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Dix ans tout juste après l'avoir édité en DVD, Tamasa reprend en Haute-Définition Le Prix du danger, l'un des films les plus célèbres d'Yves Boisset, ici très inspiré. Le film est présenté dans un restauration produite pour Studiocanal et, s'il est annoncé sur la jaquette en 4K, le rendu de l'image semble cependant plus ancien que les habituels travaux menés généralement par VDM pour la major française. Le comparatif avec le précédent DVD confirme qu'il s'agit du même transfert sorti en 2014, ce qui en explique certaines singularités... On constate pour commencer un gain de précision significatif en passant au Blu-ray, puisque le DVD présentait une douceur relativement insistante. Malgré son ancienneté, le master HD ne démérite pas pour autant, avec une définition raisonnablement convaincante malgré un niveau de détail encore améliorable. La patine argentique est palpable mais un brin discrète, le grain étant altéré par une très légère compression cyclique et un encodage un peu fragile qui tende à gommer parfois les plus petits détails (textures, peaux, aplats). L'étalonnage apparaît raisonnable et souvent naturel, en tout cas peu fantaisiste, mais sans aucun doute plus saturé que la moyenne. On pensera aux apparitions de rouge, très marquées, signe de l'ancienneté de la restauration. Autre détail qui fait son âge : de légères sautes d'image aux points de montage, et des hautes lumières rapidement saturées et sans détail (ce qui est tout de même très curieux pour du 4K, censé encaisser les grandes dynamiques). Les contrastes conservent un certain équilibre. La copie est à peu près stable et très propre. Au final, des conditions de visionnage raisonnables mais encore perfectibles.
comparatif DVD Tamasa (2014) vs. Blu-ray Tamasa (2024) :
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Notez qu'il y a une erreur de sérigraphie sur le disque du Prix du danger, indiqué comme DVD mais pourtant bien en Blu-ray. Un défaut qui sera corrigé sur les prochains pressages.
Son
La piste sonore bénéficie d'un spectre assez bien équilibré, qui n'oublie pas les graves. Les voix ont une bonne présence, les arrière-plans existent suffisamment, dans un mélange de prises de son direct et de post-synchronisation efficace. Les sifflantes ne sont jamais bien loin, mais l'ensemble reste dénué de traces d'usure marquées (au pire quelques petits débuts de craquements durant des silences). Il n'y a pas de souffle, mais en revanche on peut parfois sentir un léger bourdonnement : s'il peut être justifié par un éventuel buzz des appareil électroniques dans le bureau de la direction (avec Bruno Cremer), il est beaucoup plus suspect sur les parties doublées de Piccoli en pleine présentation de son émission...
Suppléments
Yves Boisset : l'envie d'en découdre (20 min - HD)
Dans ce supplément très intéressant de Roland-Jean Charna, repris du DVD sorti en 2014 et abondamment illustré de photos de tournage, le réalisateur se souvient du tournage dans "un endroit totalement impersonnel", à Belgrade, avec son architecture néo-stalinienne "absolument dépourvue d’âme". Pressenti pour le premier rôle, très physique, Patrick Dewaere était trop fragile à cette époque, Boisset s’est donc tourné vers Gérard Lanvin, jeune acteur "populaire et accrocheur" que le film propulsera comme vedette. Le cinéaste évoque la courte nouvelle de Richard Sheckley qui a inspiré ce récit de science-fiction où une chasse à l’homme télévisée est utilisée comme un opium du peuple, anticipant de manière "singulièrement prémonitoire" l’avènement des chaînes TV commerciales et des courses à l’audience, où des "abominables marchands de soupe" du monde entier ont fini par proposer des programmes sans limites à la bêtise, ni à la "destruction des valeurs morales". Il explique qu’avec une "intuition très grande", le film est devenu malgré lui "un documentaire sur TF1", et donc paria à la télévision, blacklisté de toute promotion ou mis en cause par des présentateurs célèbres qui ont cru se reconnaître à l’écran (on vous laisse deviner lesquels)...
Entretien avec Norbert Saada (27 min - HD)
Dans ce supplément cette fois spécialement produit pour ce Blu-ray, le producteur du Prix du danger (mais aussi de Mon nom est personne, Mr Klein ou Mort d’un pourri) revient sur cette production très à part dans un cinéma français davantage porté sur le texte que sur l’action, d’abord cataloguée dans la science-fiction mais qui s'est au final révélée précurseur visionnaire de la télé-réalité, et même critiqué à sa sortie par le monde de la télévision. Il raconte les débuts du projet, la découverte de la nouvelle de Richard Sheckley… dans Playboy, et le tournage pressenti à Berlin mais finalement déplacé en Yougoslavie car on ne pouvait pas survoler la ville en hélicoptère. Il se souvient d’une nuit de tournage tendue avec les hélicoptères de l’armée yougoslave, et regrette la faiblesse des décors du plateau de télévision, pas assez bien filmé, selon lui, et manquant de tension à l'image. Il évoque Gérard Lanvin qui a apporté "cette puissance, cette hargne", le choix de Gabrielle Lazure visiblement choisie un peu à la volée, ou l'impossibilité d'obtenir Orson Welles pour des questions d'assurances. Norbert Saada se souvient du sérieux de l’assistant réalisateur Marc Angelo (cf. module suivant) et d’un Yves Boisset au contraire pas assez soucieux de ses scénarios, estimant qu'il a fini par passer de mode en se focalisant trop sur le cinéma politique qui n’intéressait plus le public. Le producteur raconte l’aventure malheureuse de Running Man, projet concurrent monté dans son dos pendant qu’il essayait de sortir Le Prix du danger en Amérique, en version doublée, qui s’est finalement soldée par un procès (gagné). S’il n’est "pas un fanatique des suites", Norbert Saada, qui est revenu dans le métier après quelques années de pause, réfléchit à une proposition de série tout en restant dubitatif car le sujet lui semble "complètement dépassé" et nécessiterait d'aller encore plus loin. Enfin, il donne son avis sur le cinéma français actuel et l'abondance de films qui ne sont pas vus, notant un manque d’imagination et "pas de sujets", comme aux USA. Il se présente comme de la vieille école des producteurs "fous de ciné", mais se sent décalé par rapport à la nouvelle génération qui parle plus d'argent que de cinéma, et encore moins des films antérieur à Star Wars…
Entretien avec Marc Angelo (36 min - HD)
Autre module spécialement produit pour cette édition, avec le témoignage assez passionnant du réalisateur Marc Angelo, alors premier assistant sur Le Prix du danger. Il prend le temps d’expliquer les enjeux de ce poste méconnu mais crucial, moins considéré en France qu’à l’étranger, où il fallait pourtant "être prêt à 360°", évaluer les besoins et organiser comme ici le tournage à l'étranger avec les équipes locales, bien se glisser dans leurs méthodes de travail. Il se souvient de l’"expérience édifiante" du tournage en Yougoslavie communiste, où ils étaient discrètement surveillés, et quelques difficultés rencontrées là-bas : le décor du plateau TV "un peu chiche", même si cela ne se voit pas à l’écran selon lui, ou les frayeurs provoquées par les cascadeurs, des "fous furieux" qui risquaient leurs vies au grand bonheur de Boisset. Il se souvient d’un réalisateur passionné et "extrêmement excité" par son film, "un homme d’action", "extrêmement bavard" mais au final "quelqu’un d’assez secret", avec une manière particulière de diriger les acteurs. Il évoque Norbert Saada, un producteur "comme on n’en fait plus", qui "avait vraiment l’oeil" et "cultivait l’entrain", et raconte l’abandon de Patrick Deweare, quelques temps avant son suicide, jusqu’à ce qu'il suggère Gérard Lanvin, "acteur plus physique" qui a apporté à son personnage la notion de défi...
En savoir plus
Taille du Disque : 24 998 444 640 bytes
Taille du Film : 15 655 569 408 bytes
Durée : 1:38:32.708
Total Bitrate: 21,18 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 19,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 19999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 0,009 kbps