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Test blu-ray
Image de la jaquette

Mort ou vif

BLU-RAY - Région B
L'Atelier d'images
Parution : 15 mars 2022

Image

Précisons pour commencer que ce test ne concerne que le Blu-Ray proposé dans cette édition, qui contient également un disque 4K Ultra-HD qu'il nous a été impossible de tester pour des raisons techniques. Pour ces raisons, on peut penser qu'il s'agit d'une reprise intégrale de l'édition Sony américaine de juillet 2018, mais remarquons tout de même que l'édition française propose le montage européen du film, incluant la (dispensable) scène d'amour entre Ellen et Cort, absente du montage américain.

En tout état de cause, cette ressortie offre un gain considérable par rapport à l'édition française haute-définition antérieure (bluray Sony de 2009), qui souffrait d'un master daté assez terne (et ne contenait qui plus est aucun supplément). L'image est très propre, extrêmement stable, et une grande précision dans les détails, en particulier perceptible lors de certains gros plans ou lors des séquences nocturnes. Les séquences en plein jour offrent globalement un rendu moins fin, avec quelques arrière-plans un peu lisses ou des zones claires parfois limite brûlées. A noter également quelques séquences (par exemple au cimetière) présentant une précision globale moins convaincante. 

Le fait de ne pas avoir pu comparer avec l'édition UHD nous invite à une certaine retenue concernant la question de l'encodage (pour lequel nous avons pu, à l'occasion, émettre des réserves sur les dernières sorties de l'éditeur, par exemple sur Sexe, mensonges et vidéo) et si on a pu ponctuellement percevoir des blocs de compression ou une gestion du grain plus approximative, le rendu d'ensemble nous a semblé relativement satisfaisant.

comparatif Blu-ray US Sony (2009) vs. Blu-ray L'Atelier d'images (2022) :
1 2 3 4 5 6 7

Son

Les deux pistes 5.1 présentent des rendus globalement similaires, mais on préfèrera la version originale, pour des raisons évidentes liées à l'interprétation (avouons avoir, par exemple, beaucoup de mal avec le doublage de Leonardo Di Caprio) que pour le mixage, qui manque de dynamique et place les dialogues un peu trop en avant, quitte à déséquilibrer l'ensemble. 

Suppléments

L'édition américaine était chiche en suppléments, ceux-ci sont bien plus copieux ici.

Le plus copieux est une discussion entre Stéphane Moïssakis et Julien Dupuy de CaptureMag, intitulée L'Ange de la violence (50 min - HD). Les deux journalistes, amateurs notoires du cinéma de Sam Raimi prennent le temps de défendre ce film mal reçu à sa sortie mais depuis "réévalué", selon eux le "chef d'oeuvre du premier pan de la carrière de Sam Raimi". Ils reviennent notamment sur la genèse du projet, à travers la volonté du britannique Simon Moore de "travailler la mythologie du western" ou l'influence de la productrice Sharon Stone (pour imposer Raimi ou certains membres du casting, comme Leonardo DiCaprio), mais l'essentiel de l'argumentation (largement assumée par Julien Dupuy, en tout cas dans la première partie) revient à louer le travail "très conceptuel" de Sam Raimi sur ce film "beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît". L'enthousiasme des intervenants est communicatif, surtout si on aime le film, mais l'analyse reste souvent superficielle, il est vrai pas aidée par un registre de vocabulaire un peu léger ("je le trouve mortel", "des effets de style hyper vénères", "il se fait bouler", "y'a un autre truc", sans même évoquer le chapelet de "en fait" qui font parfois office de ponctuation systématique, jusqu'à quatre ou cinq par phrase) : entre des assertions un peu péremptoires qui mériteraient d'être explicitées ("le western, c'est le genre de l'épure où tu plaques des stéréotypes", "le cinéma américain, il n'a que deux langages, celui du western et celui du thriller", ou encore la vision pas très claire du féminisme que propose Julien Dupuy) voire contestées (le cinéma des frères Coen d'avant Mort ou vif, "sobre et posé" ?), les deux larrons s'entendent parfois pour s'extasier sur ce qui tient de l'évidence (Sam Raimi est un metteur en scène génial parce qu'il était capable de justifier à Gene Hackman le pourquoi d'une séquence, Leonardo di Caprio est un comédien capable de jouer sur plusieurs niveaux simultanément)... Il est évident que le cinéma de genre est aussi affaire de plaisir partagé et que celui des intervenants est ici évident, mais l'analyse aurait probablement gagné en précision (et en efficacité, 50 minutes, c'est assez long pour ce qui en ressort finalement) à être un peu plus structurée.

On retrouve les deux mêmes intervenants dans une analyse de séquence (10 min - HD), en l'occurrence celle du duel entre Herod et Kid, et le résultat est plus convaincant, parce que plus tenu : en partant du "gimmick visuel" du "travelling compensé" cher à Hitchcock, ils démontrent que le vertige à l'oeuvre dans cette séquence permet de l'orienter vers l'intériorité des personnages, donc de "questionner les points de vue" des personnages ou du spectateur. Cette "scène-clé", celle où "le film bascule dans le drame", parle de la relation père-fils entre Herod et Kid, en montrant notamment "l'incapacité à communiquer" de ce dernier. Enfin, en établissant des liens thématiques ou formels avec d'autres séquences, ils expliquent comment Herod doit être vu comme celui qui "bloque les perspectives" (visuelles ou existentielles), allégoriquement l'ombre qui plane sur la ville de Redemption.

Un entretien avec le scénariste Simon Moore (20 min - HD) est également proposé, offrant le précieux point de vue d'un artisan du film, mais un certain nombre d'informations font doublon avec les analyses précédentes, notamment la volonté de ce ressortissant britannique d'aborder la mythologie du genre le plus américain qui soit, ou encore le lien avec la trilogie du dollar de Sergio Leone, qui a donné l'idée au scénariste de personnages mystérieux, présentés au départ sans "backstory". Simon Moore parle également de sa volonté d'éviter de faire un film trop dialogué, qui repose sur les silences et la force des images, puis évoque un certain nombre de membres du casting, dont Gene Hackman qu'il trouve au moins aussi bon que dans Impitoyable. Précisons deux choses : d'une part, il s'agit seulement d'un entretien sonore, illustré par des images du film, et d'autre part, sur notre lecteur, les sous-titres se décalent progressivement (en anticipant la voix over) jusqu'à atteindre plusieurs secondes d'écart à la fin.

Le making-of (7 min - SD) n'offre que peu d'intérêt, se limitant à un descriptif du récit du film (assez typique des featurettes à l'américain), à peine illustré par trois ou quatre images du tournage ou des interventions très sommaires (une phrase ou deux) de Sharon Stone ou Sam Raimi. On n'y apprendra rien.

Les scènes coupées (6 min) sont composées d'une succession de 6 séquences supprimées du montage final du film : une confrontation supplémentaire entre Ellen et Dog Kelly ; le mariage de Kid ; une séquence nocturne entre Ellen et Cort ; suivie d'un bref dialogue avec le gamin aveugle ; une séquence où Ellen, dans la rue, est observée par Herod à travers une fenêtre et enfin, un dernier dialogue entre Ellen et Cort. Aucune de ces séquences ne nous a semblé nuire au film par son absence (même si la troisième s'achève par un très beau plan), et les deux dernières ont de courts blancs au niveau de la bande-son.

Enfin, plusieurs bandes-annonces des sorties récentes de L'Atelier d'images (Evil Dead, Darkman - tous deux également de Sam Raimi - ou encore Sexe mensonges et vidéo et Le loup-garou de Londres).

En savoir plus

Taille du Disque : 49 120 016 384 bytes
Taille du Film : 32 136 105 984 bytes
Durée : 1:47:44
Total Bitrate: 39,77 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30039 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3706 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3706 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)

Par Antoine Royer - le 26 mai 2022