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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Rendez-vous de septembre

BLU-RAY - Région A, B, C
Elephant Films
Parution : 23 février 2021

Image

Si l’éditeur s’est vu livrer un master HD un peu ancien, celui-ci s’avère globalement très satisfaisant. Parfaitement stable et presque parfaitement nettoyée (on notera quelques rares scratchs ici ou là), l’image apparaît très lumineuse et dotée de couleurs pimpantes. Come September, qui semble aussi avoir été tourné pour mettre en valeur les magnifiques paysages urbains et maritimes de l’Italie, profite amplement de cet écrin HD. Un écrin qui bénéficie ainsi à la superbe photographie composée par Williams Daniels, fameux chef opérateur de l’âge d’or hollywoodien - Anna Karenine, Ninotchka, The Mortal Storm, Brute Force, Naked City, Winchester 73, Je suis un aventurier, La Chatte sur un toit brûlant ou encore Comme un torrent. La colorimétrie richement nuancée est un régal pour les yeux. Les contrastes sont un peu moins à la fête : même s’ils sont heureusement bien soutenus, leur rendu est irrégulier au niveau de la profondeur des noirs et des détails dans les basses lumières. Cela dit, on pinaille un peu d’autant que le film est très majoritairement composé de séquences diurnes. Au niveau de la définition, le rendu est en général doux mais l’aspect argentique est agréablement préservé avec un « grain cinéma » apparent (même si atténué). Le piqué que permet la haute définition est bel et bien présent, en témoigne l’excellent rendu des matières (cheveux, étoffes) ; sauf que de brutales chutes de définition se font observer : sur le générique et les plans truqués (le split-screen au début), ce qui n’est pas surprenant, mais également lors de l’apparition de sous-titres anglais - vers la fin du film - où l’image devient franchement laide. On relèvera aussi parfois du pompage et quelques plans flous, notamment lors de la scène de la cuite. Malgré ces quelques défauts, il faut reconnaître que le confort de visionnage est au rendez-vous avec une restauration HD plutôt vaillante et convaincante pour ce film méconnu mis en scène par Robert Mulligan.

PS : l’exemplaire en notre possession a des problèmes d’encodage autour de la 81ème minute : l’image peut générer des macro-blocks, voire carrément freezer, nécessitant ainsi un redémarrage malencontreux du disque.

Son

Les deux pistes sonores sont proposées dans un mixage mono de bonne facture générale, sans aucun défaut technique notable, avec un rendu des dialogues net et précis. En revanche, il faudra privilégier la version originale pour plusieurs raisons. En premier lieu, l’équilibre général entre les voix et les ambiances est bien mieux géré. Ensuite, la musique - très présente dans le film - est bien plus enveloppante dans la VO même si, sur ce point, la VF ne démérite pas vraiment. En revanche, en plus de placer les voix très en avant (mais ce n’est pas une surprise), le doublage français se révèle assez vite crispant - voire inaudible pour les plus réfractaires - avec des voix aigues et plutôt mal choisies.

Suppléments

Portrait de Robert Mulligan (23 min 27 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2021 - HD)
Dans ce documentaire, richement illustré d’affiches, de photos et d’extraits des trois films édités par Elephant Films, Jean-Pierre Dionnet dispose de tout le temps nécessaire et peut se permettre de déclarer sa flamme à Mulligan, un cinéaste souvent oublié à son grand regret mais dont on ne cesse heureusement de redécouvrir l’œuvre. Il explique les raisons de cette sous-estimation, en partie par la grande discrétion de l’artiste. Dionnet cite quelques repères biographiques (son intérêt pour la théologie, son passage chez les marines, ses nombreux petits jobs) puis rappelle les origines télévisuelles de Mulligan (comme d’autres célèbres cinéastes de sa génération) qui réalisa 35 téléfilms. Adepte de la nécessité de changer régulièrement de genre, cinéaste sensible de l’enfance -à laquelle il revient souvent - et du regard de l’enfant sur le monde, « prodigieux révélateur d’acteurs », Robert Mulligan trouve en Dionnet un fervent défenseur. Et voilà que celui-ci, dès la neuvième minute, décide de lister tous les films du cinéaste ! Et pari tenu avec une présentation succincte mais juste de chacun d’entre eux (sauf un, qu’il n’a pas pu voir) avec leurs thématiques et l’approche adoptée par le cinéaste, dont bien sûr Du silence et des ombres (« pour moi l’un des plus beaux films du monde »), Un été 42, son plus gros succès, L’Autre et The Nickel Ride (son film préféré de Mulligan). Que l’on soit sensible ou non à la faconde de Jean-Pierre Dionnet, ce document mérite franchement le détour car il sait donner un aperçu pertinent du cinéma de Mulligan, dont il existe par ailleurs très peu d’exégèses.




Portrait de Rock Hudson (15 min 40 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2020 - HD)
Attention, un grand moment de fan-attitude que ce portrait. Jean-Pierre Dionnet ne s’en cache absolument pas : il adore Rock Hudson qu’il tient pour « l’un des plus grands acteurs du monde. » Pour nous faire redécouvrir les talents du comédien et son importance dans l’histoire du cinéma américain, le journaliste part de la série Hollywood (2020) créée par Ryan Murphy dans laquelle des apprentis comédiens ambitieux, inspirés d’artistes réels comme Hudson, combattent les inégalités et les préjugés pour réussir dans l’usine à rêves. On y trouve entre autres Henry Willson, agent de stars et producteur, qui fut celui qui lança véritablement la carrière de Rock Hudson - ainsi que celle d’autres comédiens de sa génération - à son arrivée à l’Universal (après des débuts à la Warner). Willson fut autant son partenaire qu’un père putatif. Dans cette première partie, Jean-Pierre Dionnet se concentre principalement sur la vie privée du comédien et sur son homosexualité. Les anecdotes abondent et Dionnet se montre souvent très cru. Mais son objectif est aussi de combattre les idées reçues et les faux jugements dont a été victime l’acteur ; les témoignages qu’il rapporte de ses partenaires féminines en font quelqu’un d’à la fois charmant, sincère et très ambitieux. Hudson atteindra alors des sommets de popularité comme le précise Dionnet, qui affirme qu’il fut considéré « de 1957 à 1966 comme l’acteur masculin numéro un. » On veut bien essayer de le croire.


La deuxième partie de ce portrait se penche davantage sur les films et les collaborations. Dionnet va évoquer : Géant de George Stevens et son tournage très compliqué avec les retards de James Dean et ses multiples prises ; la relation tendre avec Elizabeth Taylor (qui l’accompagnera jusqu’à sa mort) ; le travail avec Gina Lollobrigida ; la rencontre déterminante avec Douglas Sirk, « son père de substitution » avec qui il tournera neuf films ; la nature de ses rôles dans les histoires racontées par Sirk ; le  perfectionnement de son jeu ; sa performance « prodigieuse » dans Le Sport favori de l’homme ; « son meilleur film » à savoir L’Opération diabolique de John Frankenheimer ; ou encore les trois comédies importantes avec Doris Day. Il achève son laïus par le rôle essentiel hélas joué par Rock Hudson dans la prise en compte du SIDA dans les années 80. Même s’il se montre décousu et parfois brouillon, ce portrait est d’abord celui d’un fan pour un artiste injustement considéré, on pardonnera donc beaucoup à Jean-Pierre Dionnet.



Le film par Jean-Pierre Dionnet (7 min 57 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2021 - HD)
« Une comédie éblouissante », voilà comment Jean-Pierre Dionnet nous accueille en présentant Come September. Saluons à nouveau l’exaltation du commentateur même si, de notre côté, l’on se garde le droit d’être moins un peu moins enthousiaste que lui. Après avoir rappelé le talent des scénaristes et évoqué quelques membres du casting, spécialistes de la comédie, Dionnet précise les motivations de Robert Mulligan et expose l’intrigue de cette production, « un film sur l’Italie vue par les Américains » rempli de nombreux clichés (positifs et négatifs) mais une Italie traitée avec « empathie » de la part du cinéaste. Le Rendez-vous de septembre, « le film le plus positif de Mulligan », traite du conflit des générations, qu’il parvient à réconcilier, tout en retournant un certain nombre de clichés. Chose intéressante, Jean-Pierre Dionnet s’attarde un peu sur la mise en scène et parle des mouvements de la caméra qui « anticipent sur les événements. » Il relève à juste titre que Mulligan est un artiste qui sait articuler « la frivolité et la profondeur » et dresse intelligemment un parallèle entre Come September et Same Time, Next Year (1978), en quelque sorte son film miroir imprégné d’une certaine tristesse.


Analyse du film par Nachiketas Wignesan (23 min 45 - 16/9 - DTS-HD MA 2.0 - 2021 - HD)
Wignesan, enseignent de cinéma, commence par situer le contexte du Come September et de sa réception publique : un 3ème long métrage pour Robert Mulligan qui exprime la volonté de tourner avec des stars, son apprentissage du métier auprès du grand directeur de la photographie William Daniels et de ses scénaristes experts en comédie, le très grand succès du film qui ouvre au cinéaste toutes les portes à Hollywood. Il rappelle ensuite la tendance du cinéma américain des années 60 à aller explorer l’étranger et déplacer ses tournages, notamment en Italie, pays à la mode. Il s’agit également pour les producteurs d’exploiter « l’idée de partir en vacances en allant voir un film. » Wignesan poursuit en analysant l’œuvre plus en profondeur : les stéréotypes sur les identités nationales, les allusions à Fellini et à La Dolce Vita, le personnage de l’Américain typique incarné par Rock Hudson, le récit d’initiation entre jeunes de différents âges, le jeu sur les apparences et les changements de rôles, un certain aspect nonsensique de la comédie, les sous-entendus de la chanson Multiplication et ce qui se joue lors de la séquence du dancing, la fausse légèreté du film, la construction cyclique de l’action et le mûrissement « de personnages qui se cherchent. » Sur cet aspect cyclique, il revient lui aussi sur le parallèle avec Same Time, Next Year tourné 17 ans après par Mulligan. On apprend enfin que plusieurs remakes de Come September furent tournés en Inde, exploitant une histoire qui se prêtait parfaitement au style de Bollywood.

Bande-annonce (1 min 35 - 1.85 - DD 2.0 - SD)
L’éditeur précise d’entrée que ce film-annonce est d’époque. En effet, l’image est recadrée au format 1.85 et se caractérise surtout par une faible définition, de nombreuses scories, une colorimétrie non respectueuse et des contrastes trop poussés. Mais l’essentiel est de pouvoir en profiter.

Dans la même collection
On trouve ici les bandes-annonces des films suivants : L’Homme de Bornéo (1 min 17 - VF), Le Roi des imposteurs (2 min 39 - VOST), Tobrouk, commando pour l’enfer (3 min 07 - VOST), Etranges compagnons de lit (2 min 51 - VOST) et Le Sport favori de l’homme (2 min 16 - VOST). La première est un montage effectué par l’éditeur à partir d’images restaurées et toutes les autres sont d’époque, soit « dans leur jus ».

Par Ronny Chester - le 5 avril 2021