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Test blu-ray
Image de la jaquette

Doris Day & Rock Hudson : La Trilogie romantique

BLU-RAY - Région All
Elephant Films
Parution : 20 avril 2021

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Partenaire d'Universal depuis ses débuts, c'est sans grande surprise qu'Elephant Films réédite aujourd'hui les trois comédies tournées par Doris Day et Rock Hudson. Si l'on notera une amélioration notable des rendus par rapport aux précédentes éditions en DVD (sortis il y a presque vingt ans et repris jusqu'en 2012), c'est bien Confidences sur l'oreiller, le plus gros succès des trois films, qui a logiquement (et de loin) bénéficié du meilleur traitement. Elephant Films reprend ainsi la restauration effectuée en 2012, en 2K à partir d'un scan 4K du négatif original, sortie au moment du 100e anniversaire du studio Universal. Le parti pris du laboratoire était à l'évidence d'assumer le ton du film en proposant des images claires, avec une ambiance colorée affirmée, très saturée, dans un aspect clinquant. Le rendu n'est pas toujours très réaliste au niveau "photochimique", apparaissant au contraire parfois "boosté", même si l'ensemble conserve un certain charme. Le négatif était endommagé, avec un émulsion parfois instable du côté des couleurs justement, d'où peut-être ce choix d'accentuer la saturation pour résorber certaines faiblesses. La précision est bien là, le trait est fin, le détail conservé. On notera une précision régulièrement tempérée durant les plans à base de trucage, dupliqués à la fabrication pour élaborer fondus ou split-screens assez nombreux et qui traînent en longueur, accompagnés d'une petite montée de grain. Un grain qui a justement été préservé juste ce qu'il faut, même si on en aurait accepté un peu plus sans souci.

CONFIDENCES SUR L'OREILLER

DVD Universal (2004) vs. BR Elephant Films (2021) : 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Blu-ray Universal (2013) vs. BR Elephant Films (2021) : 1 2 3 4 5 6

On sent que la restauration un tout petit peu plus ancienne d'Un pyjama pour deux adoptait déjà cette ambiance rose bonbon très saturée. Les carnations sont ici encore très poussées... avec une dérive magenta peu discrète. La précision est légèrement moins fine, le niveau de détail forcément plus limité qu'en 4K, mais les efforts sont là et le résultat apparaît très honnête. On retrouve de nouveau une dégradation ponctuelle mais inévitable du piqué pendant les plans truqués (split-screens ou fondus). L'ensemble est profondément nettoyé et assez stable, avec des contrastes soutenus. Le grain épais reste présent mais encore discret. Un master Universal "vintage" de bonne facture.

UN PYJAMA POUR DEUX

DVD Universal (2004) vs. Blu-ray Eléphant Films (2021) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Ne m'envoyez pas de fleurs bénéficie de la restauration la plus ancienne et la moins convaincante - toutes proportions gardées ceci dit puisque l'amélioration par rapport au DVD de 2004 est significative. Ne m'envoyez pas de fleurs est plutôt dans la moyenne habituelle des restaurations Universal des années 2000, avec une texture un peu épaisse et une finesse qui se cherche encore, un trait peu aiguisé et un niveau détail plutôt limité. Sans oublier les petites faiblesses supplémentaires dues aux plans truqués. Hormis ces normes techniques plus tellement à jour, l'aspect général tient encore la route : la propreté est de mise, la copie est stable, les contrastes sont soignés. La colorimétrie retrouve un niveau de saturation mesuré et une palette plus naturelle, moins accentuée. Un master perfectible, avec un grain épais qui n'a pas été atténué.

NE M'ENVOYEZ PAS DE FLEURS

DVD Universal (2004) vs. Blu-ray Eléphant Films (2021) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Les versions originales mono bénéficient d'un bon rendu. Celle de Confidence sur l'oreiller apparaît très claire, détaillée, et dénuée de traces d'usure. Pyjama pour deux et Ne m'envoyez pas de fleurs possèdent de bons rendus, suffisamment clairs et équilibrés, et bien nettoyés.

Les versions françaises n'ont pas été spécialement restaurées. Celle de Confidence sur l'oreiller perd beaucoup en dynamique, avec un rendu un peu plus couvert, des voix en retrait et un souffle un peu plus mis en avant. La piste de Pyjama pour deux n'a pas subi de nettoyage profond. Elle est plus détaillée, les voix sont plus présentes (avec des sifflantes prononcées et une légère saturation) mais avec en contrepartie la présence régulière de souffle et d'un bourdonnement en arrière-plan. Ne m'envoyez pas de fleurs n'a pas été gâté pour sa VF : la dynamique est très réduite (la comparaison avec la VO est sans appel), l'ensemble est très couvert et perd en subtilité, les voix sont nasillardes...

Suppléments

Voici ce que l'on pourra dénicher comme suppléments disséminés au sein de ce coffret de 3 Blu-ray avant d'en terminer par le "morceau" le plus gros et le plus intéressant : le livret qui l'accompagne, signé Denis Rossano. A signaler aussi, au lancement des trois disques, une même et brève présentation de l'ensemble des trois films d'une durée de 57 secondes par Jean-Pierre Dionnet.

Les Films par Jean-Pierre Dionnet
(Confidences sur l'oreiller : 9 min 48 - Un Pyjama pour deux : 4 min 35 - Ne m'envoyez pas de fleurs : 6 min 47)
Le style de Dionnet n'appartenant qu'à lui, on sait très bien à quoi s'attendre, et les détracteurs comme les admirateurs ne devraient pas être surpris. Ceci étant dit, si l'on a regardé les autres modules ou si on a lu le livret passionnant qui accompagne le coffret, il faut se rendre à l'évidence, ces présentations succinctes même si très agréables ne nous apprendront finalement pas grand-chose de plus. Notre intervenant fait d'ailleurs beaucoup trop de hors sujet (narrant les pitchs de films n'ayant strictement rien à voir avec ceux dont il est censé nous parler), nous "gratifie" de quelques remarques incongrues notamment lorsqu'il évoque des sous-entendus explicitement gays dans Pillow Talk, faisant ainsi des amalgames un peu abrupts entre sensibilité et homosexualité, s'extasie à mon humble avis un peu trop sur les films dans l'ensemble médiocres de Michael Gordon et notamment Texas, nous voilà qu'il trouve vraiment très drôle (sic)... Mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas, d'autant qu'il avoue aussi que sa préférence entre les trois films du coffret se porte sur celui de Norman Jewison, de l'avis de beaucoup pourtant le moins réussi, ce que je cautionne également. Néanmoins, des présentations n'étant pas forcément censées être des analyses pointues, elles peuvent ainsi se révéler de sympathiques entrées en matière, notamment lorsque Dionnet fait un rapide tour d'horizon des participants aux différents films (costumiers, musiciens, décorateurs, scénaristes et bien évidemment réalisateurs) avec quelques anecdotes croustillantes à la clé.


Portrait de Doris Day (13 min 25) et Portrait de Rock Hudson (15 min 39) par Jean-Pierre Dionnet
Pour ces deux portraits, Dionnet, une nouvelle fois égal à lui-même (et c'est aussi pour ça que nous l'apprécions), ne fait pas dans la demi-mesure, disant de Doris Day « qu'à un moment donné est la plus grande chanteuse du monde » et que Rock Hudson - après nous avoir prévenu qu'il allait maintenant chanter sa gloire - « était de 1960 à 1966 le plus grand acteur du monde. » Plus que sur leurs filmographies malheureusement assez peu abordées, il s'appesantit avec une certaine délectation sur les vies privées respectives des deux stars hollywoodiennes, s'amusant à nous narrer quelques ragots assez trashs, listant les amants de l'actrice (dont Sly Stone, membre des Black Panthers), n'hésitant pas à dire de l'acteur qu'il était un gigolo prêt à faire des fellations pour obtenir ce qu'il voulait (sic again) et partant parfois dans quelques amusants délires qu'il doit être le seul à comprendre (son entrée en matière sur le Il était une fois à Hollywood de Tarantino, sur le meurtre de Sharon Tate...) Autre côté amusant et assez cocasse, il se vante un moment de posséder l'intégrale des CD de Doris Day, soit une bonne soixantaine, ce qui nous fait dire qu'il connaît quand même très bien son sujet. Bref, du Dionnet pur jus et à vrai dire aussi agaçant que délectable selon notre humeur, en tout cas loin du côté lisse et aseptisé de trop nombreuses présentations de films et très logiquement des documentaires auto-promotionnels comme celui que l'on évoque ci-dessous. Assez jubilatoire pour tout dire, surtout comme quand c'est le cas ici, il voue une véritable passion aux comédiens qu'il évoque, par ailleurs souvent mésestimés de nos jours pour de mauvaises raisons ici encore battues en brèche.

Les films de Doris Day & Rock Hudson (5 min 11) et Au lit pour des confidences sur l'oreiller (21 min 58)
Ces deux modules font partie du même documentaire américain daté de 2009. Différents intervenants, tous acquis à la cause de Doris Day et Rock Hudson, nous en disent le maximum en un minimum de temps, insistant surtout sur l'alchimie entre les deux sympathiques comédiens et revenant surtout avec insistance sur le progressisme de Pillow Talk en rapport à son époque, un modèle  de la comédie romantique qui a influencé la majorité de celles à venir jusqu'à aujourd'hui. Ils ne manquent pas non plus de nous expliquer en quoi elle pourrait néanmoins choquer certains de nos jours en rapport avec l'évolution des moeurs. Ca va vite, ça se révèle assez attendu et inoffensif mais cependant loin d'être désagréable.


Bandes-annonces
Proposées "dans leur jus", elles sont dans un très sale état mais peuvent cependant servir aux spectateurs de comparaison avec les restaurations qui ont été opérées sur ces films.

Livret collector de 72 pages par Denis Rossano, journaliste et romancier résidant à Los Angeles depuis 1996 et qui fut longtemps correspondant cinéma pour la presse française. Alors que souvent certains se plaignent de la faible part du texte par rapport à l’illustration dans certains livrets joints à des éditions Blu-ray ou DVD, celui écrit par Denis Rossano ne devrait pas décevoir les admirateurs de Doris Day et de ses films. Non seulement l’auteur et romancier connaît parfaitement bien son sujet mais il reste constamment intelligent, lucide et clair, nous offrant ainsi ici l’un des meilleurs documents sur la chanteuse et actrice, véritable déclaration d’amour à cette femme qui nous a quittés il y a à peine deux ans. La première partie (Rock Hudson & Doris Day : la trilogie amoureuse) est entièrement consacrée à l’analyse approfondie des trois films qu’elle tourna avec Rock Hudson et qui font l’objet de ce coffret : tout y est abordé, que ce soit la genèse, le fond, la forme ainsi que la réception que pourraient avoir ces films "très politiquement incorrects" sur la génération #MeeTo sans que jamais il ne remette en cause celle-ci, sans que jamais il ne passe sous silence les défauts des films. Bref, c’est tout ce que l’on attend d’une critique/analyse intelligente, passionnante et sensée, faisant même pas mal de parallèles avec des films ou des séries plus récents, entre autre la série HBO Mad Men dont il croit dur comme fer que les auteurs se sont principalement inspirés de Lover Come Back.

Mais le plus intéressant reste la seconde partie consacrée uniquement à Doris Day : Pour Doris Day : un portrait. En une trentaine de pages bien remplies (les photos sont quasi inexistantes), Denis Rossano nous brosse un portrait complet de l’artiste en toute subjectivité (il ne cache jamais son admiration, que je partage totalement) mais en restant constamment lucide sur ses zones d’ombre. Non seulement il aborde sa vie privée mais aussi sa carrière de chanteuse (nous faisant découvrir par la même occasion "l’un des plus beaux disques de jazz", son Duet avec le trio conduit par André Prévin) et bien évidemment sa filmographie qu’il dépouille avec une assez grande précision, avec nuances et sans enthousiasme excessif, parlant assez rarement de chefs-d’œuvre (Les Pièges de la passion) et admettant sans souci la médiocrité de ses derniers films qui firent malheureusement beaucoup pour la réputation totalement imméritée qu’elle eut ensuite en France depuis les années 70, devenue presque synonyme de mémère kitsch, prude et agaçante par son trop-plein d’énergie et de sourires. Sa dernière mission au sein de son texte captivant sera donc d’expliquer très longuement ce qui a provoqué cette image très négative, absolument pas raccord avec cette femme progressiste qui fit entre autre beaucoup pour retourner les idées à l’encontre de ceux malades du sida; et qui fut durant les années 50 et 60 un modèle d’émancipation pour les femmes. Tout ceci encore une fois parfaitement nuancé. Sachant que l’auteur partage entièrement l’idée que j’ai de l’actrice, de son talent de chanteuse et d’actrice, ainsi que ses avis sur les titres de sa filmographie, je ne saurais que conseiller la lecture de ce livret qui rend un bel et émouvant hommage à Doris Day qui se termine ainsi :  "Elle est le visage immensément engageant et irrésistible d'un certain cinéma, populaire, décomplexé, joyeusement divertissant, freudien en diable si on l'analyse en profondeur, hilarant, bouleversant, vertigineux, musical. Doris Day est, qu'on le veuille ou non, un mythe. Il est temps de l'accepter."

En savoir plus

Confidences sur l'oreiller

Taille du Disque : 33 016 712 905 bytes
Taille du Film : 26 864 007 168 bytes
Durée : 1:42:28.225
Total Bitrate: 34,96 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,80 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29803 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1560 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1568 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 1,231 kbps
Subtitle: French / 34,754 kbps

Un pyjama pour deux

Taille du Disque : 34 198 927 925 bytes
Taille du Film : 28 343 728 128 bytes
Durée : 1:46:55.700
Total Bitrate: 35,34 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,03 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30038 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1682 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1556 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0,530 kbps
Subtitle: French / 37,804 kbps

Ne m'envoyez pas de fleurs

Taille du Disque : 33 337 776 000 bytes
Taille du Film : 26 547 339 264 bytes
Durée : 1:39:47.648
Total Bitrate: 35,47 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,02 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30021 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1714 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1657 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0,188 kbps
Subtitle: French / 39,134 kbps

Par Stéphane Beauchet (technique) et Erick Maurel (suppléments) - le 25 mai 2021