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Critique de film
Le film
Affiche du film

Dangereusement vôtre

(A view to a kill)

L'histoire

James Bond enquête sur le vol de puces électroniques commis par un mystérieux criminel. Apparait rapidement un lien entre cette affaire et le riche industriel Max Zorin, passionné de chevaux. De Paris à San Francisco, il faudra à 007 toute son énergie pour éviter une catastrophe écologique doublée d’un renversement des valeurs économiques à échelle mondiale...

Analyse et critique

La famille une dernière fois réunie

Il est des histoires qui se terminent dans la nostalgie et dans l’union fraternelle la plus totale. C’est le cas de la participation de Roger Moore à la saga James Bond qui se clôt sur un ultime effort, au milieu des années 1980, et avec la totale approbation d’Albert R. Broccoli. La question ne s’est presque pas posée, malgré des négociations toujours aussi vives : Broccoli a proposé un nouveau film à Moore, l’acteur l’a accepté. Sur certaines images de tournage enregistrées à l’époque, on peut y voir l’acteur plaisanter en prenant la main de Broccoli et en décrétant qu’il est la vraie raison pour laquelle il reste. Bien sûr, l’acteur tourne le film en regard d’un salaire monumental, et chacun y trouve son compte d’un point de vue commercial. Mais enfin, Broccoli aurait-il engagé Moore, désormais âgé de 57 ans, si ce dernier n’avait pas été un véritable ami et si celui-ci n’avait pas représenté l’assurance d’attirer le public dans les salles ? Changer de Bond fait de toute évidence peur à Eon, car à la sortie de Dangereusement vôtre, Moore est établi dans son rôle depuis sept films et douze ans. Douze années durant lesquelles il a connu plusieurs renouveaux stylistiques au sein de la franchise, un milieu des années 1970 incertain, ainsi qu’une galerie de dangers planant au-dessus de la tête de Broccoli : l’affaire Kevin McClory. (1) Dans l’esprit du public, voilà déjà longtemps que Sean Connery n’est plus James Bond, malgré les soubresauts de ses éphémères retours, tantôt réussis sous la houlette d’Eon (Les Diamants sont éternels), tantôt décevants et peu convaincants sous la houlette de McClory (Jamais plus jamais). Moore l’a remplacé presque immédiatement, puis a perduré au fil des seventies pour ensuite ouvrir des eighties confortables. Son aura et sa popularité auprès du public semblent ne jamais faillir, il continue d’être l’un des acteurs les plus populaires au monde. Changer le visage de 007 représente un risque, c’est indéniable. Et dans le même temps, comment ne pas le souhaiter ? Moore a fait son temps, avec panache et ferveur, mais il vieillit... Bond, lui, reste immortel. L’heure de la relève approche, et le jeunisme incarné par le Hollywood des années 1980 va obliger les producteurs à changer la direction de la saga. Dangereusement vôtre sera le Bond des adieux, piloté par une équipe Albert R. broccoli / Michael G. Wilson en pleine forme.




Moore empoche une somme considérable, à savoir 5 millions de dollars ainsi que 5 % sur le box-office américain total. Quant au monstrueux budget global du film, il est fixé une fois de plus à 35 millions de dollars. (2) Le tournage se déroulera du 3 août 1984 au 14 janvier 1985, en passant par la France, les USA et les studios de Pinewood. Le 007 Stage sera par ailleurs victime d’un incendie, en raison d’un problème survenu sur le tournage du film Legend de Ridley Scott, avec Tom Cruise. Reconstruit dans un délai record, il sera inauguré par l’équipe du film, Broccoli et Moore en tête, et arborera un nouveau nom : Albert R. Broccoli 007 Stage. A Paris, l’équipe obtient l’autorisation de tourner en haut de la Tour Eiffel et de procéder à un saut en parachute. Impensable, la cascade s’effectue sans problème grâce aux habituels amoureux de l’extrême qui ne cessent de repousser les limites de James Bond. De son côté, l’actrice noire Grace Jones y met beaucoup d’ardeur, n’hésitant pas à assumer quelques cascades assez impressionnantes. Barbara Broccoli, la fille d’Albert, est désormais suffisamment expérimentée pour obtenir des postes à responsabilités sur les tournages. Venant sur les plateaux depuis les derniers films de l’époque Sean Connery, elle était devenue assistante de production sur Octopussy. Sur Dangereusement vôtre, elle devient assistante réalisatrice. Son père tient absolument à ce qu’elle connaisse tous les aspects du métier, afin qu’un jour elle puisse prendre le relais avec Michael G. Wilson concernant le contrôle de l’empire Danjaq (et donc Eon). L’une de ses tâches consiste notamment à aller chercher Grace Jones à son hôtel au début de chaque journée de travail. Selon Roger Moore, elle aurait développé ses talents pour la haute diplomatie lors de ces trajets matinaux, durant lesquels Jones était difficile à fréquenter. Passionnée par le cinéma et par Bond, Barbara saura plus tard relever bien des défis avec brio. Des scènes équestres filmées au château de Chantilly en France, au pont de San Francisco aux USA, ce ne sont pas moins d’une centaine de cascadeurs qui ont œuvré sur le film, véritable visite guidée de grands monuments occidentaux modernes. Le tournage de la bagarre finale en haut du fameux pont aura en outre nécessité trois décors reconstitués à Pinewood, de quinze mètres de hauteur chacun, afin d’emballer la majeure partie de la séquence. Dangereusement vôtre a tout pour réussir, il permettra sans aucun doute à Roger Moore de partir sur une belle aventure de 007.

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Champagne, rock et adieux




A l'instar d'Octopussy, Dangereusement vôtre reste de nos jours un épisode mal considéré par les admirateurs de la saga. Populaire à plus d'un titre, champion des rediffusions télévisées en prime time pendant des années en France, et apprécié pour son universalité commerciale de façade (puisque l'identité bondienne y est très américanisée), ce quatorzième opus reste pourtant un divertissement haut de gamme. Il faut le prendre pour ce qu'il est, la conclusion d'une période Roger Moore dorée, la fin d'une aventure old-fashionned en présence de la totalité de la famille bondienne, et la dernière apparition de Moore alors en bout de course dans la peau de 007. Vieillissant, âgé de 58 ans, l'acteur n'est plus l'homme atteint de jeunisme qu'il était auparavant jusqu'à la fin des années 1970, se jouant du temps qui passe avec humour et une irréprochable tenue physique. Les rides firent véritablement leur apparition avec Rien que pour vos yeux, faisant de lui un Bond plus viril, mature, passionnant à plus d'un titre. Puis Octopussy continua de le voir vieillir, sans pour autant lui ôter de son élégance, de son énergie ni de son aura. Désormais, au milieu des années 1980, Moore n'est plus le héros à la page... Symbole cinégénique des années 1960 et 1970, la star arrive en fin de piste, sans prétention, sans regret, sans perdre son humour. Toujours gouailleur et séducteur, le Bond en pré-retraite de Roger Moore ne peut plus guère prétendre à rivaliser avec son temps, écrasé par l'arrivé soudaine des Stallone, Schwarzenegger et autres héros bodybuildés. Son physique filiforme et destiné à porter la désinvolture en bandoulière ne peut rien faire face aux muscles surdéveloppés de ses nouveaux adversaires. Face à lui Hollywood a changé, Steven Spielberg a réinventé le divertissement de masse, George Lucas a remis les mythes fondateurs au goût du jour, Sylvester Stallone a remis de l'espoir dans le cœur des Américains... Le monde entier a pleuré devant E.T. de Spielberg, a tremblé devant Rocky III de Stallone, et s'est émerveillé devant Le Retour du Jedi qui clôturait temporairement la saga Star Wars. (3) Bond, lui, a vieilli. Inexorablement, malgré les influences qu'il s'est efforcé de percevoir et d'incorporer à sa formule. Plus que jamais doublé dans la grande majorité des séquences d'action, Moore ne peut même plus cacher l'inévitable : le spectateur peut malheureusement apercevoir la tête du cascadeur au détour d'un plan, ou d'un coup de poing demandant de la souplesse. Si Octopussy ne présentait pas encore véritablement ce défaut, Dangereusement vôtre, quant à lui, s'y vautre avec allégresse. Pour autant, Moore assure encore au maximum la gaillardise de son personnage, n'hésitant pas à exécuter encore quelques cascades assez physiques. Ainsi le voit-on sous l'eau respirer à l'aide des pneus d'une voiture immergée. Ou encore en plongeur sortant d'une bouche sous-marine grillagée. Ou enfin au cœur des tourments de la mine dans la dernière partie du film, confronté à l'inondation des tunnels. D'autres acteurs plus jeunes feraient sans doute bien davantage, mais l'on peut tout de même espérer avoir tous cette énergie à 57 ans. Dangereusement vôtre, c'est en quelque sorte le Bond du troisième âge avant l'heure, un film de vieux décidés à tout faire exploser dans un monumental doigt d'honneur aux jeunes générations peuplant désormais le cinéma d'action. De fait, le film s'impose un jeunisme de circonstance, dans lequel tout le monde déballe son âge en rigolant devant les péripéties improbables qu'ils doivent encore réaliser. Patrick MacNee (Sir Godfrey Tibbett) a 63 ans, Lois Maxwell (Miss Moneypenny) 58 ans, Desmond Llewelyn (Q) 71 ans, Robert Brown (M) 64 ans, Walter Gotell (le général Gogol) 61 ans, Geoffrey Keen (le ministre de la Défense) 69 ans... Tanya Roberts, Grace Jones et Christopher Walken viennent mettre un peu de sang neuf, mais ils incarnent la jeune génération aux dents longues. Pour Jones et Walken, les méchants du film, face à une famille Bond grabataire, le combat prend des airs de conflit générationnel. En pleine crise de jeunisme, avec son blouson de cuir à la mode et son attitude de superhéros poseur, Roger Moore va mettre le feu une dernière fois. Les vieux sont de sortie, tant pis pour ceux qui en refuseront le sel et le charme, tant mieux pour ceux qui en ressentiront quelque émotion bien présente sous un rire décroché par les derniers bons mots de la star anglaise. En route pour cette mission aux allures de baroud d'honneur !




Dangereusement vôtre ressert les motifs de la saga à satiété, avec goût et surtout l’envie de varier des scènes déjà vues. Véritable remake de Goldfinger dans sa structure principale comme dans certains de ses détails, ce nouveau film joue la carte de la nostalgie combinée au blockbuster du moment. Le cours de l'or, Fort Knox, la partie de golf, les investisseurs de l'ombre (des gangsters prêts à verser un million de dollars), l'élimination de l'un d'entre eux dans un compresseur de métal et l'opération Grand Shelem de Goldfinger trouvent leur écho dans le court de la puce électronique, la Silicon Valley, les courses de chevaux, les investisseurs étrangers (des financiers prêts à verser 100 millions de dollars), l'élimination de l'un d'entre eux au-dessus de la baie de San Francisco et l'opération Le Fillon de Dangereusement vôtre. Les deux films prennent les USA pour terrain de jeu, et aux fluctuations monétaires de l'un se substitue la course technologique combinée au risque de catastrophes naturelles de l'autre. Auric Goldfinger trouve son reflet en Max Zorin, le premier étant allemand, l'autre le résultat d'une manipulation génétique effectuée durant la Deuxième Guerre mondiale par un médecin nazi. Dangereusement vôtre est la preuve éclatante qu'une intrigue bondienne reste éprise de modernité quelle que soit son époque, et qu'il suffit simplement de la réadapter aux mouvements de son temps pour en extraire la substance. Simple, mais redoutable, le film n'est que le prolongement d'un classicisme bondien éprouvé mais solide, trouvant ses meilleures qualités dans cette modernisation de ses apparats autant que ses limites qualitatives. Et dans le même temps, comment permettre à Moore une meilleure sortie qu'en convoquant la structure du James Bond mythique par excellence, l'exemplaire et immense Goldfinger ? Parallèlement, Dangereusement vôtre cède aux sirènes du blockbuster hollywoodien contemporain, ce qui n'était encore jamais arrivé à aucun film de la franchise de cette façon-là. Très anglais, reconnaissable entre tous, Moore interprète cependant un 007 américanisé, jouant au choix le pompier valeureux descendant une échelle et sauvant une femme des flammes de l'incendie de l'Hôtel de ville ou le super-héros inexpugnable qui se joue de la gravité, creusant la glace et atteignant les cieux. Ce Bond-là renoue avec nos rêves d'enfant, notre vision simple et pure du monde dans ce qu'il a de manichéen et de rassurant. Si la première partie située en France possède un indéniable sens bondien, la deuxième aux USA mime ses concurrents hollywoodiens avec un savoir-faire remarquable. Les paysages de Californie (le rêve américain), les rues de San Francisco (le film policier), la faille de San Andreas (utilisée par le Superman de Richard Donner en 1978) et la Silicon Valley (la puissance commerciale) forment un terrain de courses-poursuites détonantes, sur lequel se succèdent bagarres et coups de feu (l'affrontement à l'américaine), incendies et cages d'ascenseur prêtes à s'écraser (le film catastrophe), une poursuite mêlant un camion de pompiers et des voitures de police (le film d'action américain des années 1980, imposant et musclé), ainsi qu'une inondation de mine à grande échelle (encore le film catastrophe). Les impressionnantes scènes de bravoure s'accumulent de façon métronomique, solidarisant l'intrigue autour de la vitesse, en dépit de personnages pas toujours suffisamment exploités.




Max Zorin est ainsi un méchant de la pire espèce, très dangereux, blond platine, avec du sang nazi dans les veines. Fou et surtout imprévisible, Zorin est un homme d'affaire avisé, un sportif convaincu et un amateur de belles choses. Une éducation parfaite servant un intellect supérieur et qui permet au personnage de composer un plan diabolique et destructeur. Il compte en effet placer de puissants explosifs au centre de la faille de San Andreas afin de l'ouvrir et d'inonder la Silicon Valley, faisant ainsi des millions de morts. Le désastre écologique se transformerait rapidement en désastre économique et donnerait l'hégémonie commerciale à Zorin concernant le marché de la puce électronique. Il s'agit très exactement du même plan que celui de Goldfinger, à ceci près que les denrées précieuses évoluent et que les lieux et moyens d'action diffèrent. Il est assez terrible d'imaginer à quel point l'équilibre mondial reste précaire, reposant sur une série de facteurs dont l'utilisation humaine reste à la fois superficielle et vulnérable. Zorin entretient un rapport intime avec le docteur Carl Mortner, incarné par Willoughby Gray. Leur relation semble basée sur une confiance extrême et une affection difficile à saisir. Ex-nazi, Mortner est le créateur de Zorin, celui qui lui a donné vie d'un certain point de vue. Pour la première fois, la franchise propose une étonnante parure créateur/créature, père/fils, qui n'est pas sans rappeler le cinéma d'épouvante de l'âge d'or hollywoodien (4) ou les films américains de traque antinazie qui ont connu de belles heures au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et dans les années 1970. (5) Troublants, Zorin et son père de substitution sont les maîtres d'œuvre d'un plan de restructuration économique sauvage. Ou comment l'intrigue peut-elle se lire comme la mise en abime de l'utilisation de la crise économique mondiale des années 1920 par le parti nazi afin d'atteindre les hauts sommets politiques de l'Allemagne. Excepté ici que la politique est remplacée par l'argent, une valeur volatile agitant sa suprématie morale sur le monde. D'une certaine manière, Dangereusement vôtre a parfaitement conscience de son propre temps (et qui reste plus que jamais le nôtre aujourd'hui), faisant reposer l'équilibre de la planète non plus sur des gouvernements mais sur des secteurs économiques. Le pouvoir est aux sociétés, à leur poids économique et donc aux banques. Effrayant, et malheureusement très actuel. Autour de Zorin évoluent le dévoué Scarpine (Patrick Bauchau), homme de main discret et d'une fidélité à toute épreuve, ainsi que May Day, incarnée par la sculpturale Grace Jones, actrice et chanteuse noire à la carrure presque mythologique. Racée, physiquement impressionnante, sportive et élancée, May Day est la compagne et la femme d'action de Zorin. Le rituel homme de main presque invincible, c’est elle. Elle représente ici le véritable héritage de personnages tels qu'Oddjob le Coréen (Goldfinger) ou Jaws (L'Espion qui m'aimait, Moonraker). A la différence qu’ici, May Day se révèle plus humaine dans la dernière partie du film. Pleurant la mort de ses deux fidèles amies, emportées par l'inondation de la mine, et attachée à se venger de Zorin, elle incarne assez naturellement cette figure désenchantée et déchue de ses idéaux amoureux. Car oui, aussi grossier que cela apparaitra à de nombreux spectateurs, May Day a un cœur. Elle n'est au bout du compte qu'une amoureuse outragée dont l'amant s'est moqué. Elle meurt, juchée sur la bombe poussée hors de la mine, tenant fermement son destin en main. Esquissé dans un rictus d'acceptation et de défi lancé à la face de Zorin, son dernier regard fait partie des moments forts du film, car ne durant que l'espace d'un plan fugace ensuite rapidement écarté par la brusque explosion dont elle est la victime. Rares sont les morts émouvantes dans la saga, mais ce joli personnage original et charismatique aura su toucher au cœur, ne serait-ce que pour une courte mais intense poignée de secondes. La jolie Tanya Roberts fait à l’inverse bien pâle figure en regard de l'incroyable Grace Jones. Cette blonde très américaine ne marquera pas l'univers bondien de son empreinte, entièrement dévolue qu'elle est aux velléités héroïques de l'agent secret. Tonique et surtout très sympathique, le personnage de Stacey Sutton traverse tout de même quelques bonnes scènes, parmi lesquelles figurent un gunfight et une bagarre dans sa grande demeure, tout en lorgnant sur le bon vieux polar des années 1970 (6), ainsi que le fameux incendie de l'Hôtel de ville. Sauvée des flammes par James Bond, on ne saurait lui trouver situation plus confortable et topique à la fois.




La famille bondienne fait son éternel retour, cette fois-ci en plein air afin d'accompagner une dernière fois la formule des temps anciens. Il faut d'ailleurs préciser que Lois Maxwell incarne en ces lieux Miss Moneypenny pour la dernière fois de sa carrière, la quatorzième consécutive. Cette secrétaire acharnée, aux airs glamour et complices, aura vu passer trois James Bond consécutifs avant de tirer sa révérence. Son départ emmène une portion de ce qui faisait le charme et l'identité de la saga jusqu'ici. Dès le prochain film, une nouvelle Moneypenny arrivera, rajeunie elle aussi, afin de mieux s'accorder avec le nouveau visage de 007. Pour l'heure, M, Q et Moneypenny sortent au grand air, accompagnent Bond sur un champ de courses équestres et bousculent les convenances. Rien ne va plus et Moneypenny s'emporte devant la course, hèle son favori de la plus rustre des manières et fait tomber les masques. Quel diable de femme, sous les traits de Maxwell qui, libérée de son rôle, en profite pour lui dire au-revoir avec un franc succès comique très attachant. Durant cette séquence, nous faisons la rencontre de Sir Godfrey Tibbett, spécialiste des chevaux, et qui jouera le serviteur de Bond quand celui-ci arrivera au château de Zorin sous couverture. Le duo fonctionne assurément, nous faisant ressentir la très évidente complicité entre les deux acteurs. Patrick MacNee (7) nous régale par cette « so british attitude », celle d'un autre temps à l'instar de Moore. Un numéro de duettistes rodé en détails, une sorte de buddy movie à l'anglaise, et où chacun n'hésite pas à surjouer son rôle dans un grand embrasement débonnaire. Chez Zorin, MacNee est le pauvre subordonné qui doit porter les valises et encourir le mauvais caractère de son patron. Moore est l'aristocrate vieillot, empêtré dans ses attitudes trop maniérées, hilarant lui aussi. L'espace de certaines scènes, le spectateur peut presque avoir l'impression d'assister aux premiers débordements d'une comédie à la Capra, de celles où chacun joue à être ce qu'il n'est pas. Démasqué, Bond devra affronter la perte de son ami et fuir à cheval de la propriété de son ennemi. Rattrapé peu après, il ne devra son salut qu'aux pneus de sa voiture qui, immergée, lui permettent de respirer sous l'eau. (8) Il s'agira de la conclusion efficace d'une partie narrative située en France, à la fois terriblement élégante et très maîtrisée. Le mystère y est total (l'identité de Zorin, l'enquête remontant peu à peu vers des objectifs inattendus...) et l'enveloppe visuelle extrêmement soignée. La photographie souligne totalement et avec une certaine grâce la vision touristique fantasmée de Paris et de l'univers des châteaux en France, non sans y ajouter une pointe d'ironie. On y voit de fait un chauffeur de taxi à la gestuelle affolée outrancière et un niveau moral huppé quelque peu discutable dès lors qu'il est question du logement des domestiques chez Zorin (dans un bâtiment relativement austère) comparé au logement comportant les écuries (majestueuses). L'effet comique fonctionne assez bien la plupart du temps, malgré les sursauts d'une époque Moonraker parfois prégnante. Mais la parodie est constamment limitée (9), et le récit préfère heureusement se focaliser sur l'efficacité. Notons en tout cas avec quelle sagacité la carte postale parisienne est mise en valeur, bénéficiant d'une véritable visite guidée au travers d'une scène d'action formidable. Le saut en parachute du haut de la Tour Eiffel et la poursuite engagée par Bond rivalisent de beauté et d'inventivité. La descente forcée sur le toit d'un ascenseur mentionne ainsi la totale maîtrise bien connue de John Glen dans le découpage des séquences d'action, et la course en voiture multiplie aisément les cascades rigoureuses d'un Remy Julienne au sommet de son art. (10) Un pur plaisir, une première partie stylisée, en confrontation presque totale avec une deuxième partie nettement plus américaine et conviant un cinéma d'action excessivement musclé qui n'a que très peu à voir avec l'apparence aristocratique développée en France.




La mise en scène de John Glen tente elle-même de se renouveler. Il mélange l'efficacité de Rien que pour vos yeux à la douceur d'Octopussy, notamment pour des scènes de bravoure demeurées légendaires. La poursuite en camion de pompiers rend hommage à San Francisco de par une série de cascades spectaculaires et une savante utilisation du cadre. Glen y renforce son point de vue rythmique par des trouvailles visuelles distinguant Dangereusement vôtre de la masse de films d'action américains produits à l’époque. Décrochée, l'échelle de pompier effectue en ce sens un véritable ballet minutieusement préparé, passant d'un côté à l'autre du camion, frôlant la caméra en plongée et délogeant cette course-poursuite des habituels sentiers balisés du genre. Une réussite culminant sur le relèvement d'un pont sur lequel traverse in extremis le camion vedette et s'écrasent lamentablement des voitures de police ridiculisées. Quant à la dernière ligne droite, elle étonne par le mélange des tons : l'inondation de la mine et l'éradication entière de l'équipe minière par Max Zorin et son acolyte composent de purs moments de sadisme tout à fait inhabituels au sein de la formule bondienne sous l'ère Moore - les effets spéciaux et l'ambiance catastrophe lorgnant sur une atmosphère de fin du monde sont particulièrement réussis. Mais c'est bien la dernière bagarre au sommet du pont de San Francisco qui emporte l'adhésion la plus totale ! Précédée d'un voyage aérien surplombant la ville durant lequel Bond est suspendu au-dessous du dirigeable de Zorin (11), confortant ainsi le spectateur au creux d'une douce apesanteur dramatique, cette bagarre entremêle cascadeurs et acteurs au fil d'une série de plans desquels se dégagent une vraie fougue maximalisée par la musique de John Barry et une belle chorégraphie en dépit de l'espace mesuré dont les corps disposent. Une conclusion magnifique en forme d'hommage au cinéma d'Alfred Hitchcock (12), et offrant à Moore une sortie princière. Du pré-générique scandaleusement réussi, rassemblant Au service secret de Sa Majesté (la glisse sur un seul ski) et L'Espion qui m'aimait (la poursuite à ski à flanc de montagne), en passant par une révolutionnaire fin de partie en snowboard (13) au son des Beach Boys (14), jusqu'à ces dernières minutes dans le ciel américain, 007 fait une fois encore flamber les règles de vraisemblance et hurler les adeptes du réalisme sentencieux. Il ne manquait plus que quelques mots afin de décrire une nouvelle fois le génie du compositeur John Barry, aussi inventif que précédemment sur Octopussy et nous renvoyant aux grandes heures de sa collaboration à la saga jusqu'au début des années 1970. Si son travail est bien plus doux qu'auparavant, il reste à l'évidence un modèle de rythmique dramatique suremployée, créant ainsi un effet littéralement destructeur. Le thème principal, scandé par l'habituel puissant ensemble symphonique mais aussi par des guitares électriques rock typiques du milieu des années 1980, est une merveille : il suffit d'apprécier le montage, la chorégraphie et la progression de la bagarre finale au son de ce thème pour en apprécier toute la valeur, musique par ailleurs déclenchée dès lors que Zorin passe à l'action. Parallèlement, l’arrivée de Bond et Tibbett au château de Zorin est exquise sous la direction musicale du compositeur, chatoyante et enveloppante. Difficile de ne pas être en liesse devant tant d'énergie et de dévouement artistique. Dangereusement vôtre procède ainsi d'un curieux alliage de tradition bondienne éculée (mais très enthousiasmante) et de film d'action à fond dans son temps, très rock et résolument décomplexé. La chanson du groupe Duran Duran se situe par ailleurs dans la mouvance pop-rock du moment, à mi-chemin entre A-Ha et Depeche Mode, avec son refrain simpliste et son tempo saccadé, poussé par les sonorités synthétiques en vogue à ce moment-là. Jouissive et s'inscrivant totalement dans le générique de Maurice Binder, mélange de ses expérimentations bien connues et de tons de couleurs fluorescents évoquant les néons de nighclubs. Un James Bond en pur mode Roger Moore donc, mais explicitement rafraichi et rajeuni, dans l'ultime but de venir en aide à un interprète vieillissant dont le physique svelte et distingué peine en fin de compte à s'inscrire dans l'action immersive. A 57 ans, personne ne lui en voudra cependant, tant Dangereusement vôtre brille aussi grâce à sa présence. Partir à la retraite n'a jamais semblé aussi délicieux et assumé.




Sans être l'un des chefs-d’œuvre de la saga, Dangereusement vôtre en reste un très digne représentant, un « Bond champagne » divertissant et fonceur, mêlant pour la dernière fois sous l’ère Moore eau, feu, glace et cieux pour notre plus grand plaisir. Visuellement toujours aussi beau sous la caméra de John Glen, l'univers bondien accuse donc au passage la fin d'une époque, la fin d'un visage. Roger Moore nous fait ses adieux avec beaucoup d'élégance et de légèreté, d'amour et d'humour. Ce dernier cocktail en sa compagnie ne se termine d’ailleurs pas sans provoquer une certaine émotion, et c'est dans un dernier rire nimbé de larmes que le spectateur averti regardera Moore, sous la douche, jeter symboliquement l’éponge, cachant ainsi l'objectif de la caméra et lançant le générique de fin. Cet acteur au grand cœur ne tardera pas à rejoindre d'autres combats bien plus importants, en devenant ambassadeur de bonne volonté pour l'Unicef. Un humaniste, un vrai, à n'en pas douter. Bonne route, et merci Sir Moore, Roger Moore, pour toutes ces années en votre compagnie. Elles furent précieuses. Place à une nouvelle ère, place au nouveau James Bond.

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Promotion, sortie, réception : Bond en chiffres et en dollars




C’est un fait, tout le monde le sait avant même que le tournage de ce nouvel opus ne se termine : Roger Moore ne reviendra pas. Trop âgé, fatigué aussi, l’acteur quitte le rôle avec nostalgie mais sans regret. Il fut James Bond, sept fois de suite, lui donnant le statut de recordman de la saga. (15) La sortie de Dangereusement vôtre est préparée avec grand soin, il s’agit de rajeunir l’image de Moore sur toutes les affiches. On l’y retrouve fringant et plus élégant que jamais, souvent associé à Grace Jones, musclée, sportive et très tendance. D’autres affiches le montrent en position bondienne, au bras de Tanya Roberts, sur le pont de San Francisco. Plus que l’action, c’est l’aspect classe et stylisé qui est largement mis en avant pour la promotion du film. Le nouveau Bond est un blockbuster de son temps, dont le visuel doit être maximalisé dans sa simplicité, tout en gardant la charte graphique qui a jusqu’ici toujours fait le succès des affiches de la franchise. Les bandes-annonces déroulent le travail habituel, présentant moult scènes d’action au sein d’une rythmique parfaitement travaillée. Et c’est bien ici que se situe tout le problème, le film n’est que la continuation d’une formule huilée, trop bien huilée, et qui n’engendre fondamentalement plus la surprise. Les cascades sont superbes, les scènes d’action énormes, les moyens colossaux (James Bond se situe toujours parmi les plus gros budgets du moment), le scénario trépidant et l’enveloppe visuelle alléchante... Mais voilà, Bond vieillit, n’évolue plus fondamentalement et, si ce n’est en copiant la mode du film d’action à l’américaine, ne propose rien de véritablement original. Dangereusement vôtre sort ainsi le 25 mai 1985 sur les écrans américains et ne tarde pas à décevoir. Plusieurs raz-de-marée envahissent les écrans et inondent le monde entier. Les USA en sont tout particulièrement friands : Retour vers le futur de Robert Zemeckis (produit par Steven Spielberg, 1er) et l’impensable doublé de Sylvester Stallone, Rambo II, la mission (2ème) et Rocky IV (3ème), font des ravages et engrangent des sommes astronomiques. Le film de Zemeckis rapporte 381,1 millions de dollars dans le monde, dont 210,6 rien qu’aux USA. Stallone fait 300 millions de dollars pour chacun de ses deux films, son deuxième Rambo en récoltant 150 sur le territoire américain. Le cinéma d’action s’est considérablement musclé, le cinéma de science-fiction s’est renouvelé, et le mélodrame intimiste n’est pas en reste : La Couleur pourpre de Spielberg (4ème), Out of Africa de Sydney Pollack (5ème) ou encore Witness de Peter Weir (8ème) le prouvent admirablement. De son côté, Dangereusement vôtre patine et rassemble des foules mesurées. Il obtient certes la somme finale de 50,3 millions de dollars là-bas, ainsi qu’une confortable 14ème place, mais il n’a jamais été aussi peu offensif vis-à-vis de ses adversaires. Il est même battu par Police Academy 2 (11ème)... Un comble ! Le succès est au rendez-vous, mais tout cela semble un peu léger pour celui qui fédérait encore un public en délire avec les précédents opus. Reste à savoir comment va se comporter le film dans le reste du monde qui, d’habitude, octroie à l’agent secret un succès bien plus puissant encore qu’aux USA.

Si en Angleterre l’érosion est plutôt bien maîtrisée, avec un confortable succès dès le 12 juin, on ne peut pas dire que les autres pays soient à la fête, malgré des scores plus qu’honorables. L’Allemagne reçoit Dangereusement vôtre le 9 août et lui permet de récolter 3 373 064 entrées, ainsi qu’une 8ème place dans le top annuel. Solide, mais le film perd cinq places par rapport à Octopussy, ainsi que 1 000 000 d’entrées environ. D’une érosion progressive tranquille (un phénomène tout à fait normal), 007 passe à une chute record. Jamais un épisode de la franchise n’avait à ce moment-là obtenu un score aussi bas outre-Rhin. Battu par toutes les grosses machines hollywoodiennes du moment, à savoir Retour vers le futur (3ème), Rambo II, la mission (4ème), Le Flic de Beverly Hills et SOS fantômes (sortis en 1984 aux USA, mais ici respectivement 5ème et 6ème), James Bond marque le pas et ronronne tranquillement en queue de peloton. Un très beau succès, certes, mais loin du triomphe des années précédentes, et à des années-lumière du phénomène des années dorées. Intitulé A View to a Kill (ou « une vue sur un meurtre » en français), le film ne pouvait bénéficier d’une traduction honnête dans l’Hexagone. C’est donc pour la première fois qu’un James Bond obtient un titre français qui n’a rien à voir avec la signification de son titre original : Dangereusement vôtre, probablement choisi en souvenir du glorieux succès rencontré par la série Amicalement vôtre (avec Roger Moore et Tony Curtis) dans nos contrées. Portée par une campagne de publicité toujours aussi alerte, cette cuvée 85 sort finalement en France le 11 septembre. Les effets rencontrés sont malheureusement les mêmes qu’ailleurs : une baisse non négligeable des entrées. Avec environ 520 000 entrées de moins qu’Octopussy, Dangereusement vôtre termine sa course à 2 423 306 entrées. Il y avait longtemps que la saga n’avait pas connu des heures aussi froides en ces contrées. Il convient bien entendu de relativiser, tant le film fait preuve d’une belle dynamique commerciale, en passant encore facilement la barre symbolique des 2 000 000 d’entrées. Plus de peur que de mal donc, mais le film est laminé par la concurrence : Trois hommes et un couffin de Coline Serreau (1er), Rambo II, la mission de George Pan Cosmatos (2ème), Les Spécialistes de Patrice Leconte (3ème), Retour vers le futur (4ème), Terminator de James Cameron (6ème), Le Flic de Beverly Hills de Martin Brest (8ème), ou encore Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre de George Miller (13ème). Même Alain Delon, profitant d’un regain de vigueur, lui passe devant avec Parole de flic de José Pinheiro (14ème). En baisse notable de son côté, Jean-Paul Belmondo sera toutefois juste derrière lui avec Hold-up d’Alexandre Arcady (16ème). C’est donc à la 15ème place que Dangereusement vôtre se stabilise pour cette année 1985, la plus mauvaise place jamais obtenue par un Bond dans l’Hexagone (ce qui est encore le cas aujourd’hui), si l’on excepte le dissident Jamais plus jamais. Une fois de plus, les optimistes diront qu’il s’agit là d’un gros succès, et ils auront raison. Mais jamais James Bond n’avait paru aussi fatigué au box-office, surtout dans un schéma proportionnel bien établi (rapport budget/recettes, inflation du dollar et nombre d’entrées global). Au niveau mondial, le film rapporte 157,8 millions de dollars (16), soit environ 30 millions de moins que l’épisode précédent. En outre, c’est à peine la moitié du score final entériné par le deuxième Rambo. Dépassé par l’industrie hollywoodienne, par les effets spéciaux de ses concurrents, par la pyrotechnie invraisemblable de ces derniers, et notamment par un Stallone dans sa plus belle période, James Bond roule désormais à l’ordinaire, tranquillement installé dans le ventre mou des hauteurs du box-office de son époque. C’est à la fois un superbe cadeau d’adieu pour Roger Moore, puisque le succès est encore au rendez-vous, mais un avertissement pour l’avenir. Il faut rajeunir 007, lui redonner de la force et surtout rameuter le public des grandes heures. Bond n’est pas un suiveur que diable, c’est un leader !

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(1) Voir les chroniques de L’Espion qui m’aimait, Octopussy et Jamais plus jamais (unique Bond non officiel).

(2) La totalité des données financières présentes sur cette page est tirée des sources officielles de la MGM et de la United Artists.

(3) George Lucas relancera la saga Star Wars en réalisant et produisant trois autres épisodes entre 1999 et 2005, avant de vendre ses droits à Disney qui relancera à nouveau la franchise au milieu des années 2010.

(4) Le schéma créateur / créature peut en effet rappeler certains films appartenant au genre de l’épouvante et produits dans les années 1930-40 à Hollywood. On pensera notamment à Frankenstein de James Whale en 1931, The Bride of Frankenstein de James Whale en 1935, The Raven de Lew Landers en 1935...

(5) Parmi les films les plus célèbres tournant autour de la traque des nazis, on pensera au Criminel d’Orson Welles en 1946, ou encore à Ces garçons qui venaient du Brésil de Franklin J. Schaffner en 1978.

(6) L’échange de coups de feu au fusil à pompe et les quelques cascades physiques ayant lieu dans la demeure du personnage de Stacey Sutton peuvent faire penser aux films de Peckinpah et autres polars musclés des années 1970. On pensera à Guet-apens de Sam Peckinpah en 1972 ou à Mr. Majestik de Richard Fleischer en 1974...

(7) A l’époque où Roger Moore triomphait dans la série TV Le Saint, Patrick MacNee connaissait lui-même le succès dans la série TV Chapeau melon et Bottes de cuir (6 saisons entre 1961 et 1969, sans oublier une seconde période de 2 saisons entre 1976 et 1977). Les deux hommes sot très amis depuis cette époque.

(8) La séquence de respiration sous l’eau grâce aux pneus d’une voiture est véridique. Roger Moore l’a tournée sans trucage.

(9) Il existe une scène coupée au montage dans laquelle Bond sort d’un commissariat parisien (après ses exploits dans les rues de Paris), signant le registre d’entrée et de sortie avec un stylo spécial (dont l’encre disparait après coup) tout en prononçant « From Russia with love », clin d’œil à l’un des premiers films de la série : Bons baisers de Russie.

(10) En revanche, le cascadeur au volant de la voiture conduite par Bond ne ressemble malheureusement pas beaucoup à Roger Moore, ce qui se voit assez dans certains plans rapprochés. La scène n’en souffre pas qualitativement parlant, mais fera peut-être tiquer certains spectateurs de par l’aspect fort visible de la chose.

(11) Le survol final en ballon dirigeable fait énormément penser à la catastrophe du Hindenburg (ou LZ 129 Hindenburg, du nom du chancelier allemand qui a précédé Adolf Hitler à la tête de l’Allemagne). Destiné aux vols commerciaux, cet aéronef a été détruit par un incendie lors d’un atterrissage à Lakehurst dans le New Jersey, aux USA, le 6 mai 1937. Il y eut 35 morts sur les 91 personnes présentes à bord ce jour-là.

(12) Voir la chronique de Rien que pour vos yeux.

(13) En 1985, à l’époque de Dangereusement vôtre, le snowboard était un sport peu couru. D’où la modernité et l’extravagance de la scène à la sortie du film. A noter que ce sport ne deviendra une discipline olympique qu’en 1998.

(14) Il s’agit de la chanson California girls, issue de l’album Summer Days (and summer nights !!) enregistré par les Beach Boys et sorti en 1965.

(15) Sean Connery a certes tourné sept James Bond, mais seulement six pour Eon Productions (donc six films officiels). Jamais plus jamais ne peut pas être considéré comme un vrai James Bond (voir la chronique de Jamais plus jamais), malgré sa stature intéressante au sein de l’histoire bondienne. En revanche, Roger Moore a tourné sept Bond officiels, tous produits par Eon. Il est donc le recordman pour des raisons logiques, artistiques et thématiques.

(16) En dollars constants, c'est-à-dire en recalculant le box-office du film au cours du dollar de l’année 2012, le film aurait rapporté 332,42 millions de dollars, soit autant qu’un blockbuster actuel. Calcul effectué par le Cost of living calculator de l’American Institute for Economic Research.

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La fiche IMDb du film

Par Julien Léonard - le 9 février 2013