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Conjointement à Séduite et abandonnée, Tamasa propose Le Chemin de l'espérance, l'un des premiers films de Pietro Germi, fortement influencé par le néo-réalisme et traitant d'un sujet faisant tristement écho à certains drames contemporains. Projeté dans la sélection Cannes Classics en 2021, présenté pour la première fois en vidéo en France et, semble-t-il également, pour la première fois au monde en Blu-ray, le film a été restauré par le laboratoire CSC pour la Cinémathèque italienne à partir du négatif original 35mm, complété par un "marron" étalonné en 2000. Il n'y pas d'autre indication, seule la jaquette indique une "restauration 4K", mais au vu du résultat nous pencherions plutôt pour une restauration 2K, au mieux effectuée à partir d'un scan 4K, tant le rendu nous paraît quand même bien doux pour un flux complet en 4K. Au-delà de ces considérations, la première chose à remarquer est que les travaux de restauration n'ont pas bénéficié des mêmes moyens que Séduite et abandonnée, titre il est vrai plus prestigieux. Mais si les conditions de visionnage sont encore perfectibles, le film est présenté dans une qualité inédite et très recommandable. Le Chemin de l'espérance, produit en 1951, souffre en effet de dégradations physiques de la pellicule qui n'ont pas été totalement compensées numériquement, malgré un travail évident sur la consolidation du matériel. Les yeux aguerris pourront parfois sentir un infime "gondolement" des photogrammes, quelques légers tremblements et petites sautes aux points de montage, des lignes verticales et "rayures peigne" très fines, et une densité des contrastes par moments encore instable. La définition est plutôt correcte dans l'ensemble mais encore trop souvent mesurée (et pas seulement à cause des fréquents décalages de mise au point), affichant une douceur qui comme le niveau de détail reste améliorable. Le grain est palpable mais là aussi tempéré, sans souci particulier d'encodage. L'étalonnage est convaincant, magnifiant souvent la photographie par une élégante gamme de gris et des contrastes équilibrés, malgré des pulsations parfois peu discrètes dans les noirs.
Son
Uniquement proposé en version originale italienne (le film est pourtant sorti en France en 1951), Le Chemin de l'espérance bénéficie d'une piste sonore honorable mais sans éclat particulier, restaurée à partir de la piste optique d'un positif. Elle est encodée en "simple" Dolby Digital, format standard des DVD. Le rendu est surtout conforme aux conditions de production et aux limitations techniques de l'époque, c'est à dire assez modeste, un peu couvert (ce qui facilite l'effacement du souffle), avec une dynamique très mesurée. Le mixage conserve un certain équilibre, avec des arrière-plans palpables qui ne sont pas écrasés par les voix. La piste est par contre très propre, sans traces d'usure ni dégradations suspectes du signal : pas de sifflantes marquées, pas de saturations, et (donc) un souffle sensiblement tempéré.
Suppléments
Le film est accompagné de plusieurs suppléments :
Germi avant la comédie (37 min - HD)
Aurore Renaut, Maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles, résume la première partie de carrière de Pietro Germi, cinéaste célébré pour ses comédies qui ne représentent pourtant qu'un petit tiers de sa filmographie. Elle revient sur ses premiers films dont les sujets semblent s'enchaîner avec logique et, reprenant de nombreuses anecdotes de tournage, livre une bonne analyse des Chemins de l'espérance, y retrouvant en fait les mêmes problématiques que dans Rocco et ses frères, "à dix ans d'intervalle". Elle cite les hommages à John Ford et aux Raisins de la colère, remarque que le voyage initiatique rappelle celui de Paisa, note la volonté de Germi de montrer à quoi ressemble l'Italie et son régionalisme fort : sa peinture d'une Sicile à l'"italianité un peu exacerbée", son attachement aux lieux et aux "moments communautaires", le soin et l'importance accordés à ses personnages (qui existent tous à l'écran), l'idée de solidarité. Elle souligne le rapport de Germi aux lieux, avec des décors aux arrière-plans signifiants, revient sur son approche de l'enfance et des scènes à la "véritable émotion", et commente le casting du film : le fidèle Saro Urzi, à chaque fois dans "un rôle secondaire de première classe" ; l'ancien footballeur et journaliste Raf Valone, ici à ses débuts, qui accentue les correspondances avec Riz amer (notamment par la scène des briseurs de grève), ou la "beauté un peu grecque" de Elena Varzi qui deviendra sa femme. Aurore Renaut évoque enfin le succès public du Chemin de l'espérance en même temps que l'accueil "mi figue-mi raisin" d'une presse française qui ne sait comment accueillir ce néo-réalisme "impur", qui ose mêler les genres avec une veine mélodramatique...
Bande-annonce de la rétrospective 2023 (1 min 37 s - HD - VOSTF)
Le combo Blu-ray/DVD comprend enfin Sur les traces de l'immigration italienne, un livret de 16 pages écrit par Stéphane Mourlane, Maître de conférence en histoire contemporaine et chercheur sur l'histoire des migrations. Ce texte très intéressant permet de mieux contextualiser ce que raconte le film au sein de "l'un des plus importants mouvements migratoires de l'histoire". Il analyse en détails et en chiffres les raisons qui ont poussé certaines populations italiennes à quitter leur pays dès la fin du 19e siècle, essentiellement vers l'Europe et l'Amérique. L'Italie a été parmi les premières nations étrangères en France, "ancienne terre d'accueil" qui avait grand besoin de main d'oeuvre après la "saignée démographique" provoquée par les deux guerres. Il raconte "ces italiens qui ont fait la France", héros du Chemin de l'espérance, évoquant la filière minière dans le nord et l'est du pays qui a attiré de nombreux migrants siciliens, ouvriers dans les mines de soufre, "naguère florissantes". Stéphane Mourlane résume des mécanismes sociétaux que l'on retrouve encore aujourd'hui : l'offre des travaux les plus pénibles et les moins bien rémunérés, l'"essor d'une migration clandestine", l'accueil méprisant des habitants qui sentent l'"invasion" d'une population parfois peu éduquée. Comme un éternel recommencement...
En savoir plus
Taille du Disque : 24 958 537 172 bytes
Taille du Film : 17 949 978 624 bytes
Durée : 1:42:40.208
Total Bitrate: 23,31 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,99 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21999 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italian / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 38,851 kbps