Un Américain bien tranquille

Rimini Editions s'intéresse aujourd'hui à Un Américain bien tranquille, un Mankiewicz peu célébré qui était sorti en Blu-ray aux Etats-Unis en 2017 (chez Twilight Time). Il s'agit d'une restauration ancienne qui reste convenable sur plusieurs points malgré quelques faiblesses. Du côté positif, on notera un scan à la précision très honorable et correctement détaillé, tempérée durant les plans truqués (fondus), traditionnellement plus épais, par quelques mises au point irrégulières et une profondeur de champ souvent réduite, mais aussi par un défaut de tirage de la copie positive utilisée pour cette restauration qui a tendance à atténuer de manière infime le piqué sur la partie gauche du cadre (on peut sentir une très légère douceur par rapport au reste). Les images bénéficient d'un noir & blanc efficace, entre des contrastes bien ajustés et une gamme de gris séduisante, cependant soumis à de petites pulsations de luminosité. La copie, assez stable, n'a pas non plus été nettoyée numériquement : il persiste encore de discrètes mais régulières traces d'usure (points blancs essentiellement). La patine photochimique a été conservée, le grain est présent, sans atténuation majeure ni souci d'encodage.

La version originale est de bonne qualité. Si la dynamique reste modeste, le rendu est clair et très précis. On notera une bonne présence des voix captées en prises de son direct, et un bon équilibre avec les sons d'ambiance. Il y a peu de soucis d'usure (par rapport à l'image) : le souffle est très discret, il y a parfois de très légères sifflantes. La version française provient d'une source ancienne, peut-être un enregistrement TV. L'aspect est en tout cas plus rugueux et brouillon : la piste est compressée, sans subtilités de dynamique, avec une nette accentuation des mediums. En plus de sifflantes, il persiste une sorte de bruit de fond mêlé à des relents de craquements en arrière-plan.

Mankiewicz par N.T. Bihn (38 min - HD)
Enseignant et fameux critique au magazine Positif sous le nom Yann Tobin, N.T. Bihn présente Joseph L. Mankiewicz à travers son parcours à Hollywood, sa montée en puissance, le "sommet de sa gloire" au début des années 50 avec Chaînes conjugales ou Eve, puis son désir d’indépendance, de liberté artistique et de "prestige intellectuel" qui le poussent à s’éloigner des studios pour se consacrer au théâtre ou, comme producteur, à des films qui ne rencontreront pas le même succès. Après avoir perdu de son éclat, il est en "phase de transition" au moment où il s’attaque à Un Américain bien tranquille. N.T. Bihn présente l'écrivain Graham Greene et le "curieux" choix d’adapter son roman polémique, entre "ménage à trois" et condamnation des "idéaux naïfs" américains. Il montre ce qui a intéressé Mankiewicz dans le projet : la passion et la jalousie qui poussent un homme à "commettre l’irréparable" autant que la dualité d'un personnage qui, comme lui, est lié aux valeurs de l’Europe en même temps que repoussé par un "arrivisme américain" qui l’attire irrémédiablement. Il analyse Un Américain bien tranquille, film sur la vanité masculine où la femme est réduite à un enjeu de combat entre deux hommes, avec ce personnage de jeune Vietnamienne comme métaphore d’un pays tiraillé entre les influences européenne et américaine. N.T. Bihn explique comment Mankiewicz s’approprie les œuvres en accentuant notamment les jeux de pouvoir, l’une de ses principales thématiques, ou en s’éloignant ici de l’anti-américanisme du roman lorsqu'il ajoute un "coup de théâtre" qui inverse les "clés idéologiques", à la fureur de Graham Greene qui ne manquera pas de le faire savoir publiquement. On évoque le casting prévu originellement, le duo Montgomery Clift / Laurence Olivier s’étant finalement désistés au profit d'Audie Murphy et Michael Redgrave, un "bon choix" qui accentue "la sagesse du vieux monde". N.T. Bihn revient enfin sur l’accueil du film, surtout remarqué en France par Eric Rohmer et Jean-Luc Godard dans les Cahiers du Cinéma. Un supplément clair et très intéressant réalisé par Linda Tahir dont on appréciera une nouvelle fois le soin apporté aux illustrations.

Bande-annonce originale (2 min 13 s - HD - non sous-titrée)
Numérisée à partir d'un élément sans titrages.

Taille du Disque : 42 064 469 212 bytes
Taille du Film : 31 178 557 440 bytes
Durée : 2:01:55.166
Total Bitrate: 34,10 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 28,03 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 28036 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2010 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2069 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,297 kbps
Subtitle: French / 36,595 kbps