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Test blu-ray
Image de la jaquette

Miracle à l'italienne - Le futur est femme

BLU-RAY - Région All
Studiocanal
Parution : 30 septembre 2020

Image

Le numéro 27 de la collection Make My Day, supervisée par Jean-Baptiste Thoret, réunit deux films italiens : Miracle à l'italienne (1971) de Nino Manfredi et Le Futur est femme (1984) de Marco Ferreri.

Miracle à l'italienne

Le premier long-métrage réalisé par Nino Manfredi est présenté dans une copie d'une impeccable propreté et d'une grande stabilité, ce qui est appréciable compte tenu des nombreux mouvements de caméra ou zooms optiques qui parsèment le film. La qualité du rendu chromatique est appréciable et rend honneur à la diversité des atmosphères, même si certains noirs sont parfois un peu bouchés.

On a probablement affaire à un scan récent, avec une belle définition, mais la réserve principale concerne la gestion du grain : les films italiens du début des années 70 avaient régulièrement un rendu brumeux dû au travail des grands directeurs de la photographie de l'époque, et l'on retrouve ponctuellement le charme de cette image qu'on a tant aimée - par exemple lors du générique de début, ou pour certains plans de la séquence du mariage. Mais la majeure partie du film - y compris au sein de cette même séquence du mariage - a subi les effets abusifs de procédés de réduction du grain, avec pour conséquence un lissage numérique particulièrement perceptible sur certains gros plans de visages. Quand bien même elle reste ici somme toute discrète, nous n'approuvons évidemment pas cette démarche, qui dénature largement la texture de l'image.

A noter enfin que le film est proposé dans un format 1.33:1 dont on se demande s'il s'agit vraiment du format original.

LE FUTUR EST FEMME

Peu de reproches à faire à cette édition : la copie est stable, sans défauts de propreté, avec un grain plutôt bien restitué (en particulier les séquences à l'aube ou au crépuscule) et une définition qui permet une certaine finesse de détails. Quelques très beaux gros plans sur les visages.

L'esthétique du film, en particulier avec les éclairages au néon dans les boîtes de nuit ou la lumière froide des supermarchés offre une certaine palette chromatique plutôt bien restituée, même si on peine à trouver cela "joli". 

Son

Miracle à l'italienne

Comme beaucoup de productions italiennes de l'époque, le film a été post-synchronisé - ce qui est particulièrement perceptible, par exemple, lors des tirades du personnage d'Oreste, incarné par Lionel Stander. Ceci explique également la propreté mais aussi le manque de naturel ou de dynamisme de cette bande-son, à laquelle il manque parfois du relief. L'équilibre entre les dialogues et la partition musicale des frères De Angelis, qui débutaient ici leur travail pour le cinéma, est convenable et ne nuit en tout cas jamais à la compréhension.

LE FUTUR EST FEMME

Comme pour l'image, le bilan est très honorable, dans la restitution d'ambiances très diverses, du vacarme des boîtes de nuit au silence du bord de mer. 

Suppléments

Miracle à l'italienne

L'unique mais incontournable supplément (enfin, soyons précis, le dos de la jaquette offre également un texte concis mais efficace) est la préface de Jean-Baptiste Thoret (9 min 04 - HD). Comme toujours d'une érudition insatiable - et d'un enthousiasme communicatif - sur le cinéma italien, le maître d'oeuvre de la collection insiste surtout sur la rareté de cette oeuvre, l'un des deux seuls longs-métrages réalisés par Nino Manfredi, qui y prouve pourtant une grande maîtrise de la mise en scène (et Thoret nous donne surtout une folle envie de découvrir Nu de femme, pourquoi pas dans un futur Make My Day ?).

Il y évoque la particularité de ce film qui traite la question religieuse, certes omniprésente dans le cinéma italien, non comme un simple décorum mais comme une thématique centrale, faisant du personnage de Benedetto une sorte d'anti-"monstre", un être "pas très intelligent mais d'une grande richesse intérieure", pour citer Thoret citant Scola. Jean-Baptiste Thoret évoque évidemment également la présence d'un comédien non crédité au générique, mais au rôle d'importance, en l'occurrence Lionel Stander, visible notamment dans Milan calibre 9 de Fernando Di Leo.

LE FUTUR EST FEMME

Dans sa traditionnelle présentation du film, Jean-Baptiste Thoret resitue brièvement la carrière de Marco Ferreri, depuis ses débuts en Espagne (Thoret qualifie ainsi La Petite voiture (1960) de film "absolument génial", expression qui revient plusieurs fois d'ailleurs) jusqu'aux scandales, notamment, de La Grande bouffe (1973).
Il rentre finalement assez peu dans le détail de l'intrigue de Le Futur est femme, insistant surtout sur son "esthétique de la laideur", qui lui permet de lire le film comme une satire de l'esthétique de la société de consommation, "pré-berlusconienne", de l'Italie des années 80, où l'individu est "déshumanisé" (on le sent d'ailleurs à deux doigts d'une référence explicite aux zombies de Romero, une de ses marottes)

Analyse prolongée, et largement étoffée, dans la plus conséquente analyse du film proposée par Gabriela Trujillo, auteure chez Capricci d'un ouvrage consacré au cinéaste, Marco Ferreri : le cinéma ne sert à rien. Là encore, le début du module sert à resituer les différents moments de la carrière de Ferreri, à travers l'évocation de films-charnières comme Dillinger est mort (1969), qui marque la rencontre du cinéaste avec Michel Piccoli et contribue à définir la thématique plus générale, dans sa filmographie, autour du "mâle absurde". 
Evoquant plus spécifiquement Le Futur est femme, Gabriela Trujillo insiste sur le changement qui s'est opéré, dans la carrière de Ferreri, au début des années 80 quand celui-ci a changé les équipes avec qui il écrivait les films jusqu'alors (notamment Rafael Azcona ou Jean-Claude Carrière) pour entamer une collaboration avec Piera Degli Esposti et Dacia Maraini. Les films de cette époque vont ainsi, pour le cinéaste, être une occasion de "repenser le couple" et la "figure de l'homme traditionnel".
Revenant régulièrement sur ces questions tournant autour, de manière générale, de la féminité, Trujillo révèle que les critiques les plus virulentes à l'encontre du film, à sa sortie, furent adressées par des femmes reprochant au film de réduire ses protagonistes à leur rôle de mère, là où, selon Trujillo, la démarche du film est plus complexe, opposant deux figures antagonistes de la féminité, la blondeur scandinave de Hanna Schygulla et la solarité latine d'Ornella Muti.
L'analyse se poursuit avec l'évocation des décors, qui véhiculent une partie de "la vision sociale et politique du film", à travers ces nouveaux "temples" que sont les boîtes de nuit et les supermarchés - ce faisant, Trujillo évoque la préoccupation, chez Ferreri, de penser le cinéma hors le cinéma, à travers notamment sa réflexion sur la figure de l' "icône cinématographique", illustrée dans le film par ces têtes géantes de Garbo et de Dietrich.

En savoir plus

Miracle à l'italienne

Taille du Disque : 31 423 133 696 bytes
Taille du Film : 28 856 218 560 bytes
Durée : 1:42:11.291
Total Bitrate: 37,66 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 34999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz /   852 kbps / 24-bit
Subtitle: French

LE FUTUR EST FEMME

Taille du Disque : 42 478 663 680 bytes
Taille du Film : 28 296 560 640 bytes
Durée : 1:40:13
Total Bitrate: 37,64 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 24-bit
Subtitle: French

Par Antoine Royer - le 18 novembre 2020