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Test blu-ray
Image de la jaquette

Coffret intégrale Jane Campion

BLU-RAY - Région A, B, C
Pathé
Parution : 28 octobre 2015

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En cette fin d'année, Pathé a décidé de mettre Jane Campion à l'honneur avec cet imposant coffret regroupant la quasi-intégralité de son travail. Un projet ambitieux qu'il convient de saluer, présenté pour la première fois au monde et en Blu-ray.

Disque 1 : Two Friends (76 min)
Il n'existe toujours pas de bon matériel HD disponible pour cette première réalisation de Jane Campion, tournée pour la télévision. Two Friends est donc présenté sur un DVD au rendu plutôt correct, en tout cas fidèle à l'aspect rugueux et "brut" de ce film tourné avec un budget modeste. On note que le format 1.33 (4/3) d'origine (en toute logique) n'est pas respecté, l'image ayant été recadrée pour remplir l'écran 16/9 sans causer de décadrages trop visibles. La photographie est douce, le grain assumé. On relève quelques points blancs et surtout de légères instabilités aux points de montage.

Disque 2 : Sweetie (100 min)
Inédit France en Blu-ray, Pathé reprend le master sorti chez Criterion en 2011, supervisé par la directrice de la photographie Sally Bongers et approuvé par Jane Campion. Si l'aspect général ne rivalise pas avec les dernières technologies en matière de restauration, le résultat est tout de même très correct. La copie est très propre, les cadres sont plutôt stables, la colorimétrie est maitrisée. Si les contrastes sont d'un niveau acceptable, ils auraient sans doute mérité (surtout dans certains plans, pas tous) d'être encore plus soutenus. Le grain est heureusement préservé, très présent, et donne à l'ensemble un cachet argentique indéniable. Seule "ombre" au tableau, la qualité de la définition reste sujette à discussion : ce n'est pas catastrophique (les gros plans sont très satisfaisants) mais le niveau de détail reste limité et le trait souvent un peu doux, malgré l'utilisation d'une légère accentuation des contours. Des conditions plus qu'honorables, tout de même, pour (re)découvrir Sweetie.

Disque 3 : Un ange à ma table (157 min)
Le master HD est identique à celui du Blu-ray disponible en Allemagne depuis 2014. Il s'agit malheureusement d'une restauration ancienne, probablement celle qui a été utilisée pour le DVD Criterion en 2005, qui possède des caractéristiques aujourd'hui bien datées. Malgré la présence abondante du grain, celui-ci reste un peu épais et affaiblit régulièrement un niveau de détail déjà limité. Le trait est un peu doux, même si on sera plus indulgent avec le niveau général satisfaisant des gros plans. On relève une très légère instabilité du cadre, notamment avec ces petits sursauts (assez désagréables, à la longue) provoqués par les points de montage sur la pellicule. Les plus observateurs pourront apercevoir un peu de bruit vidéo dans certaines zones très sombres (comme à 3 min 10 ou 51 min 31 ), sans doute une conséquence de la fabrication du master (et non de l'encodage du disque dont le débit vidéo reste plus que satisfaisant). Au niveau de la colorimétrie, on est sans doute à mi-chemin entre l'étalonnage destiné à la vidéo (avec ses rouges saturés qui peuvent baver) et le respect des teintes originales. Enfin, la copie est heureusement très propre (au pire note-t-on quelques minimes points blancs).

Disque 4 : La leçon de piano (115 min)
Il s'agit du Blu-ray TF1 Vidéo, sorti l'an passé, dont la restauration est beaucoup plus convaincante que celle parue aux USA, en 2012 chez Lionsgate. L'ensemble est très satisfaisant même si l'on regrettera que la qualité de la définition et du niveau grain ne soient pas homogène tout au long du film. On sent que les gros plans ont été choyés car ils possèdent une finesse de trait et de grain que l'on ne retrouve pas forcément dans les plans plus larges, généralement plus doux et au grain retenu. Mais la copie est très propre et bénéficie d'une colorimétrie soignée, parfois bien saturée. On sera en revanche beaucoup moins indulgent avec un curieux réglage des contrastes, les noirs ayant été relativement éclaircis afin de déboucher des zones sombres.

Disque 5 : portrait de femme (144 min)
Autre inédit HD en France, Portrait de femme reprend le master paru chez Shout Factory (USA) en 2012. La colorimétrie reste agréable et les contrastes sont honnêtes (bien que l'on note de fréquentes pulsations). L'ensemble est malheureusement limité par l'ancienneté du scan : grain épais, trait doux, accentuation des contours, niveau de détail tout juste honnête. Cependant, les gros plans sont privilégiés, avec un grain mieux restitué et une précision un peu plus convaincante.

Disque 6 : Holy smoke (115 min)
C'est l'exemple-type d'une major qui ne se soucie pas de son catalogue malgré des moyens financiers considérables. Sans doute poussé par Pathé à produire le Blu-ray à l'occasion de ce coffret, elle se contente simplement d'utiliser son master HD préhistorique, sans doute fabriqué au moment de la sortie du film ou de son édition DVD (en 2000). Holy Smoke n'était jamais sorti nulle part en Blu-ray et l'on comprend tout de suite pourquoi. La copie est, certes, plutôt propre et les contrastes honnêtes, mais ce sont peut-être les seuls points positifs : la définition est inconsistante, le détail absent, le grain est limité et se confond presque avec du bruit vidéo, la colorimétrie est basique, manquant de nuances. Bref, il s'agit sans doute du pire master de ce coffret : une restauration d'urgence ne serait pas de refus...

Disque 7 : In the cut (119 min)
In the Cut sort pour la première fois en France en HD avec ce Blu-ray qui reprend la même restauration sortie en Allemagne en 2013. Le master est honnête mais il manque de tranchant et ne peut masquer une certaine ancienneté : la qualité de la définition est limitée, le trait est un peu doux et le grain est bien présent mais parfois un peu épais. On remarque du bruit vidéo dans certains aplats sombres. Les contrastes sont corrects mais parfois insuffisants, au point de mettre en évidence la présence d'un masque numérique sur le visage du mystérieux client, dans le sous-sol du bar... La colorimétrie chaude et saturée semble assez fidèlement restituée, même si on la sent un peu "boostée" pour un support vidéo.

Disque 8 : bright star (119 min)
Il s'agit, à quelques suppléments près, de l'édition Pathé sortie en 2010. Les années ont passé, les techniques de scan HD ont évolué, mais ce master d'époque tient encore la route. Si le piqué est peut-être un peu doux et le grain bien discret, on se rattrape aisément durant les gros plans, plus satisfaisants. Colorimétrie et contrastes sont soignés, en harmonie avec la photographie du film.

Disques 9 et 10 : Top of the Lake (6 x 59 min)
Pathé a inclus dans ce coffret les Blu-ray édités par Arte en 2013. Production récente, tournée en numérique pour la télévision (donc en 1080i, à 25 images/seconde), cette série offre sans surprise une image absolument sans défaut. La définition est excellente, avec un très bon niveau de détail ; la colorimétrie douce et saturée à la fois est très bien retranscrite ; les contrastes sont équilibrés, avec parfois quelques faiblesses assumées dans le niveau de noir. Malgré une défaillance de compression très ponctuelle dans certaines scènes de nuit, ce Blu-ray est un bien bel écrin pour la photographie très soignée d'Adam Arkapaw.

Disque 11 : Courts-métrages
Une partie des courts métrages présentés sur ce disque a été récemment restaurée. Passionless Moments (1983 - 12 min - 1080p) et A Girl's Own Story (1984 - 26 min - 1080p) bénéficient de masters HD performants, avec un beau n&b, un piqué précis et la présence d'un léger grain fin. Au pire pourra-t-on trouver les contrastes de Passionless Moments un peu insuffisants. Peel (1982 - 9 min - 1080p) conserve les caractéristiques modestes de la pellicule, à savoir un piqué limité et un grain épais. The Lady Bug (2007 - 3 min - 1080p) est une production récente à l'image sans défaut. Les autres courts métrages ont été "simplement" remasterisés en HD à partir de copies SD souvent anciennes. Et comme il n'y a pas eu de nouveau scans HD, ils possèdent donc un aspect plus "brut", avec un trait doux, un niveau de détail limité et un grain épais. C'est le cas de Tissues (1980 - 18 min - 1080i), un document rare tourné en super8, issu des archives personnelles de Jane Campion ; After Hours (1985 - 25 min - 1080i) possède une colorimétrie cohérente avec son époque. Et The Water Diary (2000 - 17 min - 1080i) est plus problématique. Bénéficiant pourtant d'une copie très propre à la colorimétrie semble-t-il respectée, le film souffre d'une définition mal paramétrée lors de son passage en HD, comme si l'on avait appliqué un filtre réducteur de finesse au moment de l'upscale. Le trait est désormais très électronique, avec l'apparition d'un crénelage (aliasing) permanent.

En conclusion, la présentation de cette intégrale nous faisait espérer davantage de masters HD récents, dignes du soin visuel apporté par la réalisatrice à ses films (une cohérence que cette intégrale met bien en évidence). On restera donc pour le moins déçus de la qualité relativement perfectible de certains titres dans un ensemble qui reste malgré tout honnête, à défaut d'être parfait, l'éditeur ayant rassemblé les meilleurs versions disponibles à ce jour.

Son

Two Friends
En cohérence avec l'aspect visuel du film, la bande-son de Two Friends apparaît très modeste : un Dolby Digital mono honnête mais sans plus. Le son est légèrement couvert, avec parfois un très léger souffle. Mais les voix sont claires et le mixage (sobre, parfois peu détaillé) est sans doute fidèle aux conditions d'origine.

Sweetie
La version originale est présentée dans son mixage original stéréo ainsi que dans un remix 5.1. Dans les deux cas, le rendu est propre, les dialogues très clairs, avec une dynamique évidente. Le mixage surround est pensé avec économie et subtilité, on évite ainsi les effets arrière de remplissage pour quelque chose de cohérent. Le Blu-ray ne possède pas de version française alors que celle-ci était pourtant présente sur la première édition DVD de Sweetie, en 2003.

Un ange à ma table
Le film n'ayant sans doute jamais été doublé en français, seule la piste originale est proposée ici, à la fois dans son mixage stéréo d'origine et dans une version 5.1. Les deux mixages en DTS-HD Master Audio sont à peu près équivalents, clairs et détaillés, avec une spatialisation 5.1 apparaissant peut-être un peu plus subtile, aidée par une belle dynamique.

La leçon de piano
Des deux mixages 5.1 proposés ici, on se tournera plus franchement vers la version originale qui apparaît beaucoup plus subtile, non seulement dans le détail des ambiances mais aussi dans la spatialisation et le rendu cristallin de la musique. La VF, sans l'égaler, reste cependant correcte.

Portrait de femme
Pour une fois, c'est la version française qui semble en meilleure forme. Elle bénéficie d'une dynamique beaucoup plus grande que la VO (au risque de présenter un très grand écart entre le niveau des voix et de la musique). Elle apparaît logiquement plus subtile, jouant davantage sur la spatialisation. La VO semble plus ramassée avec des voix qui sonnent moins naturelles, souvent réduites à la voie centrale.

Holy Smoke
Le rendu des versions originale et française est à peu près équivalent, tant dans la propreté que dans la spatialisation. Si le spectre semble à peu près équilibré dans les deux cas, on relèvera surtout un souffle plus ou moins présent en VO, et pas seulement dû à la qualité des prises de son direct.

IN THE CUT
Les deux pistes audio en DTS-HD Master Audio 5.1, au débit très solide, proposent un rendu très convaincant : le mixage est subtil, détaillé, propre et clair. A noter que la version française semble évoluer un ton en dessous par rapport à son homologue américaine. Une impression accentuée dans les scènes avec un fond musical (les chansons sont plus lentes en VF).

TOP OF THE LAKE
Version originale et française sont uniquement proposées en stéréo. Présenté en DTS, le mixage (équivalent sur les deux pistes) est très convaincant, détaillé. Une base solide pour une bande-son travaillée malgré une apparence tranquille et atmosphérique.

Les courts métrages
Malgré des conditions de tournage pas toujours simples, surtout pour les premières productions, très modestes, l'ensemble des courts métrages bénéficie de bandes-son bien restituées, aussi fidèles que possible aux caractéristiques d'origine. Ainsi, le son peut parfois paraître légèrement couvert, ou frôler la saturation (pour Tissues), tout en restant très propre.

Suppléments

Nous avons testé ici l'édition Blu-ray de cette intégrale Jane Campion. Les disques sont présentés dans des digipacks individuels sobres et épurés. Notez que Pathé a également sorti cette intégrale en coffret DVD. 

Two Friends
Paru une première fois en France en 2003 chez StudioCanal dans un coffret comprenant aussi Sweetie et Un ange à ma table, ce téléfilm de Jane Campion fut alors proposé sans aucun supplément. C’est encore le cas à l’occasion de cette intégrale publiée par Pathé. Il semblerait que ce qui constitue en réalité le premier long métrage de la réalisatrice n’ait guère éveillé l’intérêt des éditeurs. Le DVD anglo-saxon paru chez Milestone Films ne propose en effet aucun bonus en rapport avec Two Friends. Notons tout de même, pour les campioniens et campionniennes complétistes que ce disque en zone 1 inclut Mishaps of Seduction and Conquest, un court métrage de Jane Campion datant de 1984 et absent de cette intégrale Pathé consacrée aux films courts de la cinéaste.

Sweetie

Les suppléments inclus dans la première édition numérique française de Sweetie - chez StudioCanal en 2003 - n’ont pas été repris par Pathé à l’occasion de cette intégrale. Le film était alors accompagné d’un entretien avec Michel Ciment, éminent spécialiste de la cinéaste à qui il a consacré un livre, aux éditions des Cahiers du Cinéma, en 2014 : Jane Campion par Jane Campion. Les bonus d’alors comprenaient en outre des images d’archives concernant la présentation de Sweetie en compétition officielle au Festival de Cannes ainsi qu’une analyse du thème du végétal dans le film, programmatiquement intitulée "Fleur de souffre". 

L’édition 2015 de Sweetie comprend quant à elle deux suppléments jusque-là inédits en français. Le premier, intitulé Making Sweetie, provient de l’édition zone 1 réalisée par Criterion. Ce making-of rétrospectif - il a été réalisé en 2006 - se concentre avant tout sur les deux interprètes principales du film : Geneviève Lemon, en charge du rôle de Sweetie, et Karen Colston incarnant sa sœur, Kay. Leurs propos sont entrecoupés d’images d’archives : photographies de plateau ou bien encore extraits d’un making-of - tout à fait artisanal - réalisé par Geneviève Lemon elle-même lors du tournage dans le Bush. Dans une atmosphère plus que détendue - c’est entre deux accès de rires que les comédiennes reviennent sur leurs souvenirs de Sweetie -, Geneviève Lemon et Karen Colston offrent nombre d’aperçus intéressants sur l’élaboration du premier long métrage de cinéma de Jane Campion. Se dessine, comme dans d’autres suppléments faisant intervenir des comédiens ayant collaboré avec la cinéaste, le portrait d’une réalisatrice particulièrement attentive à la direction d’acteurs. Mais si les deux femmes témoignent de l’attention empathique de Jane Campion à l’égard de sa distribution, elles révèlent aussi quelques-uns des "trucs" de la cinéaste pour manipuler - en douceur - ses interprètes afin de les amener au résultat escompté. Car c’est l’image d’une créatrice sûre de sa vision et s’investissant avec une même rigueur dans les différents aspects de la mise en scène que met en évidence ce Making Sweetie. On retiendra notamment les considérations des deux actrices sur l’extrême attention apportée par Jane Campion au placement des comédiens dans le cadre ou bien encore au choix des angles de vue.

Le second des suppléments proposés par Pathé, lui aussi emprunté à l’édition Criterion, est une archive de 1989 prenant la forme d’un entretien entre Jane Campion et le critique australien Peter Thompson. Produit par l’Australian Film, Television and Radio School, dont Jane Campion suivit les cours, ces presque vingt-cinq minutes d’échange - ponctuées par des extraits de quelques-uns des premiers courts métrages de la cinéaste - viennent compléter le portrait d’une réalisatrice très tôt convaincue de la pertinence de son projet artistique. Aussi singulier celui-ci ait-il pu apparaître aux yeux des enseignants d’une Australian Film, Television and Radio School décrite par Jane Campion comme plutôt conservatrice. La future Palme d’or du long métrage explique ainsi comment elle se ménagea une place à part dans cette école de cinéma, utilisant au mieux les moyens de production de celle-ci pour mener à bien ses projets d’alors tout en fédérant autour d’elles ceux des étudiants se reconnaissant dans son approche singulière du cinéma. Comme, par exemple, Alex Proyas qui collabora à certains des courts métrages d’alors de Jane Campion. Face à l’intérêt certain de ces deux bonus "made in Criterion", on se réjouira donc que Pathé leur ait fait traverser l’Atlantique... tout en regrettant que l’éditeur français n’ait pas intégré le commentaire audio de Sweetie réunissant Jane Campion, Gerard Lee - le coscénariste - ainsi que la directrice de la photographie Sally Bongers, compris dans le disque étasunien de Sweetie. Ce dernier, histoire d’être tout à fait complet, proposant en outre des photographies de plateau, une bande-annonce ainsi qu’un livret d’analyse rédigé par l’universitaire Dana Polan.

Un ange à ma table
Le disque dévolu par Pathé, à l’occasion de cette intégrale, au magnifique Un ange à ma table ne présente aucun supplément. On pourra le regretter, étant donnée l’importance que revêt cette œuvre dans la filmographie de Jane Campion. Et ce d’autant plus que l’édition précédente d’Un ange à ma table (StudioCanal, 2003) comprenait quant à elle quelques bonus : Sur les traces de Un ange à ma table, un court documentaire faisant intervenir Jane Campion, des scènes absentes du montage final, la bande-annonce ainsi qu’un lot - certes plus dispensable - de photos de tournage, d'affiches et de biographies. On retrouve les plus intéressants de ces bonus dans l’édition en zone 1 d’Un ange à ma table chez Criterion qui y ajoute un commentaire audio réunissant Jane Campion, son directeur de la photographie Stuart Dryburgh ainsi que sa principale interprète Kerry Fox. La version Criterion d’Un ange à ma table inclut aussi une interview radiophonique de Janet Frame datant de 1983 ainsi qu’un livret de quarante pages réunissant une analyse critique du film et des extraits de l’autobiographie de l’écrivaine ayant inspiré le film. Le tout est, bien entendu, en anglais sans sous-titres.

La leçon de piano

La Leçon de Piano est accompagné d'une interview de Jane Campion et de Jan Chapman (1 heure 16 - HD). La cinéaste y parle abondamment de son métier, de son implication très personnelle, de ses inspirations pour ce projet au long cours. Un complément qui renseignera autant sur les coulisses du film, les méthodes de travail (organisation et rapports avec les comédiens, par exemple), que sur la personnalité de son initiatrice. Les propos de Jane Chapman, la productrice, sont tout aussi intéressants, davantage axés sur la concrétisation du film : le financement, les démarches des comédiens pour convaincre la réalisatrice, le Festival de Cannes... On retrouve Jane Campion et une partie de l'équipe du film dans un module consacré aux coulisses du film (15 minutes - SD). Interviews et images du tournage ponctuent ce complément tout aussi pertinent. Seul le coffret DVD contient, en plus, une bande-annonce et des filmographies diverses.

portrait de femme

Ce millésime 2015 de Portrait de femme propose le même, unique mais néanmoins conséquent supplément inclus dans l’édition française précédente en DVD, c’est-à-dire un making-of de plus de cinquante minutes datant de 1997. Intitulé Jane Campion and The Portrait of a Lady, réalisé par Peter Long et Kate Ellis - deux proches de Jane Campion -, le documentaire combine des entretiens avec la cinéaste ainsi que quelques-uns de ses interprètes et techniciens et l’enregistrement sur le vif du tournage de nombreuses séquences du film. L’ensemble s’avère des plus passionnants, constituant avec From the bottom of the lake (le making-of de la première saison de Top of the Lake) ainsi que Making Sweetie l’un des morceaux de choix parmi les suppléments proposés par cette Intégrale Jane Campion.

Les longs moments captés par Peter Long et Kate Ellis sur les plateaux de Portrait de femme permettent de mesurer au mieux l’importance de la direction d’acteurs dans l’art cinématographique de Jane Campion. Le making-of montre la cinéaste au plus près de ses comédiens et comédiennes, leur détaillant avec soin les caractéristiques psychologiques de leurs personnages, sachant les encourager lorsqu’ils viennent à douter de leur prestation - comme avec Nicole Kidman, manifestement éprouvée par certaines des scènes dont elle a la charge -, voire à les réconforter lorsque, telle Barbara Hershey, certains se laissent submerger par leur rôle. Mais le documentaire ne cache pas non plus la propension de Jane Campion à une certaine dureté lorsque son interprète ne répond pas à ses attentes : on voit ainsi la réalisatrice recadrer de manière ferme une Shelley Winters trop plaintive à son goût. Peter Long et Kate Ellis exposent avec une même franchise les moments de désaccords qui ont marqué la genèse d’un film riche en tensions. Les unes tiennent à l’ampleur des moyens mobilisés par un film à gros budget, mettant qui plus est en scène deux des stars hollywoodiennes les plus en vue d’alors. D’autres de ces tensions proviennent de la matière même de Portrait de femme, anatomie sans concession de l’aliénation féminine emmenant, comme le démontre remarquablement Jane Campion and The Portrait of a Lady, ses artisans - Jane Campion au premier chef - jusqu’au bout d’eux-mêmes.

Holy smoke
Le disque consacré par Pathé à Holy Smoke dans cette intégrale est vierge de tout supplément. Il est vrai que ce film de Jane Campion ne semble guère avoir inspiré les concepteurs et conceptrices de bonus. L’édition numérique précédente de Holy Smoke - chez StudioCanal, en 2012 - était déjà exempte de suppléments. Et il faut remonter à la première édition en DVD de ce film, en 2000 chez TF1 Vidéo, pour trouver trace de quelques bonus : un teaser, des photos de tournage ainsi qu’une interview de Jane Campion. Du côté des éditions étrangères, Holy Smoke a en revanche été, éditorialement parlant, un peu mieux traité. On signalera ainsi un DVD britannique de 2008, paru chez Film 4, incluant des commentaires audio de Kate Winslet - en charge du rôle principal - et d’Anna Campion, la sœur de... et surtout la coscénariste de ce septième long métrage de Jane Campion.

In the cut

Les suppléments accompagnant cette mouture numérique 2015 de In The Cut sont strictement identiques à ceux inclus dans le DVD de ce film précédemment édité par Pathé en 2004. On retrouve donc le commentaire audio du film enregistré à l’époque par Jane Campion et la productrice Laurie Parker. Disertes, les deux intervenantes apportent des éclairages sur certaines ellipses du récit tout en approfondissant les psychologies des principaux personnages. Les deux femmes reviennent aussi sur la production du film, évoquant les conditions de tournage dans les rues new-yorkaises, les choix de photographie ou bien encore la direction d’acteurs. L’ensemble est certes un peu factuel, parfois émaillé de propos excessivement louangeurs, mais cependant suffisamment riche en informations pour constituer un prolongement bienvenu au visionnage de In The Cut.


Pathé a aussi repris les sept scènes coupées déjà présentes dans l’édition de 2004. Représentant une douzaine de minutes, ces épisodes ne figurant pas dans le montage final - et présentés sous une forme techniquement brute - sont d’un intérêt, disons-le net, très limité. Et l’on comprendra aisément que Jane Campion en ait fait l’économie dans le montage final de son film afin d’en renforcer l’efficacité narrative. Tout au plus pourra-t-on regretter la disparition d’une courte scène érotique entre Frannie et Malloy dans lequel les deux amants ajoutent exhibitionnisme et voyeurisme à l’éventail, déjà large, de leur sexualité...


Á ces deux premiers suppléments s’ajoutent la bande-annonce française du film, un making-of promotionnel de quinze minutes et les interviews données par Jane Campion et Meg Ryan à une émission télévisée française d’alors, « Au cœur du cinéma », eux aussi déjà présents dans le disque de 2004. On passera rapidement sur les entretiens de la cinéaste et de l’actrice avec un journaliste français aux très courtes vues analytiques, avant tout préoccupé de savoir si le tournage des séquences érotiques fut un problème pour leurs interprètes... On conseillera en revanche de visionner la featurette ménageant des moments authentiquement intéressants, notamment lorsque Jane Campion et ses principaux comédien(ne)s évoquent leurs relations sur le tournage. Leurs propos permettent de dessiner les principales caractéristiques de la direction d’acteurs de la réalisatrice. À la fois rigoureuse et empathique, celle-là constitue un ingrédient essentiel de son art cinématographique et en explique certainement la réussite. On y apprend aussi que le cinéma du Nouvel Hollywood, notamment French Connection de William Friedkin, fut une des sources d’inspiration de cette incursion de la Néo-Zélandaise en terres américaine et new-yorkaise. Enfin, pour les campioniens et campioniennes complétistes, notons que ce disque 2015 de In The Cut n’intègre pas dans ses bonus le "Frannie Avery’s Slang Dictionary" figurant dans l’édition zone 1 du film.

bright star

Le Blu-ray de Bright Star propose le supplément Working with Jane, un making-of d’un peu plus de vingt-cinq minutes qui offre son lot d’aperçus sur l’art de la mise en scène selon Jane Campion. Précisons qu'il n'est pas inclus dans l'intégrale en coffret DVD. On trouve également deux minutes de scènes ne figurant pas dans le montage final : un échange entre Fanny Brawne (Abbie Cornish) et John Keats (Ben Wishaw), durant lequel le poète déclare son amour à la jeune femme tout en constatant l’impossibilité de celui-ci ; un bref dialogue entre Fanny, sa mère (Kerry Fox) et sa jeune sœur (Edie Martin) à propos d’un rêve fait par la petite fille. Très courtes, qui plus est présentées sans aucune introduction les resituant dans le film, ces images coupées n’apportent pas grand-chose à la connaissance de Bright Star. On ajoutera à ces brèves archives la bande-annonce française du film ainsi qu’un diaporama de deux minutes enchaînant quelques (jolies) photographies de plateau. Campioniens et campioniennes complétistes, hormis du Blu-ray susdit, partiront donc peut-être en quête de l’édition britannique de Bright Star incluant, hormis Working with Jane quelques minutes de featurettes restituant un peu plus encore du tournage de l’un des plus beaux films de Jane Campion. 

Top of the Lake

Les suppléments accompagnant la première saison de Top of the Lake reprennent à l’identique ceux proposés lors de la première édition de la série en 2013. Ces bonus sont au nombre de trois. L’on passera rapidement sur deux d’entre eux - aussi brefs que dispensables - relevant avant tout d’une démarche promotionnelle. Il s’agit d’une brève featurette exagérément intitulée Behind the scenes et qui en cinq courtes minutes ne donne à voir que la réalisation de quelques plans à Paradise, cet extraordinaire camp de conteneurs dans lequel GJ (Holly Hunter) a installé son gynécée. Ces instants de tournage sont entrecoupés de propos, trop lapidaires pour être plus qu’anecdotiques, de Gerard Lee - le coscénariste - ainsi que d’interprètes parmi lesquels Peter Mullan et Holly Hunter. La même dimension para-publicitaire caractérise les quatre minutes d’interviews avec Elisabeth Moss et Holly Hunter.

On ne saurait en revanche trop recommander le visionnage de From the bottom of the lake : les secrets de fabrication de la série, passionnant documentaire d’une bonne cinquantaine de minutes réalisé par Clare Young. Cette documentariste australienne, qui participa au casting de courts métrages de Jane Campion durant les années 2000 ainsi qu’au montage de Bright Star, a tenu un passionnant journal filmé de l’élaboration de Top of the Lake. Présente aussi bien lors de l’écriture que du tournage, ainsi que durant les premières rencontres entre Jane Campion et ses comédien(ne)s, Clare Young offre ainsi une passionnante vue d’ensemble du processus créatif ayant accouché de cette splendide série. Scrutée avec une intelligence manifeste de l’art cinématographique, chacune des étapes de la genèse de Top of the Lake retranscrites par ce making-of d’exception permet de cerner au mieux les méthodes de travail de Jane Campion. Se dessine ainsi l’image d’une cinéaste à la fois rigoureuse et empathique, attentive à transmettre à ses collaborateurs et collaboratrices la singularité de l’univers qu’elle cherche à mettre en scène, tout en restant ouverte aux suggestions de celles et ceux prenant part à l’aventure. Ce n’est donc pas seulement la peinture de la genèse de cette série que propose From the bottom of the lake mais aussi une manière de portrait artistique de Jane Campion. On tient là, on l’aura compris, l’un des bonus les plus passionnants parmi ceux inclus dans cette intégrale consacrée à la cinéaste.


Les courts métrages

Le disque de l’Intégrale Jane Campion dévolu aux courts métrages n’offre pas le moindre supplément. Ce que l’on pourra regretter tout en indiquant, à la décharge de Pathé, qu’aucun autre éditeur numérique n’a pris jusqu’ici l’initiative d’accompagner ces films courts de Jane Campion de suppléments. On notera aussi que ce n’est malheureusement pas l’intégralité des courts métrages de Jane Campion que propose Pathé puisqu’il manque Mishaps of Seduction and Conquest (1984), pourtant inclus par StudioCanal dans son coffret consacré à la cinéaste en 2003. Les plus chipoteurs des cinéphiles numériques en déduiront donc que l’Intégrale Jane Campion éditée par Pathé n’est donc pas à proprement parler... intégrale. À charge donc pour les campioniens et campioniennes complétistes de mettre la main sur le coffret susdit ou bien de se procurer l’édition étasunienne de Two Friends proposant en bonus ce chaînon manquant de l’œuvre courte de Jane Campion. Histoire, tout de même, de rendre à Pathé ce qui est à Pathé, on ne manquera pas d’indiquer qu’avec ce disque réunissant la (presque) totalité des films brefs de Jane Campion, c’est une première mondiale que réalise a priori l’éditeur français. Puisque les DVD précédemment consacrés à ce pan - essentiel - de la filmographie de Jane Campion n’en réunissaient que des fragments épars. À l’instar du disque australien publié par Ronin Films.

En savoir plus

Sweetie

Taille du Disque : 34 544 559 381 bytes
Taille du Film: 24 282 107 904 bytes
Durée : 1:39:45.980
Total Bitrate: 32,45 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 27,00 Mbps
Video: VC-1 Video / 27000 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Advanced Profile 3
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1750 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 1808 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 16,137 kbps

Un ange à ma table

Taille du Disque : 49 019 294 366 bytes
Taille du Film : 48 576 688 128 bytes
Durée : 2:37:50.127
Total Bitrate: 41,04 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 32,86 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 32867 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2075 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3819 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 17,359 kbps

La leçon de piano

Taille du Disque : 44 643 703 265 bytes
Taille du Film : 39 340 013 568 bytes
Durée : 2:00:26.875
Total Bitrate: 43,55 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 35,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 35003 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2691 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3559 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 1,291 kbps
Subtitle: French / 14,335 kbps
Subtitle: French / 20,010 kbps

Portrait de femme

Taille du Disque : 43 893 329 770 bytes
Taille du Film : 41 483 974 656 bytes
Durée : 2:24:36.668
Total Bitrate: 38,25 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 27,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 27977 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4051 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4059 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 38,802 kbps
Subtitle: French / 0,091 kbps

Holy Smoke

Taille du Disque : 37 202 621 581 bytes
Taille du Film : 36 339 535 872 bytes
Durée : 1:54:17.350
Total Bitrate: 42,39 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 31,98 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 31986 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Main Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4068 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4023 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,091 kbps
Subtitle: French / 23,822 kbps

In the Cut

Taille du Disque : 41 094 975 461 bytes
Taille du Film : 38 629 982 208 bytes
Durée : 1:58:46.119
Total Bitrate: 43,37 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 32,73 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 32738 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / Main Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3874 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4070 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 0,000 kbps
Subtitle: French / 22,379 kbps
Subtitle: French / 47,260 kbps

Top of the Lake (épisode 1)

Taille du Disque : 47 230 482 527 bytes
Taille de l'épisode 1 : 15 752 239 104 bytes
Durée : 0:58:39.760
Total Bitrate: 35,80 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,48 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29481 kbps / 1080i / 25 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2178 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2047 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 30,083 kbps
Subtitle: French / 1,361 kbps
Subtitle: French / 35,627 kbps

Par Stéphane Beauchet (technique) et Pierre Charrel (bonus) - le 9 novembre 2015