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JOHN PAUL JONES. JOHN PAUL JONES, MAÎTRE DES MERS. 1959
Avec Robert Stack (John Paul Jones), Marisa Pavan (Aimée de Tellison), Charles Coburn (Benjamin Franklin), MacDonald Carey (Patrick Henry),
Bette Davis (Catherine de Russie), Jean-Pierre Aumont (Louis XVI), Peter Cushing (capitaine Pearson), David Farrar (Wilkes) et Bruce Cabot (Lowrie)
John Paul, un jeune écossais frondeur, s'engage comme mousse sur un navire dès l'âge de 13 ans. Il gravit un à un tous les échelons et à 26 ans il est maintenant
capitaine d'un navire qui commerce avec les Antilles. Au cour d'une traversée, une mutinerie se produit à bord et Paul tue un des marins rebelle. Le gouverneur
de Tobago qu'il consulte lui conseille de prendre la fuite et de changer d'identité pour éviter un procès incertain.
Il quitte donc ruiné mais sans véritable regret son existence de marin, change de nom en ajoutant Jones à son patronyme et décide de rejoindre son frère, un
planteur de Virginie. Mais à son arrivée il apprend la mort prématuré de ce frère et hérite donc de sa fortune. Introduit dans la bonne société de Virginie, il fait
ainsi la connaissance de Patrick Henry et de George Washington, deux futurs héros de l'indépendance américaine.
Les incidents commence d'ailleurs à se multiplier avec les arrogants anglais et Jones en tant qu'ancien marin est sollicité pour servir dans la marine américaine.
Ce sont ses aventures contrariées que nous suivront. Elles le mèneront en France et en Angleterre jusqu'à la déclaration d'indépendance puis il servira l'impératrice
de Russie avant de mourir autour de ses 40 ans prématurément usé.
L'interprétation :
Celle de Robert Stack dans le rôle titre est le gros point faible du film...Il est certes plein de noblesse. S'exprime avec distinction et avec une certaine hauteur mais
pour autant il ne dédaigne pas avoir parfois recours à la violence... mais tout ceci parait sans vie !
Contrairement au véritable Jones qui était semble t'il une sacré personnalité, un homme réellement audacieux et profondément ambitieux, Stack nous fait çà à la
Stewart Granger mais un Granger qui aurait éteint une partie des lumières. Il réussirait presque à lui tout seul à rendre ennuyeuse une histoire de bateau par ailleurs
pleine de péripéties et filmée dans un Technicolor somptueux. Il n'y en a qu'un qui a ma connaissance a secoué Stack, c'est Douglas Sirk...qui a reveillé plus d'un
acteur/trice disposant de peu de moyens dramatiques.
Au milieu d'une distribution qui se prend au sérieux, dans ce film historique par ailleurs totalement dénué d'humour, on distingue néanmoins quelques prestations
amusantes. En quelques apparitions, une déjà vieillissante Bette Davis réussit à enterrer toute la distribution. En impératrice de Russie hautaine, sourire crispé au
coin des lèvres, s'exprimant en russe, en français et en anglais, elle crève l'écran par le coté pince sans rire de son interprétation. J'ai lu quelque part que la vrai
Catherine, en réalité 9 ans plus agée que Bette Davis était à cette époque là un vrai tonneau et qu'elle avait un ratelier constitué de dents en bois. Ah Hollywood !
Toujours en pointe pour respecter la vérité historique ! Ok mais c'est pas ce qu'on lui demande en priorité dirait moult cinéphiles...
Jean-Pierre Aumont en Louis XVI et l'espagnole Susana Canales en Marie Antoinette sont eux aussi assez amusant. Quand Jones vient à Versailles pour tenter de se faire
"sponsoriser" pour la construction d'un bateau, il suscite l'enthousiasme de Marie-Antoinette. "Mais bien entendu, vous aurez l'argent" et Louis XVI de lui répondre à peu
près ceci "Mais enfin mon amie, vous êtes sûrs, c'est l'équivalent de 3 parures de diamant ! Vous allez vous sacrifier ?"..."Mais bien sûr mon très cher...etc...
Enfin, un Charles Coburn bien fatigué mais toujours fringant est un très bon et bienveillant Benjamin Franklin.
Un peu d'histoire...John Paul Jones a réellement existé. Les exploits qu'on lui voit accomplir sont absolument fidèles à l'histoire. Par contre pour ce qui est de sa personnalité
et de ses aventures amoureuses, là, encore une fois Hollywood à frappé...
Farrow, qui était également le co-scénariste du film, en plus d'un film d'aventures maritimes classiques, a voulu nous tenir un discours politique un peu trop réitéré et appuyé.
C'est selon moi (et sans doute profondément pour lui) la raison d'être du film. Le discours égalitaire est en effet omniprésent. Le véritable Jones était en avance sur son temps.
Du temps de sa 1ère carrière dans la marine britannique, il avait fait du trafic d'esclaves et en était resté dégouté. Dans le film, on le voit d'ailleurs émanciper illégalement des
esclaves de la plantation de son frère.
Par ailleurs, tout au long de sa vie, Jones est montré comme un rebelle à l'autorité ce qui n'aide sans doute pas sa carrière mais surtout comme un homme en lutte contre les
privilèges, y compris dans sa patrie d'adoption. Sa carrière est en effet sans cesse entravée par ses origines modestes et en dépit de ses succès militaires et de ses appuis haut
placés, notamment l'amitié de Washington et de Franklin, on lui refuse périodiquement le commandement de navires de guerre.
Même sa vie sentimentale est contrariée par ses origines. La famille de la jeune femme interprétée par Marisa Pavan s'opposera en effet à leur mariage.
Bref, Farrow a voulu tenir 2 bouts d'une corde trop longue pour lui...ou il aurait fallu qu'il soit bien épaulé par tout le monde et ce n'est pas le cas...car par moment je trouve
qu'on s'ennuie un peu.
Tournage en France et surtout en Espagne et un film qui a du bénéficier d'un bon budget. Le producteur Samuel Bronston se fera par la suite un des spécialistes des superproductions.
Il produira notamment "Le roi des rois" de Nicolas Ray et "Les 55 jours de Pékin" pour le même metteur en scène, les 2 hippopotames d'Anthony Mann, Le Cid et La chute de l'empire
romain puis "Le plus grand cirque du monde pour Hathaway et finira sa carrière en produisant le "Fort Saganne" d'Alain Corneau.
Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.