Test blu-ray
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L'Ami américain

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution :

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Au fil des visionnages de cette rétrospective Wim Wenders que vient de lancer Carlotta, une évidence s'impose rapidement : la très grande qualité des restaurations initiées par la Wim Wenders Stiftung. Celle de L'Ami américain ne déroge pas à la règle, se montrant extrêmement solide et tout à fait compétente malgré son ancienneté. Un master également sorti aux Etats-Unis chez Criterion en 2016, suite aux travaux menés en 2014 sous la supervision de Wim Wenders et son épouse Donata, effectués par ARRI Film & TV services, à Berlin. Le film a été restauré en 4K à partir des éléments originaux 35mm. Le rendu est très naturel, fidèle à une image argentique, pas uniquement pour sa belle précision et son niveau de détail efficace, mais aussi pour la conservation du grain (sans souci d'encodage) et la fidélité de l'étalonnage qui restitue sans modernisation factice les tonalités photochimiques d'époque. La palette, très nuancée, conserve des carnations chaudes sans pour autant virer vers le magenta. La saturation est particulièrement appréciable, participant aux jeux de couleurs du directeur de la photographie Robby Müller, qui annoncent déjà Paris, Texas. Les contrastes sont bien équilibrés, les noirs conservent du détail. Les plans truqués (fondus, génériques) perdent sensiblement en finesse, conformément à leur procédé de fabrication qui entrainait une perte de piqué de plusieurs générations par rapport au négatif caméra. La copie est propre, il persiste seulement quelques rares points blancs presque invisibles. Les images n'ont pas bénéficié d'une stabilisation numérique, on sent encore régulièrement de légers tremblements : c'est sans doute le seul défaut notable (mais heureusement négligeable) de ce très beau transfert, réédité pour la première fois depuis le DVD de 2008.

comparatif DVD BAC Films (2008) vs. Blu-ray Carlotta (2023) :
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Son

La VO allemande a été restaurée à partir des bandes magnétiques originales. Le mixage mono, tel qu'il avait été fabriqué en 1977, a cependant été remixé en stéréo et 5.1. Les travaux ont été menés avec un grand respect des choix de l'époque. La spatialisation reste mesurée mais efficace dans sa discrétion, essentiellement portée sur des ambiances et la musique. On notera surtout un très bon rendu général, détaillé et naturel, avec des voix à la belle présence. A l'exception de quelques sifflantes, pouvant parfois apparaître au gré des prises de son, on ne relève pas de traces d'usure, l'ensemble ayant été bien nettoyé. La version française a été conservée dans son mono d'origine, logiquement plus brut. Elle provient sans doute d'un master TV, avec une tonalité légèrement plus aigüe par rapport à la VO. Cette piste VF est moins convaincante, notamment parce que l'ouverture est réduite, avec une perte très nette en détails et en subtilités. L'aspect frontal accentue en comparaison la "pauvreté" des ambiances. La piste a cependant été nettoyée et ne souffre pas de sifflantes ou souffle disgracieux. Notez que Bruno Ganz se double lui-même en français, un choix curieux puisqu'il est le seul dans le film à posséder un accent prononcé. 

Suppléments

L'Ami américain est présenté dans un élégant digipack avec fourreau, accompagné de Mes amis Polaroid, un livret de 40 pages qui reprend les photographies d'une exposition présentée au Rencontres d'Arles en 2023. Au total, 28 polaroids pris sur le tournage de L'Ami américain, commentés par le réalisateur dont on connaît l'attachement à ce format, ne serait-ce que dans ce film et Alice dans les villes où les personnages utilisent l'appareil photo, ou comme un outil de travail très utile pour repérer les décors, aider la scripte ou faciliter l'étape du casting. Ces clichés permettent ici au réalisateur d'évoquer ses collaborateurs fétiches Robby Müller et le monteur Peter Prizgodda. Carlotta a inclus plusieurs QR codes qui permettent d'écouter le cinéaste évoquer les clichés.

Le film est accompagné d'un supplément déjà proposé sur le disque américain, et de quelques inédits :

Présentation de Wim Wenders (3 min - HD - VOSTF)
Projeté en 2018 dans le cadre d'un festival de cinéma à Hambourg, le réalisateur présente L'Ami américain à ses habitants, comme "un voyage sur le Hambourg du passé". Il raconte l'avoir privilégié à Paris, par rapport au livre de Patricia Highsmith, parce que ce tournage lui donnait l'opportunité de mieux découvrir une ville "fantastique et très photogénique", qu'il ne connaissait pas. Il évoque les différents quartiers et, parfois, comment il les a choisis en adéquation avec l'histoire...

Entretien avec Wim Wenders (46 min - HD - VOSTF)
Module produit en 2021 pour sa fondation dans lequel Wim Wenders raconte l'aventure de L'Ami américain. Comme pour l'entretien qui accompagne Alice dans les villes, le talent de conteur du réalisateur fait merveille, avec des histoires assez incroyables et, au final, un supplément passionnant malgré un petit manque de structure. Wim Wenders avoue sa passion pour Patricia Highsmith, "[ses] livres préférés à l'époque", au point de tenter de prendre contact auprès de la romancière pour en obtenir les droits. Il raconte comment un travail d'obstination et de longue haleine va miraculeusement porter ses fruits, alors que les livres avaient été acquis par des studios américains. Il se souvient de la réaction "dure" de la romancière lorsqu'elle a découvert le film la première fois, avant de l'apprécier plus tard, et avoue que L'Ami américain est le film qui a propulsé sa carrière, vendu à l'international malgré quelques erreurs de gestion, notamment en Espagne où il a rencontré le succès mais n'a rien rapporté pour cause de royalties mal négociées. Wim Wenders revient sur la photographie spectaculaire et truffée d'inventions de Robby Müller, alors "à son apogée", précisant la difficulté de retrouver le "vert venimeux" des néons pendant le processus de restauration. Il parle de la musique "fantastique" de Jürgen Knieper, composée en observant le travail de Bernard Herrmann avec Hitchcock, ou de la fabrication de la scène du train qui fût "la plus difficile à tourner", "comme une compétition sportive". Il évoque le "casting incroyable" des réalisateurs qui apparaissent dans le film, "tous [ses] héros" et "les seuls escrocs qu'[il] connaissait", revenant également sur le choix des deux personnages principaux. Aucun problème particulier pour dénicher Bruno Ganz,  "l'acteur rêvé pour ce rôle", dans son "premier vrai film" au cinéma, mais beaucoup plus compliqué pour trouver celui qui incarnera Ripley. Wenders raconte ses prises de contact infructueuses avec Jack Nicholson ou John Cassavetes, lequel suggéra Dennis Hopper, "charmant et vicieux à la fois". En effet, le cinéaste ne sera pas au bout de ses surprises puisque Hopper, monopolisé par le tournage d'Apocalypse Now, arriva tardivement sur celui de L'Ami américain, et dans un état suicidaire avancé, pas du tout prêt à travailler avec Bruno Ganz. Wenders raconte "le pire de tournage de [sa] vie" et "un véritable désastre" lorsque les deux acteurs se sont violemment battus avant d'être retrouvés le lendemain "bras dessus bras dessous", dans un "changement incroyable de leur attitude". Tout est bien qui finit bien, Dennis Hopper parlant même de L'Ami américain comme du film qui lui a sauvé la vie...

Scènes coupées, avec ou sans commentaire audio de Wim Wenders (36 min - HD - VOSTF)
Quelques rushes ou des moments coupés du montage final, certains sans prise de son (perdue) mais illustrés avec la musique de Jürgen Knieper. On peut choisir de les visionner avec un commentaire audio de Wim Wenders, enregistré en 2001. Le réalisateur contextualise timidement les scènes, souvent des petits liants pour caractériser les personnages, avec parfois des apparitions de membres de l'équipe. Il explique que le plan de Nicholas Ray en train de repeindre un tableau en noir avait failli être celui du générique, on voit la gouvernante de l'appartement de Ripley qui a été gommée de l'histoire (c'était mieux qu'il habite seul), ou la femme de Jonathan en train d'exercer son métier de comédienne et doubleuse de films...


Les réalisateurs apparaissant dans L'Ami américain (8 min - HD)
Essai vidéo inédit, diffusé pendant l'exposition de photos à Arles en 2023. Le réalisateur commente des extraits du film où apparaissent ses "camarades" cinéastes, volontairement choisis pour incarner des "personnages louches" : Dennis Hopper, le "légendaire" Nichoals Ray, Gérard Blain, Daniel Schmid, Samuel Fuller et "son inévitable cigare aux lèvres", le "grand collègue" Jean Eustache, ou le "grand réalisateur allemand" Peter Lilienthal.

Bande-annonce originale (3 min 20 - HD avec upscale - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 49 921 287 014 bytes
Taille du Film : 41 187 143 040 bytes
Durée : 2:06:36.922
Total Bitrate: 43,37 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,41 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34419 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3780 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1674 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1066 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 11,485 kbps
Subtitle: French / 0,360 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 30 novembre 2023