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Deux flics à abattre

BLU-RAY - Région B
Elephant Films
Parution : 22 août 2023

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Après le succès de La trilogie du milieu, coffret sorti il y a déjà deux ans, l'équipe d'Eléphant Films poursuit sa lancée autour du néo polar italien des années 70 avec aujourd'hui Les années de plomb, une collection de 9 films à sortir en 3 salves. La première, lancée en septembre dernier, propose notamment Deux Flics à abattre, repris du master HD sorti en Angleterre en 2015. C'est une restauration ancienne qui, si elle reste honorable au visionnage, n'en reste pas moins problématique, notamment à cause des défauts techniques de son époque de fabrication, au traitement numérique plus visible. Le film a été numérisé sur une machine plus sommaire, probablement un télécinéma à défilement continu : on sentira quelques déformations de photogrammes aux points de montage et très régulièrement du bruit vidéo (sous forme de bandes latérales parfois peu discrètes) dans certains aplats. La texture a subi quelques retouches manquant de naturel (conjointement à une technologie qui n'était pas aussi performante qu'aujourd'hui), notamment une accentuation électronique de la précision afin d'améliorer la douceur du trait, qui peut éventuellement provoquer une sensation de sur-contours et une augmentation de la granulation mêlée à du bruit vidéo. Globalement la définition est correcte malgré un niveau de détail parfois un peu limité. Les gros plans restent convaincants. L'étalonnage propose une palette très saturée mais moins nuancée qu'espéré, avec parfois des phases aux relents verts disgracieux ou des virages aux magentas agressifs (visages parfois excessivement rosés). Les tonalités peuvent être criardes, pas toujours naturelles ni très homogènes d'un plan à l'autre. A l'exception d'une luminosité parfois mal calibrée, surtout en fin de film (des visages très/trop clairs), les contrastes sont assez resserrés.

Précisons enfin que Deux Flic à abattre est sorti en Allemagne en 2018 à partir d'une restauration plus récente qui ne résout cependant pas tous les problèmes. Le scan semble avoir été repris à l'identique, mais sans l'accentuation de piqué. Surtout, l'étalonnage est bien mieux maîtrisé et beaucoup plus naturel. Dommage qu'Eléphant Films n'ait pas privilégié cette source là...

Son

Jamais sorti dans les salles françaises, Deux flics à abattre n'a sans doute jamais été doublé, ce qui explique l'absence de VF. Le film est néanmoins proposé dans sa version originale italienne, à la patine très correcte à défaut d'être exceptionnelle. Si l'on peut sentir un léger manque de naturel dans le timbre des voix post-synchronisées, l'ensemble reste d'une qualité honnête : arrière-plans présents et bien équilibrés avec la musique, pas de traces d'usure désagréables, peu de saturation, un ensemble bien nettoyé et sans sifflantes trop marquées. Eléphant Films propose également le doublage anglais de la version internationale, qui se distingue par une égalisation légèrement moins équilibrée et surtout par d'infimes craquements discrets et quelques absences régulières du fond musical par rapport au mixage italien : questions de droits avec pour les ballades de Ray Lovelock ? 

Suppléments

Deux Flics à abattre, disponible en boitiers métal limité ou Scanavo, est accompagné de Les années de plomb - volume 1, un livret de 24 pages signé du journaliste et écrivain Alain Petit. Il revient de manière rapide et instructive sur chaque film, rappelant la découverte tardive du "néo polar musclé" à cause des déferlantes asiatique et pornos qui avaient capté l'attention du public français de l'époque. Il rappelle également combien le cinéma italien de genre était une aubaine pour les acteurs anglo-saxons en perte de vitesse, qui trouvaient là une seconde carrière. C'est un peu aussi le cas du héros de Colère noire, Luc Meranda, acteur francais qui trouva la célébrité dans le "spaghetti-polar" mais resta totalement inconnu dans son pays. Alain Petit évoque ensuite Mister Scarface, "nettement plus léger" que les précédents film de Fernando Di Leo, son "humour savamment dosé" ou son casting "quelque peu hétéroclite" avec les deux vétérans Jack Palancen "égal à sa légende", et Edmund Purdom à l'apparition "trop éphémère". Deux Flics à abattre est "indéniablement valorisé par un scénario sans faille" de Fernando Di Leo, dont la patte est reconnaissable par le caractère très violent du film. Alain Petit revient sur le parcours du réalisateur Ruggero Deodato et son goût pour "l'horreur graphique", la censure qui réagit au film, ou le casting "exemplaire" mené par Marc Porel, "l'un des jeunes premiers les plus demandés" et Ray Lovelock, au "physique avenant".

Entretien avec Romain Vandestichele et Gérald Duchaussoy (21 min - HD)
Deux spécialistes du cinéma et auteurs d'un ouvrage sur Mario Bava, analysent Deux flics à abattre, le seul poliziottesco réalisé par Ruggero Deodato. Ils reviennent sur les différents genres infusent le film : le polar américain, avec un "côté cow boy" assumé qui transpose les recettes du western dans une époque contemporaine, associé au buddy movie à l'italienne avec des héros flics et voyous à la fois, entre garnements et "psychopathes à la cool" qui vont cheminer vers une éthique. Le film hésite toujours "entre la gaudriole et le sérieux", jouant sur le charme de ses acteurs pour incarner des personnages idiots mais attachants, à la fois enfantins et violents. Une violence parfois complaisante, censurée dans certains pays ou au contraire utilisée comme argument de base pour la promotion du film aux Etats-Unis. Les deux auteurs reviennent sur le ton apporté par Ruggero Deodato, ses relents conservateurs douteux, notamment le rapport avec les femmes sur lesquelles le regard est loin d'être bienveillant, ou la surenchère dans le machisme et le virilisme pour contrer l'homo-érotisme du duo, pressenti au départ dans le scénario de Fernando Di Leo (dont on évoque la patte dans la "mini critique sociale" de la scène où ils brûlent les voitures de luxe). Ils reviennent sur le casting réunissant le français "un peu évanescent" Marc Porel, "un personnage" plus qu'un acteur, le "sous-exploité" Ray Lovelock, ou notent la forte présence de Renato Salvatori, dont les scènes semblent filmées avec plus de soin. Un supplément riche et intéressant, mais qui manque sans doute un peu de structure malgré un rythme certain. 


Violent Cops (40min - SD upscalé - VOSTF)
Probable supplément DVD, produit en 2004 et illustré de nombreux extraits de Deux flics à abattre issus d'une VHS. Des entretiens croisés de différentes personnalités (membres de l'équipe, professionnels du milieu) dont le réalisateur Ruggero Deodato qui évoque le projet sur lequel il a eu carte blanche. Il se souvient du bon pressentiment que lui inspirait le scénario de Fernando Di Leo, et parle du réalisme rossellinien qu'il souhaitait instiller dans les scènes du quotidien romain. On évoque le casting, avec des confidences sur la "collaboration facile" du duo, la fragilité de Marc Porel, le prestige de jouer avec Renato Salvatori (qui se faisait systématiquement post-synchroniser) et Adolfo Celi ("un acteur extraordinaire"), ou la "créature étrange" Silvia Dionisio. Deodato revient sur la poursuite en moto, prévue au départ avec Rémi Julienne, improvisée sans permission, et avec "beaucoup de culot", dans divers quartiers de Rome pour semer la police. Ils évoquent la violence du film, la scène de l'oeil inspirée d'un passage de Django pour "faire encore plus fort", ou l'utilisation de deux ballades chantées par Lovelock lui-même pour tempérer le film dans une ambiance à la Bonnie & Clyde. Ruggero Deodato explique enfin pourquoi il n'y a pas eu de suite malgré le succès au box office, le film ayant toutefois été battu par Flic en jean. On saluera l'effort de l'éditeur de dénicher ce genre de supplément qui, bien qu'inégal, pas toujours pertinent et un peu bricolé, contient malgré tout quelques témoignages intéressants. 


Ruggero Deodato : ses publicités commentées (20min - SD upscalé - VOSTF)
Le réalisateur de Deux flics à abattre revient sur sa carrière parallèle dans la publicité. Un "travail épuisant" qui l'obligeait à tourner un spot de deux minutes en une seule journée, mais au final un business prolifique puisqu'il en signera près de 1500 à partir de 1970. Il explique avoir utilisé ce format court pour expérimenter l'utilisation de la caméra et écrire des comédies, genre qu'il n'arrivait pas à obtenir au cinéma. Il évoque également le chanteur Nino Ferrer qui jouait dans certains de ces films, dont le caractère était "très difficile". Un supplément bien plus intéressant qu'on aurait pu le croire au premier abord.

Bande-annonce originale (4min 11s - HD - VOSTF)

Bandes annonces (HD - VOSTF) de La trilogie du milieu (1min 45s), Colère noire (1min 54s) et Mister Scarface (1min 27s)

En savoir plus

Taille du Disque : 48 944 800 212 bytes
Taille du Film : 29 785 331 712 bytes
Durée : 1:36:36.332
Total Bitrate: 41,11 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34993 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2001 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1813 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 19,538 kbps
Subtitle: French / 20,310 kbps
Subtitle: English / 18,541 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 9 novembre 2023