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Test blu-ray
Image de la jaquette

Spéciale première

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 16 septembre 2020

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Avant-dernier titre attendu (avant d'autres, peut-être, nous l'espérons) de la belle collection Billy Wilder, initiée par Rimini en 2018, Spéciale Première est enfin édité en France dans des conditions décentes, après un horrible DVD sorti en 2008. Le comparatif ci-dessous est sans appel, à tous les niveaux : ce nouveau transfert HD offre déjà un cadre plus complet et beaucoup plus aéré, ainsi qu'une définition enfin satisfaisante. Rimini reprend la dernière restauration effectuée à ce jour, éditée aux Etats-Unis, chez Kino Lorber, en 2019, un transfert qui n'est plus tout jeune et souffre de quelques limites techniques, mais qui conserve heureusement une certaine vaillance. Si l'ensemble bénéficie d'une texture un peu épaisse, un trait et un niveau de détail qui mériteraient une amélioration, le rendu apparaît finalement assez correct grâce à la stabilité et la propreté de la copie, le soin apporté à des contrastes assez soutenus et en même temps équilibrés, et à une colorimétrie qui manque sans doute de nuances mais qui possède un naturel efficace et bien saturé. Le comparatif montre nettement une légère dérive magenta, master américain (un peu ancien) oblige. Des conditions de visionnage très honorables, soutenues par un grain argentique abondant et non gommé.

comparatif DVD BAC Films (2008) vs. Blu-ray Rimini (2020) 1  2  3  4  5  6

Son

La version originale est d'excellente facture, une restitution fidèle et efficace du mixage original. L'ensemble reste toutefois assez sage, avec des ambiances très modérées (on n'entend que très peu les sons extérieurs) et une musique très peu présente. La dynamique est cependant appréciable, avec un bon rendu des basses fréquences du main title. Les voix sont très claires, dénuées des traces du temps, sans souffle disgracieux. La version française offre également d'excellentes conditions d'écoute, totalement immaculée et au rendu cristallin. Les voix bénéficient d'une bonne présence, avec un casting de choix, typique de l'époque, mais dans un rendu "studio" affirmé, les ambiances étant réduites au strict minimum. On notera quelques sous-titres qui apparaissent parfois en double, comme un hoquet.

Suppléments

Spéciale Première est accompagné de Du rififi dans le rétro, un livret de 28 pages écrit par Marc Toullec. S'appuyant sur des interviews et des extraits de biographies, le journaliste retrace les grandes étapes du projet, une commande pour laquelle Wilder est revenu à "ses fondamentaux" et qui le ramène "à ses jeunes années" de journaliste viennois. Outre les changements effectués par rapport à la pièce d'origine, c'est aussi l'occasion de réunir "ses deux comédiens fétiches", le duo Matthau-Lemmon pour la première fois depuis 1965, non sans quelques indiscrétions : Matthau s'est inspiré de Wilder "en pire !" pour incarner cet insupportable rédacteur en chef. On en apprend surtout sur l'ambiance crispée d'un tournage plombé par la détermination maniaque du cinéaste, sa minutie maladive, chronomètre en main car soucieux du débit "presque frénétique" des dialogues. Echaudé par le succès moyen au box-office, Wilder apparaîtra peu satisfait du résultat et reniera le film.

Le Blu-ray propose plusieurs suppléments :

Conversation entre Mathieu Macheret et Frédéric Mercier (34 min - 1080p)
Retour des critiques du Monde et de Transfuge pour une demi-heure passionnante de réflexions sur Spéciale Première, "comédie grinçante et violente" adaptée d'une pièce à la "réputation extraordinaire", où Wilder retrouve ce couple "presque standard" de la comédie. Formellement, le film est "ouvertement démodé" et théâtral, déconnecté de son époque, un cinéma résolument à l'ancienne face à la génération du Nouvel Hollywood, comme si le réalisateur souhaitait retrouver un sentiment de confiance dans une époque plus incertaine (celle du Watergate). Wilder démystifie le 4e pouvoir et glorifie en même temps l'exercice du métier, interroge la fonction de journaliste et dissèque le traitement de l'information. Avocats et journalistes manipulent les apparences, mettent en scène la réalité, et ont ici "presque une profession de saltimbanque" où se dévoile "l'art du comédien". Macheret et Mercier analysent la "drôle d'énergie" qui circule dans cette sorte de triangle amoureux central, et décryptent les dilemmes du scénario et les différents mouvements du film.

Interview audio de Jack Lemmon (50 min - VOSTF)
Masterclass enregistrée au National Film Theatre de Londres en 1973, au moment de la sortie de Sauvez le tigre, et donc quelques mois avant celle de Spéciale Première. Un excellent entretien dans lequel Jack Lemmon parle avec beaucoup d'humour de ses parents et ses débuts parfois compliqués à la radio, la télévision ou les théâtres d'été ("j'ai été viré de mes trois premiers spectacles"). Il évoque Judy Holliday, sa première partenaire sur grand écran et "la meilleure actrice avec qui j'ai collaboré", il se souvient de Marilyn Monroe qui "savait pleinement se servir de ses talents", et revient sur son entrevue avec Harry Cohn, patron de la Columbia, qui exigeait son changement de nom (ce que l'acteur refusa). Jack Lemmon explique les changements de réalisateur sur Permission jusqu'à l'aube (John Ford ayant été remplacé pour raisons de santé), comment il a obtenu le rôle du Jour du vin et des roses sur une intuition, et les efforts menés pour conserver sa fin originale qui était loin de la fin hollywoodienne classique. On évoque évidemment sa collaboration avec Billy Wilder, le rôle travesti de Certains l'aiment chaud ("l'une des expériences les plus extraordinaires de ma vie"), le scénario de La Garçonnière inspiré d'un vieux souvenir de Wilder, ou les scènes nues de Avanti ! Jack Lemmon parle aussi beaucoup du travail de l'acteur, le besoin de s'éloigner de sa propre vie, l'importance du timing ou son attirance pour les rôles de perdants qui doivent surmonter une frustration, ses méthodes pour enrichir un personnage et améliorer un matériau parfois pauvre.

Interview audio de Walter Matthau (62 min - VOSTF)
Autre masterclass enregistrée au National Film Theatre à Londres, en 1988, avec un Walter Matthau très en forme et extrêmement drôle. Il est interrogé plutôt efficacement sur sa carrière, ses collaborations, et raconte tout un tas d'anecdotes à propos de Billy Wilder, bien sûr, comme son infarctus qui stoppa pendant cinq mois le tournage de La Grande combine, ou l'audition pour Sept ans de réflexion aux côtés de Gena Rowlands. Il évoque également Jane Mansfield (il a épousé sa doublure), Gene Kelly, Tony Curtis, Kirk Douglas qui lui a fracturé la mâchoire sur un tournage, Audie Murphy qui voulait prouver sa force et sa virilité malgré "son visage de petite fille angélique", l'actrice et réalisatrice Elaine May ou Barbra Streisand ("Elle se trouve moche. Donc elle est très susceptible. Contrairement à moi..."), Vincente Minnelli ("un architecte d'intérieur") et encore Michael Curtiz et Elvis Presley sur Bagarres au King Créole. Il évoque son métier d'acteur, l'importance de la démarche dans son jeu, mais également son passé militaire sous les ordres du colonel James Stewart. Dans le feu de l'action, quelques réponses sont malheureusement trop rapidement expédiées, notamment sur Drôle de couple que devait tourner Wilder ou sur Gangster Story, son unique film en tant que réalisateur...

Bande-annonce (2 min 30 - SD - 4/3 - non sous-titré)

En savoir plus

Taille du Disque : 47 488 191 088 bytes
Taille du Film : 24 420 483 072 bytes
Durée : 1:44:39.231
Total Bitrate: 31,11 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,02 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25026 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2164 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2064 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,622 kbps
Subtitle: French / 28,923 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 29 octobre 2020