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Test blu-ray
Image de la jaquette

Répulsion

BLU-RAY - Région B
Carlotta
Parution : 5 mai 2021

Image

Le master HD de Répulsion proposé par Carlotta est un réel plaisir pour les yeux. Le film a été restauré en 2K, il nous est proposé en 1080p et au format 1.66 d’origine. Il permet de revoir cette pépite des années 1960 dans les meilleures conditions et avec excellente définition d'ensemble. La copie est très propre (si ce n’est quelques scories au tout début du film et dans quelques scènes à l’extérieur). Elle rend hommage au grain argentique et au travail de Gil Taylor. Le noir et blanc est splendide avec de belles nuances de gris, un travail sur la lumière et le clair-obscur qui est tout simplement somptueux. Les scènes en extérieur ont un formidable rendu et restent en tête tout comme la scène de l’assassinat du propriétaire où la candide Carol de blanc vêtu se détache du gris de l’appartement et s’oppose au propriétaire vêtu de noir. Carlotta met la barre très haut et propose un travail remarquable également pour Le Couteau dans l’eau et Cul-de-sac.

C’est une réelle redécouverte des trois premiers films de Roman Polanski.

Son

Deux pistes audio DTS HD Master-Audio 1.0 en français et en anglais sont proposées pour ce master HD. La version originale est la plus soignée, elle est plus dynamique et plus équilibrée. Elle a le meilleur rendu pour profiter pleinement de ce film. Les voix sont plus présentes et mises en avant dans la version française, ce qui peut surprendre lorsqu’on connaît uniquement le film en VOST.

Une piste est dédiée aux commentaires audio de Roman Polanski et de Catherine Deneuve, elle est proposée en Dolby Digital 2.0 accompagnée de sous-titres en français. Cette troisième proposition est forte intéressante pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur le film, sur la façon de travailler de Roman Polanski, sur les impressions du vécu de Catherine Deneuve concernant le tournage de Répulsion. Il est à noter que l’actrice a un accent anglais tout à fait charmant.

Suppléments

Grand écran : Roman Polanski
Reportage sur le tournage du film à Londres passé sur l’ORTF
(21 min34 - 4/3 - VF - 1964)
Ce bonus propose une enquête passionnante sur la fabrication de Répulsion. Les premières images nous montrent le réalisateur Roman Polanski filmé en plein travail sur le tournage de ce qui devait être une petite production. Il dirige Yvonne Furneaux qui joue le rôle de Helen, la soeur de Carol, dans une scène située au début du film.


Ce reportage alterne entre ces moments pris sur le vif du tournage et des interviews des deux principales actrices ainsi que du réalisateur au centre des propos. Il explique face à la caméra le travail d’écriture pour cette oeuvre cinématographique puis Catherine Deneuve revient sur son personnage, Carol. Roman Polanski revient sur ses intentions concernant ce film d’horreur auquel il a voulu donner un aspect réaliste en s’attachant au quotidien du personnage de la jeune femme. Le bonus insiste sur une scène importante : l’assassinat du propriétaire de l’appartement où résident les deux soeurs. Nous assistons à de longues discussions entre les acteurs et le réalisateur qui a des idées très précises sur sa mise en scène et sur le jeu des comédiens. Ceci est confirmé par les explications du jeune réalisateur polonais (à l‘époque) qui s’inspire d’A l’est d’Eden dans le jeu du personnage du propriétaire qu’il veut rendre plus complexe en différenciant le geste de l’intention dans la voix. Catherine Deneuve et Yvonne Furneaux insistent sur le travail minutieux de Roman Polanski, qui revient enfin sur sa carrière et sur l’intérêt d’approfondir les personnages d’un film et leurs relations à l’intérieur de l’oeuvre.

Un film d’horreur britannique (24 min - 16/9 - VOST - 2003)
Le deuxième bonus s’attache également à la création de Répulsion. Il est une suite d’interviews des différents collaborateurs à l’origine de cette oeuvre : Roman Polanski, Gene Gutowski (producteur), Tony Tenser (Compton films), Gil Taylor (chef opérateur), Seamus Flannery (directeur artistique). Le réalisateur ouvre le bal en précisant que chaque spectateur peut donner un sens à cette fin du film. Chaque interlocuteur donne des précisions sur l’aspect du film qu’il avait en charge.



Plusieurs thèmes sont abordés : l’origine du film, la création de l’appartement, l’importance de Catherine Deneuve, le travail réalisé par Gil Taylor, les effets spéciaux et l’accueil du film. L’élément essentiel qui ressort de cette séquence est l’exigence artistique de Roman Polanski qui a fait tout son possible pour mener à bien ce projet. Malgré le manque de budget, il désirait absolument travailler avec Gil Taylor qui avait collaboré avec Stanley Kubrick pour Docteur Folamour. Il a réussi à l’imposer, tout comme Catherine Deneuve à l’aide de Gene Gutowski. Polanski regrette les effets spéciaux qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’il voulait montrer à l’écran. Il a réussi cependant à dépasser la censure très importante au Royaume-Uni à cette époque pour montrer la folie de cette jeune femme en apparence ordinaire. Ce bonus est un peu frustrant pour le spectateur qui aimerait en savoir plus, les échanges sont trop courts et les thèmes abordés mériteraient d’être développés comme l’accueil fait pour le film et les réactions face à cette oeuvre : l’agent de l’acteur Peter Sellers a été impressionné lors de la première projection.

Entretien audio avec Richard Gregory (11 min 25 - VOST)
Le troisième bonus proposé pour ce Blu-ray est un entretien audio avec le professeur Richard Gregory, neuropsychologue émérite qui a travaillé dans les universités de Bristol, Cambridge et Edimbourg. Un plan de la photo de famille des deux soeurs se trouve en fond d’écran durant toute cette séquence. Le cinéphile se retrouve là avec un matériel pour le moins étonnant. Ce scientifique reconnu a côtoyé Roman Polanski pendant 15 jours à Londres après l’assassinat de Sharon Tate en août 1969 dans les circonstances affreuses que tout le monde connaît et qui a fait l’objet de la fin du film réussi de Quentin Tarantino, Once Ipon a Time in Hollywood (2019). En dépression, Roman Polanski se réfugie dans le travail pour tenter d’oublier cette tragédie. On apprend à travers les paroles du neuropsychologue que le réalisateur polonais avait un projet de film d’horreur en 3D. Il voulait le diffuser avec un seul projecteur pour toucher un public plus large (deux projecteurs auraient nécessité davantage de difficultés techniques).

Roman Polanski a lu l’ouvrage de ce professeur, L’oeil et le cerveau sorti en 1966, dont le sujet est la perception visuelle. Le réalisateur polonais voulait développer une théorie cinématographique qui consistait à plonger le spectateur au coeur du film pour lui donner le plus de sensations possibles, c’est-à-dire voir les événements comme s’il les vivait. Il s’est inspiré des travaux de ce neuropsychologue dans ses films et dans les projets qu’il a commencé à mettre en place au début des années 1970. Une ébauche d’oeuvre érotique en 3D a commencé à se développer mais n’a jamais vu le jour. Le professeur insiste enfin sur le travail brillant du réalisateur par ses inventions visuelles, et se souvient avec nostalgie de ces deux semaines passées à côté d’un artiste en vogue alors dans le milieu du cinéma.

Deux courts-métrages :

Meurtre (1 min 29 - 4/3))
Ce court-métrage muet datant de 1956 présente le meurtre d’un jeune homme par un retraité dans un appartement. Ce travail de fin d’études est lié au film par la mort dans un appartement et par l’étrangeté de la situation provoquée par l’absence de son.

La Lampe (7 min 40)
Ce deuxième court-métrage présente l’atelier d’un artisan fabricant des poupées. Cet endroit qui paraît banal devient très inquiétant avec une musique dissonante et des jeux d’ombres qui semblent rendre les poupées vivantes. L’atelier prend feu sans que les gens à l’extérieur s’en rendent compte. Ce court-métrage présente des thèmes similaires à Répulsion.


Bandes-annonces
Deux bandes-annonces en anglais et sous-titrées en français sont proposées dans les suppléments. Toutes les deux présentent le personnage de Carol Ledoux par un montage en surimpression au départ puis une voix off décrit le basculement vers la folie de la jeune femme. Ces deux éléments sont de bonne facture mais n’ont pas été restaurés. La première dévoile à la fin trois critiques publiées dans le New York Times, le Time Magazine et Life Magazine pour inciter les spectateurs à aller voir ce petit bijou fantastique.

Par Kévin Béclié - le 10 septembre 2021