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Test blu-ray
Image de la jaquette

Desperate Hours

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 9 mars 2016

Image

Sorti il y a près de cinq ans, ce Blu-ray de Desperate Hours marquait déjà à l’époque une petite déception, mais il faut dire que nous sommes souvent habitués à l’excellence avec Carlotta. Non pas que le master HD proposé par ce dernier fut honteux, certainement pas, mais il ne correspondait pas alors aux standards les plus poussés du format. L’éditeur ne faisait d’ailleurs pas de promotion sur une éventuelle restauration mirobolante, et en cela il prouvait son honnêteté, contrairement à certains de ses concurrents (on ne visera personne, nous sommes pour la paix des ménages). Hélas, la mauvaise renommée du sixième et avant-dernier long métrage de Michael Cimino explique probablement l’absence d’un vrai master restauré (2K ou 4K, rêvons un peu) contrairement à ceux disponibles pour Le Canardeur, Voyage au bout de l’enfer, La Porte du Paradis et L’Année du Dragon. Au rayon des bonnes nouvelles, l’image est immaculée et parfaitement stable. Ce qui marque d’entrée, c’est la douceur générale du master, elle est certes due aux choix photographiques mais aussi à une définition peu tranchante qui trahit un scan ancien. Nous avons clairement affaire à de la haute définition, comme le démontre l’aspect des différentes matières, mais sur ce plan, certaines scènes présentent un rendu séduisant quand d’autres manquent de piqué et un certain flou peut même s’inviter parfois. La patine argentique existe bel et bien mais le grain cinéma semble avoir été atténué. Ce qui nous amène à la compression, le point noir de cette édition. En effet, l’image affiche un fourmillement régulier plus ou moins visible selon les séquences ; évidemment, ce sont les plans en intérieur et en basse lumière qui souffrent le plus de ce défaut. Pourtant, et c’est un bon point de cette édition, les contrastes sont plutôt bien soutenus et montrent parfois du détail dans une profondeur de noir appréciable, mais le grain numérique survient vite pour nous faire déchanter. La colorimétrie également montre du punch avec des tons joliment nuancés et saturés, si ce n’est cette fichue dominante magenta (bien visible sur les carnations) typique des étalonnages américains de l’époque. Les plus beaux plans, nous les retrouvons bien sûr dans les scènes diurnes en extérieur, au sein de la nature montagneuse si bien filmée par Cimino : la luminosité est éclatante, la définition douce certes mais perceptible, les couleurs sont rutilantes et les contrastes aux petits oignons. En conclusion, si cette édition de Desperate Hours fait vite oublier un DVD MGM à jeter aux oubliettes, sa partie en huis clos aurait beaucoup à gagner d’une remasterisation récente.

Son

Nous sont proposées deux pistes sonores : la version originale et la version française, toutes deux dans un mixage DTS-HD Master Audio stéréo. Les deux bandes-son partagent des caractéristiques assez proches : une excellente propreté, une clarté sans défaut, une absence de souffle et un cachet naturel. Chose rare, les ambiances sont plutôt bien restituées par la VF (mixée à plus forte volume) qui présente un bon équilibre général ; certes pas de façon aussi précise, nuancée et étagée que la VO (qui reste bien supérieure dans le rendu des ambiances lors des scènes dans la maison) mais on se devait de le noter. D’autant plus que le doublage est vraiment de bonne qualité sur un plan dramatique comme sur celui de l’équivalence tonale (on émettra néanmoins une réserve pour la voix française d’Anthony Hopkins). Les amateurs de la VO auront à se satisfaire d’une piste un peu plus dynamique, mais le travail sonore général est plutôt voué à être subtil, exception faite des séquences d’action en extérieur.

Suppléments

Préface de Jean-Baptiste Thoret (7 min 51 - 16/9 -  DTS-HD 2.0 - 2016 - HD)
Le presque inévitable (dans le bon sens du terme) Jean-Baptiste Thoret dès lors qu’il s’agit d’intervenir au sujet de ses cinéastes de cœur, se charge de nous présenter Desperate Hours. Grand connaisseur et défenseur de l’œuvre du cinéaste, auteur de l’ouvrage Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique (2013) et réalisateur du documentaire Michael Cimino, God Bless America (2021), le journaliste et écrivain de cinéma axe bien sûr sa préface sur le contexte douloureux de la réalisation du film et les nombreux problèmes rencontrés lors de sa production. Auparavant, il prend soin de préciser l’état des carrières respectives de Cimino et de Mickey Rourke (que le cinéaste retrouve pour la troisième fois) à la fin des années 80 : le premier « à un moment compliqué de sa carrière » après deux échecs commerciaux et contraint d’accepter cette commande du remake du film de Wyler par Dino de Laurentiis, le second au début de « sa traversée du désert ». Thoret rappelle les tensions ayant existé entre l’acteur principal et le reste de l’équipe, mais il souligne surtout ce qui fait l’intérêt du film pour Michael Cimino : les séquences extérieurs magnifiques qui l’éloignent du huis clos imposé - mais bien exécuté - et du « schéma réactionnaire » de l’intrigue. « Que reste-t-il de Cimino ? » est la grande question posée ici, et Thoret ne manque pas de rappeler que Desperate Hours a été « massacré » au montage avec l’amputation de nombreuses et longues séquences (ce qui se ressent fortement au visionnage). Il parle à son sujet de « version fantôme du film », un résultat qui restait une souffrance profonde pour le cinéaste. Cette préface peut se suivre avant la vision de l’œuvre puisqu’elle ne dévoile aucun spoiler, seulement des regrets que tout amateur de Cimino se doit de ressentir - comme Thoret, qui exprime un mélange de dépit et de tendresse pour Desperate Hours.



Bande-annonce (1min 57 - 1.85 - DD 2.0 - VOST - SD upscalée - 1990)
Soutenu par une voix-off typique des thrillers des années 80 et 90, qui insiste sur la tension et le suspense promis par Desperate Hours, ce film-annonce d’époque est moyennement défini et comporte des fourmillements ainsi que des petites scories mais sa qualité technique globale reste tout de même correcte.

Par Ronny Chester - le 8 juin 2021