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Les Aventures d’Antoine Doinel

Carlotta ressort aujourd'hui l'intégrale des films de Truffaut consacrés à Antoine Doinel. La saga auto-fictionnelle qui a révélé Jean-Pierre Léaud au cinéma a permis au cinéaste de dresser un bilan de sa propre vie, au fil des années, questionnant sa sortie (psychologiquement jamais pleinement accomplie) de la petite délinquance pour tenter de trouver une place dans la vie, en France, à son époque. Récit d'un mauvais départ et d'un accomplissement au fond toujours différé, la série dit beaucoup de son rapport aux autres, à la société, au cinéma, aux femmes bien entendu. Sous les atours d'un récit d'initiation (puis de vieillissement), elle creuse des sillons douloureux, plus violents qu'il n'y paraît, mais généralement très drôles, souvent étranges, habités de la folie douce de celui qui, bon an mal an, s'en est sorti. En dépit des infidélités décrites, il y a ici la preuve d'une loyauté profonde (à un acteur, aux personnes aimées, à sa propre enfance). Et c'est d'une élégance folle, cocasse - celle d'un margoulin, d'un éternel hors-la-loi, d'un autodidacte prompt à l'auto-sabotage... de cette espèce en voie de disparition, qu'il est bon de célébrer (autant que d'interroger). Joie et mélancolie de voir qu'il y avait malgré tout une place pour les Doinel de ce monde. On les regrettera probablement plus qu'on ne le réalise s'ils venaient à complètement perdre une bataille qu'ils ne voulaient du reste même pas mener.