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Test blu-ray
Image de la jaquette

Vidéodrome

BLU-RAY - Région B
Elephant Films
Parution : 29 mars 2022

Image

Vidéodrome était déjà sorti en France en Blu-ray en 2012 chez Universal, à partir d'un transfert moyen, finalement assez conforme à ceux produits en masse par le studio à la fin des années 2000 et qui, pour certains, inondent encore le marché. Parallèlement, l'américain Criterion a édité son propre transfert en 2010, effectué en filière HD (donc avant l'arrivée du 2K) à partir d'un interpositif. Une restauration qui fut supervisée par le directeur de la photographie Mark Irwin et approuvée par David Cronenberg, reprise en 2015 en Angleterre (chez Arrow). C'est ce master de la version intégrale non censurée qu'Eléphant Films propose enfin en France aujourd'hui.

S'il reste encore la meilleure façon de voir le film aujourd'hui, ce transfert ne peut masquer son ancienneté, même si le rendu est bien plus naturel que celui du disque Universal. Plus d'accentuation de contours cette fois mais toujours malgré tout une certaine douceur d'ensemble, avec un piqué palpable, un peu chiche parfois cependant, et un niveau de détail correct, surtout dans les gros plans. L'ensemble est très propre et très stable. Les contrastes sont équilibrés, parfois un peu trop "décollés" dans certaines scènes sombres, mais en cela conformes à leur niveau de projection en salle. En revanche, l'étalonnage diffère sensiblement du disque précédemment disponible puisque la saturation un peu agressive n'est désormais plus de mise, les couleurs sont plus posées, peut-être dans une plus grande cohérence avec les précédents films du duo Cronenberg / Irwin, mais avec toujours présente une petite carnation rosée un peu suspecte sur les visages.

comparatif Blu-ray Universal (2012) vs. Blu-ray Eléphant Films (2022) : 1 2 3 4 5

Eléphant Films présente sur un second Blu-ray les quatre premières oeuvres de David Cronenberg, des films avant-gardistes produits entre 1966 et 1970. Les court-métrages Transfer et From the Drain ont été restaurés en Haute-Définition par le Toronto International Film Festival. Les masters conservent l'aspect 16mm de ces toutes petites productions amateurs tournées avec des moyens très limités (mouvements de caméra disgracieux, netteté aléatoire). La définition est forcément douce, le grain se montre abondant. Les copies sont stables et totalement nettoyées, la colorimétrie d'origine est correctement restituée.

Le moyen métrage Stéréo a été restauré par Criterion à partir d'un élément positif 35mm. La définition et très appréciable, le niveau de détail reste palpable, la copie est bien nettoyée et propose un étalonnage noir & blanc assez séduisant. Le seul souci provient de contrastes parfois très instables, conséquence d'une densité des noirs fragilisée par l'état de la pellicule (il aurait fallu un degré de nettoyage un peu plus poussé). Les conditions de visionnage sont quand même très bonnes. C'est également le cas de Crimes of the Future, un autre moyen métrage, cette fois restauré en 4K par Arrow Video à partir du négatif 35mm. Copie stable, immaculée, belle définition, bon niveau de détail. Léger grain argentique. Etalonnage conforme au support et à son époque. Les amateurs de Cronenberg, ici en terrain connu, seront aux anges.

Son

Vidéodrome est présenté avec une version originale relativement sobre mais apparemment fidèle au mono d'origine. Le rendu est très précis, notamment durant les prises de son direct, avec le léger "fond d'air" qui les accompagne. Les voix sont claires, surtout positionnées dans les aigus et les mediums, et bien équilibrées avec les sons d'ambiance, bien présents. La copie est très propre, dénuée de bourdonnement ou de craquements disgracieux. Le spectre sonore est large, avec des graves essentiellement utilisées par la musique de Howard Shore, et plus affirmées que sur la version française. Cette VF apparaît relativement similaire, très proche en qualité, détaillée et également très bien nettoyée.

Les court-métrages Transfert et From The Drain bénéficient de bandes-son très modestes, des mixages simples mais soumis à quelques défauts techniques durant les prises de son direct. Le son de Stéréo, uniquement composé d'un commentaire en voix off, sans aucune ambiance, s'avère très propre et de bonne qualité, sans souffle marqué. On monte encore en gamme avec la bande son de Crimes of the Future qui, si elle reprend le concept du seul commentaire en voix off, est cette fois plus élaborée puisque comprenant parfois un sound design étrange (bruitages sommaires au micro, cris d'oiseaux ou bruits d'insectes, sons électroniques) qui ajoute au mystère. La piste son a été très bien restaurée, on ne note aucun souci particulier.

Suppléments

Eléphant Films propose une édition soignée de Vidéodrome, avec un steelbook au design exclusif et un certain nombre de suppléments intéressants, même si l'ensemble se montre plus frugal que les éditions anglo-saxonnes.

Scènes inédites (25 min - SD 4/3 upscalé - VOSTF)
Extraits en VHS d'une diffusion sur la chaîne américaine A&E, avec plusieurs passages non inclus dans le montage original.

Entretien avec Karim Hussain (14 min - HD)
Directeur de la photographie canadien qui s'est également essayé à la réalisation, Karim Hussain est aussi l'un des collaborateurs attitrés de Brandon Cronenberg, le fils du cinéaste. Il parle de son obsession pour les films de David Cronenberg et de sa passion pour Vidéodrome, l'un de ses préférés, qu'il n'a pu voir en salles à sa sortie car il était trop jeune, et qu'il découvrit dans une VHS américaine ("le paradis") deux ans plus tard. Il évoque le travail de Mark Irwin, l'un des cadors canadiens de l'époque dans sa discipline, sa photographie en clairs-obscurs, le jeu sur l'aspect bleuté des écrans TV qui accentue le mélange entre l'univers télévisuel et le réel, ou la difficulté à l'époque de filmer ces écrans en gros plans. Il revient sur le montage américain "complètement taré" fabriqué par Universal pour la télévision, expurgé des scènes choquantes. Un entretien très naturel et donc fort sympathique.

La bouche (1 min 30 s - SD upscalé en HD - muet)
Dans le précédent module, Karim Hussain expliquait comment il avait obtenu, lors d'une convention à Ottawa, un élément 16mm utilisé sur le tournage de Vidéodrome : le plan de la bouche de Debbie Harry qui était rétro-projetée sur l'écran qui absorbait James Woods, lors d'une des scènes les plus célèbres du film. C'est cet élément 16mm qui est proposé ici.

Le film par Stéphane du Mesnildot et Serge Grünberg (35 min - HD)
Propos croisés du critique de cinéma et de l'auteur d'un livre de référence sorti en 1992, composé d'entretiens avec David Cronenberg. Ils reviennent sur Vidéodrome, d'abord au sein de la filmographie du cinéaste qui passe ici du body horror au thriller paranoïaque avec cet "objet presque parfait" qui aborde le règne de l'image au moment où explosent la vidéo domestique et la télévision par câble, où la culture MTV se propage dans un "village planétaire" en marche avancée, rendu possible par les nouvelles technologies. Ils décrivent la façon dont Cronenberg aborde cette thématique, racontée entre science-fiction et philosophie, où il utilise l'image violente pour "montrer les structures de la société" dans une forme surréaliste où "des rencontres impossibles ont lieu devant nous". Ils évoquent surtout la "portée visionnaire et même prophétique" de Vidéodrome, qui pouvait paraître obscur à sa sortie (surtout pour la France, technologiquement en retard) et qui apparaît aujourd'hui tellement quotidien et révélateur de nos addictions, avec la culture généralisée d'internet, du virtuel (la nouvelle chair, on y est !) et des écrans, "miroirs de l'époque" où l'image a surpassé l'écrit et dirige désormais les grandes sociétés, sans que le système soit forcément protégé des contrôles politiques "inquiétants".



 

Making-of d'époque (8 min - SD upscalé - VOSTF)
Réalisé par Mick Garris, futur metteur en scène de La Nuit déchirée ou des séries TV Le Fléau et Shining, ce court module servait aux chaînes TV pour illustrer leurs reportages au moment de la sortie du film, avec des images du tournage et de l'atelier des effets spéciaux complétés par les brefs entretiens de David Cronenberg, qui estime qu'"on peut tout montrer dans un film", ou des acteurs, notamment James Woods qui parle de son réalisateur comme "l'esprit le plus étrange qui soit".

2 teasers d'époque (2 x 1 min 12 s - SD upscalé - VOSTF)

Bande-annonce (2 min 15 s - SD upscalé - VOSTF)

Sous l'appellation Crimes of the Past, Eléphant Films a regroupé les quatre premiers films de David Cronenberg, des courts et moyens métrages proposés en HD, comme l'édition britannique Arrow en 2015, et en VOSTF :

Transfert (1966 - 7 min)
From The Drain (1967 - 13 min)
Stéréo (1969 - n&b - 63 min)
Crimes of The Future (1970 - 63 min)


On pourra trouver des informations supplémentaires sur ces films universitaires qui "explorent les thèmes principaux de ses films à venir" dans un très bon livret de 24 pages écrit par Stéphane du Mesnildot, inclus avec les disques. Le critique analyse ces oeuvres de jeunesse, véritables "laboratoires de David Cronenberg" qui utilisent la forme du théâtre de l'absurde de Beckett dans les deux comédies noires Transfert et From The Drain, ou montrent déjà un goût pour l'architecture (une "expression de la technologie") dans Stéréo. Stéphane du Mesnildot s'intéresse également à la filmographie de ce "cinéaste mutant" qui évolua d'abord dans le cinéma d'"horreur réaliste" et un style brut avant de laisser place à "une esthétique cérémonielle". Cronenberg sera remarqué pour ses "adaptations inadaptables" de Burroughs ou Ballard, tout en nourrissant ses films de réflexions sur son époque, montrant par exemple "une sidérante prémonition de l'Amérique trumpienne". Stéphane du Mesnildot s'arrête enfin sur Vidéodrome, film visionnaire sur nos addictions au numérique ou aux réalités virtuelles, avec un James Woods en "autoportrait explicite" de Cronenberg et une Debbie Harry en "version MTV de Marilyn Monroe"...

En savoir plus

Taille du Disque : 43 482 116 764 bytes
Taille du Film : 23 792 031 744 bytes
Durée : 1:28:40.857
Total Bitrate: 35,77 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29976 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1826 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1868 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 25,506 kbps
Subtitle: French / 0,156 kbps
Subtitle: English / 25,459 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 14 juillet 2022