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Test blu-ray
Image de la jaquette

Frissons

BLU-RAY - Région B
ESC Editions
Parution : 3 juin 2020

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ESC ajoute un nouveau titre à sa collection Cult Edition avec, pour la première fois en France en Blu-ray, le plus récent master en date de Frissons, estampillé Lionsgate. Edité une première fois par les Anglais d'Arrow en 2014 dans une version censurée, le film fut réédité en 2017, cette fois dans son montage intégral, proposé aujourd'hui par ESC. La restauration a été effectuée à partir des meilleurs éléments conservés par la Cinémathèque québécoise et la Library and Archives Canada. L'appréciation globale sera moins définitive que pour le master HD de Ragesorti l'an dernier par The Ecstacy of Films, qui avait bénéficié d'une restauration plus récente (2016) et plus performante. Car malgré une copie assez stable et très propre, l'image de Frissons apparaît un peu plus limitée concernant la précision et la texture, qui apparaissent plus douces, et avec le rendu du grain, plus épais et plus atténué qu'il ne devrait. D'une manière générale, le film conserve heureusement son aspect rugueux, brut et "petit budget" très affirmé grâce à un étalonnage convaincant, souvent mieux nuancé qu'en DVD, mais qui nous inspirera aussi quelques réserves, notamment pour ses blancs très lumineux. Se pose ensuite la question du format de l'image : Frissons est aujourd'hui proposé en 1.78 (16/9 plein cadre) alors qu'il était jusqu'alors édité en 1.85. Selon Imdb, le format original serait en fait le 1.66 - comme c'est le cas pour le dernier master HD de Rage (suivant le souhait du réalisateur) : un entre-deux qui occasionne sans doute une légère perte d'information. Notez enfin que les lettrages du générique ont été refaits pour l'occasion, sans doute à cause d'une pellicule trop dégradée ou d'un négatif introuvable pour la partie générique. ESC propose en tout cas les meilleures conditions pour visionnage à ce jour, avec des paramètres encore perfectibles mais une amélioration notable par rapport à la précédente édition du film en France. Notez qu'une nouvelle édition de Frissons sort dans quelques jours aux Etats-Unis, chez Lionsgate. Au vu des spécificités techniques annoncées, le master sera sans doute rigoureusement identique à celui-ci.

comparatif DVD Metropolitan (2003) vs. Blu-ray ESC (2020) 1  2  3  4  5

Son

Les pistes son mono sont de très bonne facture. La version originale, totalement nettoyée et dénuée de souffle, est d'une clarté exemplaire. L'ensemble est précis et détaillé, même pour les prises de son direct dont le rendu (avec d'infimes réverbérations) conserve une apparente fidélité au mixage d'origine. La version française est aussi très précise mais pour d'autres raisons : il semblerait que ce soit un nouveau doublage, effectué plus récemment (pour la reprise en salle en 1984 ?). Un choix déterminé par l'ayant-droit pour remplacer les bandes d'origine introuvables ou trop détériorées ? Le rendu est en tout cas très propre et assez proche de la VO, excepté pour les ambiances très atténuées pendant les scènes dialoguées.

Suppléments

Frissons est présenté dans un très beau digipack, au visuel soigné et efficace. Il contient un prospectus pour la résidence Starliner, une publicité qui prend un tout autre sens après avoir vu le film (!), mais surtout Dans la peau, un livret de 16 pages signé Marc Toullec. Le journaliste, ancien rédacteur en chef de Mad Movies, revient sur ce premier long-métrage de David Cronenberg et les difficultés rencontrées pour le mener à bien. Car Cronenberg était alors un total débutant dans la profession, n'ayant réalisé que quelques courts-métrages (remarqués), sans encadrement sérieux. Toullec raconte ses efforts pour trouver des financements dans un pays (le Canada) où les sociétés de production ne couraient pas les rues, et livre quelques anecdotes de ce tournage-découverte, la "formation accélérée" d'un auteur en devenir.

Présentation audio de David Cronenberg (6 min - 1080p - VOSTF)
Sous la forme d'un mini commentaire audio, le réalisateur de Frissons raconte comment lui est venue l'idée du film et pourquoi il s'est orienté dès le départ vers la production indépendante. Il évoque Toronto, "la ville parfaite pour faire du cinéma", et ses démarches pour approcher Hollywood (cela s'est joué à quelques semaines que le film ne soit finalement produit par Roger Corman). Il parle de son intérêt pour le cinéma comme forme d'art subversive qui fait réfléchir et n'hésite pas à secouer le spectateur. Il aime aller sous la surface des choses - et pas seulement quand il fait des scènes d'autopsie ou de dissection !


Parasite Memories (43 min - 1080p - VOSTF)
Repris de l'édition anglaise de 2014, chez Arrow, un making of rétrospectif de Calum Waddel qui donne la parole à plusieurs acteurs du film, au créateur d'effets spéciaux Joe Blasco et à une critique cinéma canadienne. L'ensemble est très agréable à suivre, essentiellement basé sur des souvenirs du tournage, les impressions des comédiens face à un Cronenberg débutant mais "très concentré, exigeant et déterminé", les anecdotes bricolage de Joe Blasco, grand fan de Barbara Steele, et une analyse du film, en avance sur son temps, précurseur du "body horror", à la sexualité primale, polémique à sa sortie mais grand succès au final, au Canada. A noter qu'une partie des entretiens était déjà présents dans l'édition de Rage chez Ecstacy of Films.


C'était les années 70 ! (11 min - 1080p - VOSTF)
Autre module réalisé par le critique Calum Waddel, un entretien avec l'actrice Lynn Lowry qui revient brièvement sur quelques anecdotes du tournage de Frissons. Elle évoque par exemple ses rapports avec Paul Hampton, qu'elle considérait peu généreux à l'époque et dont elle comprend aujourd'hui le jeu plus distant et atone. Celle qui n'était qu'une jeune fille à l'époque a désormais pris en maturité : elle voit désormais d'un autre oeil son travail des années 70. Les réalisateurs inconnus dont elle avait croisé la route sont désormais reconnus et célébrés, et c'est pour elle l'occasion d'asseoir une nouvelle (petite) popularité, "comme avoir une seconde chance". Elle évoque un peu cette carrière de l'époque, parfois déshabillée, avec des rôles typiques de "hippie muette sous acide, avec la rage, qui coupe la main d'une femme avec un couteau électrique", qui ont balayé son passif théâtral et enfermé sa postérité dans le film de genre.

L'horreur organique de David Cronenberg (18 min - 1080i)
Olivier Père, journaliste et directeur du cinéma d'Arte France, présente le premier long-métrage "officiel" de David Cronenberg et en livre une très bonne analyse. Il insiste notamment sur l'approche "totalement nouvelle", "personnelle, originale et même révolutionnaire" de ce jeune cinéaste qui, dès son premier film, s'engage dans la thématique principale de sa carrière (le rapport au corps et à la menace intérieure) et "fait entrer le cinéma d'horreur dans la modernité". Barbara Steele, à la fois concession commerciale et actrice à forte charge érotique, peut être notamment considérée comme un "point de liaison" avec le cinéma traditionnel. S'inspirant de théories médicales ou scientifiques, d'auteurs comme J.G. Ballard, de psychanalystes comme Wilhelm Reich, Cronenberg adopte également une approche sociologique avec l'observation d'un dérèglement dans un décor urbain aseptisé. Le cinéaste livre une critique et une satire de la société contemporaine, ses symptômes des excès de la révolution sexuelle, en mélangeant des scènes choquantes, inconfortables et souvent ambiguës, comme cette fin qui oscille entre le début d'apocalypse et un happy-end. Pour Olivier Père, Frissons est un "film passionnant" car inspirant de multiples niveaux de lecture au gré des époques.

Analyse de séquence (3 min - 1080i)
Olivier Père commente un bref extrait de Frissons, et évoque la menace intérieure, un corps "qui devient monstrueux" et avec qui le personnage semble dialoguer. Une étrangeté presque "auto-érotique" d'un corps tout entier érogène et érectile, qui annonce les futures mutations de Videodrome.


Bande-annonce originale (1 min 26 - 1080p)
Cette bande-annonce d'époque est présentée en version restaurée, avec des intertitres recréés pour l'occasion, au choix en VF ou VOSTF.

La tour Starliner (2 min 32 - 1080p)
Faux film promotionnel (mais vrai pub ironique) pour le complexe immobilier Starliner, à base d'images diapositives commentées par "Roland Maurepas". Il s'agit en fait des premières minutes de Frissons, avec le générique sans les titrages, auxquelles ont été rajoutées quelques images du film, presque subliminales et parfois effrayantes, sur ce qu'il se déroule en réalité derrière ces murs trop parfaits. A voir, au choix, en VO ou VF.

Galerie d'affiches (1min 31 - 1080p) 

Notez enfin que Frissons est aussi disponible dans une seconde édition, limitée à 1 000 exemplaires, comprenant en sus un jeu de 5 photos et un poster. Cette édition est vendue exclusivement sur le site d'ESC.

En savoir plus

Taille du Disque : 38 741 627 152 bytes
Taille du Film : 20 355 790 848 bytes
Durée : 1:28:18.293
Total Bitrate: 30,74 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,10 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25100 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1898 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1916 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,008 kbps
Subtitle: French / 11,254 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 14 septembre 2020