Top Steven Spielberg

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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jay
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Re: Top Steven Spielberg

Message par jay »

Classement numéroté impossible. C'est trop changeant, mais...

Excellent
Les dents de la mer
Rencontres du 3ème type
Les aventuriers de l'arche perdue
E.T.
Empire du soleil
La liste de Schindler


Très bon
Indiana Jones et le temple maudit
La couleur Pourpre
Jurassik Park
Il faut sauver le soldat Ryan
Minority Report
Arrête moi si tu peux
Munich

Bon
sugarland Express
Indiana Jones et la dernière croisade
Always
Amistad
AI
Terminal
La guerre des mondes
Cheval de Guerre (à revoir)

Assez bon... mais enthousiasme restreint
Duel
Tintin

Moyen... mais j'y trouve mon plaisir
Hook
Le Monde Perdu

Bof bof:
1941
Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (c'est la faute à Lucas!)
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Erikk
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Erikk »

grandiose
Les Aventuriers de l'arche perdue
E.T.

excellent
Munich
Minority Report
Les Dents de la mer
La liste de Schindler
Rencontres du 3ème type

très bon
Duel
Jurassik Park
Arrête moi si tu peux
La guerre des mondes
Indiana Jones et la dernière croisade

bon
Empire du soleil
Il faut sauver le soldat Ryan
Indiana Jones et le temple maudit

moyen
AI
1941
Hook

bof
Amistad
Terminal
Le Monde Perdu

à ne jamais revoir (même sous la torture)
Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal

pas vu
Tintin
Always
sugarland Express
La couleur Pourpre
LedBird
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Re: Top Steven Spielberg

Message par LedBird »

1. Les Dents de la Mer
2. Rencontres du Troisième Type
3. La Guerre des Mondes
4. Les Aventuriers de l'Arche Perdue
5. Minority Report
6. Indiana Jones et le Temple Maudit
7. Jurassic Park
8. Munich
9. Indiana Jones et la Dernière Croisade
10. La Liste de Schindler
11. E.T.
12. Arrête Moi si tu Peux
13. Duel
14. Sugarland Express
15. A.I.
16. Empire du Soleil
17. Il Faut Sauver le Soldat Ryan
18. Tintin
19. Lincoln
20. Le Monde Perdu
21. 1941
22. Le Terminal
23. Cheval de Guerre
24. La Couleur Pourpre
25. Always
26. Hook
27. L'Indiana Jones qui n'existe pas
28. Amistad

Globalement c'est un cinéaste que j'aime beaucoup, sa filmographie n'est pas parfaite, on entre dans la catégorie "moyen" à partir d'Empire du Soleil dans mon classement mais je suis capable de lui pardonner toutes ses erreurs pour tout les merveilleux moments qu'il a pu m'offrir depuis mon enfance
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Thaddeus
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Thaddeus »

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Duel
Thriller minimal d'une pureté blanche, limpide, implacable, qui témoigne d'une science innée du découpage, du rythme et de la composition du cadre. Spielberg atteint des sommets de suspense, révèle un instinct très sûr de la plastique cinématographique (rouge de la voiture, bleu du ciel, ocre du paysage), et multiplie les niveaux de lecture. Tel un dragon de conte de fées, le camion au chauffeur invisible formalise la lutte mortelle d’un quidam pour sa survie, dans un décor qui nous ramène à l’âge de pierre, à moins qu’il ne s’agisse que de la construction mentale d’un névrosé en plein délire. Le paysage qui se dénude progressivement, perdant de sa beauté, évoque ainsi un parcours vers le néant et introduit une parenté inattendue avec certains westerns existentiels. Coup d’essai, coup de maître. 5/6
Top 10 Année 1971

Sugarland express
Ce joli road-movie en forme de western contemporain dessine le drame assez poignant d'une mère esseulée et narre sa cavale à travers un Texas habité de lyncheurs, d’une administration sclérosée et de rednecks bas du front. Si l’on y retrouve déjà l’un des motifs rois de Spielberg, la poursuite (d’un couple de fugitifs par la police, mais aussi d’un chromo familial par deux paumés magnifiques), celle-ci se fait à faible allure, au rythme d’une parade improvisée dans une Amérique désenchantée. Grossissant comme un torrent au fil du périple, le film s’achève sur une fin particulièrement dure, franchement désespérée, préfigurant par une ironie terrible et funeste ce reliquat d’enfance écorchée, sacrifiée, qui constituera la matière vive d’une grande partie de la filmographie spielbergienne à venir. 4/6

Les dents de la mer
Très gros morceau de la carrière du cinéaste, objectivement l'un des tout meilleurs. Le suspense subaquatique fait remonter à la surface toute une salve de terreurs ancestrales, liées notamment à la peur puritaine de la sexualité, en un jeu pervers avec les phobies universelles : de la nouvelle incarnation de Moby Dick à la hantise de la castration, c'est autant la psychanalyse que la métaphysique qui sont convoquées ici, en sus des autres lectures (l’avidité autodestructrice de la société capitaliste, l’hystérie collective, la faute, le repentir, le sacrifice de l’individu pour la communauté). Et puis question maîtrise du suspense, leçon de mise en scène, d’angoisse, d’épouvante, ça se pose un peu là. Le genre de film qui fait bien percevoir quelles cimes le gars Steven est capable d’atteindre, à 28 balais. À bien des égards le successeur des Oiseaux. 6/6
Top 10 Année 1975

Rencontres du troisième type
Magnifique allégorie du contact et de l'apprentissage, où Spielberg traduit ses éblouissements juvéniles à travers une sensibilité d'adulte accomplie : il se dégage une grande douceur, un équilibre harmonieux de cette fable enchanteresse, où l’on respire de l’oxygène, où l’on croit à l’air frais, où l’on s’émerveille. L’exaltation candide des héros traduit une faculté à l’étonnement qui s’exprime en des termes purs (messages sonores, jeux de lumière, amples panoramiques) et éclate lors de la chorégraphie lumineuse et musicale du final, cette rencontre au sommet d’un nouveau Mont Sinaï. À la fois épopée et reportage, le film atteint une précision, une sensibilité et une maîtrise assez miraculeuses : c’est une superbe réussite, nuancée et poétique, sur les sujets éternels et de la quête et de la transfiguration. 5/6
Top 10 Année 1977

1941
Vingt-quatre heures de folie à Los Angeles, quelques jours après l’attaque de Pearl Harbor. Dans cet Hellzapoppin contemporain sophistiqué, Spielberg proclame qu’Hollywood n’est pas mort, célèbre la pérennité des gags, fait gesticuler ses comédiens comme pendant l’âge d’or et jette une énorme tarte à la crème à la tête de l’Amérique. Son capharnaüm est une sorte de Tex Avery en chair et en os, une farce anarchisante qui brocarde la paranoïa galopante d’une nation aux abois, une sorte de grand bazar pour gamin régressif et surdoué, qui alterne entre le grandiose et le foiré. Certaines scènes sont réjouissantes dans leur folie logistique et burlesque, d’autres accusent une fatale erreur de dosage, et si la virtuosité du cinéaste tourne pleinement, c’est aussi régulièrement à vide. Allez, 3/6.

Les aventuriers de l'arche perdue
Un des mes dix films préférés, je lui voue plus qu’une gratitude immense : un culte absolu. C'est un panard gigantesque que je prends à chaque vision (innombrables à ce jour) de cette sarabande euphorisante, qui fait désormais partie de moi et dont je connais la moindre action, le moindre plan, la moindre réplique sur le bout des lèvres, avec le cœur qui éclate d'exaltation, de bonheur et d'excitation. Le merveilleux qui pète de partout, des scènes d’anthologie à pleuvoir (pas une séquence qui ne me fasse grimper au plafond), les accents de récit biblique et mythologique, la musique grandiose de Williams, le charme pétillant de Marion, Harrison forever dans un rôle extraordinaire d’héroïsme pur et d’humanité faillible... Il n’existe pas de mot suffisant pour rendre compte de l’amour que j’éprouve pour ce film absolument extraordinaire. 6/6
Top 10 Année 1981

E.T. l'extraterrestre
À mes yeux, l'un des films les plus beaux et les plus émouvants au monde. Fable humaniste, voire évangélique, d'une simplicité absolue et d'une poésie sans pareille, confondante de naïveté et en même temps d'une justesse et d'une force incomparables : Spielberg capte très précisément le regard de l’enfance, avec ses ballets de lumière, son cœur rouge palpitant, ses banlieues illuminées, ses poursuites en lampe torche et ses vélos volants. Tout y dit de la force du lien, du manque affectif (grande absence de la figure paternelle), du réel transfiguré, de l'amitié, de l'émerveillement, avec une perfection picturale sans faille, une beauté formelle perceptible à chaque plan, une gamme de tons qui module de la féérie pure à la noirceur morbide (le lien symbiotique entre Elliot et E.T. ouvre sur la mort), et un éventail de lectures ouvrant sur l’allégorie, la psychanalyse, le conte. Inaltérable. 6/6
Top 10 Année 1982

Indiana Jones et le temps maudit
Versant dark et Tombeau hindou des aventures d'Indy. Spielberg y épanche son côté obscur, en y battant de nouveaux record de brio. C’est peut-être moins merveilleux que dans le premier, mais ça reste proprement époustouflant de virtuosité, avec une scène d'ouverture en apnée, un rythme endiablé du début à la fin, des trésors d'imagination, un humour délirant de tous les instants ; si je lui trouve un soupçon de spontanéité en moins que dans les deux autres volets, c’est peut-être l’opus le plus parfait sur le strict plan du spectacle pur – poupées russes, glissements de terrain, remises en jeu permanentes alimentent une jeu d’accélérations, de frissons et de faux répits qui procurent un inimaginable plaisir. C’est aussi le volet où Indy acquiert véritablement l’envergure du mythe. 6/6
Top 10 Année 1984

La couleur pourpre
Le film, on le sait, a été largement perçu comme une quête de reconnaissance pour un réalisateur en mal de respectabilité. Fondée ou non, cette assertion ne doit pas faire oublier l’habileté avec laquelle Spielberg s’attache, sur une trame qu’on pourrait croire à tort "Onceltomiste", à filmer le portrait en coupe d’une Georgie bien loin des clichés attendus. Selon l’investissement de chacun, on retiendra l’émotion un peu chargée qui se dégage de ce mélo XXL, sa beauté plastique, quoiqu’elle frise par instants l’académisme à base de couchers de soleil rougeoyants et d’éclairages laiteux, ou bien ce que l’auteur a voulu suggérer par petites touches : l’inceste, l’homosexualité, le racisme à rebours… Une chose est sûre : Whoopi Goldberg, à la fois ingrate, solitaire, fragile, inflexible, est assez incroyable. 3/6

Empire du soleil
Vaste saga au pays du Soleil-Levant, où Spielberg retrouve sa position préférée, celle où il est le plus fort, le plus juste : la restitution du monde à travers les yeux de l'enfance. L’itinéraire esseulé mais saturé d’aventures de ce gamin perdu à l’imagination débordante est transcrit dans des moments de suspension (les Anglais inconscients se rendant à un bal costumé fellinien alors que Shanghai s’apprête à basculer dans la guerre) et une poésie du chaos (le garçon errant dans une ville à feu et à sang, le paysage recouvert de bibelots oubliés) qui transforment sa détresse en inépuisable énergie. À la croisée des chemins entre visions fantasmées et mise en crise des rêves enfantins, entre exaltation et désenchantement, ce film méconnu est une réussite inégale mais précieuse, qui marque une transition. 4/6
Top 10 Année 1989

Indiana Jones et la dernière croisade
Pareil que les deux précédents : je suis fan. Même affection infinie pour cet opus byzantin, avec comme mega bonus un Sean Connery génialissime en papa rabroueur, touchant et lunaire. Ses rapports avec Indy confèrent à la saga une dimension nouvelle, la mâtinant d’une tendresse piquante et malicieuse, tandis que le film fuse dans les hautes sphères du divertissement euphorique et sans égal. Comme celle de l’Arche d’alliance, la quête formalise ici un chapelet de séquences merveilleuses, épiques, gorgées d’humour, de rythme et d’inventivité : du début à la fin, c’est du petit lait, de l’or en pellicule, de la jubilation absolue. Spielberg ne rend pas seulement le héros à son géniteur, le Graal à une terre consacrée et les méchants au diable, il offre une fois de plus au cinéma d’aventures les titres de noblesse qui lui reviennent de droit. 6/6
Top 10 Année 1989

Always
Charmant conte naïf, illuminé d'éclairs de poésie pure et porté par un discours assez touchant sur le deuil et l’amour. Si l’histoire de ce pompier casse-cou et joyeux drille qui éteint un incendie de trop n’a pas le même impact que dans les années quarante, où le sujet répondait au besoin d’une exaltation de l’héroïsme, elle n’en permet pas moins au réalisateur de jouer joliment sur les sentiments et les effets spéciaux. Plus que jamais, Spielberg assume l’héritage de ses pères de cinéma dans une ambiance résolument rétro, le théorise par une magie étrange qui consiste à se faire souffler, comme le remplaçant par le pilote devenu ange gardien, les enseignements des fantômes d’Hollywood (Capra, Fleming et les autres). Il manque juste un soupçon d’innocence pour que le charme opère pleinement. 4/6

Hook
Cette fois le réalisateur se prend les pieds dans le tapis et accouche d’une grosse pâtisserie indigeste, foirant la moitié de ses effets et se plantant radicalement dans le dosage. Les intentions sont claires et louables (relire le mythe de Peter Pan à la confrontation de l’âge adulte), mais le résultat pèse des tonnes. À l’image du héros, incapable de rattraper son ombre, Spielberg se visse dans l’enfance jusqu’au malaise, comme à un fonds de commerce, et semble se gargariser d’une monstruosité boursouflée qui contamine tous les niveaux du projet. Visuellement de très mauvais goût, avec son Neverland transformé en Disneyland vulgaire et peuplé de garnements peinturlurés sur des skate-boards, l’œuvre est un ratage assez désolant, qui n’offre que le maigre plaisir de quelques numéros d'acteurs. 2/6

Jurassic park
J’adore, je l’ai vu vingt fois, je le redécouvre toujours avec le même immense plaisir. Quelque part, Spielberg refait Les Dents de la Mer mais sur un mode adolescent dévoyé, avec une vraie méchanceté, et se permet une passionnante auto-analyse de son statut : en plus d’être époustouflant, le divertissement balaie toute l’histoire du genre (de l’artisanat de Mélies au blockbuster contemporain), avant de refermer derrière lui la double grille de ce Xanadu de l’imaginaire. Empilant les décharges d’adrénaline et les grands moments d’émerveillement (perso, c’est larmes à chaque coup lors de la découverte des dinosaures dans la prairie), le film témoigne d’une impressionnante rigueur dramatique et impose avec un sens du rythme, du suspense et de la poésie absolument étourdissants. 6/6
Top 10 Année 1993

La liste de Schindler
Le grand film "sérieux" de Spielberg, celui qui lui a valu la respectabilité (ou au contraire le rejet total d'une certaine frange de l'intelligentsia). Si la question du réalisme est ontologiquement insoluble, on ne peut qu’admirer la rigueur avec laquelle il évite les écueils de la sentimentalité et de la complaisance, et louer la retenue et l’intransigeance de cette œuvre âpre, dure, violente, qui oscille avec un rare sens de l’équilibre entre les trajectoires individuelles et le destin collectif, entre l’intime et la masse. Les limites qu’il accuse de la représentation de l’irreprésentable ne font que mettre en lumière la dignité et le tact exceptionnels dont le cinéaste fait preuve pour évoquer le hors-champ et apporter sa pierre au devoir de mémoire, à travers l’odyssée d’une survie dérisoire et néanmoins fondamentale. 5/6
Top 10 Année 1993

Le monde perdu
Revenu du cauchemar de l’Histoire, le réalisateur emballe virtuosité en bandoulière l’un de ces spectacles étourdissants dont il a le secret, et le dote de plusieurs scènes à tomber par terre (le cliffhanger, bien sûr, ou encore cet instant où l'avancée nocturne du T-Rex est filmée du point de vue des héros qui regardent les arbres s'agiter sous leurs pieds : le genre de truc qui montre à quel point le cinéaste, même dans ses films mineurs, peut témoigner d’éclats de génie). Payant sans doute le prix de son esprit décontracté, presque paresseux dans ses ambitions, le divertissement rappelle pourtant, dans ses fulgurances formelles, ses accents de film d’aventures à l’ancienne, sa tonalité nocturne et sa méchanceté joueuse, que même lorsqu’il joue au dilettante Spielberg reste le patron. 5/6

Il faut sauver le soldat Ryan
C'est l'acmé du cinéma "à grands sujets" de Spielberg, pas forcément celui pour lequel j'ai le plus d'affinités. Le film est d'une maîtrise prodigieuse bien sûr, et le cas de conscience exposé ne peut que passionner, mais il y a quelque chose d'assez didactique dans le propos, entre des enjeux clairement exposés sur le mode scolaire thèse/antithèse/synthèse et des personnages psychologiquement bien typés (le trouffion dur à cuire, le trouffion pleutre, le trouffion triste…). Le film reste bien sûr très supérieurement réalisé, sa virtuosité d’exécution demeure d’un bout à l’autre impressionnante (encore qu’il fasse de la guerre, quoi qu’il s’en défende, une vraie forme de spectacle – et ça me gêne), mais je préférerai le Spielberg à venir des années 2000, plus retors, moins discursif, plus troublant et inquiet… 4/6

A.I.Intelligence artificielle
Une première partie toute en intensité et cruauté clinique, qui scelle dans les couleurs froides de l’amour impossible la fusion kubricko-spielbergienne rêvée et laisse entrevoir la possibilité d’une œuvre majeure. Puis patatras : la beauté s’enraye, les vieux démons sentimentalistes de Spielberg s’invitent à la fête, et le film se perd dans une aventure pataude, maladroite, visuellement assez laide (dans son segment central surtout). L’œuvre, extrêmement appréciée par de nombreux critiques et amateurs de l’artiste, est pourtant considérée comme l’un de ses trésors méconnus. Il faut croire que quelque chose m’échappe dans cette quête éperdue et douloureuse de la figure maternelle, dans ce conte sur la puissance de transfiguration de la mémoire, même si je perçois en quoi sa tristesse peut transpercer. 3/6

Minority report
L’antidote parfait au précédent opus, et l’une des réussites les plus incontestables de l’auteur. Spielberg filme à la vitesse de l’éclair, ose une noirceur réjouissante, confère à l’ensemble une unité et une identité très fortes à travers les motifs de l’œil, de l’image, de son traitement, de son statut trompeur qui transforme l’anticipation en espace de projections multiples, et signe un modèle de thriller futuriste brassant une multitude de pistes, de thématiques et de paradoxes sans jamais s'appesantir. Ambigüité de la justice, éthique individuelle, libre-arbitre, responsabilité de l’homme qui, maître du destin, tend à se prendre pour Dieu… : la réflexion, passionnante et désenchantée, est toujours figurée par une mise en scène qui épouse les lignes d’un spectacle étourdissant de brio et d’intelligence. 5/6
Top 10 Année 2002

Arrête-moi si tu peux
S’il change radicalement de genre, Spielberg continue sur la lancée du précédent et en réinvestit les lignes motrices : légèreté d’abeille, brio aérien, profondeur en trompe-l’œil. Tel un autoportrait fantasmé en artiste mythomane, le film est un tour de passe-passe à la gloire de l’aisance, de l’allure, du style, de la vitesse, qui joue avec les artifices et les clichés cinégéniques de la comédie américaine (carrosseries pimpantes des voitures, jupes bouffantes et coiffures bombées des filles, couleurs vives et rythme jazzy) tout en approfondissant un propos tendre et mélancolique sur la fuite du réel, le traumatisme de la séparation parentale, la combative suprématie de l’enfance sur le monde décevant des adultes. Il gagne sur tous les tableaux, euphorisant et émouvant à la fois, avec un DiCaprio au top. 5/6

Le terminal
Les belles intentions ne font jamais de mal. Avec l’histoire de ce citoyen de Krakosie (inutile de chercher, ça n’existe pas) bloqué dans l’enceinte d’un aéroport, le cinéaste décline sa conception du melting-pot américain, du petit peuple modeste et cosmopolite qui est la sève de l’Amérique (Indiens, Hispaniques, Noirs), inventif, industrieux et compatissant. Il livre une gentille fable à la Capra, légèrement pantouflarde et démagogique, où son sentimentalisme généreux n’évite pas toujours sa propre caricature. Bardée de velléités politiques (communautarisme, embûches, protectionnisme), la comédie réfléchit l’image d’une nation repliée sur ses peurs sécuritaires, mais fait le choix d’une expression romantique, insouciante, pleine d’enjeux et de personnages fantaisistes. Distrayant mais très mineur. 3/6

La guerre des mondes
Monument de mise en scène pure, qui fait bouillir dans une forme à la fois très physique et éminemment abstraite toutes les peurs du XXè siècle (traumatisme de la Shoah ou du 11 septembre, hantise de l'extermination...) et crépiter des myriades de visions hallucinées, entre intensité organique des situations et plasticité pixellisée de la photo blanche, désaturée, de Kaminski. Plus dépressif que jamais, Spielberg offre sa vision de l’Apocalypse et laisse la concurrence loin derrière : la simplicité brute du récit, la restitution dantesque du chaos, l’âpreté et la respiration angoissée d’un récit où l’innocence du regard se fracasse sur l’illisibilité terrifiante du monde, sont à marquer d’une pierre blanche. Il s’agit probablement de son plus grand film de la décennie, et par extension d’un des plus marquants des années 2000. N'était la fin trop abrupte, je lui mettais la note maximale. 5/6
Top 10 Année 2005

Munich
Fort d’une impeccable rigueur éthique et de qualités d'exécution dignes du grand ciné d'investigation politique des années 70, Spielberg prouve qu’il a tout compris de l’impasse du conflit israélo-palestinien. La vaste filature dérisoire des personnages fait s’effilocher les certitudes et les héroïsmes dans une escalade de paranoïa insomniaque. La vision est amère, lucide, mais jamais désespérée : le cinéaste s’affirme comme un citoyen engagé, responsable, et emploie la parfaite maîtrise de sa forme pour témoigner d’un humanisme douloureux et désillusionné. Avec ce film et le précédent, Spielberg s’impose comme un très grand portraitiste du monde contemporain, de ses angoisses et de ses inquiétudes. Accessoirement, l’agonie lente de Marie-Josée Croze demeure l’une des choses les plus atroces et insupportables que j’ai vu au cinéma. 5/6
Top 10 Année 2005

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
What the hell ?... Une tel gâchis était interdit. Peut-être tenu par l’obligation de revenir à un mythe qui se suffisait à lui-même, Spielberg se prend les pieds dans le tapis et tente en vain de retrouver l’esprit qui l’animait vingt ans auparavant. L’entreprise ne fonctionne pas du tout, pauvre divertissement arthritique où des papys séniles semblent se déguiser en ados pimpants pour aller à une boum. Ne restent que les jointures fatiguées d’un récit à bout de souffle, un humour gras, des péripéties invraisemblables qui, évidées de la magie miraculeuse d’autrefois, s’ébousent dans toute leur artificialité. Trop occupé à baiser les pieds du fan, à empiler clins d’œil et passages attendus, le cinéaste ne parvient jamais à faire décoller ce programme mou, tout empoissé de kitsch et de naphtaline. Snif. 2/6

Les aventures de Tintin : Le secret de la licorne
Voilà le film qu’il fallait pour effacer l’affront, la franche réussite qui venge de l’opus précédent. Plus virtuose que jamais, Spielberg s’empare d’un procédé inédit pour lui et en fait quasiment un outil d’expérimentation. À l’univers rond et lisse d’Hergé, aux motifs de la ligne claire, il trouve un équivalent pleinement cinématographique et joue avec une énergie débridée et une inventivité ludique des reliefs, des textures, des formes chatoyantes et légères délestées de toute gravité. Surtout, il livre sa doxa du plaisir foisonnant de la narration, confère à l’aventure une logique du mouvement, un rythme dingue, une dimension presque musicale et chorégraphique (trouvant son apogée dans l’ahurissante séquence de destruction à Baghar), qui actualise brillamment toutes les potentialités de la fiction. 5/6

Cheval de guerre
Comme s’il faisait sien le précepte de Truffaut, selon lequel chaque film doit être réalisé en réaction au précédent, le cinéaste tente de ressusciter le classicisme hollywoodien d’antan en investissant un romanesque très pur et en misant toutes ses billes sur un cinéma d’artifice et de convention, jusqu’à un final qui cite explicitement Autant en emporte le vent. Entre les ravis de la crèche et les cyniques, il doit bien y avoir une place pour apprécier ce grand bain de jouvence qui tente de retrouver la candeur de ses œuvres de jeunesse. Personnellement, je suis resté régulièrement scotché par les grands moments d’inspiration formelle, la force allégorique, les procédés figuratifs (du destin, de la mort) inventés par l’auteur, quand bien même les excès de glucose et de chromos en atténuent la portée. 4/6

Lincoln
Spielberg rappelle ici que son cinéma est désormais affranchi de toute volonté de reconnaissance, et à quel point la question de sa maturité est caduque depuis longtemps. Passionnant exercice d’oralité et de mises en confrontations, dont la circonscription aux chambres, aux assemblées, aux salles fermées met en lumière les manifestations d’une pensée politique en action, le film donne à comprendre le prix à payer pour faire vaincre une juste cause, et s’attache à nuancer le portrait d’un grand homme par le regret, le doute et les compromissions attachés à son combat pour le 13è amendement. Lyrisme retenu et à peine entaché par les envolées de Williams, images feutrées mais signifiantes, foi absolue en la puissance d’un sujet qui se suffit à lui-même : un modèle de storytelling au service d’un propos riche et complexe. 5/6

Le pont des espions
Après Lincoln, changement d’époque mais pas changement de programme et encore moins de méthode. Spielberg emploie le matériel historique au service d’un humanisme éclairé, comme une arène où se déploient sereinement la parole et l’intelligence. Aux embrouillaminis traditionnels du cinéma d’espionnage, il préfère la ligne claire d’un récit qui affirme toute son aisance de narrateur et substitue une profondeur à retardement offrant au film, faussement débonnaire, un éventail substantiel de niveaux de lecture. C’est la droiture et la reconnaissance mutuelle des personnages qui l’intéressent, et c’est la loyauté irréfragable à leurs causes respectives, fussent-elles incompatibles, qu’il s’applique à éclairer au sein d’une œuvre dense mais qui pâtit d’une partie centrale assez redondante. 4/6

Pentagon papers
Entrepris et emballé en un temps record, s’inscrivant avec superbe dans une tradition journalistique américaine faite de vigilance et de revendication, le film parle haut et clair, revendique l’héritage de Capra, Lumet et Pakula pour ne plus faire entendre que la voix d’un auteur au faîte de ses moyens de conteur, de son brio de metteur en scène, de sa générosité de citoyen critique et engagé. Toute en transitions fluides, enchaînements inventifs, synergie fiévreuse, la mise en scène s’y fond prodigieusement avec le sujet, s’exerce tel un art grisant et dynamique de la pensée en actes, fulgure comme la foudre en explorant les mille enjeux d’un matériel thématique foisonnant, et rappelle une fois de plus où se situe la clé du vrai grand cinéma : dans la conjonction parfaite de l’image, du propos et de l’émotion. Spielberg est grand. 5/6
Top 10 Année 2017

Ready player one
Du roi incontesté de l’entertainment et de la pop culture qu’il a engendrée, on aurait pu s’attendre à un rollercoaster révolutionnaire, sondant le rapport contemporain de l’image au virtuel et annonçant le futur plausible d’une post-humanité toujours plus soumise au règne invasif du numérique. On se retrouve face à un divertissement déceptif, presque schizophrène, assez stéréotypé dans son développement narratif et la relative platitude de ses personnages, mais très personnel dans l’autoportrait que l’auteur y livre en filigrane – éternel enfant rêveur confronté à l’immensité de son héritage. Derrière la vitesse, la fluidité et le plaisir, notions maîtresses d’une cavalcade saturée de signes et de stimuli, c’est donc bien la hantise de l’échec qui colore d’inquiétude ce tourbillon hybride et souvent ébouriffant. 4/6

West side story
Spielberg caressait depuis longtemps l’idée de réaliser une comédie musicale. En modernisant l’un des plus grands classiques du genre, il démontre qu’aucun art n’est aussi dynamique et visuel, aussi instinctivement lié à l’harmonie des formes, aussi pensé comme mise en scène de l’émotion, en un mot aussi cinématographique que le sien. Nulle scène, nul plan, nulle image dans cette effusion de couleurs et de mouvements qui n’exalte la vitalité du spectacle, son actualisation à la fois politique (les éternels démons de l’Amérique), allégorique (le monde comme estrade emplie de lignes à franchir, de grillages à escalader, d’escaliers à gravir) et dramatique (le souffle intemporel de la tragédie). Un tel éclat, une telle sincérité, une telle flamboyance prouvent que le rêve hollywoodien n’est pas qu’une utopie. 5/6
Top 10 Année 2021

The Fabelmans
Truffaut avait Les 400 Coups, Fellini Amarcord ; Spielberg aura The Fabelmans. Un autoportrait d’une sincérité chavirante autant qu’une adresse directe à ses parents, pour les enlacer amoureusement dans l’impuissante souffrance de leur séparation et exprimer le prix qu’elle lui a coûté : sa propre enfance, qu’il n’aura de cesse de réinventer dans ses propres films. La passion de sa vie, ce par quoi il vit et respire, lui aura donc procuré aussi sa plus inconsolable affliction. Soixante-dix ans après s’être armé d’une caméra pour se bâtir un refuge, il ose se mettre à nu et rappeler com-ment le cinéma peut être rédempteur. Film-déchirure, film-exorcisme en même temps qu’ode fervente aux pouvoirs curatifs du septième art, cette œuvre solaire et chaleureuse convertit ainsi le chagrin des origines en puits de lumière. 5/6
Top 10 Année 2022


Mon top :

1. Les aventuriers de l’arche perdue (1981)
2. E.T. l'extraterrestre (1982)
3. Le temple maudit (1984) / La dernière croisade (1989)
4. Les dents de la mer (1975)
5. Jurassic park (1993)

Depuis Hitchcock, a-t-on connu cinéaste plus universel que Steven Spielberg ? Le septième art coule dans les veines de cet artiste de l’enfance, de la famille, de l’émerveillement, du réel transfiguré, mais aussi de la société américaine, de ses failles, contradictions et ambigüités. Figure tutélaire de mon amour pour le cinéma (je ne serais ici s’il n’existait pas), Spielberg est l’exemple parfait du réalisateur avec qui j’ai grandi, et dont j’ai pu observer l’évolution, la richesse, la cohérence dans la maturité. Non exempte de films mineurs voire ratés, son œuvre est une construction complexe, protéiforme, faite d’attractions spectaculaires, de grandes roues scintillantes, mais également de grottes secrètes, de gravités inquiétantes et de cachots de chagrin. La virtuosité formelle la plus éblouissante s’y conjugue avec une sensibilité sans pareille. Quant à sa collaboration avec John Williams, elle a rejoint les mythiques paires Hitchcock-Herrmann, Fellini-Rota ou Leone-Morricone. Je ne pense pas connaître un seul autre réalisateur avec qui j’entretienne un rapport aussi intime, fait d’admiration, de proximité et de gratitude infinies. Manière de dire que ce génie est peut-être, au-delà de toute considération froidement objective et sur un plan purement affectif, le cinéaste que je pourrais considérer comme "mon préféré". En bref, Steven je t’aime de tout mon cœur.
Dernière modification par Thaddeus le 19 août 23, 17:38, modifié 24 fois.
LedBird
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Re: Top Steven Spielberg

Message par LedBird »

Thaddeus a écrit :
LedBird a écrit :27. L'Indiana Jones qui n'existe pas
:? Si seulement...

J'étais persuadé d'avoir fait mon top Spielberg, qui est peut-être le réalisateur dont, sentimentalement, je me sens le plus proche, mais je ne le retrouve pas. Je le posterai quand j'aurai vu son dernier Pont des Espions. Mais je partage totalement ton commentaire sur le bonhomme, en ajoutant que si je suis sur un tel forum aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à lui.
J'ai hâte de découvrir Le Pont des Espions mais je suis tout de même méfiant, j'ai du mal à être totalement enthousiaste vis à vis de ses 3 derniers films, ils sont remplis de bonnes idées mais à chaque fois ça coince quelque part pour moi.

Je sais qu'il a deux autres projets en vu, une adaptation du Bon Gros Géant (The BFG en VO), un roman pour enfants et Ready Player One une adaptation d'un roman de SF dont j'ai pu lire quelques extraits qui ne m'ont pas réellement donné envie.
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Thaddeus
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Thaddeus »

J'irai bien sûr voir Le Pont des Espions le jour de sa sortie, Spielberg oblige, avec l'enthousiasme de celui qui est toujours resté et restera fidèle à son mamour de cinéaste, mais la bande-annonce fait quand même sacrément peur. Pour moi, son dernier vrai grand film à ce jour est La Guerre des Mondes, que je considère comme l'un des plus importants des années 2000, auquel j'ajouterais bien Munich que je trouve également formidable. J'aime beaucoup Tintin et Lincoln (un peu moins Cheval de Guerre, qui est tout de même un joli film), mais ils n'ont pas cette dimension décisive, cette fulgurance de forme associée à la précision et à la profondeur de propos, des deux oeuvres précédentes. Il y a quelque chose de totalement décomplexé et aventureux chez Spielberg je trouve, depuis pas mal d'années maintenant, dans sa manière d'enchaîner les projets les plus différents les uns des autres. C'est à la fois excitant (parce que cela témoigne chez lui d'une liberté et d'une fraîcheur toujours renouvelées) et un peu déstabilisant (parce qu'on peut se demander où est sa cohérence).
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Teklow13 »

J'adore :
1. Indiana Jones et le Temple maudit - Indiana Jones and the Temple of Doom (1984)
2. Les Aventuriers de l'Arche perdue - Raiders of the Lost Ark (1981)
3. Jurassic Park (1993)
4. Arrête-moi si tu peux - Catch Me If You Can (2003)
5. Les Dents de la mer - Jaws (1975)
6. E.T. l'extraterrestre - E.T. the Extra-Terrestrial (1982)
7. Indiana Jones et la Dernière Croisade - Indiana Jones and the Last Crusade (1989)
8. Rencontres du 3ème type - Close Encounters of the Third Kind (1978)

J'aime beaucoup :
9. La Guerre des mondes - War of the Worlds (2005)
10. Le Monde perdu - The Lost World (1997)
11. Minority Report (2002)
12. Duel (1971)

J'aime :
13. La Liste de Schindler - Schindler's List (1994)
14. Il faut sauver le soldat Ryan - Saving Private Ryan (1998)
15. A.I. Intelligence artificielle - Artificial Intelligence: A.I (2001)
16. Le Terminal - The Terminal (2004)
17. Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne - The Adventures of Tintin : Secret of the Unicorn (2011)
18. Hook ou la revanche du Capitaine Crochet - Hook (1992)
19. Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal - Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (2008)
20. Sugarland Express - The Sugarland Express (1974)

C'est pas mal :
21. Always (1990)
22. Cheval de guerre - War Horse (2012)
23. Lincoln (2013)
24. Munich (2006) à revoir
25. L'Empire du soleil - Empire of the Sun (1988) à revoir
26. La Couleur pourpre - The Color Purple (1986)
27. La Quatrième Dimension - Twilight Zone (1983)

Bof / je n'aime pas :
28. Le Pont des Espions – Bridge of Spies (2015)
29. Amistad (1997)
30. Amblin’ (1968)
31. 1941 (1980)
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Strum »

Thaddeus a écrit :A.I.Intelligence artificielle
Une première partie toute en intensité et cruauté clinique, qui scelle dans les couleurs froides de l’amour impossible la fusion kubricko-spielbergienne rêvée et laisse entrevoir la possibilité d’une œuvre majeure. Puis patatras : la beauté s’enraye, les vieux démons sentimentalistes de Spielberg s’invitent à la fête, et le film se perd dans une aventure pataude, maladroite, visuellement assez laide (dans son segment central surtout). L’œuvre, extrêmement appréciée par de nombreux critiques et amateurs de l’artiste, est pourtant considérée comme l’un de ses trésors méconnus. Il faut croire que quelque chose m’échappe dans cette quête éperdue et douloureuse de la figure maternelle, dans ce conte sur la puissance de transfiguration de la mémoire, même si je perçois en quoi sa tristesse peut transpercer. 3/6
Je comprends ta réaction, même si personnellement j'adore ce film. C'est un peu le Liberty Valance de Spielberg, un film qui démystifie les contes, qui nous dit que les contes sont faux et que par les contes (même si on en a absolument besoin pour vivre comme David) on accepte d'être trompé, comme si Spielberg dialoguait avec son propre cinéma de conteur (comme Liberty Valance pour Ford donc). Car à la fin, David ne retrouve pas sa mère... Cette fin, où l'écart est béant entre la mise en scène lumineuse, douce et consolatrice, et le fond d'une noirceur absolue, ouvre sous nos pieds un vide ; elle est d'une puissance émotionnelle dévastatrice, bien aidée par la musique de Williams, ici à son meilleur.
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Re: Top Steven Spielberg

Message par AtCloseRange »

Strum a écrit :
Thaddeus a écrit :A.I.Intelligence artificielle
Une première partie toute en intensité et cruauté clinique, qui scelle dans les couleurs froides de l’amour impossible la fusion kubricko-spielbergienne rêvée et laisse entrevoir la possibilité d’une œuvre majeure. Puis patatras : la beauté s’enraye, les vieux démons sentimentalistes de Spielberg s’invitent à la fête, et le film se perd dans une aventure pataude, maladroite, visuellement assez laide (dans son segment central surtout). L’œuvre, extrêmement appréciée par de nombreux critiques et amateurs de l’artiste, est pourtant considérée comme l’un de ses trésors méconnus. Il faut croire que quelque chose m’échappe dans cette quête éperdue et douloureuse de la figure maternelle, dans ce conte sur la puissance de transfiguration de la mémoire, même si je perçois en quoi sa tristesse peut transpercer. 3/6
Je comprends ta réaction, même si personnellement j'adore ce film. C'est un peu le Liberty Valance de Spielberg, un film qui démystifie les contes, qui nous dit que les contes sont faux et que par les contes (même si on en a absolument besoin pour vivre comme David) on accepte d'être trompé, comme si Spielberg dialoguait avec son propre cinéma de conteur (comme Liberty Valance pour Ford donc). Car à la fin, David ne retrouve pas sa mère... Cette fin, où l'écart est béant entre la mise en scène lumineuse, douce et consolatrice, et le fond d'une noirceur absolue, ouvre sous nos pieds un vide ; elle est d'une puissance émotionnelle dévastatrice, bien aidée par la musique de Williams, ici à son meilleur.
Et puis il préfère le Monde Perdu... :mrgreen:
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Strum »

AtCloseRange a écrit :Et puis il préfère le Monde Perdu... :mrgreen:
Ah oui. Ainsi qu'Always.
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Thaddeus
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Thaddeus »

Strum a écrit :Je comprends ta réaction, même si personnellement j'adore ce film. C'est un peu le Liberty Valance de Spielberg, un film qui démystifie les contes, qui nous dit que les contes sont faux et que par les contes (même si on en a absolument besoin pour vivre comme David) on accepte d'être trompé, comme si Spielberg dialoguait avec son propre cinéma de conteur (comme Liberty Valance pour Ford donc). Car à la fin, David ne retrouve pas sa mère... Cette fin, où l'écart est béant entre la mise en scène lumineuse, douce et consolatrice, et le fond d'une noirceur absolue, ouvre sous nos pieds un vide ; elle est d'une puissance émotionnelle dévastatrice, bien aidée par la musique de Williams, ici à son meilleur.
Il me semble également avoir perçu plus ou moins tout cela, et s'il y a une chose que je pense avoir identifié dans le film, c'est bien sa noirceur et son désespoir. De ce point de vue, l'oeuvre est en effet particulièrement retorse, qui creuse une dissymétrie radicale entre le propos et sa formulation. Mais, sans que je parvienne à identifier totalement pourquoi, ça ne marche pas sur moi, à mon regret. J'ai pourtant vu le film deux ou trois fois, et je suis toujours resté sur le seuil de la porte. :(
AtCloseRange a écrit :Et puis il préfère le Monde Perdu... :mrgreen:
Eeeeeehh oui.
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Re: Top Steven Spielberg

Message par G.T.O »

Thaddeus a écrit :
Strum a écrit :Je comprends ta réaction, même si personnellement j'adore ce film. C'est un peu le Liberty Valance de Spielberg, un film qui démystifie les contes, qui nous dit que les contes sont faux et que par les contes (même si on en a absolument besoin pour vivre comme David) on accepte d'être trompé, comme si Spielberg dialoguait avec son propre cinéma de conteur (comme Liberty Valance pour Ford donc). Car à la fin, David ne retrouve pas sa mère... Cette fin, où l'écart est béant entre la mise en scène lumineuse, douce et consolatrice, et le fond d'une noirceur absolue, ouvre sous nos pieds un vide ; elle est d'une puissance émotionnelle dévastatrice, bien aidée par la musique de Williams, ici à son meilleur.
Il me semble également avoir perçu plus ou moins tout cela, et s'il y a une chose que je pense avoir identifié dans le film, c'est bien sa noirceur et son désespoir. De ce point de vue, l'oeuvre est en effet particulièrement retorse, qui creuse une dissymétrie radicale entre le propos et sa formulation. Mais, sans que je parvienne à identifier totalement pourquoi, ça ne marche pas sur moi, à mon regret. J'ai pourtant vu le film deux ou trois fois, et je suis toujours resté sur le seuil de la porte. :(
Une dissymétrie en partie causée par l'habilité du conteur de Spielberg.
On mesure aussi l'écart entre Kubrick et Spielberg à la façon dont il traite, envisage chacun une histoire. Et, cette différence réside, à mon sens, à ce que l'un joue davantage sur la diffusion lente des effets, notamment en adoptant un rythme délibérément languissant propice à la pénétration ( oui, oui :mrgreen: ), tandis que l'autre s'efforce de fluidifier au maximum les éléments narratifs, à lisser, sous l'effet de la rapidité, les problèmes... Comme le dit d'ailleurs très bien Jonathan Rosenbaum, le célèbre ex-critique du Chicago reader, un des rares à avoir, dès le départ, adoré le film aux States, le film réussit à "défamiliariser" autant le cinéma de Spielberg que celui de Kubrick avec des conséquences pour l'un et pour l'autre. On a souvent décrit A.I comme un mariage ( réussi ou pas, peu importe) des deux styles. Je le décrirai plutôt comme un dialogue. Une dialectique qui fait de sa contradiction un enjeu. Et, même si A.I reste un film très personnel pour Spielberg, presque de l'ordre de l'auto-analyse dans sa manière de montrer sa part maladive, contagieuse, fébrile, le film retrouve, dans l'achoppement des thèmes, de ton, dans la partition, l'aspect provocant et conflictuel du cinéma de Kubrick. Mais avec un arrière-plan comme enseveli sous la fluidité de la mise en scène qui, comme à l'accoutumée chez Spielberg, ne marque aucun temps d'arrêt. Traite un moment troublant et extrêmement tragique, de manière contraire - douce et poétique. C'est seulement de manière rétrospective que l'on se rend compte des abîmes qu'ouvre le film et ampleur de sa maladie.
Edouard
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Edouard »

Voilà mon petit top Spielberg...
Je suis partagé sur le "King of Entertainment": je ne sais jamais si je dois voir en lui un honnête faiseur ou un auteur avec des thématiques communes à ses films.
J'ai l'impression qu'il saute du coq à l'âne sans véritable ligne rouge dans sa filmographie alternant bons films commerciaux et films très personnels.

Chef d'œuvre (20/20)
Lincoln
Saving Private Ryan (Il faut sauver le soldat Ryan)
Schindler's List (La Liste de Schindler)

Excellent (de 18 à 19,5/20)
Indiana Jones and the Last Crusade (Indiana Jones et la Dernière Croisade)
The Terminal (Le Terminal)
Raiders of the Lost Ark (Les Aventuriers de l'arche perdue)

Très bon (de 16 à 17,5/20)
Indiana Jones and the Temple of Doom (Indiana Jones et le Temple maudit)
Munich

Bon (de 13 à 15,5/20)
Minority Report
Bridge of Spies (Le Pont des Espions)
Catch Me If You Can (Arrête-moi si tu peux)
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal)

Pas mal (de 9 à 12,5/20)
Artificial Intelligence: A.I (A.I. Intelligence artificielle)
War of the Worlds (La Guerre des mondes)
Jaws (Les Dents de la mer)
Jurassic Park
The Lost World (Le Monde perdu : Jurassic Park)
E.T. the Extra-Terrestrial (E.T. l'extra-terrestre)
Close Encounters of the Third Kind (Rencontres du troisième type)

Très moyen (de 5,5 à 8,5/20)
The Adventures of Tintin: Secret of the Unicorn (Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne)

Quelques trucs à sauver (de 1,5 à 5/20)

Inutile de perdre son temps (de 0 à 1/20)

Pas vu
The Sugarland Express (Sugarland Express)
1941
The Color Purple (La Couleur pourpre)
Empire of the Sun (L'Empire du soleil)
Always
Hook (Hook ou la Revanche du capitaine Crochet)
Amistad
War Horse (Cheval de guerre)
The BFG (Le Bon Gros Géant)
Pentagon Papers
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Dernière modification par Edouard le 29 avr. 20, 11:50, modifié 2 fois.
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Rockatansky »

Honnête faiseur, tu m'étonnes pour un mec auquel tu classes 6 films à 18/20 et plus...
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Re: Top Steven Spielberg

Message par Jack Carter »

Et John Huston est un gros tacheron :mrgreen:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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