Roberto Rossellini (1906-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Max Schreck
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Re: Roberto Rossellini (1906-1977)

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Era notte a Roma (Les Évadés de la nuit), 1960
Le film peut sans problème occuper sa digne place dans le sillon pourtant déjà bien creusé par Rossellini avec ses premiers films néoréalistes tournés au cœur du drame de la Seconde guerre mondiale (Paisà, Rome ville ouverte, Allemagne année zéro). Même esthétiquement, c'est du même tonneau. A vrai dire, j'ai été surpris de découvrir après coup qu'il datait de 1960, tant on a vraiment l'impression de vivre une actualité encore brûlante pour l'Italie.

Le cinéaste fait un nouveau portrait absolument sublime de femme forte (magnifique Giovanna Ralli), sans aucun angélisme. Ce n'est évidemment pas innocent si il nous la fait d'abord apparaître sous les traits d'une nonne avant de révéler qu'il s'agit d'un jeu de dupe et qu'à ce stade pour elle, face aux nécessités cruelles de la guerre et de ses privations, la fin justifie les moyens. Car même si la victoire des Alliés est imminente, l'avenir reste incertain et la botte fasciste n'a pas l'intention de se retirer. Les personnages vont véritablement être acculés, sommés de choisir puis d'assumer ces choix, y compris lorsque leurs conséquences seront tragiques.

J'ai été un peu gêné au début par les interprétations plutôt mollassonnes des trois officiers étrangers en vadrouille, qui de façon improbable conservent leurs tenues militaires alors qu'ils devraient rester discret. Mais en travaillant sur la durée (le film fait plus de 2h), Rossellini réussit à nous faire partager les existences de ce petit monde, dont les relations vont évoluer au fil des mois, où la vie reprendra même parfois ses droits, petite lueur de joie au sein d'une sombre époque (rès belle soirée de Noël). Un peu à l'image du personnage de Renato Salvatori, irrésistible et drôle mais pas ridicule pour autant. Le film prend ainsi les proportions d'un vaste tableau, touchant d'humanité. L'amitié entre les 3 soldats est en soi une ode courageuse à la fraternité et à la paix, surtout pour le public de 1960.
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Jeremy Fox
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Re: Roberto Rossellini (1906-1977)

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Rome ville ouverte par Jean Gavril Sluka à l'occasion de sa sortie dans un coffret Blaq Out.
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Re: Roberto Rossellini (1906-1977)

Message par Max Schreck »

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Il Generale Della Rovere (Le Général Della Rovere), 1959
Remarquable. Il faut reconnaître que Rossellini a bénéficié ici d'un formidable scénario, à la fois très simple (presque théâtral puisqu'il s'agit de jeux de masques) et très riche par ses pistes de réflexion. On passe presque du polar au film de prison, mais c'est avant tout le chemin vers la grâce que filme une nouvelle fois le cinéaste. Le film trace le portrait d'un homme, observé méticuleusement, presque "entomologiquement" — donc impitoyablement. On assiste ainsi au destin tragique de cet escroc, profiteur de guerre, soit un crime bien ignoble dissimulé sous les atours du beau-parleur séducteur. De Sica incarne merveilleusement ce personnage très dérangeant par son ambivalence, avec une sorte de candeur dans l'immoralité qui fait qu'on se retiendrait presque de le juger. C'est pourtant un tricheur presque de nature, puisque son dossier nous apprendra qu'il a commencé très tôt. De pathétique il deviendra magnifique en finissant par endosser le destin d'un autre, par se hisser à la juste hauteur, presque contraint, dernier sursaut d'une humanité dont il s'était jusqu'ici bien passé. Comme si paradoxalement, enfin pris au jeu il n'était plus possible pour lui de tricher.

Les plans de rue, la prison sont des décors de Cinecittà, et il y a une certaine bizarrerie à voir un Rossellini tourné en studio, comme pour appuyer le fait qu'on ne s'inscrit plus dans le néoréalisme (déjà loin) mais on n'est pas pour autant dans la fable distanciée. Le cinéaste se montre au contraire soucieux de peindre des personnages aux préoccupations très concrètes, jusque dans ce personnage d'officier nazi qui n'a rien du méchant de cinéma, au contraire dénué de cruauté, et presque désireux d'en finir au plus vite avec une situation qui ne le ravit pas. Ici encore, il est toujours question du sens, voire de la nécessité de l'engagement (scène très forte des prisonniers réunis dans la cellule et s'interrogeant sur ce qui les attend, interrogeant leur conscience).
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Re: Roberto Rossellini (1906-1977)

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