JANVIER 2022
Film du mois :

CRÉPUSCULE À TOKYO, de Yasujirô Ozu (1957)
Découvertes & revisionnages :
Le Guépard (
Il Gattopardo, Luchino Visconti - 1963)
9/10
Je poursuis pas découverte de Visconti avec son film le plus célèbre. Plus court que Ludwig, il fait quand même 3h. 3h bien remplis d'une splendide fresque historique prenant place en Sicile en plein Risorgimento où on suit une famille d'aristocrate et principalement le prince Don Fabrizio Salina incarné par un Burt Lancaster au top de son charisme, et son neveu Tancredi Falconeri avec un Alain Delon à tomber, débordant d'un mélange de fouge et d'arrogance. Et pour compléter le tableau Claudia Cardinale aussi irrésistible qu'ambigüe. Le récit est avant tout celui de la fin d'une époque et d'un ordre social auquel s'accroche le prince quitte à faire des compromis. Visuellement c'est pour l'instant le plus beau Visconti que j'ai vu (ce qui n'est pas rien vu le niveau des 3 autres), baigné d'une ambiance ensoleillé, avec quelques scènes de bataille dantesque et toujours un travail sur les costumes et les décors colossales.
Before Sunrise (Richard Linklater - 1995)
5/10
Assez déçu. Ca ressemble quand même beaucoup à une série de vignettes avec pleins de petites histoires (d'un niveau assez adolescent, à quelques exceptions près ça vole pas très haut) que l'un et l'autre se raconte et entrecoupé de rencontres étonnantes. Bref l'écriture m'est apparu assez artificielle, contrastant avec la mise en scène et le jeu des acteurs beaucoup plus naturelle. Même si je n'ai pas totalement adhéré non plus à ce dernier point, notamment à Ethan Hawke, surtout lorsqu'il est en mouvement où il multiplie les mimiques avec sa bouche, les gestes avec ses mains etc. Ca passe au début, il est mal à l'aise, mais au fil du film ça devient agaçant.
Before Sunset (Richard Linklater - 2004)
6/10
C'est (un peu) mieux que Sunrise. Il y a moins l'effet vignette, cette fois ci ils ont des choses à se dire autre que leur petite philosophie personnelle assez lourdingue (même si on retombe dedans par moment, au moins ce n'est pas que ça). Il y a moins de mimiques dans le jeu de Hawke et la fin est belle. Malgré tout c'est clairement pas l'emballement. Je suis assez d'accord avec la théorie qui veut que pour pleinement apprécier un film dont la romance est l'enjeu central il faut être sous le charme des deux personnages. Et là ce n'est pas du tout le cas. Un peu plus vers la fin, une fois qu'ils ont mis à jour leurs faiblesses mais globalement ils me sont tous deux assez antipathiques. Elle c'est depuis le premier, comme je l'ai dis dans une message précédent je vois très bien le perso de la bobo avec ses monologues insupportables qu'elle continue ici (son discours sur les petits gestes/améliorations quotidiennes qui comptent le plus, yurk). Et lui c'est surtout sa manière de se comporter et ce qu'il dit ici, en ayant une femme et un gamin qui m'ont dérangé, et qui ne représente pas du tout du romantisme à mes yeux, mais juste le fait d'être un conn*rd. Le romantisme je le trouve 1000 fois plus dans les relations du couple Vanel/Renaud qui surmonte des épreuves dans Le ciel est à vous que chez ce gars qui regrette qu'elle ne soit pas venu 9 ans plus tôt alors que sans ça il avait pas de mioche (qu'il dit ensuite chérir heureusement mais on dirait pas avec ce qu'il dit juste avant). Bref le charme romantique de ces deux films, pas dénué de qualités pour autant, me passent assez largement au dessus, c'est dommage.
Frankenstein (James Whale - 1931)
7/10
Les origines de la créature. Le film vaut surtout pour son ambiance, mélange de gothique et d'influence expressionniste, par le maquillage de Jack P. Pierce et évidemment l'interprétation de Boris Karloff. Le film, très noir (il va assez loin dans les victimes de la créature), fonctionne toujours très bien.
Printemps tardif (
Banshun, Yasujirô Ozu)
9/10
Découverte d'Ozu et immédiatement sous le charme de ce film qui nous raconte finalement l'évolution de la famille traditionnelle japonaise à travers cette histoire de père qui veut marier sa fille, alors que celle ci refuse pour ne pas le laisser seul. A la fois simple et raffiné, il y a une grande sensibilité qui se dégage aussi bien de la mise en scène que des acteurs, me faisant passer de la joie à la tristesse pour finir avec un profond sentiment de mélancolie.J'ai vraiment été très touché. Au final c'est proche de ce que j'imaginais de tout un pan du cinéma d'Ozu, mais en y étant plus sensible que ce à quoi je m'attendais. Donc hâte d'en découvrir d'autres.
Before Midnight (Richard Linklater - 2013)
6/10
Le final est très beau, émouvant. Toute la dispute est très bien joué et avec un rendu général naturel, réaliste. Mais mon intérêt s'arrête a peu près là, n'ayant toujours pas beaucoup d'affection pour les personnages. Content quand même d'avoir vu les 3 "Before", chaque film gagne un peu plus d'intérêt replacé au sein de cette trilogie amoureuse, audacieuse mais qui m'est en bonne partie passée au dessus.
La fiancée de Frankenstein (
Bride Of Frankenstein, James Whale - 1935)
7/10
On reprend là on nous en étions resté en 1931, avec une créature qui va pas mal se balader, faire différentes rencontres. Le film est beau, Karloff est encore plus touchant que dans le premier, mais le ton a un peu changé, il est un peu plus décalé (l'interprétation m'a paru aussi plus théâtrale), on perd à mon sens un peu en noirceur. Mais ça se regarde avec grand plaisir.
Soleil Vert (Soylent Green, Richard Fleischer - 1973) 8/10
Découvert en salle il y a une 15aine d'années j'avais beau aimé. Le revoir aujourd'hui, où la problématique du réchauffement climatique est devenue brûlante rend l'impact du film est encore plus fort, d'autant que l'action se passe en 2022. Formellement c'est classique mais solide, avec un très bon rendu d'un New York surpeuplé, pollué et étouffant de chaleur. Malgré la date de production les effets et décors kitchs sont assez peu nombreux. Et Sol est toujours aussi touchant. Un classique du film d'anticipation, très sombre.
The Card Counter (Paul Schrader - 2021)
8/10
Attentes totalement comblées sur ce film, il y en aura finalement eu peu en sortie salle 2021 me concernant. Le niveau de maîtrise de la mise en scène de Schrader est un pur plaisir du début à la fin. Je comprends que les scènes de flashback/rêves puissent déranger un peu car il pousse un peu loin les effets jusqu'à un aspect quasi "jeu vidéo" (sur le plan séquence surtout) mais j'ai trouvé que ça fonctionnait bien et que le contraste avec l’ambiance lisse et contrôlé des motels et casinos sert bien le film. Pour le reste c'est du grand art, il fait monter et redescendre la tension en un claquement de doigts.
L'écriture m'a semblé parfois un peu plus facile, mais ça reste assez original (j'ai trouvé que les deux intrigues collaient plutôt bien ensemble) et surtout efficace. Tout a été préparé pour ce moment d'angoisse à deux dans sa chambre de motel. Et Oscar Isaac y est excellent, comme le reste du casting, sauf peut être Dafoe, effectivement sous exploité. En tout cas sur le peu que j'ai vu des sorties 2021 en salle, il fait partie de mes grosses sensations.
Le dernier des hommes (
Der letzte Mann, F.W. Murnau)
8/10
Très beau film muet qui ne compte, chose assez rare, qu’un seul intertitre. On y suit un vieux et imposant portier qui va perdre sa place, qui lui apportait un certains prestige auprès de son quartier et de de sa famille. Il y a quelques très belles choses techniquement pour l’époque, et l’approche expressionniste d’une histoire réaliste et terre à terre donne beaucoup de puissance au récit (bien aidé par la gueule incroyable de Emil Jannings).
Un héros (
Ghahreman, Asghar Farhadi - 2021)
5/10
Film en demi teinte, j’ai bien aimé la première partie, beaucoup moins la seconde. A partir du moment où les choses commencent à mal tourner l’histoire s’enlise dans des lourdeurs dramatiques, tourne en rond et Farhadi fini par faire ce qui est reproché à son personnage principal en utilisant certains protagonistes pour tenter de nous émouvoir.
La famille Tenenbaum (The Royal Tenenbaums, Wes Anderson - 2001) 7/10
Revisionnage légèrement en deçà de mon souvenir. Ça reste une comédie familiale bien menée et efficace, mais il lui manque quelques fulgurances pour se hisser parmi les meilleurs Anderson. Finalement en dehors de toute l’introduction assez longue, le reste est un peu plus convenu, y compris en terme de rythme, avec en plus le personnage de Ben Stiller est un peu sous exploité. Et puis moralement un peu douteux, que ce soit dans la romance ou le final sur le père.
Le Violent (
In a Lonely Place, Nicholas Ray - 1950)
8/10
Excellent thriller psychologique où un homme, un scénariste d’Hollywood connu pour ses excès de violence, est soupçonné du meurtre d’une jeune femme. L’enjeu du film est de faire douter aussi bien celle de qui il s’éprend que le spectateur. Humphrey Bogart et Gloria Grahame y sont excellents. Malgré tout je place le film en poil sous le roman de Dorothy B. Hughes dont le film est assez librement inspiré, qui va plus loin. Mais une adaptation plus proche aurait été compliquée et bien plus longue, alors qu’ici Nicholas Ray livre un film d’1h30 très efficace.
Voyage à Tokyo (
Tôkyô monogatari, Yasujirô Ozu - 1953)
9/10
Ozu prends cette histoire de parents âgés qui viennent à Tokyo rendre visite à leurs enfants pour poursuivre son analyse critique de la famille, de ces jeunes gens installés qui délaisse leurs parents au profit de leurs travails. On retrouve le personnage plein de candeur et de bienveillance de Setsuko Hara. Comme pour
Printemps tardif j'aurais du mal à décrire tout ce qui fait la force du film, c'est une sorte de grand raffinement en faisant dans la sobriété, et une grande finesse dans l'écriture, le tout superbement interprété.
Le goût du saké (
Sanma no aji, Yasujirô Ozu - 1962)
9/10
Ici, un peu à l'inverse de
Printemps tardif, c'est plutôt le père (toujours incarné par Chishû Ryû) qui est réticent à marier sa fille. Le film en couleur est somptueux, et ajoute des touches d'humour par rapport aux deux précédents que j'ai vu, sans rien retirer aux questionnements de moeurs et sociaux. Il est aussi traversé par une touchante nostalgie, notamment lors des réunions avec les amis du père. Mon Ozu favori jusque là.
Les gens de Dublin (
The Dead, John Huston - 1987)
7/10
Petite déception sur ce film à la vue de sa réputation. Un bon moment devant cette soirée "rituel" d'un milieu aisé ou sous les belles apparences se jouent de subtils enjeux humains, mais pas emballé plus que cela non plus. Un peu plus par la fin, car les émotions y sont plus évidentes, mais pour le reste je suis resté assez extérieur.
Mulholland Drive (
Mulholland Dr., David Lynch - 2001)
9/10
Enfin réussi à aller le découvrir en salle ! Et bien je n'imaginais pas du tout ça comme ça

C'est assez amusant ces films à grosse aura, dont on entend parler pendant des années, on fini par s'en faire une idée assez précise. Le seul Lynch que j'ai vu c'est Dune (et quelques épisodes de TP il y a très longtemps), par conséquent j'étais quasiment vierge de son cinéma. J'imaginais ainsi un film lent et contemplatif, se déroulant principalement de nuit (ça je sais pas d'où ça vient, hormis de l'affiche), où on ne comprends rien, quasi expérimental et donc difficile d'accès.
Finalement rien de tout cela : le film est assez lumineux, il y a des scènes où le temps se ralenti mais globalement on est assez loin d'un film contemplatif ou lent, il s'en passe pas mal. Et, sur le sujet qui revient le plus souvent, c'est loin d'être inaccessible en terme de compréhension. Les deux premiers tiers ayant une trame narrative assez classique (à laquelle viennent se greffer quelques scènes plus énigmatiques, mais qui représentent un intérêt en elles-même, car extrêmement bien fichues), et si le dernier tiers est plus mystérieux et fragmenté, on a quand même environ 1h30 de film sur lequel s'appuyer pour tenter de remettre tout dans l'"ordre".
Si ça a donc tapé a côté de mes attentes car très différent de celles ci, ça a tapé fort quand même, j'ai été à la fois impressionné et surtout captivé par ce qui se passait sous mes yeux, une vraie expérience de cinéma, forte en émotions mais aussi (et surtout) en sensations. En dehors de toute les qualités du récit, il y a plusieurs séquences qui m'ont fait dresser les poils, que ce soit de peur, d'angoisse, d'excitation, de désespoir.
En revanche je peux comprendre qu'on reste en dehors, les potards sont poussés assez loin sur pas mal de points (rien que le jeu de Naomi Watts au début, même si moi je trouve ça très bien), je m'en suis rendu compte mais le film n'a, à mes yeux, jamais franchis la limite qui entraine vers le grotesque. Bref une superbe séance, pour un très beau film que j'ai très envie de revoir, et qui doit d'ailleurs surement gagné en implication émotionnelle sur plusieurs scènes lorsqu'on l'a déjà vu.
Mary à tout prix (There's Something About Mary, Bobby Farrelly & Peter Farrelly - 1998) 7/10
Je pense que si je le découvrais aujourd'hui j'aurais un peu plus de mal, mais l'ayant vu et revu en étant jeune, je passe toujours un bon moment, et la rythmique de l'humour est quand même extrêmement bien géré, avec de longue séquence où on ne redescend pas. Le voir avec mon père est pour cela un délice, il a pas fini son fou rire que les Farelly balancent un nouveau gag, et c'est reparti de plus belle.
Invisible Man (
The Invisible Man, Leigh Whannell - 2020)
7/10
Sympathique film d'horreur, qui joue bien avec son thème de l'homme invisible et fait plutôt bien monté l'angoisse (constaté chez madame, c'est très très rare que je soit stressé devant un film, surtout à la maison). Elisabeth Moss est faite pour jouer les victimes un peu barré
New York - Miami (
It Happened One Night, Frank Capra)
6/10
Réputé comme un sommet de Capra, j'ai été assez déçu. Pourtant l'histoire de cette riche jeune fille d'un magnat industriel qui va faire équipe avec un journaliste sans le sous pour rallier New York me tentait bien. Mais ce fut un visionnage en dents de scie, parfois émus par leur relation, parfois agacé. J'ai été encore plus agacé par le final et le comportement du père. Je reconnais une certaine audace pour l'époque, mais ça ne suffit pas à me faire pleinement apprécier le film.
Le fils unique (
Hitori musuko, Yasujirô Ozu - 1936)
7/10
Un petit moins emballé que par les 3 Ozu précédemment vu mais quand même un très joli film avec le sacrifice d'une mère pour que son fils "devienne quelqu'un". L'aspect social est ici plus développé, avec le contexte de la Grande Dépression des années 30. J'ai lâché ma petite larmichette devant la fierté de la mère.
Bonjour (
Ohayô, Yasujirô Ozu - 1959)
8/10
Toujours dans l'étude de moeurs, mais avec un ton ouvertement à la comédie cette fois ci. Et si les rapports familiaux restent important Ozu s'intéresse ici beaucoup aux relations de voisinage et aux commérages. Les couleurs sont magnifiques, tout en douceur, comme le reste de son cinéma, ce qui ne l'empêche pas d'être parfois un peu acide, comme aigre-doux. Et le talent de directeur d'acteur d'Ozu saute ici aux yeux avec ces enfants géniaux (surtout le plus jeune).
Crépuscule à Tokyo (
Tôkyô boshoku, Yasujirô Ozu - 1957)
9/10
Je continue d'aller de surprise en surprise avec Ozu. Et des bonnes. Je pensais qu'il serait difficile de faire plus beau après ma découverte de deux de se films en couleurs, mais c'était avant ce Crépuscule à Tokyo et son sublime noir et blanc et jeu sur les ombres et contrastes. C'est aussi le plus sombre, le plus désabusé de ceux que j'ai vu (même si
Le Fils Unique est assez dur, il n'a pas la même ampleur tragique). Ici la mélancolie n'est jamais très loin du pessimisme, même si on s'écarte un peu de celui dans le final par une forme d'acceptation du destin, de vivre avec, au mieux, car il n'y a guère le choix.
Où sont les rêves de jeunesse ? (
Seishun no yume ima izuko, Yasujirô Ozu - 1932)
6/10
On ici est assez loin de ses portraits de famille des années 50, le ton est la comédie, surtout dans la première partie où on suit une bande d'amis étudiants. Les choses vont se compliquer lorsque l'un d'eux, d'origine plus aisée, devient patron et embauche ses anciens camarades. Ça se suit bien, le dosage entre humour et critique sociale est bien dosé, mais légèrement gâché par le final un peu trop naïf. Et les films muets sans accompagnement musical c'est quand même assez aride (je m'en suis rajouté un).
Mr. Smith au sénat (
Mr. Smith Goes to Washington, Frank Capra - 1939)
8/10
Connaissant le film de part sa réputation, qui avait provoqué pas mal de controverses à l'époque de sa sortie, j'ai quand même été surpris que Capra tape si fort. Certes il peut être facilement récupéré par beaucoup de bords, malgré tout suivre l'arrivée en politique de ce genre idéaliste, le voir se heurter à l'affairisme, à la corruption, à la politique bassement "politicienne" est assez délicieux. C'est bien fait, c'est drôle et la romance est très joliment intégrée.
Le choeur de Tokyo (
Tôkyô no kôrasu, Yasujirô Ozu - 1932)
6/10
On est ici dans la veine de
Où sont les rêves de jeunesse ?, même si l'humour est davantage en retrait. C'est cette fois ci le récit d'un homme marié qui se retrouve au chômage après s'être insurgé contre le licenciement d'un collègue. S'il y a quelques scènes qui sortent du lot et que l'ensemble se regarde bien, ça ne m'a pas non plus passionné et le final me laisse ici un peu dubitatif.
J'ai été diplômé, mais... (
Daigaku wa detakeredo, Yasujirô Ozu - 1929)
6/10
Il ne reste que 12 minutes des 1h10 d'origine. Elles laissent entrevoir une comédie sociale nous présentant un jeune diplômé de l'université qui ne se voit proposer que des postes sous qualifiés. Il reste la fin, qui confirme qu'à l'époque Ozu appréciait les happy end qui tombe un peu du ciel.
First Cow (Kelly Reichardt - 2019) 9/10
J'ai profité du festival Télérama pour retourner voir en salle mon film de 2021. Toujours aussi beau et poétique.
Le messager(
The Go-Between, Joseph Losey - 1971)
8/10
Un jeune enfant de 12 ans, d'origine modeste, est invité par un de ses amis d'internat, à passer l'été dans son château de famille de l’aristocratie. Il se retrouve au milieu d'un amour interdit. Découverte en salle de cette troisième et dernière collaboration entre Joseph Losey et Harold Pinter, on navigue entre récit initiatique avec le jeune Léo et étude de mœurs de l’aristocratie britannique. L'ambiance estivale et bucolique est superbement rendue et contraste très bien avec le dénouement bien plus amère, distillé tout du long du film par un habile montage.
Fleurs d'équinoxe (
Higanbana, Yasujirô Ozu - 1958)
9/10
Encore un chef d'oeuvre. Le sujet central est ici les mariages arrangés, que l’aînée de la famille refuse désirant choisir elle même son mari. Dis comme cela ça n'a pas l'air d'être grand chose, mais la magie d'Ozu et de ses acteurs a encore opéré sur moi. Un peu comme dans
Le goût du saké, il se permet même pas mal de touches d'humour. Ainsi le film parvient à être léger tout en restant tout à fait sérieux, profond et bercé par une certaine mélancolie. Malgré tout ce qui peut séparer une famille française des années 2020 d'une famille japonaise des années 50, et le côté très terre à terre des enjeux du film, Ozu parvient à rendre universel et intemporel son film qui nous parle par de nombreux aspects.
Remorques (Jean Grémillon - 1941)
7/10
Une histoire d'amour adultère entre Jean Gabin et Michèle Morgan sur fond de tempête en mer. Tous les effets n'ont pas bien vieillit, mais ça reste très plaisant à regarder. J'ai en revanche eu plus de mal à accrocher à la romance, même si le final mélodramatique est touchant.
Gosses de Tokyo - Et pourtant nous sommes né (
Otona no miru ehon - Umarete wa mita keredo, Yasujirô Ozu - 1932)
7/10
Un des Ozu pré-1949 les plus célèbres, où on suit deux frères en prise avec leurs nouveaux camarades de classes, et avec leur père lorsqu'ils s'aperçoivent que celui-ci est hiérarchiquement inférieur à celui d'un de leur camarade. Le film, très social, est amusant et Ozu impressionne une nouvelle fois par sa direction d'acteurs enfant. De cette période des années 30 j'ai souvent plus de réserve avec les dénouements et celui ci n'échappe pas à la règle.
Mon Oncle (Jacques Tati - 1958)
6/10
Il faudra que je test Playtime un de ces jours mais je crois que Tati c'est pas trop ma came. Un peu plus intéressé par celui-ci que par
Les vacances de Monsieur Hulot mais malgré tout la magie ne prend pas, je reste extérieur et je me contente d'apprécier l'originalité des idées, surtout pour un film de 58.
Une femme de Tokyo (
Tôkyô no onna, Yasujirô Ozu - 1933)
7/10
Un autre film social d'Ozu, mais pas d'humour ici on est en plein drame, voir mélodrame, avec une jeune femme secrétaire le jour, et prostitué la nuit pour financer les études de son frère qui ignore tout de cette situation. Le film, tourné en 8 jours, a ses limites et on est loin de la qualité de ses oeuvres plus tardives mais j'ai été assez touché par cette oeuvre désespérée.
Gagarine (Fanny Liatard & Jérémy Trouilh - 2020)
7/10
Un jeune de la cité Gagarine à Ivry, fan d'exploration spatiale, se bat pour éviter la destruction programmée de son quartier. J'ai beaucoup aimé le parti-pris de jouer la carte spatial à fond, avec des séquences totalement onirique, surtout dans le dernier tiers. Pour le reste ça sonne juste, à l'image des trois personnages principaux. Une belle surprise. Et puis Gagarine c'était vraiment une cité emblématique pour beaucoup d'habitants du coin, je suis passé devant des centaines de fois quand j'habitais Vitry.
Histoires d'herbes flottantes (
Ukikusa monogatari, Yasujirô Ozu - 1934)
6/10
S'il y a un certain goût doux-mer dans le cinéma d'Ozu à partir de 1949, ici l'amertume prend largement le dessus, avec cette histoire de troupe de théâtre itinérante, de complot par jalousie, de fils non reconnu. Ca n'empêche pas quelques belles scènes, mais le ton est globalement assez dur. J'ai moins accroché qu'à d'autres, je trouve qu'on voit un peu les limites du muet, auquel Ozu est longtemps resté attaché, sur ce film assez verbeux. Curieux de voir le remake.
Une auberge à Tokyo (
Tôkyô no yado, Yasujirô Ozu - 1935)
7/10
Probablement le plus noir de cette époque avec ce père au chômage qui peine à nourrir ses deux enfants. Et lorsque la situation semble un peu s'améliorer, par l'entraide, ça ne va pas durer. Si certains de ses films présente un "happy ending" un peu naïf à mes yeux, ici aucune candeur, on est dans la veine drame et réalisme social du début à la fin, un peu à l'image de
Une femme de Tokyo et de
Le Fils Unique (qui lui contre balance quand même le désespoir par la fierté d'une mère). Ce qui en fait mes favoris de cette période du cinéaste.
L'Homme de la rue (
Meet John Doe, Frank Capra - 1941)
7/10
Une comédie romantique social assez plaisante, avec Gary Cooper qui accepte pour de l'argent de jouer un personnage, qui désire se suicider par protestation, inventé par une journaliste. Ca fonctionne assez bien, sur un schéma assez similaire à un autre de ses films réalisés 5 ans plus tôt (
L'extravagant Mr Deeds), avec les même limites.
The Father (Florian Zeller - 2020)
7/10
Film sur la vieillesse et la démence sénile qui l'accompagne parfois. On est vraiment placé à la place de ce vieil homme, superbement interprété par Anthony Hopkins, la mise en scène et l'écriture n'auront de cesse de nous faire perdre nos repères, on ne sait plus qui est qui, on perd le films du temps, de l'espace. Belle réussite.
Printemps précoce (
Sôshun, Yasujirô Ozu - 1956)
9/10
Encore une claque. Comme à chaque fois je me dis sur le premier tiers que c'est super mais peut être pas au niveau des autres de l'époque. Et comme à chaque fois je me fais cueillir par la montée en puissance émotionnelle de la suite. Sa manière d'écrire les rapports humains me fait fondre systématiquement. Ici le sujet centrale est celui de l'adultère, mais plus largement celui du couple, notamment lorsqu'il doit traverser une épreuve difficile comme la perte d'un enfant. C'est sublime. Et s'y ajoute aussi une critique assez directe ici de la condition précaire des "salarymen" des grosses entreprises. Et puis comme à chaque fois c'est visuellement à tomber.
L'Extravagant Mr. Deeds (
Mr. Deeds Goes to Town, Frank Capra - 1936)
7/10
Un homme de la campagne se voit hériter d'une fortune colossale qui en fait le plus riche homme des Etats-Unis, attisant convoitise et critique/moquerie de la presse. On est à mi chemin entre
Mr Smith au Sénat (d'où on retrouve Jean Arthur dans une rôle similaire) et
L'homme de la rue (d'où on retrouve Gary Cooper). C'est sympathique et si j'avais pas compris que Capra est fan des mythes fondateurs des USA, c'est chose faite. Malgré tout avoir vu les 3 en deux semaines fait que ça se répète pas mal, le schéma que ce soit dans l'aspect social ou romantique est assez identique.
Il était un père (
Chichi ariki, Yasujirô Ozu - 19426)
7/10
Le récit d'un père qui, par sacrifice pour que son fils ai accès à un bon niveau d'étude, s'éloigne de lui pendant une dizaine d'année. Histoire très personnelle puisque c'est ce qu'à en bonne parti vécu Ozu avec son propre père. Son style évolue pas mal et ressemble de plus en plus à ce qu'il sera dans les années 50, assez épuré, maintenant une distance avec ses personnages. Assez passionnant de pouvoir suivre cette évolution (merci Carlotta!).
Précédemment...
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Novembre 2021 - SCHOOL ON FIRE, de Ringo Lam (1988)
Octobre 2021 - GEN D'HIROSHIMA, de Mori Masaki (1983)
Septembre 2021 - YI YI, de Edward Yang (2000)
Août 2021 - IN THE MOOD FOR LOVE, de Wong Kar-wai (2000)
Juillet 2021 - YAKUZA, de Sidney Pollack (1974)
Juin 2021 - OÙ EST LA MAISON DE MON AMI, de Abbas Kiarostami (1987)
Mai 2021 - TERREUR AVEUGLE, de Richard Fleischer (1971)
Avril 2021 - FULL ALERT, de Ringo Lam (1997)
Mars 2021 - UN AIR DE FAMILLE, de Cédric Klapisch (1996)
Février 2021 - RÈGLEMENT DE COMPTES, de Fritz Lang (1953)
Janvier 2021 - SOCIÉTÉ ANONYME ANTI-CRIME, de Steno (1972)
Décembre 2020 - MECREDI APRÈs, de Waris Hussein (1961)
Novembre 2020 - POINT LIMITE, de Sidney Lumet (1964)
Octobre 2020 - LE GOÛT DE LA CERISE, de Abbas Kiarostami (1997)
Septembre 2020 - LE PIGEON, de Mario Monicelli (1958)
Août 2020 - NAVAJO JOE, de Sergio Corbucci (1966)
Juillet 2020 - PLUIE NOIRE, de Shôhei Imamura (1989)
Juin 2020 - MISSISSIPPI BURNING, de Alan Parker (1988)
Mai 2020 - SACCO & VANZETTI, de Giuliano Montaldo (1971)
Avril 2020 - A BOUT DE COURSE, de Sidney Lumet (1988)
Mars 2020 - LA PRISONNIERE DU DESERT, de John Ford (1956)
Février 2020 - SEULS SONT LES INDOMPTÉS, de David Miller (1962)
Janvier 2020 - L'ENFER DE LA CORRUPTION, de Abraham Polonsky (1948)
Décembre 2019 - MILLENIUM ACTRESS, de Satoshi Kon (2001)
Novembre 2019 - VORACE, de Antonia Bird (1999)
Octobre 2019 - COLORADO, de Sergio Sollima (1966)
Septembre 2019 - FOLLE À TUER, de Yves Boisset (1975)
Août 2019 - ZATÔICHI, LE MASSEUR AVEUGLE, de Kenji Misumi (1962)
Juillet 2019 - KIDS RETURN, de Takeshi Kitano (1996)
Juin 2019 - L'AVENTURE DE MADAME MUIR, de Joseph L. Mankiewicz (1952)
Mai 2019 - LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE, de John Huston (1949)
Avril 2019 - TRAÎTRE SUR COMMANDE, de Martin Ritt (1970)
Mars 2019 - A BITTERSWEET LIFE, de Jim Kee-woon (2005)
Février 2019 - L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE, de John Ford (1962)
Janvier 2019 - BARBEROUSSE, de Akira Kurosawa (1965)
Décembre 2018 - LA NUIT DU CHASSEUR, de Charles Laughton (1955)
Novembre 2018 - LE CONFORMISTE, de Bernardo Bertolucci (1970)
Octobre 2018 - CRIMSON PEAK, de Guillermo Del Toro (2015)
Septembre 2018 - CRONOS, de Guillermo Del Toro (1993)
Août 2018 - DANSE AVEC LES LOUPS, de Kevin Costner (1990)
Juillet 2018 - JSA - JOINT SECURITY AREA, de Park Chan-wook (2000)
Juin 2018 - THE AGE OF SHADOWS, de Kim Jee-woon (2016)
Mai 2018 - L’ÉTÉ DE KIKUJIRO, de Takeshi Kitano (1999)
Avril 2018 - DARK CRYSTAL, de Jim Henson & Frank Oz (1982)
Mars 2018 - LA GARÇONNIÈRE, de Billy Wilder (1960)
Février 2018 - DONNIE DARKO, de Richard Kelly (2001)
Janvier 2018 - LOGAN, de James Mangold (2017)
Décembre 2017 - VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER, de Michael Cimino (1978)
Novembre 2017 - NO COUNTRY FOR OLD MEN, de Ethan & Joel Cohen (2007)
Octobre 2017 - WIND RIVER, de Taylor Sheridan (2017)