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Test blu-ray
Image de la jaquette

Monte là-dessus!

BLU-RAY - Région A
Criterion
Parution : 18 juin 2013

Image

Il fallait s’y attendre : la présentation du film est exemplaire. Le transfert a été effectué d’après une copie tirée du négatif original, provenant de la collection de Lloyd, et magnifiquement préservée. Le film est présenté dans un superbe noir et blanc, sans teintes (je ne pense d’ailleurs pas qu’il ait jamais été présenté teinté). L’image a subi une restauration prudente, mais sans excès : on n’a jamais vu le film en vidéo dans d’aussi bonnes conditions. Aucun problème de compression ne vient gâcher la fête, et la vitesse de défilement choisie de 22 images par secondes permet un confort maximum.

Son

Deux accompagnements en option pour ce chef-d’œuvre du muet. Gaylord Carter, organiste spécialisé qui a beaucoup officié sur des films muets présentés à la télévision américaine, a ses adeptes et le disque propose un enregistrement de Carter improvisant sur le film en 1969, en mono. Mais selon moi, le score de Carl Davis est la pièce de résistance et c’est d’ailleurs le choix par défaut. Enregistré en 1989 pour la présentation du film sur Channel 4 (dans le cadre de la série Thames Silents produite par Kevin Brownlow et David Gill), il est l’une de ses meilleures partitions pour un film muet - en sachant que Davis est non seulement un compositeur, c’est aussi un passionné, en même temps qu’un historien pointu en matière de film muet. Il s’est délibérément inspiré de la musique contemporaine du film, dérivée du jazz, dont il s’est amusé à présenter un démarquage très personnel ; elle laisse sur l’auditeur une trace indélébile, permettant une pertinente allusion à la culture contemporaine du film. Cet accompagnement exemplaire a été remixé pour cette sortie sous la supervision de Davis lui-même, et présenté en glorieuse stéréophonie...

Suppléments

Au vu de l’importance du film, de la qualité de la présentation, de la richesse et de la pertinence des suppléments, ce Blu-ray est une merveille... Le disque est destiné au seul marché américain, il n’y a donc aucun sous-titre proposé. Les suppléments sont tous en anglais.

Le Blu-ray est fourni avec un livret contenant un essai du critique Ed Park. Ce dernier dresse une biographie succincte de Harold Lloyd et livre une excellente introduction au film, le situant en icône dans la culture populaire, le comparant de façon intéressante à... Abbey Road des Beatles ! Dans le contexte de l’essai, cette comparaison est très pertinente. Mais les cadeaux proposés avec le film ne s’arrêtent pas à ce petit fascicule de 16 pages, illustré comme c’est l’habitude dans la Collection, avec soib.

Commentaire audio de Richard Correll et Leonard Maltin
Repris de l’édition précédente du film chez New Line dans le coffret The Harold Lloyd Comedy Collection, ainsi que dans le volume 1 de l’édition en trois doubles DVD. Richard Correll est un ancien étudiant en cinéma, ancien petit ami de Suzanne Lloyd la petite fille de Harold et Mildred et l’un des hommes de confiance du comédien à la fin de sa vie, auquel a été confiée la garde des trésors du temple... C’est aussi un passionné qui aime faire partager sa science impressionnante en ce qui concerne Lloyd et ses films, particulièrement celui-ci. Leonard Maltin, historien du cinéma souvent présent à la télévision et sur les DVD, n’est pas en reste et s’amuse lui aussi à jouer les Monsieur Loyal sur un commentaire audio qui n’est jamais une complète perte de temps.

Introduction par Suzanne Lloyd (17 min)
La petite-fille de Lloyd et Mildred Davis, qui a été élevée par eux, prend son temps sur cette introduction non seulement à Safety Last, mais aussi à l’œuvre, l’univers et l’homme, ce qui laisse espérer d’autres collaborations futures entre Criterion et Harold Lloyd Entertainment. Le lien très fort qui unissait Suzanne Lloyd à son grand-père est palpable dans cette introduction modèle qui est riche en anecdotes personnelles, sans jamais dévier vers l’exposition impudique.

Locations & Effects (20 min)
John Bengtson, spécialiste de la géographie hollywoodienne des années 20, et Craig Barron, expert en effets visuels, explorent les moyens mis en œuvre pour le tournage de Safety Last et digressent vers les autres films de Lloyd qui ont utilisé le même type de frisson : High and Dizzy, Never Weaken, Feet First, Look out Below. Comme toujours, Bengtson n’a pas son pareil pour situer avec précision l’endroit où un plan à a été tourné. Comme les courts documentaires qui accompagnent les films de Buster Keaton sur les Blu-ray Kino,  ce reportage est très intéressant.

Interview de Carl Davis (24 min)
Complice de Kevin Brownlow et de David Gill depuis les années 80, Carl Davis est un compositeur essentiellement connu pour ses partitions accompagnant les classiques du muet visibles à la télévision, puis en DVD et aujourd’hui en Blu-ray. Cette intervention d’une vingtaine de minutes est là encore très intéressante, Davis étant ravi de présenter sa méthode, ses intentions et ses choix concernant cet accompagnement précis qui est l’un de ses meilleurs, et montre du début à la fin sa grande connaissance de l’univers de Lloyd. C’est plus en historien qu’en compositeur qu’il parle, et c’est passionnant !

Le documentaire Harold Lloyd, the third genius (Kevin Brownlow & David Gill, 1989, 108 min)
Après Hollywood, Unknown Chaplin et Buster Keaton, a hard act to follow, le quatrième documentaire exemplaire de Brownlow et Gill s’intéresse à Lloyd, auquel justice est ainsi rendue. N’oublions pas que ce film en deux parties a été produit pour la télévision à une époque où les seuls films en circulation étaient des compilations d’extraits assemblées par le comédien à la fin de sa carrière, c’est donc à une renaissance que ce documentaire s’attelait... Mission accomplie. Comme à leur habitude, Brownlow et Gill alternent des extraits commentés et des interviews d’amis, de fans, de collaborateurs. Un film qui ne pourrait pas être réalisé aujourd’hui compte tenu du nombre de protagonistes survivants, j’en ai peur.

Trois courts métrages :

Take a Chance
(Alf Goulding, 1918, 10 min - HD)
Young Mr Jazz (Hal Roach, 1919, 9 min - HD)
His Royal Slyness (Hal Roach, 1920, 21 min - HD)

His Royal Slyness, était déjà sur le coffret Kino sorti en 2004, The Harold Lloyd Collection. Les deux autres, avec Bebe Daniels, proviennent de la longue liste des films d’une bobine de Lloyd. Les trois films bénéficient d’un transfert très soigné en HD et sont accompagnés d’un commentaire optionnel de Rich Correll, décidément le spécialiste incontournable, et de John Bengtson. Les deux experts parlent beaucoup, pas forcément toujours de la même chose, mais on y apprend une foule de détails. Si les films sont mineurs, on apprécie l’initiative de proposer quarante minutes de films de Harold Lloyd en HD, en espérant que cette idée soit continuée pour les futures parutions Criterion des films du comédien, que nous ne pouvons qu’appeler de nos vœux.

Par François Massarelli - le 27 août 2013