
The Killer (1989)
Une balle dans la tête (1990)
Volte-Face (1997)
Mission : Impossible 2 (2000)
Windtalkers version longue (2002)
Paycheck (2003)
Les Trois Royaumes (2008)
Top John Woo
John Woo, pour vous...
Voici quelques uns de mes commentaires sur les films de John Woo que je bascule ici pour inaugurer ce topic :
Le Syndicat du Crime (A better tomorrow, 1986)
Le film qui me réconcilie avec son auteur, qui à force de blockbsuters hollywoodiens indigents et involontairement drôles, m'était apparu comme un cinéaste à éviter ; mais l'écart qualitatif entre un Broken Arrow ou un Mission Impossible 2, et ce très beau film noir aux accents de tragédie grecque qu'est Le Syndicat du crime, m'encourage du coup à me pencher derechef sur sa filmo HK ! Malgré une musique 80's pas toujours convaincante, et malgré sa courte durée (à peine 1h30), John Woo signe une belle réussite qui, au-delà de la maîtrise technique déployée lors des fusillades, impressionne surtout par l'ingéniosité d'un scénario implacable, dramatique, et souvent imprévisible, et par l'émotion que celui-ci transmet par le biais de magnifiques acteurs (seule Emily Chu n'est pas très crédible). On pense voir un énième film de gangster, mais au bout d'une demi-heure, les situations que l'on tenait pour acquises sont complètement bouleversées et c'est finalement à un drame humain que l'on a affaire, culminant avec un finale incroyable qui laisse le spectateur pantois et considérablement ému.
Le Syndicat du Crime 2 (A better tomorrow, 1987)
Cette suite sent l'opportunisme à plein nez : on prend les mêmes et on recommence. Symbolique est le retour des plus improbables de Chow Yun Fat, grâce à une astuce hypocrite témoignant que Woo et Hark ne sont eux-mêmes pas dupes. Le scénario n'est donc vraiment pas le point fort de ce second épisode, d'autant qu'aussi improbable qu'il soit, il est en outre souvent incohérent et traversé de trous, comme s'il manquait des scènes. Mais, mais, mais... ça marche quand même. Le retour des survivants du premier épisode permet une appréciable continuité dans les enjeux émotionnels posés dans Le Syndicat du Crime (la tragédie des deux frères, les problèmes de couple, etc), tout en maintenant cette épée de Damoclès sur leur sort, en ce qu'aucun n'est jamais à l'abri (et cet épisode nous le montre encore). L'histoire a beau être assez faible (toute la partie américaine ne sert vraiment pas à grand-chose), et certaines scènes vraiment naïves (toute la partie où Lung est prostré), John Woo parvient toujours à rendre ses protagonistes attachants dans cette fibre humaniste exacerbée qui lui est caractéristique et qui lui est si souvent reprochée. De son côté, CYF s'en donne à cœur joie et bouffe l'écran, que ce soit le visage emplâtré de riz ou deux flingues dans les mains. Et puis, quelle mise en scène ! Quel dynamisme ! La caméra a l'air de voler d'elle-même, comme mue par son instinct. La fusillade finale, totalement outrée, est un grand moment de cinéma d'action qui n'a rien à envier à Commando. Très bon film.
The Killer (1989)
Mélancolique, romantique, désespéré, violent, tragique, exacerbé : un tourbillon de virtuosité et d'émotions qui se marie ici avec une rare grâce. C'est, en effet, peut-être bien le chef-d'oeuvre de son auteur, qui, reprenant les fondamentaux de son cinéma et en repoussant les limites, touchait ici au sublime.
A toute épreuve (Hard-boiled, 1992)
Spectaculaire, c'est le premier mot qui vient à l'esprit. Le scénario, très mince, ne semble être qu'un prétexte à une accumulation de morceaux de bravoure ahurissants et superbement mis en scène par un John Woo particulièrement inspiré. Le film, de ce côté-là, est absolument irréprochable et surpassera les attentes des amateurs de cinéma d'action, au sein duquel A toute épreuve s'impose aisément comme une référence incontournable. Que cela soit lors de l'introduction dans le salon de thé, où la caméra semble valser avec une précision d'orfèvre, où lors de la dernière demi-heure dans l'hôpital (sommet délirant du film et, en quelque sorte, sommet du genre), qui délivre au passage un des plans-séquences les plus impressionnants qui soient, le terme de chorégraphie pour les gunfights trouve ici toute sa (dé)mesure. Mais je ne peux m'empêcher de tiquer un peu. D'abord, comme je l'ai dit, le scénario n'est clairement pas un point fort ; ce n'est pas, en soi, très dérangeant, mais celui d'A toute épreuve donne l'impression d'être chaotique, irrégulier, au point d'en devenir un peu incohérent (pourquoi donc, dans le hangar, Tony s'acharne-t-il sur Tequila puisqu'il sait très bien que c'est un flic ? On dirait que sa véritable identité a été improvisée en cours de tournage). Contrairement au Syndicat du Crime, il n'y a aucun enjeu émotionnel, et on ne s'attache pas énormément aux personnages. En outre, en offrant des séquences d'action absolument démesurées, Woo s'expose à une forme de surenchère de violence lassante sur le long terme (et qui malheureusement, sabordera selon moi ses films US). 307 mecs flingués, ça fait beaucoup. Trop, sûrement. John Woo veut en finir avec le genre et A toute épreuve ne fait pas dans la dentelle ; c'est une de ses forces. Mais on finit par regarder ce jeu de massacre d'un œil légèrement détaché, tant la violence, certes stylisée à l'extrême, est systématisée (voire banalisée, ce qui est un peu dérangeant). Bref, un très bon film d'action, virtuose et explosif, mais too-much. Je préfère la sensibilité d'un Syndicat du crime, moins pétaradant mais plus intéressant car ayant de très belles choses à raconter.
Volte-Face (Face-Off, 1997)
Thème du double répété jusqu'au vertige mais aussi jusqu'à l'overdose, jeu sur le manichéisme et l'inversion, effets de style sursignifiants... on est bien chez John Woo mais ça n'a pour moi définitivement pas la même saveur ni la même portée que sa période hongkongaise. Woo n'est pas forcément un apôtre de la subtilité mais au moins à Hong Kong, il savait remarquablement trousser ses polars péchus et percutants, y compris dans leurs envolées sentimentalistes. Là, Volte-Face n'est qu'une grosse machine informe qui s'agite désespérément dans tous les sens avec ses deux comédiens hystériques et qui traîne comme un boulet son pitch sympathique (pour quelques scènes privées amusantes) mais quand même crétin. Je n'y vois en rien une sublimation ; juste un cinéaste comme chloroformé par Hollywood qui surligne à l'envi la moindre parcelle de son talent technique passé, pour un résultat risible et annonciateur du catastrophique Mission : Impossible 2. Je n'ai pas aimé.