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Test blu-ray
Image de la jaquette

Retour

BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 20 septembre 2022

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Carlotta retrouve le cinéma de Hal Ashby avec le très beau Retour, présenté à partir du même master sorti aux Etats-Unis en 2014 (chez Kino Lorber, trop dégrainé) et repris entretemps en Angleterre (chez Eureka en 2019) ou en Allemagne (chez Koch Media, également en 2019). Malheureusement, l'ayant droit MGM n'est pas aussi soucieux que Sony pour la restauration de son catalogue et, contrairement à Shampoo qui avait bénéficié d'une belle cure de jouvence en 4K en 2018, Retour doit se contenter de travaux (heureusement) honnêtes mais à la patine plutôt ancienne. En fait, il manque peu à cette restauration pour en faire quelque chose de solide : la copie est stable, assez bien nettoyée, les hautes lumières sont mieux gérées (logique puisque les techniques de scan ont fait des progrès), la colorimétrie est plus nuancée que sur le précédent DVD (malgré quelques glissements regrettables vers le magenta), les contrastes sont assez équilibrés. Mais il manque sans doute l'essentiel : une patine argentique plus affirmée, un grain moins épais et une impression durable de Haute-Définition. Car le rendu souffre d'une douceur insistante, peu aidé par un niveau de détail assez en retrait, défaut en partie accentué par la photographie volontairement ouatée de Haskell Wexler. Même si l'on aurait souhaité un peu plus de précision, cette présentation de Retour reste quand même honorable, la meilleure disponible actuellement... et surtout bien plus convaincante que le DVD MGM à la qualité discutable, sorti en 2004 (cf. ci-dessous). Notez enfin que l'encodage reste invisible malgré les plus de deux heures de suppléments qui accompagnent le film.

DVD MGM (2004) vs. Blu-ray Carlotta (2022) : 1 2 3 4 5 6 7

Son

En version originale, la piste mono d'origine apparaît modeste, sans éclat particulier, mais dans un ensemble propre et bien équilibré entre les voix, les ambiances et la musique. Le spectre sonore est honorable, plutôt clair et sans usures marquées. La version française est nettement en retrait, nasillarde et dénuée de basses fréquences (les graves sont quasi inexistants). La piste semble très plate, plus pauvre, beaucoup moins ample et détaillée qu'en VO.

Suppléments

Carlotta dédie au réalisateur Hal Ashby une très belle édition grâce à ce 23e Coffret Ultra Collector tiré à 2 000 exemplaires, au visuel signé Matt Needle.

Le film est accompagné de L'esprit retrouvé, un livre de 160 pages signé Jean-Baptiste Thoret et illustré de 50 photos d'archives. Le critique, réalisateur et historien du cinéma, spécialiste des années 70, raconte "la longue (et chaotique) genèse de Retour", un projet porté pendant des années par Jane Fonda, militante forcenée contre la guerre du Vietnam, et qui fut en partie inspiré par le vétéran Ron Kovic (auteur et héros de Né un 4 juillet) et sa phrase : "J'ai peut-être perdu mon corps mais j'ai retrouvé mes esprits." Thoret raconte l'écriture au long cours, la recherche d'un équilibre entre les différents sujets (le retour de la guerre, la masculinité, etc.), la lente mise en forme d'un scénario qui n'était pas terminé au début du tournage, retravaillé quotidiennement, en partie avec les acteurs, jusqu'à trouver l'idée d'utiliser "le terrain du concret" pour provoquer une conscience politique chez les personnages... et les spectateurs. Le livre montre l'implication du casting, l'intuition de Jon Voight pour son personnage qu'il incarne plus doux que prévu, ou raconte certaines difficultés de tournage, notamment pour la magnifique scène d'amour entre Luke et Sally, sculptée par le réalisateur "dans la solitude de la salle de montage".

Jean-Baptiste Thoret fait parallèlement un très beau portrait de Hal Ashby, le cinéaste "le plus chimiquement pur" et "insaisissable" du Nouvel Hollywood, au "palmarès le plus remarquable de tous les réalisateurs des années 70". "Cinéaste de la nuance, de la demi-teinte, de la description sans jugement", Ashby se réapproprie le sujet, travaille la subtilité et la complexité humaine, tout en évitant le sermon. Impulsé quand "la rage couvait" en Amérique mais sorti bien après la fin du conflit, Retour dépasse grâce à lui "le pamphlet activiste" de départ pour devenir un "drame existentiel", "une ode aux survivants", tout en montrant "une réalité inédite à comprendre". Le livre est si complet qu'il propose également une très belle analyse de ce "film sans ennemi" et va jusqu'à commenter précisément l'utilisation des tubes de l'époque, choisis parce qu'ils représentaient "l'essence des années 60". (A ce titre, on pourra vraiment regretter que les sous-titres du film sur le Blu-ray ne traduisent pas les paroles de ces chansons si lourdes de sens par rapport au récit.) Jean-Baptiste Thoret aborde même en annexe certains documentaires remarqués de l'époque "dont Retour serait un descendant", ou le moyen-métrage critique que Jean-Luc Godard consacra aux photos de Jane Fonda à Hanoï qui firent scandale. Le livre se conclue sur deux extraits (VO/VF) d'une version préliminaire du scénario : une scène introductive à l'enterrement du père de Bob et une fin avec prise d'otages menée par un Bob halluciné. Un livre passionnant.

Retour est complété de plusieurs suppléments :

Retour sur Retour (25 min - SD upscalé - VOSTF)
Produit pour le DVD MGM en 2002, une rapide évocation du projet par les acteur Jon Voight et Bruce Dern, et le directeur de la photographie Haskell Wexler. Ils évoquent l'ambiance de l'époque, dans un pays secoué de l'intérieur par une guerre injuste, et ce qu'a représenté Retour pour toute l'équipe : une "leçon de vie", "une sorte de témoignage", le "rétablissement" d'une réalité pour "comprendre ces blessures". Ils reviennent sur les soubresauts d'écriture, le tournage et la détermination de Hal Ashby qui encourageait et portait ses acteurs, en sachant faire le bon dosage entre le film politique et l'histoire d'amour. Jon Voight raconte longuement sa préparation parmi les vétérans tandis que Bruce Dern se souvient avec émotion de sa découverte du film à Cannes, "l'expérience la plus bouleversante" de sa vie, avec l'impression d'un "lien indestructible" qui unit les trois acteurs. Pour lui, Retour est tout simplement "un film qui en valait la peine"...

Hal Ashby, un homme hors du temps (15 min - SD upscalé - VOSTF)
Autre module produit pour le DVD de 2002, cette fois consacré à Hal Ashby, "une belle personne et un grand cinéaste". On retrouve Voight, Dern et Haskell Wexler, ainsi que le réalisateur Norman Jewison qui évoque les "années merveilleusement productives", d'abord en tant que monteur talentueux puis comme metteur en scène applaudi. Il parle de leur admiration commune pour William Wyler et raconte les rapports difficiles qu'entretenait Ashby avec les studios, lorsqu'il protégeait jusqu'à l'excès sa liberté créatrice comme une louve sa progéniture. Ils évoquent une personnalité iconoclaste, "hippie avant les hippies", mais aussi quelqu'un qui prenait plaisir à réaliser, qui s'amusait, et qui a laissé une trace profonde chez ceux qui l'ont côtoyé.


Hal Ashby, l'insoumis du Nouvel Hollywood (91 min - 1080p - Dolby Digital 5.1 - VOSTF)
Avec le livre de Jean-Baptiste Thoret, l'autre morceau de choix de cette belle édition est la présence du documentaire Hal, réalisé par Amy Scott en 2018, qui retrace le parcours d'un des personnalités les plus marquantes et singulières du cinéma américain des années 70, pourtant resté méconnue du public. Ses débuts dans le cinéma sont malheureusement expédiés, à peine quelques minutes sur son ascension comme monteur, accélérée par la rencontre décisive avec Norman Jewison... et à la clé un Oscar. Le film se concentre sur sa carrière de cinéaste, avec en filigrane un portrait plus intime. Ashby était "un esprit indépendant hors norme", artiste instinctif et ultrasensible, épris de justice et de liberté, un grand romantique pourtant "marié à son travail" plus qu'à ses conquêtes féminines. On évoque ses méthodes de travail, notamment dans l'improvisation et la proximité avec les acteurs, ou sa vision humaniste tellement évidente quand on voit Retour, En route pour la gloire ou Au revoir Mister Chance. Mais il "avait du mal avec l'autorité", créera la panique dans l'équipe marketing de Harold & Maud à la sortie, et se heurtera frontalement au système dans les années 80, une période créatrice bien plus difficile (le projet Tootsie lui filera entre les doigts, Huit millions de façons de mourir sera "kidnappé" par le producteur et monté sans lui). Un portrait là aussi complet et très intéressant, très documenté, recoupant des archives de Hal Ashby avec des commentaires de réalisateurs admiratifs ou des témoignages de collaborateurs nostalgiques.



Bande-annonce originale (2 min 03 s - SD 4/3 upscalé - VOSTF)

En savoir plus

Taille du Disque : 44 769 706 605 bytes
Taille du Film : 32 290 219 584 bytes
Durée : 2:07:57.586
Total Bitrate: 33,65 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,88 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29887 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 934 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 1026 kbps / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 24,039 kbps
Subtitle: French / 0,436 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 10 octobre 2022