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Test blu-ray
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Blu-ray

La réédition de Crash est l'un des évènements de cette fin d'année, avec une sortie quasi simultanée dans plusieurs pays comme l'Allemagne (depuis août), l'Angleterre (chez Arrow en décembre), les Etats-Unis (chez Criterion, également en décembre) et donc la France grâce à Carlotta qui, après avoir proposé le film en salle cet été, nous offre aujourd'hui une nouvelle Edition Ultra Collector limitée à 3 500 exemplaires. Crash a été restauré dans sa version intégrale en 4K à partir du négatif original 35mm, sous la supervision du directeur de la photographie Peter Suschitzky et la validation de David Cronenberg. Le résultat est tout simplement exemplaire, il faudra être bien difficile pour trouver à redire à ce master on peut le dire quasiment parfait, l'un des plus beaux vus cette année, meilleur en tout point à ce que proposait le DVD BAC Films en 2008. Les images, qui retrouvent enfin leur format d'origine, ont été entièrement stabilisées et profondément nettoyées. Elles bénéficient d'une précision immédiatement palpable, au piqué rigoureux et au niveau de détail poussé. Les contrastes sont très équilibrés, rarement relâchés, avec des noirs assez détaillés. La colorimétrie apparaît pleine de nuances et finalement assez naturelle malgré une tendance magenta assumée, habitude anglo-saxonne qui ne se remarque finalement que très peu dans cette photographie aux caractéristiques relativement froides. L'aspect argentique est fidèlement conservé, un grain fin très organique et parfaitement maitrisé par l'encodage. C'est la première fois que Crash est disponible en Blu-ray en France, et ce sont donc des conditions extrêmement solides pour (re)découvrir l'une des oeuvres les plus singulières et abouties de son auteur, présentée ici dans une édition de référence.

comparatif DVD BAC Films (2008) vs. Blu-ray Carlotta (2020)1  2  3  4  5

Blu-ray UHD

Cette magnifique restauration 4K est également proposée en UHD et HDR10. La définition et donc la profondeur de champ impressionnent constamment dans ce format également. Que ce soient les plans larges ou les gros plans, la précision est redoutable jusqu'au grain de peau des comédiens, visiblement très peu maquillés. L'encodage HEVC est très soigné et les artefacts sont inexistants. Crash bénéficie d'une conversion HDR assez subtile, le film se déroulant souvent dans une ambiance nocturne urbaine, les spéculaires sont assez nombreux (phares de voiture, brillance sur les carrosseries, éclairages urbains...) et sont judicieusement exploités afin d'apporter à l'image un modelé très séduisant. Il est probable que le brillant formaliste qu'est David Cronenberg ait participé à imposer l'utilisation du HDR de manière harmonieuse et non destructive de son oeuvre. Nous ne sommes pas en mesure de proposer des captures UHD cette fois-ci, celles disponibles dans la galerie sont toutes issues du BR HD.

Son

Blu-ray

La version originale est présentée dans un très beau remix 5.1 à la spatialisation délicatement enveloppante, au rendu subtil et très précis. Les ambiances et la musique sont particulièrement bien retranscrites, les brefs moments de "violence" sont savamment équilibrés. Un must. La version originale est également proposée en "simple" stéréo dans des nuances et une efficacité là aussi bien palpables, des caractéristiques que l'on retrouve à l'identique pour la version française. Les pistes stéréo sont très propres, sans craquements ni souffle. Des conditions extrêmement confortables.

Blu-ray UHD

Les trois mixages audio présents sur le disque UHD sont rigoureusement identiques à ceux présent sur le Blu-ray HD.

Suppléments

Crash est proposé dans l'habituel coffret des Editions Ultra Collector, mais cette fois avec un visuel double face : la nouvelle affiche composée pour la sortie en salle cet été, ainsi qu'un artwork de Sam Gilbey. Le film est proposé en Blu-ray, Blu-ray UHD et DVD, accompagné de Réalisme des sens, un recueil de textes de 160 pages autour du film et ses créateurs. Olivier Père, directeur de l'unité cinéma d'Arte France, revient sur la rencontre réelle et inconsciente de deux auteurs : "l'écriture visionnaire" de J.G. Ballard, son "exploration des mythologies contemporaines", des "territoires inexplorés", et de la "voie littéraire, arty et transgressive" de Cronenberg, qui livre ici l'un de ses films "les plus radicaux". Olivier Père fait une belle analyse de cette "quête désespérée" de personnages "à la recherche de sensations et de jouissances inédites", la "contamination d'une sexualité débridée" à travers une "fabrique de simulacres". Il étudie cette "mythologie des corps accidentés", "transformés et érotisés dans la douleur" à travers l'imagerie "figée" de la pornographie de luxe, supplantée par "l'espace mental de la jouissance".

On trouve ensuite une série d'excellents entretiens avec David Cronenberg, notamment parus à la sortie de Crash, dans lesquels il parle d'"un des films les plus improvisés [qu'il ait] jamais faits", au thème terriblement prophétique de "l'influence de la technique sur la sexualité humaine". Il s'insurge contre le faux procès en pornographie ("c'est tout sauf du porno !"), insistant sur des scènes de sexualité où "tout le monde a du pouvoir". Il se confronte ici volontairement aux habitudes formatées des spectateurs et de la critique, dont il constatera la réaction "si extrême" au Festival de Cannes 1996. Interrogé pour Libération au printemps dernier, le cinéaste endeuillé de 77 ans (déjà !) parle du COVID, une "expérience très douloureuse et pas dénuée d'intérêt", qu'il voit comme "une lutte pour l'évolution" plutôt qu'une contamination...

Sandrine Marques, journaliste pour La Septième obsession et auteure du livre Les Mains au cinéma, apporte sa vision de Crash, "méta-film complexe""l'expérience est le sujet""quête contrariée de personnages dévorés par leur propre désir de finitude et de jouissance". Elle voit une "matrice" dans la scène d'accident d'autoroute de Week-end de Jean-Luc Godard, et développe une réflexion sur la représentation, la désincarnation du sexe pour atteindre l'immortalité du mythe, parlant d'un "film-installation", de l'art moderne dans un "musée de curiosités".

Le journaliste et critique Nicolas Tellop évoque Crash comme un "grand récit sentimental masqué", une "quête éperdue" dans un monde "où l'amour n'existe plus". Il porte sur le film un regard plus philosophique, analysant le détachement intime de l'homme dans une "mise à distance de l'expérience", loin du "vide existentiel du monde contemporain"."Aliéné du réel", l'homme se laisse enfermer dans un "système morbide", un "cataclysme érigé en institution". En trouvant "leur accomplissement" dans l'accident, les personnages "rejoignent le fondement du projet surréaliste" où "le fou est le plus à même de réinventer le monde".

Le journaliste Thierry Jousse s'intéresse ensuite aux travaux du tandem David Cronenberg / Howard Shore, une "affaire de sensualité, d'émotion et d'intuition" dont la musique de Crash, "minimale et inouïe", développe une "insidieuse présence". Il trace une "ligne de continuité" avec le score de Videodrome, "les deux partitions les plus expérimentales jamais conçues par Shore", et fait une parenthèse passionnée sur le score "absolument splendide" du Festin nu.

La dernière partie de ce livre très complet s'intéresse à l'auteur du roman, J.G. Ballard. Sébastien Gayraud, écrivain spécialiste du cinéma d'horreur, revient sur le parcours et les écrits de ce "prophète" d'une "contre-culture déjà morte", à "l'univers mental débordant mais torturé", dont l'oeuvre est "l'une des explorations littéraires les plus extrêmes et majeures du XXe siècle". Il analyse le roman Crash ! (et son "brouillon" publié en 1968), écrit comme "une thérapie de choc" dans une prose "élégante et presque suave", mais qui "va loin, très loin dans l'inacceptable"... Le livre se conclut sur un bref entretien de Ballard lors de sa venue au Festival de Cannes 1996, qui ne tarit pas d'éloges sur le film de Cronenberg.


Discussion avec Viggo Mortensen et David Cronenberg (52 min - 1080p)
Filmée pendant le Toronto Film Festival en 2019, une masterclass informelle entre le cinéaste (invité surprise) et son acteur des Promesses de l'ombre, grand cinéphile venu présenter une projection de Crash ("on verra combien seront restés jusqu'à la fin"). La discussion, agréable et très décontractée, tourne beaucoup autour du rapport à l'acteur. On y évoque les méthodes de travail de Cronenberg, son "attention aux détails" qui capte les subtilités, et le jeu d'Elias Koteas, à la "sensualité atypique", associé à la performance de James Spader qui a su se laisser emporter dans l'univers de Cronenberg par une totale confiance et parce qu'"il n'avait pas peur". Le cinéaste est un explorateur de la condition humaine, "un diamant avec des millions de facettes" qu'il découvre aux côtés du spectateur. Il parle de sa redécouverte de Crash"une espèce de méditation sur l'étrangeté", et des souvenirs du roman original, "très premier degré", "comme le rapport d'un médecin"...

Carlotta propose une série d'entretiens produits pour l'édition allemande Turbine Medien, sortie en août dernier :

Le défi Cronenberg (20 min - 1080p - VOSTF)
Le directeur de la photographie Peter Suschitzky évoque le tournage de Crash, plutôt gai et sans tension, mais physiquement difficile et parfois dangereux (notamment pour les scènes sur l'autoroute), précisant que le film aurait été tourné aujourd'hui avec beaucoup d'effets spéciaux. Alors qu'il est ans doute intimidé devant la caméra, et pas très bien relancé par l'interviewer, on retient malgré tout des bribes d'informations sur sa façon de travailler, comment il visualise un scénario "de l'intérieur", avec ses tripes plutôt que par l'intellect. Il parle de sa collaboration avec David Cronenberg, "le cinéaste le plus intelligent avec qui j'ai travaillé", pour lequel il avait tardé à se lancer ("j'y suis allé tout nu sans connaître son travail") mais avec qui il trouve des projets stimulants et uniques, des "défis à réaliser". Suschitzky est également interrogé sur sa carrière, mais avec des questions presque limitées à L'Empire contre-attaque. Un module un peu frustrant et une belle occasion manquée pour cette personnalité rare en interview, à la filmographie impressionnante...

Animaux mécaniques (17 min - 1080p - VOSTF)
Le producteur Jeremy Thomas, cinéphile éclectique à la filmographie exigeante, parle de sa collaboration avec David Cronenberg, "un réalisateur à part" et "courageux". Il se souvient de leur premier projet commun, Le Festin nu, dont le tournage à Tanger fut interrompu par la Guerre du Golfe, et évoque Crash, un "récit visionnaire" et "très puissant", la rencontre de deux auteurs "remplis d'une imagination débordante" et "harmonieuse dans leur manque d'harmonie dans leur vision du monde". Il revient sur la sortie mouvementée à Cannes ou en Angleterre, et sur le public choqué par certains dialogues plus que par les images...

Howard Shore donne le LA (24 min - 1080p)
Le célèbre compositeur revient sur sa carrière aux côtés de David Cronenberg, formant "une bonne équipe" qui, après quinze films et "trente merveilleuses années" de collaboration est arrivée à maturation pour aborder Crash. Howard Shore parle de son travail, un "art très intime", et dévoile assez précisément ses techniques de composition, comment il s'imprègne des émotions à la lecture du roman et du script, en assistant au tournage, tout en évitant de voir trop d'images du film pour laisser libre cours à son inspiration. Il explique la conception de la musique de Crash, "une vraie oeuvre musicale" avec harpes, guitares et percussions, conçue pour le studio et basée sur un contrepoint. Poussé par la grande liberté que lui laisse David Cronenberg, Shore peut assouvir sa soif d'expérimentation, ici avec de l'improvisation et des variations électroniques. Le compositeur parle du style de Cronenberg, un cinéaste "en constante évolution" et "si novateur", qui a "toujours une longueur d'avance". Un excellent supplément, même si parfois un peu technique pour les néophytes.

Sur les chapeaux de roue (27 min - 1080p)
Voilà un témoignage très inhabituel dans les suppléments DVD/Blu-ray, pour une profession rarement sollicitée quand il s'agit de parler des films. La directrice de casting Deirdre Bowen, collaboratrice de David Cronenberg depuis Videodrome, évoque sa collaboration "main dans la main" avec le cinéaste, leur recherche "d'acteurs intéressants et subversifs" parfois compliquée par la crainte que suscitait "son univers bizarre". Elle parle de son métier, "présenter des options, pas faire un choix", et revient sur certaines anecdotes des films de Cronenberg : les difficultés créées par Dino de Laurentiis sur Dead Zone, Geena Davis qui "comprenait le personnage comme personne" sur La Mouche, la technique indispensable pour incarner le héros de Faux-semblants, Peter Weller qui s'est imposé "comme une évidence" sur Le Festin nu, au contraire du rôle "dur à caster" de M Butterfly. Elle raconte le casting de Crash, la recherche d'acteurs qui n'aient pas froid aux yeux pour incarner '"de vraies personnes prises dans des situations irréalistes", en gardant toujours à l'esprit d'"éviter la caricature". Elle se souvient du choix de James Spader et le contraste intéressant entre son apparence extérieure et sa complexité intérieure, ou la "figure de sirène" Deborah Unger, à la "légèreté espiègle".

On trouve ensuite une série d'archives promotionnelles d'époque (en SD - 4/3 - VOSTF) :

Interview de David Cronenberg (7 min)
Le cinéaste explique vouloir provoquer des réactions au-delà des mécaniques et des clichés traditionnels du cinéma. Il relativise la violence de cette sexualité consentie et parle de "la confiance absolue" des acteurs, indispensable pour la montrer.
Interview de J.G. Ballard (3 min)
L'écrivain parle de la morale de cette histoire et de l'adaptation au cinéma par David Cronenberg ("le rêve absolu"), dans une époque où "la réalité a rejoint la fiction".
Interview de James Spader (5 min)
L'acteur évoque la singularité du cinéma de David Cronenberg et la sexualité "déconnectée" de Crash.


Interview de Holy Hunter (4 min)
L'actrice parle de la collaboration avec David Cronenberg, "un pari de bon goût", de son personnage qui lui permet de "fouler des terres éloignées", loin de sa propre personnalité, ou de l'aspect érotique "sans faux-semblants".
Interview de Deborah Unger (5 min)
L'actrice parle de l'évolution de son personnage dans son couple, et raconte ses efforts pour "sortir des sentiers battus" pendant un tournage qui nécessitait "une certaine fluidité émotionnelle et physique".
Interview d'Elias Koteas (3 min)
L'acteur parle de son personnage et ses "cicatrices émotionnelles", son jeu avec un filet sous ses pieds, et évoque l'énergie de David Cronenberg.
Les coulisses du tournage (11 min)
Essentiellement pendant la scène du carambolage sur l'autoroute.

Carlotta propose également trois courts-métrages réalisés par David Cronenberg :

Camera (7 min - 1080p)
Produit en 2000 pour célébrer les 25 ans du Festival International du Film de Toronto (TIFF). Un ancien acteur déprimé par la vieillesse voit sa cuisine envahie par une équipe de tournage composée d'enfants...

Le Suicide du dernier juif sur Terre dans le dernier cinéma sur Terre (4 min - 1080p)
L'un des 33 court-métrages de Chacun son cinéma, "le film anniversaire du Festival de Cannes" sorti en 2007. La transmission télévisée, et ses commentaires cyniques et surréalistes, des images du dernier juif (David Cronenberg lui-même), hésitant à se suicider dans les toilettes du dernier cinéma.

Le Nid (10 min - 1080i)
Une commande de l’institut EYE d’Amsterdam où le cinéaste préparait une exposition en 2014. Un retour aux sources vers ses thématiques favorites, avec cet entretien médical pour une ablation d'un sein... dans lequel la patiente dit sentir grouiller des insectes.

3 Bandes-annonces : 1 min 59 (SD - 4/3 - VOSTF), 1 min 30 (1080p - VOSTF) et 1 min 23 (1080p - VOSTF)


En savoir plus

Blu-ray

Taille du Disque : 48 861 992 158 bytes
Taille du Film : 31 287 501 120 bytes
Durée : 1:39:49.400
Total Bitrate: 41,79 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 33,62 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 33621 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2090 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1752 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1797 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 11,224 kbps

Blu-ray UHD

Disc Label: CRASH
Disc Size: 61,362,747,790 bytes
Protection: AACS2
Playlist: 00000.MPLS
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Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz
Subtitle: French / 0.000 kbps

Par Stéphane Beauchet et Jean-Marc Oudry - le 12 novembre 2020