Test blu-ray
Image de la jaquette

Road Games

BLU-RAY - Région B
Studiocanal
Parution : 30 janvier 2019

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Jean-Baptiste Thoret a proposé il y a trois ans cette pépite australienne méconnue au sein de sa collection Make My Day !, inédite en France en vidéo depuis l'époque de la VHS. Comme plusieurs titres de ozploitation édités depuis quelques années (Bad Boy Bubby ou Fair Game), Road Games a été restauré par un éditeur local, Umbrella Entertainement, où l'on retrouve cette patine vintage typique des années 80. Le film a été restauré en 4K en 2016, visiblement à partir d'un interpositif dont on conserve les spécificités d'origine ainsi que quelques défauts. La copie, également reprise aux Etats-Unis chez Shout! Factory en 2019, reste bien granuleuse et l'étalonnage apparaît "dans son jus", avec un aspect qui nous plonge immédiatement dans l'ambiance d'une salle de cinéma de l'époque. La copie est assez bien nettoyée, mais encore avec quelques traces discrètes, les images sont presque stables et bénéficient d'une définition satisfaisante associée à un niveau de détail correct sans être extraordinaire. Les couleurs sont parfois très saturées, les carnations tirent vers le marron-jaune et les noirs sont parfois colorés (comme à l'époque du photochimique). Un rendu inhabituel et daté, malgré le label "4K", mais un aspect d'époque qui a son charme, et finalement d'assez bonnes conditions pour (re)découvrir un film qui vaut le détour.

Notez toutefois que Road Games a bénéficié d'une nouvelle restauration en 2020 pour l'édition britannique de Powerhouse Films. Le scan est plus fin mais l'étalonnage pourra de temps en temps paraître un brin artificiel et un peu magenta sur les bords. Vous trouverez un comparatif explicite sur le site caps-a-holic.com.

Son

La piste anglaise mono se montre précise et très bien nettoyée. Les voix sont d'une grande clarté, le son direct est bien restitué. On ne relève pas de traces du temps, pas de saturations ou de sifflantes, ni de souffle disgracieux. On notera un assez bon équilibre avec les ambiances même si certains bruitages (moteurs/camion/voitures) semblent un peu limités en dynamique, celle-ci restant au demeurant très correcte, la plupart du temps. Road Games n'est malheureusement proposé qu'en version originale sous-titrée alors que le film est bien sorti en France en version doublée. Certaines VF semblent bien compliquées à retrouver...

Suppléments

Préface de Jean-Baptiste Thoret (9 min - HD)
Le critique et historien du cinéma resitue Road Games dans le cinéma exploitation australien de l'époque, dont il est l'un des films cultes de l'âge d'or, montrant ce qui distingue ce courant des autres cinématographies, notamment par sa capacité à filmer l'espace ou à voir "l'étrangeté derrière le masque de l'ordinaire". Il évoque le réalisateur Richard Franklin, admirateur "enthousiaste" d'Alfred Hitchcock dont il demandera à son scénariste d'imaginer avec Road Games un pendant australien à Fenêtre sur cour. Après le succès de ce film "extraordinairement inventif", Richard Franklin fera une "courte carrière malheureuse" à Hollywood, notamment pour une suite de Psychose, comme par hasard... 

Commentaire audio de Richard Franklin (VOSTF)
Enregistré pour le DVD américain sorti chez Anchor Bay en 2003, un commentaire efficace du réalisateur qui se montre peu avare en anecdotes, évoquant en détail les difficultés des tournages de nuit, le travail "vraiment sympa" de son directeur de la photographie, l'utilisation partielle des story-boards, les scènes de la cabine du camion tournées en studio, la pression financière qui a entraîné des complications de planning (cf. le dernier supplément). Alfred Hitchcock est très souvent cité, pour signaler les hommages pendant le film ou au travers diverses anecdotes, le mixage ayant par exemple été effectué à Los Angeles avec l'un des ingénieurs du son de Vertigo...

Road Games vu par Fausto Fasulo (37 min - HD)
Notamment rédacteur en chef du magazine Mad Movies, Fausto Fasulo revient longuement sur le cinéma d'exploitation australien, né d'une volonté politique de "donner un coup de fouet à la culture australienne", avec des films qui lorgnent vers le cinéma hollywoodien tout en évoluant "un pas de côté". Il insiste sur l'identité visuelle et thématique très forte de ce cinéma qui ne fût remarqué à l'époque que par les revues spécialisées, aujourd'hui considéré comme une "bulle de créativité", aux prototypes très aboutis, et revendiqué par des réalisateurs comme Quentin Tarantino ou Greg McLean. Fausto Fasulo revient sur l'importance du scénariste Everett de Roche et le travail de Richard Franklin, "le grand artisan oublié du cinéma populaire mondial", aux références fortement hitchcockiennes tout en reprenant Brian de Palma ou Dario Argento, "ses rejetons directs". Le critique analyse Road Games, sorte de "Fenêtre sur bush" qui a décidé de "pousser les murs", un film "extrêmement pensé" qui joue autant avec les archétypes du thriller qu'avec ses personnages, notamment un Stacy Keach "fort et flegmatique" parfois plus inquiétant que le tueur, auquel il peut faire écho dans certaines scènes. Un entretien très intéressant, comme toujours dans cette collection.


Entretiens filmés pour Not Quite Hollywood (61 min - SD)
Inclus sur le Blu-ray australien et repris dans plusieurs éditions internationales, ce module est une compilation d'interviews menés par Mark Hartley pour son documentaire Not Quite Hollywood, sorti en 2008, montrés ici en intégralité et les uns après les autres, d'où une certaine redondance dans les propos malgré un intérêt certain, les questions posées étant souvent les mêmes d'un intervenant à l'autre. Les acteurs Jamie Lee Curtis et Stacy Keach reviennent sur leurs souvenirs de tournage, une "expérience fascinante" dans des motels "au milieu de nulle part", ou des nuits passées dans des stations-service, avec des douches à l'eau salée et des personnages dignes des pionniers des films de John Ford. Stacy Keach évoque son travail pour s'imprégner physiquement de son rôle parmi les camionneurs, l'acteur revenant sur la difficulté de conduire des engins avec 16 vitesses, malgré la sensation d'être finalement "le roi de la route" au milieu des grands espaces australiens. On revient régulièrement sur le financement du cinéma australien de l'époque, les systèmes de quotas et les facilités d'engager des acteurs étrangers, ce qui a causé de fortes critiques de la presse envers Jamie Lee Curtis, accusée d'avoir "volé" le travail d'une actrice locale. Le réalisateur Richard Franklin et son scénariste Everett de Roche racontent l'élaboration du projet, partie de l'idée d'une "communauté de la route qui voyage ensemble" et un rôle principal imaginé pour Sean Connery, finalement trop cher. Ils reviennent sur la "construction du suspense" pendant l'écriture, les improvisations de Stacy Keach face au chien, et la "crise identitaire" du cinéma australien de l'époque, la superficialités des décideurs ou les balbutiements administratifs, les complications de la censure et de la presse qui n'ont vu dans le film qu'une simple copie du cinéma américain. Le réalisateur, humble mais conscient de n'être pas traité à sa juste valeur, raconte des scènes qu'il n'a pas pu tourner, faute de temps et d'argent (il est plus précis dans le commentaire audio), l'assistant Tom Burstall livre un témoignage bref mais vrai, sans langue de bois lorsqu'il précise que le planning était simplement sous-dimensionné et "irréaliste", lâchant carrément que Richard Franklin aurait dû mieux s'organiser. Le directeur de la photographie Vincent Monton explique que les déplacements logistiques "littéralement à travers le continent" n'ont pas facilité les choses pour filmer tout ce qui était prévu. L'erreur d'établir un tournage dans l'ordre chronologique, avec beaucoup de retards, a eu pour conséquence de bâcler la fin du film...

Bande-annonce (2 min 03 s - HD - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 45 120 120 710 bytes
Taille du Film : 26 170 036 224 bytes
Durée : 1:40:31.500
Total Bitrate: 34,71 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30000 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1411 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1427 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 16,604 kbps
Subtitle: French / 51,352 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 16 juin 2022