Test blu-ray
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coffret Jean Eustache

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 16 avril 2024

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C'est peu dire que l'oeuvre de Jean Eustache était attendue en vidéo, invisible pendant plusieurs décennies en raison d’un litige entre Les Films du Losange et Boris Eustache, le fils du cinéaste. Mais un accord trouvé en 2021 a permis la reprise dans les salles de La Maman et la putain et Mes petites amoureuses l'année suivante, puis d’une rétrospective Eustache en 2023, qui ont à chaque fois trouvé leur public avec succès (plus de 30 000 spectateurs pour La Maman et la putain, plus de 50 000 spectateurs pour la rétrospective). La sortie de ce coffret est donc une autre page qui se tourne, grâce à Carlotta qui a obtenu l'insigne honneur d'éditer l'une des sorties les plus importantes de cette année. Et qui le fait, on va le voir, d'une manière assez complète, même si on passe de très peu à côté de l'intégrale, avec l'absence remarquée du moyen-métrage documentaire Le Cochon, sorti en 1970, pourtant proposé dans la rétrospective de 2023...

La majorité des films a été restaurée en 4K par L'image retrouvée/Éclair classics, la branche parisienne de L'Immagine Ritrovata. L’interminable attente en valait quelque part la peine puisqu’on les (re)découvre aujourd'hui avec une qualité jamais vue, même à l'époque. Les restaurations de 2022-2023 menées sous la vigilance de Boris Eustache ont pu presque toujours partir des éléments originaux, l’étalonnage a été supervisé par deux directeurs de la photographie : pour les courts et moyens-métrages par Robert Alazraki qui avait participé à La Rosière de Pessac 1979 ;  et pour les deux longs-métrages par Jacques Besse qui avait éclairé Les Arpenteurs de Montmartre de Boris Eustache en 1993.

Les oeuvres en noir & blanc ont bénéficié d’un très beau travail de restauration. Le rendu 4K offre une qualité de définition et de niveau de détail d’une belle précision (à quelques mises au point fragiles près), avec une texture conforme à la source d’origine : négatif 16mm pour Du côté de Robinson, La Rosière de Pessac et Numéro Zéro (qui est présenté sans générique puisqu'il n'existe pas, le film ayant été projeté dans le cadre privé) ; copie positive 16mm sauvegardée par la cinémathèque Française pour Le Père-Noël a les yeux bleus. L’étalonnage est généralement assez bien équilibré, dénué de pulsations et toujours détaillé dans les basses lumières. Le nettoyage a été profond et efficace, il persiste encore quelques poils en bord de cadre voire d’infimes rayures verticales presque imperceptibles (Du côté de Robinson). On s’arrêtera plus particulièrement sur les aspects de la patine argentique, si importante et plutôt bien gérée puisque le grain typique et abondant du 16mm a été très bien conservé. S’il apparaît toujours très organique, certains passages sont cependant très agressifs dans leur granularité : lors du tournage, les opérateurs ont dû pousser les limites de sensibilité de la pellicule à cause de lieux très peu éclairés, sans ajout de lumière additionnelle (comme les rues de Pigalle dans Robinson ou la salle de réunion dans La Rosière de Pessac), ce qui provoque des montées de grain assez franches et peu agréables. Un défaut inhérent au matériel d’origine qu'on a choisi de conserver par intégrité des oeuvres, mais aussi une caractéristique sans doute voulue par Eustache qui, il ne faut pas l'oublier, a pensé ses films dans un esprit documentaire évident, adoptant donc parfois une esthétique volontairement plus brut. On signalera pour la forme quelques défauts des éléments d’origine : plusieurs sautes de photogrammes pour Le Père-Noël a les yeux bleus (la copie conservée par la Cinémathèque n’était pas exempte de défauts) et quelques infimes rayures horizontales pouvant apparaître dans Numéro zéro.

Tourné en 16mm puis "gonflé" (transféré avec perte de qualité) sur support 35mm afin d'être projeté dans les salles, à l'époque, La Maman et la putain retrouve une qualité originelle inédite grâce au scan direct en 4K du positif 16mm inversible, un négatif à bas coût qui participait à l'économie drastique du film et un élément natif qui avait sans doute très peu (voire jamais) servi depuis la sortie de 1973, La Maman et la putain n’ayant pas été distribué depuis dans les salles. Il faut préciser qu’on a pour l’occasion réintroduit la scène de la salle de cinéma (qui projette Les Idoles, réalisé par Marc'O, ami d'Eustache), retirée à la mort du cinéaste, selon son souhait. Le résultat de cette restauration est sans surprise très convaincant, la définition et le niveau de détail sont soutenus (malgré quelques rares soucis de point), le grain est plus ou moins accentué mais bien conservé et organique : la patine argentique est magnifique. L’étalonnage a été effectué en utilisant comme référence la copie numéro 4 détenue par Boris Eustache, on peut voir dans un supplément du coffret quelques ajustements intéressants sur le modelage des ombres. Néanmoins, si cela doit sans doute correspondre aux caractéristiques de la pellicule en projection et que le détail dans les basses lumières est flagrant et très efficace, les niveaux de noir nous ont semblé manquer légèrement de densité sur un écran domestique, même durant les scènes diurnes. Ce sera notre seul (tout petit) bémol.

Les œuvres en couleurs ont elles aussi fait l’objet d’un beau travail de restauration. La Rosière de Pessac 1979 a une très jolie patine documentaire grâce à sa source 16mm et son grain conservé. L’image est bien définie, bien détaillée, avec parfois quelques imperfections de mise au point. La colorimétrie vintage est convaincante et équilibrée, sans dérives. Mes petites amoureuses, l’autre grosse attente du coffret et le premier film d’Eustache directement tourné en 35mm, bénéficie d'un rendu très solide, très bien détaillé, avec une image d’une belle finesse et un étalonnage assez réussi, qui retranscrit bien dans ses tonalités d'époque les scènes d’été captées par le grand Nestor Almendros. On retrouve quelques contrastes manquant un peu de densité en intérieurs, plus équilibrés en extérieurs-jour, et des noirs parfois colorés comme cela se pratiquait couramment à l’époque, en photochimie. Le seul défaut (très minime) de ce transfert, parce qu’il faut bien le signaler, concerne le rendu étrange des extraits plein cadre de Pandora, aux tonalités rougeâtres peu naturelles, où les différents niveaux de noirs sont très marqués dans les scène sombre (une sorte d'effet de banding visiblement inhérent à la restauration elle-même et non à l'étalonnage du disque). Il est évident qu’Eustache n’a pu dupliquer un élément original de Pandora pour son film, mais a utilisé une copie très éloignée du négatif (et en VF, fournie par le distributeur français de l'époque), ce qui explique le rendu très étrange… en même temps qu’il donne une petite idée des conditions de projection des films de patrimoine en 1974, bien loin de la qualité que l'on connaît aujourd'hui.
La restauration d'Une sale histoire est plus ancienne, 2016, et a déjà été éditée en DVD (chez Potemkine, en 2017). Les travaux ont été effectués (sans doute en 2K) par le laboratoire lyonnais Lumières numériques, à partir des négatifs 16mm et 35mm, correspondant aux deux segments du film. Le très bon rendu conserve avec fidélité les caractéristiques des deux supports tout en proposant une qualité de définition assez solide, bien détaillée. Le grain est finement organique, l’étalonnage est subtilement conforme à une captation des années 70.

On terminera avec les deux opus restaurés par l’INA en 2K en 2023, à partir de la copie standard du négatif 16mm (pour Le Jardin des délices) et le négatif 16mm (pour Offre d’emploi). On le constate très vite, le niveau de restauration n’est pas le même, tant dans les capacités techniques que dans les choix d'étalonnage, même s’il y a une amélioration par rapport à ce qui était disponible jusqu'à présent. Si la qualité de définition reste somme toute correcte, l’encodage des éléments source (visiblement fournis à Carlotta) est problématique, avec une tendance à rogner sur les petits détails de l’image et notamment la qualité du grain, moins fin et un peu plus estompé qu'espéré. Une impression confirmée par l'observation d'un peu de "compression cyclique" fugace sur Offre d’emploi. Côté étalonnage, les rendus sont cette fois plus modernisés, plus neutres et ternes également (sur Offre d’emploi), avec des relents magenta plus nets. Il est important de préciser que la source 16mm du Jardin des délices a sans doute viré avec le temps (importante perte du vert, visiblement) et que les équipe de l’INA ont reconstitué l'étalonnage comme elles pouvaient : le rendu est très froid, sensible aux bleus et aux rouges, les visages sont parfois un peu cadavériques (et surexposés), on constate un équilibre très fragile dans les nuances.

UNE SALE HISTOIRE
comparatif DVD Potemkine (2017) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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LE JARDIN DES DELICES DE JEROME BOSCH
comparatif DVD Potemkine (2017) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
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Son

Les films restaurés par L’Image Retrouvée ont été, côté son, confiés au savoir-faire du réputé Léon Rousseau, du laboratoire L.E. Diapason. Chaque film bénéficie d’un son fidèlement restitué, totalement nettoyé des traces du temps (les éléments originaux étant suffisamment bien conservés, une chance) et respectueux des choix artistiques du réalisateur. Le son du célinien Du côté de Robinson, premier court-métrage de Jean Eustache, dénote du reste de sa filmographie puisqu'il est entièrement post-synchronisé. Un choix imposé par des conditions de production très modestes, où le mixage assez sommaire laisse pourtant déjà une grande place aux sons environnants. Cependant ce rendu paraît souvent artificiel à cause des voix qui sentent encore trop la cabine d’enregistrement, et peuvent se révéler mal équilibrées avec les ambiances.

Dès son film suivant, Le Père-Noël a les yeux bleus, Jean Eustache, qui peut cette fois enregistrer le son simultanément avec les images, commence à penser son esthétique sonore, travaillée à partir de la prise de son direct comme l'un des éléments primordiaux du réalisme documentaire qu'il adoptera jusqu'à la fin. Malgré un léger souffle, le rendu est cette fois plus convaincant, avec une tessiture des voix mieux équilibrée et des ambiances environnantes très présentes (par exemple l'éventuelle réverbération du lieu) voire écrasantes quand, dans la rue, une voiture qui passe inopinément va jusqu’à couvrir un dialogue, du coup moins compréhensible.

Cet aspect "captation sur le vif", Eustache le reconduira (en l’accentuant) dans La Maman et la putain, assumant faire ce que l’on ne fait jamais au cinéma : un "son direct absolu" qui conserve les ambiances du moment de la prise (quitte à conserver les brusques changements d’arrière-plans occasionnés par les coupes de montage dans les champs-contre champs), et limite au maximum le mixage en post-production, "sauf pour égaliser un peu les choses". Ainsi, mis à part quelques rares musiques ajoutées après le montage, tout ce que l’on entend dans le film a été enregistré en direct et en même temps que les voix par le célèbre Jean-Pierre Ruh : bruits de la ville et de la rue, circulation automobile, chant des oiseaux, radio ou disques écoutés dans l’appartement, sur la chaîne Hi-Fi. La précision de la numérisation fait le reste, préservant la matière sonore d’origine et permettant comme jamais d’ouvrir le champs auditif aux détails les plus subtils et à un environnement qui était sans doute moins détaillé auparavant. La piste de La maman et la putain a été restaurée à partir du négatif son, le master magnétique original étant trop dégradé et désormais perfectible. Il persiste quelques légères sifflantes. On retrouve peu ou prou les mêmes caractéristiques, simples et réalistes, pour la piste son de Mes petites amoureuses : une belle présence des voix, un spectre large et détaillé, avec des environnements sonores subtils et équilibrés, mais bien présents. Peu de traces d’usures marquées. Pas de souffle.

Les courts et moyens-métrages ont été, eux aussi, soigneusement restaurés. Les caractéristiques sonores se différencient par les conditions de production et tournage, voire la nature des dispositifs de captation. Mais on se réjouit de la bonne qualité des éléments, donnant des conditions d’écoute très satisfaisantes, sans traces d’usure marquées et un souffle toujours un peu présent mais jamais envahissant. Les deux Rosière de Pessac, filmés sur le vif en 16mm, ont un rendu conforme aux époques, dans des mediums et des aigus assez affirmés, même si la version 1979 "arrondit" un peu le rendu des voix. On sentira quand même des prises de son limitées durant les extérieurs de la version 1968, où les ambiances de foule paraissent plus brouillonnes, et quelques débuts de sifflantes peu gênantes en 1979.

On retrouve dans les oeuvres suivantes un même dispositif de captation qui permet une certaine « efficacité » sonore : un seul micro, dirigé sur une personne attablée, dans une pièce calme. Ainsi dans Numéro zéro, Une sale histoire ou Les Photos d’Alix, les voix conservent une présence indéniable, avec des graves restitués sans excès (convaincant de ce point de vue sur Michael Lonsdale dans Une sale histoire). Le niveau de détail des prises de son et la qualité des numérisations permettent d’obtenir des arrière-plans toujours palpables, une légère réverbération des voix pour les personnes présentes dans la pièce (Eustache et son opérateur Philippe Théaudière dans Numéro zéro, les invitées d’Une sale histoire), des relents subtils de la rue voire le ronronnement de la caméra.

Le Jardin des délices et Offre d’emploi, les deux opus restaurés par l’INA, tiennent bien la route, côté son. Les mixages conservent une bonne précision, sans excès, les voix sont très correctement restituées, plus "rondes" dans l'ensemble, dans un spectre équilibré. Offre d’emploi laisse aux ambiances une ampleur suffisante quand il le faut (rue, bar), alternant avec des intérieurs de bureau plus calmes. On relèvera dans ce dernier court-métrage un souffle un peu plus marqué.

Suppléments

Ce coffret proposé aujourd'hui par Carlotta est digne du culte voué à Jean Eustache. Présenté sous la forme de 6 digipacks slim 2 volets, inclus dans un coffret rigide, ce must have propose une offre éditoriale très conséquente à base de documents d'archives, à laquelle il ne manque peut-être qu'un documentaire rétrospectif sur sa carrière.

Blu-ray 1 : Les Mauvaises fréquentations

La Soirée (8 min - HD)
Court-métrage qui marque le vrai début de Jean Eustache au cinéma, avec ce projet inachevé, dont seule la première partie a été tournée (et montée) en 16mm et sans son, qui fût retrouvé par Boris Eustache à la fin des années 90. Jean Eustache le présentait comme une adaptation libre de Maupassant mais c'est aussi un film qui tourne en ridicule le texte de Jean-Louis Comolli Vivre le film, paru dans les Cahiers du cinéma en 1963 (n°141). On retrouve d'ailleurs à l'image le critique des Cahiers Jacques-André Fieschi (qui venait de se brouiller avec Comolli) et le réalisateur Paul Vecchiali.


Les Mauvaises fréquentations : essais (5 min - HD avec upscale)
Ce module comprend deux segments muets, montés par Jean Eustache. On trouve d'abord des tests pour Du côté de Robinson (2min), filmés dans le dancing, où l'on reconnaît le réalisateur dans le rôle d'un des deux héros. Avec également des images du tournage de Du côté de Robinson, à Montmartre (3min).


Les Mauvaises fréquentations : plans coupés (1 min - HD)
Plans qui faisaient partie de la première version de Du côté de Robinson, retirés par Jean Eustache en 1967, lorsque les deux courts-métrages ont été réunis sous le même programme.

Et pourtant ils tournent (10 min - HD)
Module diffusé en 1966 dans l'émission Cinéastes de notre temps. Jean Eustache, qui "tourne comme il vit", avoue avoir bénéficié de la générosité de Jean-Luc Godard qui lui a fourni ses chutes de pellicule. Il dit regretter de ne pas avoir fait jouer ses personnages des Mauvaises fréquentations par ceux qui les ont inspirés, évoque l'artiste qui doit se consacrer à plein temps à son oeuvre, n'ayant pas l'énergie de créer le soir après une journée de travail, et raconte comment il a utilisé les techniques du cinéma-vérité pour "vérifier" ce qu'il avait écrit et inventé.

Les Écrans de la ville (13 min - HD avec upscale)
Diffusé sur l'ORTF en 1967, lors de la sortie du double programme Les Mauvaises fréquentations. Jean Eustache dit aimer "tout le cinéma", même s'il a une préférence pour les Renoir d'avant-guerre, et apprécie davantage les films de spécialistes (passionnés par des sujets qu'ils traitent mieux) que les simples films de cinéastes. Il évoque ses deux moyens-métrages qui montrent Paris et Narbonne avec un même point de vue, "sans pittoresque".

Le jeune cinéma - Godard et ses émules (7 min - HD)
Extrait du documentaire réalisé par Philippe Garrel, diffusé dans l'émission Seize millions de jeunes en 1967 (et cité dans son documentaire Les Ministères de l'art, en 1988), où plusieurs jeunes cinéastes étaient réunis au café "Au rendez-vous des artistes" (comme par hasard). Jean Eustache explique plus longuement comment Jean-Luc Godard a pris en charge certaines dépenses de son court-métrage, fourni les chutes de pellicule puis remboursé ses dettes, et regrette que ce double-programme ait été distribué "n'importe comment" par "un incapable". Il revient sur Le Père-Noël a les yeux bleus, satisfait d'avoir pu susciter le débat en montrant une population précaire qui "pense d'abord à bouffer" avant de se préoccuper d'idéologie ou de politique, "un luxe pour bourgeois".

Blu-ray 2 : La Rosière de Pessac

Reportage de l'émission Ciné-parade (5 min - HD avec upscale)
Diffusé sur FR3 en février 1982, quatre mois après la disparition du réalisateur, on retrouve les deux rosières de Pessac qui se souviennent très succintement des cérémonies et de Jean Eustache, qui ne filmait que ce qu'il aimait, sans méchanceté.

Blu-ray 3 : Numéro zéro

Odette Robert (54 min - HD avec upscale)
Version raccourcie de Numéro zéro, avec ajouts de quelques photos de famille en guise de générique, diffusée sur TF1 en 1980, dans la série documentaire Grand-mères. C'est la première fois que le public peut voir le témoignage d'Odette, Numéro Zéro ayant d'abord été pensé pour n'être projeté qu'à une dizaine de personnes (elles seront 8, sur les 10 invitées), quelques jours après son tournage en 1971. Cette version pour la télévision a été restaurée en 2K par l'INA.

Carlotta propose ensuite deux modules réalisés par Jean Eustache pour le CNDP (Centre National de Documentation Pédagogique) :

Le Dernier des hommes, postface (1968 - 28 min - HD avec upscale)
Commentaires et analyses du film de Murnau par les critiques André S. Labarthe, Jean Domarchi et le metteur en scène Marc'O.

La petite marchande d'allumettes, postface (1969 - 26 min - HD avec upscale)
Trois ans après avoir assuré le montage de Jean Renoir le patron, fameux documentaire de Jacques Rivette, Jean Eustache retrouve son idole en réalisant cette postface passionnante où le réalisateur de La Règle du jeu raconte le tournage "entièrement artisanal" de La petite marchande d'allumettes, en 1928. Il se souvient du théâtre du Vieux Colombier transformé en studio et parle de l’influence de Chaplin, l’importance du jeu intérieur et le soin pour la vérité extérieure, la scène de la poursuite avec "fond aveuglant", tournée dans une carrière, ou la pellicule qui fût développée dans une cuisine. On ne cachera pas le plaisir renouvelé d'écouter Renoir et son phrasé inimitable évoquer ses souvenirs, parler de la vie ("une féérie constante") ou de son "immense admiration" pour Andersen...

Blu-ray 4 : La Maman et la putain

Le Cinéma nouvelle vague (4 min - HD avec upscale)
Diffusé dans l'émission Grand écran sur l'ORTF en février 1973, trois mois avant la projection au Festival de Cannes, Jean-Pierre Léaud parle de La Maman et la putain comme du À bout de souffle de 1973. Il revient sur son travail d'acteur comme "intermédiaire" entre Jean Eustache et le spectateur, rappelant une remarque que vient de lui faire Éric Rohmer : "Dans les films de Truffaut vous lui ressemblez, dans le film d'Eustache vous lui ressemblez complètement, pourtant Eustache ne ressemble pas à Truffaut !"

JT 20h au Festival de Cannes (4 min - HD avec upscale)
Interviews diffusés le 16 mai 1973, jour de la présentation du film à Cannes. Bernadette Lafont parle de Veronika, genre de personnage qu'elle interprétait déjà dans Les Mistons de Truffaut, à ses débuts, et évoque Jean Eustache, "un homme de cinéma" qui fait du "cinéma pirate". Jean-Pierre Léaud évoque de la "tentative de survie" de son personnage au milieu de deux femmes, dans un film qui montre un regard "lucide, très cru" sur la France moderne.

Couleurs autour d'un festival (13 min - HD avec upscale)
Extrait d'une émission (très mal réalisée), diffusée sur l'ORTF en mai 1973, le lendemain de sa présentation à  Cannes, qui resitue assez bien, pour le public actuel, le genre de batailles et de polémiques très vives qui pouvaient accompagner le Festival. Jean Eustache et ses comédiens sont confrontés aux critiques Jean-Louis Bory et Gilles Jacob, futur Délégué Général du Festival, dans une ambiance qui s'électrise dès le début lorsque ce dernier catalogue La Maman et la putain de "film merdique", au texte "pas travaillé", "non filmé par un non-cinéaste et non joué par un non-acteur". Bory est plus nuancé, mais dénonce quand même un "tunnel" de deux heures avant "l'heure proprement miraculeuse". Eustache ne peut que répondre vertement (mais poliment) à ses détracteurs, justifiant notamment la durée excessive ("le rythme, c'est le film"). Jean-Pierre Léaud évoque sa "recherche très précise" pour jouer un texte littéraire avec naturel, quand Bernadette Lafont défend un texte "aussi fort que Bataille". Une archive étonnante.


Pour le cinéma : Cannes 73 (10 min - HD avec upscale)
Interviews croisés de l'équipe du film, diffusé sur l'ORTF en juin 1973, qui permet notamment de constater l'hypermnésie de Jean Eustache, récitant de mémoire un dialogue du film. Il raconte la façon dont il a engagé ses acteurs sans avoir commencé l'écriture, dit préférer filmer "le récit de l'action" plutôt que l'action elle-même, et avoue avoir pensé La Maman et la putain comme un premier film pour lui permettre de dire plein de choses "en vrac". Françoise Lebrun parle du côté "très stimulant" de jouer face à des comédiens d'expérience, et de son jeu sans improvisation, facilité par un personnage très éloigné d'elle. Bernadette Lafont défend d'ailleurs la "performance" de sa partenaire, précisant qu'Eustache était un "catalyseur d'énergie" sur le tournage.


La restauration (16 min - HD)
Module très complet qui explique chaque étape de la restauration du film avec une grand simplicité, d'abord au laboratoire parisien de L'Image retrouvée, avec la remise en état mécanique, la numérisation, le laborieux comparatif des éléments (pour obtenir le montage le plus complet possible), et l'étalonnage (et ses corrections de contraste) ; puis au laboratoire L.E. Diapason pour la partie sonore.


Bande-annonce 2022 (1min 44s - HD)

Blu-ray 5 : Mes petites amoureuses

Pour le cinéma (9 min - HD avec upscale)
Entrecoupé d'extraits de Mes petites amoureuses, un entretien peu poussé avec Jean Eustache, diffusé en décembre 1974 sur l'ORTF. Le réalisateur évoque son film "le moins autobiographique", qui raconte "la somme de tout ce qui ne s'est pas passé" pour le jeune héros. Un film voulu comme un contraire de La Maman et la putain, sans dialogues abondants ni grossiers, et dont le titre reprend celui d'un poème de Rimbaud, "par dérision".

Les après-midi de France culture (36 min - HD)
Belle initiative de Carlotta de proposer cet entretien, mené par Paula Jacques et diffusé sur France Culture en 1975, au cours duquel le réalisateur parle de son film Mes petites amoureuses, ponctué des commentaires (pas toujours positifs) de deux jeunes spectateurs de 15 et 16 ans. Jean Eustache revient sur le casting et le désir de jouer "inexplicable" de Martin Loeb, expliquant le choix d’Ingrid Caven pour interpréter un personnage qu’il souhaitait "difficilement catalogable", une mère vue par son enfant "comme un mythe" à cause de leur éloignement. Il évoque un jeune héros qui "pose les jalons d’une vocation" en réfléchissant déjà à sortir de sa condition sociale, et qui rêve de jeunes filles qui "n’ont pas encore appris la liberté". Il raconte en filigrane sa démarche de cinéaste qui s’est fait "tout seul", expliquant laisser le temps à une oeuvre de s’imposer à lui-même, en suivant toujours quelques règles éthiques : filmer quelqu’un qui subit plutôt qu’un révolté, parce que c’est plus "productif", et éviter le misérabilisme pour intéresser le public. Pour lui, le cinéma qu’il voyait enfant "comme une affaire de rêverie" a "perdu beaucoup de magie" lorsqu’il a pu en faire lui-même. Il le considère désormais comme "une chose inutile", sans influence sur le monde...

Une petite femme (16 min - HD avec upscale)
La future (grande) directrice de la photographie Caroline Champetier, qui avait été assistante caméra sur La Rosière de Pessac 1979, et directrice de la photo sur Les Photos d'Alix, filme ici Jean Eustache en vidéo n&b, en train de lire une nouvelle de Franz Kafka. Un court-métrage très rare.

Blu-ray 6 : Une sale histoire

Carlotta reprend ici les suppléments du DVD Potemkine (2017) :

Entretien avec Jean Douchet (10 min - HD)
Le célèbre critique, ami et acteur chez Eustache, évoque un cinéaste qui "ne veut pas rentrer dans le système" et revient au court-métrage à travers une fiction élaborée "à partir du documentaire", où les deux genres "s'entrechoquent". Il recontextualise et analyse le projet d'Une sale histoire où "l'image écoute et l'oreille voit", avouant que Jean Eustache était devenu "un théoricien du cinéma", en pleine continuité des préoccupations de la Nouvelle Vague...

Entretien avec Gaspar Noé (13 min - HD)
Le réalisateur d'Irréversible ou Enter the Void analyse Une sale histoire, représentatif d’une époque à la "liberté d’expression incroyable", qu’il voit "comme une réponse" à La Maman et la putain quand Jean Eustache tente de reproduire une réalité dans la fiction. Il compare les deux segments, notant la "gouaille très naturelle" de Jean-Noël Picq dans le récit d’une histoire "très crade", ou notant l’aspect "film bourgeois parisien" rehaussé par un Michael Lonsdale qui "n’a pas le même charisme" ni "la même grâce". Gaspar Noé s’intéresse à la fausseté du dispositif, sentant trop la provocation de Picq envers ses spectatrices, ou relevant "l’énergie folle" du premier segment, absente du second. Il évoque la filmographie de Jean Eustache (encore invisible à l’époque) dont il commente quelques-unes de ses recherches, et conclue sur l’impossibilité de reproduire le réel : "c’est la voix et l’énergie qui véhiculent l’information, pas le texte".

Délices de la parole (8 min - HD)
Jean Douchet s'intéresse au Jardin des délices, qui reprend le dispositif d'Une sale histoire en évoquant cette fois la "liberté du plaisir" et "tout ce qui est interdit". À partir de ce jeu "un peu pervers" du regard soumis à la parole, il analyse la façon dont Eustache "introduit avec force" l'idée que si le cinéma travaille le regard, le son est plus important que l'image dans la vie. Un point de vue que le cinéaste pousse dans ses courts-métrages ou dans La Maman et la putain, avec ses personnages "d'abord liés par la parole". Enfin, le critique insiste de nouveau sur le grand esprit théoricien d'Eustache auquel le parcours autodidacte ne le destinait pas forcément.

Carlotta ajoute ensuite plusieurs documents d'archives :

Festival cinématographique de Paris (2 min - HD avec upscale)
Très brève archive où Jean Eustache et Michael Lonsdale sont interrogés à la sortie des toilettes. Le réalisateur évoque Une sale histoire comme "un conte philosophique" à la manière de Stendhal, où un homme est pris d'une "curiosité dévorante". L'acteur réfute le terme de voyeur pour son personnage et avoue rechercher ce genre d'expérience de jeu hors des normes.

Le Cinéma des cinéastes (39 min - HD)
En septembre 1977, Claude-Jean Philippe reçoit Jean Eustache sur France culture. Le cinéaste reprend parfois ses théories publiées dans différents entretiens (cf. livret), et explique ses intentions artistiques sur Une sale histoire, "organiser une réalité" puis faire l’expérience d’en créer une fiction uniquement par l’interprétation, montrant par là-même que le cinéma est le "meilleur moyen d’interroger la parole". Il parle de son travail centré sur un cinéma de la non-intervention où il veillerait à ce que "le film se fasse tout seul", comme un retour aux temps de Louis Lumière, "le premier à enregistrer directement la réalité, à ne pas chercher à l’embellir ou la manipuler pour en faire autre chose". C’est sa façon de lutter contre le cinéma actuel et des films à succès qu’il "estime révoltants", un "cinéma de collaboration" avec le public dont il se sent un "résistant passif". Il constate un "immense divorce" entre les créateurs et l'industrie, regrettant la disparition des producteurs à l’ancienne, "qui étaient des créateurs" et ont perdu le pouvoir de décision face aux "incompétents", financiers ou énarques. Jean Eustache finit par se livrer dans son intimité, avouant se sentir non désiré par le public et évoquant sa position marginale dans le cinéma français, notamment pour des questions d’argent, forcé de résister par "l’inactivité" ou obligé de tourner dans son coin ("pour moi"). Sans doute surpris par la tournure de l'entretien, Claude-Jean Philippe tente maladroitement de le rassurer, lui rappelant que ce mouvement d’exclusion "suicidaire" est aussi pour lui un moyen d’inspiration, le rejet provoquant finalement une œuvre. S'en suit un court silence de la part d'Eustache, peut-être révélateur. On ne dira jamais assez à quel point la radio est l'un des meilleurs endroits où parler de cinéma. Une très belle archive.

Festival Cinéma du réel (5 min - HD avec upscale)
Interrogé en juin 1981 pour l'émission Cinémania d'Antenne 2, sur le concept de réalité au cinéma, Jean Eustache affirme que "tout le cinéma est réel", archives de guerre ou plans de La Grande parade provoquant la même sensation de réalité. Sauf que le cinéma, réduit à des images, ne peut "en aucun cas être la réalité" : ce qui est filmé est toujours de la fiction, même un cadavre montré aux actualités. Ponctuée d'un extrait des Photos d'Alix, une archive qui illustre la pensée complexe d'Eustache pour ce qu'est le cinéma...

Fragments d'un scénario abandonné (3 min - HD avec upscale)
Extrait de l'émission Cinéma, cinémas de janvier 1982, qui rendait hommage à Jean Eustache, récemment disparu. Il s'agit de la lecture d'un de ses derniers textes, où Eustache blessé et immobilisé dans son appartement, écrit sur ses mornes journées ("café, médicaments, whisky, glaçons")...

Bande-annonce de la rétrospective 2023 (1 min 48 s - HD)

Carlotta complète la filmographie avec ses derniers courts-métrages :

Le Jardin des délices de Jérôme Bosch (34 min - HD)
Diffusé sur Antenne 2 dans le cadre de la série Les enthousiastes, en avril 1981. Nouveau jeu sur la parole et les images pour Jean Eustache, avec son ami Jean-Noël Picq qui analyse à sa manière (uniquement descriptive) le troisième panneau du triptyque de Jérôme Bosch. 

Les Photos d'Alix (20 min - HD)
Diffusé dans la case des Histoires courtes d'Antenne 2 en janvier 1982, près de trois mois après la disparition du cinéaste. Jean Eustache reprend au départ le dispositif du Jardin des délices, où la parole commente des images, mais avec cette fois une petite subtilité originale et pertinente dont nous vous laissons la découverte...

Offre d'emploi (21 min - HD)
Diffusé sur Antenne 2 en mars 1982, dans le cadre de la série Contes modernes. Jean Eustache s'intéresse à la déshumanisation des rapports humains au travail, dès l'étape du recrutement.


Les films sont enfin accompagnés de Jean Eustache, envers et contre tout, un recueil précieux de 160 pages qui complète admirablement les archives vidéo et éclaire sur le travail et la personnalité atypique du cinéaste. Après une introduction de la réalisatrice et productrice Sonia Buchman, qui évoque l’oeuvre de Jean Eustache, son art de la parole, son cinéma de dispositifs et d’autofictions où la part documentaire reste importante, on trouve six grands entretiens avec le réalisateur, publiés entre 1967 et 1981 dans les Cahiers du cinéma ou la Revue du cinéma - image et son. Jean Eustache y évoque sa cinéphilie et ses théories sur le cinéma, justifiant les raisons de ses films et leurs dispositifs, avec une certaine tendance à dénigrer ses oeuvres précédentes. Il parle de son plaisir du montage mais de l’"envie de tourner" avant tout, croyant de moins en moins à la mise en scène mais de plus en plus à l’esprit et aux méthodes de Jean Renoir, toujours omniprésent. Il revient plusieurs fois sur son envie de "revenir aux sources" d’un cinéma qui "s’est perdu en route", dénonçant à la fois des artistes (de la Nouvelle vague) jadis rebelles et admirés qui ont fini par s’institutionnaliser, et surtout un "système de collaboration « production-presse-public »" uni contre les créateurs pour le seul profit de l’industrie. La question de l’argent s’invite dans plusieurs entretiens, trahissant la position marginale et solitaire d’un cinéaste "sur la corde raide", privé de sa liberté, tiraillé entre velléités artistiques et réalités financières, qui ne cache pas avoir du mal à vivre de son métier. Eustache, qui considère n’avoir sa place nulle part, explique devoir contourner le système en affirmant toujours sa singularité.

Le livret propose 5 longues analyses publiées dans la presse. Jacqueline Lajeunesse évoque, en 1973, La Maman et la putain comme un "film essentiellement libre" et "une descente au plus profond de l'humain", avec son héros à la "médiocrité programmée" et aux actions "incluses dans l'anodin". Alain Philippon réagit dix ans plus tard à cet "événement monumental, incontournable", comme une "palpitation du cinéma, tout court" qui montrait la retombée de 1968 dans une "universalité difficilement contestable". Il admire ce "cinéma du regard", hors des modes, "du Rouch filmé par du Bresson" qui refusait "la peinture de « la vraie vie »". Jean-Luc Douin s'intéresse à Mes petites amoureuses, où "il ne s'est rien passé, sinon du temps", remarquant "comme un vide dans cette fresque glacée" et une "distanciation extrême" qui va "au-delà du faux pour atteindre le vrai". Pascal Bonitzer évoque, de son côté, Une sale histoire à travers laquelle Eustache, "cinéaste de la honte" et "du silence", "trouble la vérisimilitude" avec son réel uniquement oral, son narrateur "entre maîtrise et jouissance", et des auditrices tombées dans son piège. Enfin, le regretté Serge Daney parle des deux Rosière de Pessac, "l'un des grands documents filmiques sur la France contemporaine", observant une "distorsion particulière du temps" dont "le sujet est la répétition". Notant l'"acuité tranquille" d'un Eustache "plus acupuncteur que chirurgien", il constate un "sentiment d'exactitude un peu irréelle" où le temps du rituel "bascule entièrement dans l'espace de profane" ("cet irrespect à force de trop respecter").

Le livret se conclue sur des extraits de deux projets de films non concrétisés, parmi ceux aujourd'hui recensés. Toutes ces années d'amour, lointainement adapté d'un livre d'Evane Hanska, aurait trop ressemblé à La Maman et la putain et se transforma en un récit de leur histoire d'amour commune mais épisodique, de leur rencontre dans la rue (la scène 1, qui rappelle la façon dont ses héros et lui-même peuvent aborder les femmes à l'improviste) à leur rupture pendant le Festival de Cannes. Un scénario qui a été adapté par Sylvie Durassanti (une compagne d'Eustache et la scénariste officieuse de Offre d'emploi) et publié en 2022 sous le titre Nous deux, roman-photo. Second projet, cette fois bien plus avancé puisqu'Eustache aurait obtenu des subventions et choisi son casting (Michael Lonsdale et Pierre Sentier), La rue s'allume est une conversation absurde au téléphone entre deux amis, et une plongée dans un carnet d'adresse qui réunit les grandes figures de l'intelligentsia parisienne que côtoyait Eustache. On évoque (de manière prémonitoire ?) la fin du monde ou la peur de mourir seul, dans un dialogue qui prolonge les recherches d'Eustache sur la parole, où "le langage ne vise pas à communiquer, même s'il le prétend lui-même"...

Pour les curieux qui souhaiteraient en savoir davantage sur le cinéaste, on suggérera les lectures de Au travail avec Eustache, écrit en 2017 par Luc Béraud, son assistant sur La Maman et la putain, Mes petites amoureuses et Une sale histoire ; et Jean Eustache, un amour si grand, belle analyse du parcours et de l'oeuvre du cinéaste par Philippe Azoury, sorti il y a bientôt un an.

En savoir plus

Les Mauvaises fréquentations

Taille du Disque : 35 892 811 478 bytes
Taille du Film : 11 734 574 592 bytes
Durée : 0:39:16.000
Total Bitrate: 39,85 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 36,60 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 36608 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1039 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 28,090 kbps

Le père noël a les yeux bleus

Taille du Disque : 35 892 811 478 bytes
Taille du Film : 14 386 855 296 bytes
Durée : 0:47:22.375
Total Bitrate: 40,49 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,18 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37188 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1057 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 28,731 kbps

La Rosière de Pessac

Taille du Disque : 43 146 671 811 bytes
Taille du Film : 20 226 426 240 bytes
Durée : 1:05:56.541
Total Bitrate: 40,90 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,57 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37576 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1064 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 42,215 kbps

La Rosière de Pessac 1979

Taille du Disque : 43 146 671 811 bytes
Taille du Film : 21 666 469 248 bytes
Durée : 1:10:44.750
Total Bitrate: 40,83 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,51 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37515 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1065 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 36,802 kbps

Numéro zéro

Taille du Disque : 48 174 144 195 bytes
Taille du Film : 29 416 977 216 bytes
Durée : 1:51:39.000
Total Bitrate: 35,13 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 32,02 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 32021 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1092 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 53,775 kbps

La Maman et la putain

Taille du Disque : 49 825 308 028 bytes
Taille du Film : 46 813 252 992 bytes
Durée : 3:38:38.416
Total Bitrate: 28,55 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25996 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 887 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 37,549 kbps

Mes petites amoureuses

Taille du Disque : 40 566 538 778 bytes
Taille du Film : 37 700 687 040 bytes
Durée : 2:03:32.000
Total Bitrate: 40,69 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 37,44 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 37446 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1043 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 17,613 kbps

Une sale histoire

Taille du Disque : 38 793 054 052 bytes
Taille du Film : 14 771 383 680 bytes
Durée : 0:48:57.500
Total Bitrate: 40,23 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 36,91 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 36914 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1055 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -1dB
Subtitle: French / 56,061 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 29 avril 2024