnage issu de la classe supérieure britannique, mais qu'elle juge moins élevée que celle de Tony, et surtout de sa relation conflictuelle avec le manipulateur Barrett. Elle nous parle également de sa relation avec Joseph Losey, réalisateur ambitieux et exigeant, ainsi que du comportement protecteur du jeune James Fox, alors qu'elle-même n'était pas encore une actrice très expérimentée au moment du tournage.

Interview de Sarah Miles (11 min - HD - STF)
La toujours pétillante Sarah Miles (La Fille de Ryan !!) évoque son personnage de Vera, une vamp au comportement assez classique comme le souhaitait Losey. Elle parle brièvement du choix de James Fox dans le rôle de Tony, bien qu'elle sache que Dirk Bogarde a toujours affirmé avoir été à l'origine de ce choix. Sarah Miles rappelle que le jeune comédien était son petit ami à l'époque, et que c'est elle qui aurait poussé le jeune homme à auditionner. James Fox semblant lui-même valider les deux versions dans le précédent entretien, nous ne sommes pas plus avancés.

Interview de Stephen Woolley (11 min - HD - STF)
Stephen Woolley est un producteur reconnu dans le cinéma britannique du milieu des années 80, collaborateur de Neil Jordan sur des films comme Mona Lisa, The Crying Game ou Michael Collins. Il est bien sûr trop jeune pour avoir un quelconque rapport avec le film de Losey mais il apporte ici le regard extérieur d'un enfant ayant découvert The Servant à la télévision à la fin des années 60, alors que son univers cinématographique se résumait à James Bond et Zulu de Cy Endfield. The Servant éveilla donc chez lui le fait que le cinéma pouvait être autre chose que du pur divertissement.

Harry Burton parle d'Harold Pinter (14 min - HD - STF)
Harry Burton a réalisé pour Channel 4 en 2007 un documentaire sur le dramaturge et scénariste Harold Pinter. Il évoque ici la carrière et la personnalité du scénariste de The Servant dont l'oeuvre dénonça à plusieurs reprises le système des classes sociales au Royaume-Uni. Objecteur de conscience, il fut jugé et condamné à une amende pour n'avoir pas rempli ses obligations militaires. Il était un fin observateur des comportements humains, et presque toujours au travers du prisme politique. Il nous explique également les motivations de la présence de Pinter comme comédien dans The Servant : d'après Harry Burton, elles sont uniquement économiques, le budget du film étant tellement serré que la plupart des seconds rôles étaient tenus par des connaissances de Losey qui n'étaient pas financièrement rétribuées.

John Coldstream parle de Dirk Bogarde (19 min - HD - STF)
John Coldstream est le biographe officiel de Dirk Bogarde. Il nous présente le comédien comme étant la personne la plus énigmatique et la plus complexe qu'il ait jamais rencontrée. Un acteur réputé difficile et exigeant, qui possédait un certain talent pour l'écriture comme l'attestent ses correspondances auxquelles a eu accès le biographe. La vie privée du comédien est peu abordée, et celle-ci reste finalement assez secrète.

Interview audio de Douglas Slocombe (19 min - HD - STF)
Cet entretien uniquement sonore a été réalisé au domicile du chef opérateur en 2012. La première partie aborde l'aspect technique et artistique, et plus précisément la construction du décor de la maison en studio, ce qui permit à Douglas Slocombe d'avoir plus de latitude dans le positionnement des éclairages. Ainsi le très beau plan où l'ombre menaçante de Dirk Bogarde est projetée sur le mur mitoyen de l'escalier n'a été possible que grâce à l'éloignement des sources d'éclairage dans un décor aux murs escamotables. La deuxième partie aborde l'aspect sexuel suggéré dans le film par le personnage de Vera et la scène de séduction dans la cuisine, Douglas Slocombe décrivant ainsi les effets d'éclairage spécifiques à la création d'une ambiance particulière. Il nous donne également son point de vue sur la réalité de l'homosexualité latente suggérée par le film entre le maître et son majordome.

Joseph Losey au Festival du film de New York (28 min - SD - STF)
Ce remarquable document, réalisé au Festival du film de New York en 1964, nous permet d'apprécier la vivacité intellectuelle de Joseph Losey. Son éloquence et ses facilités d'élocution nous font comprendre qu'il s'agit d'un homme remarquable. Il souligne ici l'importance de montrer les films dans les festivals car ils sont projetés avant que la censure n'intervienne. Il confirme également les connotations homosexuelles de The Servant, aborde l'excès de violence qui lui serait reproché dans ses films (aujourd'hui on ne peut qu'être surpris que l'on ait pu lui reprocher cela).

Interview de Harold Pinter (32 min - SD - STF) 
Cet entretien avec le dramaturge date de 1965. Il s'agit d'un programme TV produit par Mike Hodges dans lequel Harold Pinter évoque sa jeunesse passée dans le quartier populaire de Hackney, dans la proche banlieue londonienne. Issu d'une famille juive pratiquante, il se bagarrait régulièrement avec des groupes de jeunes aux idées fascisantes, dans l'immédiat après-guerre (on peut penser que ce sont ces mêmes groupes que Burgess décrit dans Orange mécanique). Les interventions de Pinter sont entrecoupées de longs extraits de certaines pièces qu'il a écrites, jouées par des comédiens de la trempe de Robert Shaw ou Ian Holm.

Joseph Losey parle de The Servant (6 min - HD - STF)
Nous retrouvons Joseph Losey dans un entretien probablement réalisé vers le milieu des années 60, où il évoque le livre de Robin Maugham (le neveu du grand William Somerset Maugham) dont The Servant est l'adaptation par Harold Pinter. Le cinéaste nous explique avoir proposé à Dirk Bogarde d'adapter ce roman à l'écran dès 1956, mais le comédien pensait que ni la critique ni la censure n'étaient prêtes à accepter un tel sujet à cette période. Puis il évoque rapidement la censure, qui selon lui a évolué de manière notable au début des années 60 en devenant plus permissive. Enfin, il juge que The Servant est (à la date de cet entretien) son film le plus abouti.

Film annonce (2min 45 - SD - STF)

Galerie de photos de tournage en HD


Celle-ci est intéressante car elle semble indiquer à la craie, le cadrage souhaité par Losey.

En savoir plus

Disque UHD 
Disc Title: The Servant - 4K UHD
Disc Label: THE SERVANT UHD
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VERSION 1.66
VERSION 1.75

DISQUE HD
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Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /  1025 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz /   768 kbps / 24-bit)
Subtitle: English / 25.037 kbps
Subtitle: German / 20.658 kbps
Subtitle: French / 13.781 kbps
Version 1.66

VERSION 1.75

Par Jean-Marc Oudry - le 6 décembre 2021