Les tops 2021 des Classikiens (Ciné/VOD)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: Les tops 2021 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Thaddeus »

Selon le principe de la date de première projo officielle (et non celle de la sortie française).


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1. Drive my Car – Ryûsuke Hamaguchi

"Nous nous reposerons", souffle la célèbre coda de la pièce de Tchekhov. Telle pourrait se formuler la quête poignante de Yusuke, dont la solitude d’homme en deuil intègre une galaxie d’interlocuteurs contribuant chacun à le conduire vers l’ouverture à l’autre. Et le film de tisser patiemment la toile de ces rencontres, de ces échanges, de visiter et d’éprouver les terminaisons de nos drames et de nos sentiments, de rappeler avec poésie ce que l’on emporte et ce dont on se défait pour avancer.

2. Annette – Leos Carax

Une fois de plus Carax convie les images de toute éternité qui l’obsèdent à la barre de leur propre procès, celui des pièges tendus par leurs ressorts de séduction, de leur horizon d’identification cathartique. Sur la pop rock psalmodique des Sparks, l’amour et la mort dansent collé-serré, le chant embrasse une dimension orphique. Et dans cette dissonance nocturne qui balaye l’âme humaine, rien ne vient détricoter la féérie des surfaces rêveuses, leur doublure cousue de cauchemar et d’effroi.

3. Licorice Pizza – Paul Thomas Anderson

PTA ressuscite le Los Angeles des seventies et c’est un délice-réglisse qui part dans tous les sens en ne racontant que de l’essentiel, une madeleine frappée d’euphorie qui voit deux adulescents en passer par toutes sortes de prétendants et épuiser toutes les impasses amoureuses pour enfin se rendre l’un à l’autre. À grands coups de travellings filés et de courses es-soufflées que relaie une playlist ébouriffante, le film réinvente le coming-of-age comme art de la cristallisation épiphanique.

4. Illusions Perdues – Xavier Giannoli

Lettrés et dandys, éditeurs et romanciers, journalistes et politiques... Le culte de l’argent roi, la tambouille des arrangements, les snobismes en pagaille, le bal des hypocrites, la fulgurance de l’ascension puis l’âcreté douloureuse de la chute… Un tumulte de fastes et de frasques, de mots et de maux. Giannoli a bien fait d’approcher l’ogre Balzac : tout en esprit, en mouvement, en vitesse, il offre le portrait fiévreux d’une société impitoyable où la morale ne pèse pas le poids d’une plume.

5. Il Buco – Michelangelo Frammartino

1961. Une équipe de spéléologues piémontais explore un pli dans l’écorce du monde. Le berger sur son plateau aux abords du gouffre, les plantes et les animaux, les anfractuosités de la roche, les espaces obscurs de la grotte, toutes ces forces semblent s’allier sans se fondre pour faire entendre leurs voix. Fascinante aventure que cet exercice de perception active consistant à défaire l’opposition du visible et de l’invisible, à recueillir en images et en sons les échos secrets de la terre.

6. Madres Paralelas – Pedro Almodóvar

Comment est-on la mère de son enfant, comment est-on l’enfant de sa mère ? Double énigme qui n’en finit pas de lanciner la filmographie de l’Ibérique, chez qui la tristesse est un sentiment plus langoureux que le chagrin. Ce qui l’emporte, c’est à nouveau l’amour de personnages dont il n’omet jamais d’organiser le sauvetage, dont les joies et les souffrances intimement mêlées résonnent avec le drame collectif, et que la fiction console et étreint de douceur, jusqu’aux rives de l’apaisement.

7. Ennio – Giuseppe Tornatore

Qu’est-ce que le génie ? Si cet électrisant documentaire-fleuve n’offre pas de réponse évidente, il confronte à une dimension quasi surhumaine de la création artistique. Deux heures et demie de témoignages, d’archives et d’extraits de films au service d’une carrière monumentale, d’un parcours biographique à l’écart des normes. Et pour le cinéphile, un florilège d’instants sacrés, une masterclass hors concours, un cadeau d’une valeur inestimable, apte à faire chavirer, suffoquer d’émotion.

8. Serre-moi Fort – Mathieu Amalric

Première version : une femme quitte sa maison au petit matin, taille la route et laisse en rade mari et enfants. Deuxième version : sa fuite n’est qu’une projection mentale, une esquive de l’esprit pour panser la terrible blessure de l’absence. Le film, choqué jusqu’à la perdition, monté jusqu’au vertige comme un jeu de revenants, de surimpressions et de voix intérieures, les enroule l’une autour de l’autre pour tout dire ou presque de l’inconsolable chagrin né de la perte de ceux qu’on aime.

9. West Side Story – Steven Spielberg

Entre les volants flashy des jupons féminins et les décombres fumants d’un New York dévasté, au cœur de cet empire de gravats, de cette urbanité spectrale faite de terrains vagues, d’entrepôts à l’abandon et d’immeubles éventrés, le grand homme-caméra de notre époque appose son sceau sur la comédie musicale. Infusée par le plaisir et la vitesse, l’énergie et la gourmandise, l’émerveillement et la générosité, la tornade aspire simultanément à dire la violence du monde et à le rendre plus beau.

10. Boîte Noire – Yann Gozlan

Une enquête obsessionnelle, fondée sur l’écoute, qui révèle peu à peu l’envers du réel. Une ambiance parano enserrant le protagoniste dans les mailles d’un obscur complot. Une trajectoire filandreuse qui dessine au gré des révélations celle d’un double disparu et condamne au même destin. Ce n’est ni Blow Out, ni À Cause d’un Assassinat, ni The Ghost Writer. C’est le thriller fascinant, haletant, addictif, conçu avec goût et mené sans fausse note, que l’on n’attendait plus du cinéma français.


Sur le banc : À Plein Temps (Éric Gravel), Benedetta (Paul Verhoeven), Bonne Mère (Hafsia Herzi), Les Olympiades (Jacques Audiard), Un Monde (Laura Wandel)...
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Flol
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Re: Les tops 2021 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Flol »

Ben là déjà, c’est mieux ! :o
(même s’il y en a 3 que je n’ai pas vus et que le 2…bof :?)
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