Test blu-ray
Image de la jaquette

Tirez sur le pianiste

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 15 octobre 2024

Image

Parallèlement au coffret 5 héroïnes de François Truffaut et à Tire-au-flanc '62 qu'il a co-réalisé, Carlotta propose une autre réédition truffaldienne en version restaurée avec Tirez sur le pianiste. Les travaux ont été effectués par TransPerfect Media (ex Hiventy) et en 4K, à partir des négatifs d'origine. Comme pour la restauration du Dernier métro, notamment, l'étalonnage a été supervisé par le directeur de la photographie Guillaume Schiffman (césarisé pour The Artist en 2012), fils de Suzanne Schiffman, la plus proche collaboratrice de Truffaut.

La précédente édition Blu-ray, sortie en 2015 chez TF1 vidéo, était déjà d'une facture très appréciable, mais avec une patine encore un brin télévisuelle (le comparatif ci-dessous est éloquent, de ce point de vue). Cette nouvelle restauration 4K affine logiquement le rendu de l'image et la précision des détails, même s'il peut encore y avoir l'impression d'une infime épaisseur, typique de la pellicule d'époque et du procédé photographique Dyaliscope utilisé sur le film (et sur Les 400 coups). Le nouveau scan 4K renforce surtout l'aspect argentique d'origine : outre le grain, fin, plus affirmé et abondant, qui texture admirablement les images, sans aucun souci d'encodage, on pense beaucoup à la luminosité générale qui a été réajustée à la baisse. Les contrastes sont aujourd'hui plus renforcés, plus "charbonneux" et désormais cohérents avec le rendu d'une émulsion argentique, tout en assumant une photographie qui peut se montrer atypique voire audacieuse lorsqu'elle joue avec la sous-exposition, comme dans la scène en début de film, tournée dans la rue, de nuit, sans suffisamment d'éclairage (on explique pourquoi dans le commentaire audio), au point d'apparaître complètement sombre. À l'exception de quelques très rares rayures verticales tenaces, la copie a été totalement nettoyée et bien stabilisée. Bref, des conditions optimales de visionnage, forcément encore plus accrues en Blu-ray 4K UHD, compatibles avec les normes HDR10 et Dolby Vision.

On remarquera de nouveau que le sous-titrage, qui apparaissait jadis en mode karaoké pendant la chanson de Bobby Lapointe, n'est toujours pas proposé à partir d'un plan truqué (avec police de caractère d'époque), comme c'était le cas jusqu'au DVD...

comparatif Blu-ray TF1 vidéo (2015) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Restaurée à partir du magnétique son, la piste audio présente une bonne dynamique (graves efficaces lorsqu'elle sont sollicitées) et une restitution fidèle du mixage d'origine. Certaines scènes ont été captées en prise de son direct, englobant volontairement les ambiances alentour : les sons de la rue, par exemple pendant la première scène, ou plus tard à la fenêtre d'un appartement, peuvent apparaître envahissantes. Une partie du long métrage a été post synchronisé, offrant un équilibre mieux maîtrisé et une belle présence des voix, très claires, qui évitent les saturations. L'ensemble est très propre, avec un souffle léger et souvent très discret.

Suppléments

Carlotta reprend les suppléments de la précédente édition (2015), en ajoutant (comme pour ses autres rééditions truffaldiennes) plusieurs archives précieuses :

Commentaire audio avec Marie Dubois
Serge Toubiana, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et co-auteur (aux côtés d'Antoine de Baecque) d'une excellente biographie de François Truffaut en 1997, mène non pas un commentaire mais plutôt une conversation libre aux côté de Marie Dubois. L'actrice se révèle finalement peu loquace dans l'exercice, les silences étant bien plus nombreux que leurs interventions. Elle finit par partager de temps en temps quelques anecdotes autour du tournage ou des membres de l'équipe, évoque son passage au Conservatoire, la façon dont François Truffaut a trouvé son nom de scène, le casting et son travail pour le personnage de Léna, son premier jour de tournage dans le café, ou sa collaboration sans familiarité avec Charles Aznavour, acteur à la "fêlure" indispensable...

Commentaire audio avec Raoul Coutard
Le directeur de la photographie de Tirez sur le pianiste raconte le tournage du film et parle abondamment de cette époque où apparaissait un "cinéma nouveau". Maillon mythique de la Nouvelle Vague, il est évidemment questionné sur son travail pour ce courant cinématographique qui tranchait avec les habitudes commerciales, Coutard expliquant en quoi Gordard ou Truffaut révolutionnaient aussi la façon de faire du cinéma.  Il explique entre autres les spécificités du procédé Dyaliscope ; pourquoi la couleur est arrivée si tard dans la Nouvelle Vague ; le dilemme de Truffaut qui souhaitait à la fois retrouver la lumière improvisée d'À bout de souffle et faire un cinéma plus classique mais techniquement plus complexe ; l'importance de respecter les budgets, "une question de survie" pour ces cinéastes débutants. Raoul Coutard revient sur ses débuts comme photographe de presse en Indochine, aux côtés de Pierre Schoendoerffer, une expérience qui a nourri son style ; avoue quelques erreurs de débutant sur le film ; et rend hommage aux producteurs Pierre Braunberger et Georges de Beauregard, qui ont pris des risques pour les financer. Un excellent supplément.

Présentation du film (4 min - SD - 4/3)
Serge Toubiana situe le film dans la carrière du cinéaste, explique ses intentions (dérouter le public après le succès des 400 coups), analyse les thématiques du film, son ton inhabituel, son anti-héros poétique. Quatre minutes aussi denses que passionnantes... mais un supplément beaucoup trop court !


Bouts d'essai de Marie Dubois (3 min - SD - 4/3)
Une archive qui nous permet de retrouver Marie Dubois, dirigée par Truffaut derrière la caméra. Peu à l'aise dans cette session improvisée où elle doit l'insulter, ce qui est bien normal, la comédienne ne s'en sort finalement pas si mal...

François Truffaut ou l'esprit critique (4min - HD avec upscale)
Extrait de l'émission Cinéastes, de notre temps, diffusée en 1965. Le réalisateur se dit avoir été charmé par la traduction du livre, comme on peut l'être d'un film américain grâce au doublage français. Il réfute l'idée que Tirez sur le pianiste ! soit une parodie, genre non artistique, préférant le terme de "pastiche respectueux", qu'il explique. Se sentant "pas loin d'être ennuyeux", il parle d'un projet "très excentrique" avec Jeanne Moreau dont le résultat le tirerait de la banalité...

David Goodis par François Truffaut (15min - HD avec upscale)
Diffusé sur TF1 en mars 1982, François Truffaut (interrogé par l'éditeur et spécialiste de polars François Guérif) évoque David Goodis, romancier qui restera inconnu aux USA malgré plusieurs adaptations au cinéma. Truffaut s'était intéressé un temps au Casse (repris plus tard par Henri Verneuil puis René Clément) mais porta d'abord son intérêt sur Tirez sur le pianiste ! Le réalisateur parle du roman dont il a voulu rendre à l'écran l'"aspect féérique" de la Série Noire, en filmant "un pays imaginaire" et des "personnages venus d'ailleurs", qu'Aznavour incarnait aisément. Il se souvient de l'épisode de Thérésa, son préféré du livre, auquel il a été le plus fidèle. Une belle archive. 

Bande-annonce originale (1 min 54 - SD - 4/3)

Bande-annonce 2024 (1min 13s - HD)

En savoir plus

Taille du Disque : 30 069 314 019 bytes
Taille du Film : 23 759 749 440 bytes
Durée : 1:21:39.375
Total Bitrate: 38,80 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 34,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34996 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1060 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 1,449 kbps
Subtitle: French / 41,124 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 28 janvier 2025