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Critique de film
Le film

La Ville d'argent - Terreur à Silver City

(Silver City)

L'histoire

L’ingénieur Larkin Moffatt (Edmond O’Brien) et le président de la compagnie minière Charlie Storrs (Richard Arlen) sont attaqués par deux hommes qui leur volent la caisse ainsi que le dernier rapport effectué par Larkin sur un nouveau filon quant à sa teneur en argent. Une phrase échappée aux agresseurs fait penser au patron de la compagnie que Larkin était dans le coup. Non seulement il le licencie mais fait courir le bruit de sa malhonnêteté dans les environs afin que Larkin ne puisse plus retrouver du travail ailleurs. Il épouse même Josephine (Gladys George), la fiancée de son ex-collègue. Larkin finit pourtant par se faire embaucher à Silver City par les locataires d’une mine dont le bail expire dans 12 jours, Currency (Edgar Buchanan) et sa charmante fille Candace (Yvonne de Carlo). Il leur apprend que leur gisement est fabuleux et qu’il faut absolument exploiter le filon au plus vite. Le propriétaire, le vieux Jarboe (Barry Fitzgerald), ayant été informé de la richesse qui git dans les entrailles de sa mine, va au contraire tout faire pour leur mettre des bâtons dans les roues afin qu’aucun travail d'extraction n’ait lieu avant qu’il ne récupère son bien...

Analyse et critique

Moins de six mois après Le Sentier de l’enfer (Warpath), atterrissait sur les écrans américains un deuxième western signé Byron Haskin, toujours produit par Nat Holt et de nouveau interprété en tête d’affiche par Edmond O’Brien. Il comporte malheureusement exactement les mêmes défauts que son prédécesseur (scénario médiocre, mise en scène indigente, interprétation fadasse) sauf que deux éléments viennent le rendre un peu plus regardable : le milieu des mineurs ayant été moins souvent abordé au sein du western que celui de la cavalerie américaine, nous sommes un peu plus "dépaysés". La superbe Yvonne de Carlo remplaçant avantageusement Polly Bergen, elle arrive à sauver le film par sa plastique et sa faculté à se glisser avec une formidable aisance dans les rôles de femmes de l’Ouest, maniant le fusil avec un naturel confondant. Ceci dit, on le savait déjà puisqu'elle fut inoubliable en 1949 dans le rôle de Calamity Jane dans l’excellent western de George Sherman, La Fille des prairies (Calamity Jane and Sam Bass).


Sans en appeler aux très grands noms de la série B (Budd Boetticher, André De Toth, Don Siegel ou Gordon Douglas), les histoires qu’a adaptées Frank Gruber pour les trois westerns réalisés par Byron Haskin auraient probablement donné lieu à des films tout du moins efficaces sous la direction d’un Jack Arnold, Nathan Juran ou bien Joseph Newman. Alors que, malheureusement, la mise en scène de Byron Haskin se révèle désespérément plate malgré l’action non stop que lui fournit l’intrigue. Le réalisateur s’est contenté de boucler correctement les deux séquences les plus spectaculaires de son film, celles qui l’ouvrent et le clôturent ; pour le reste, le minimum syndical, la grosse paresse. Les deux scènes concernées se déroulent, pour la première sur un train en marche transportant d’immenses troncs d’arbres sur lesquels Edmond O’Brien tente d’arrêter ses deux voleurs, pour la seconde au milieu d’une immense scierie, O’Brien étant à la poursuite de son ennemi. Deux séquences bien mouvementées, assez inédites dans le domaine et qui ne nous font pas regretter d’avoir jeté un œil sur ce western hormis cela bien médiocre, faute également à un scénario pataud et infantile (toutes les histoires de jalousie ne dépareraient pas dans un soap opera).


Une mine d’argent qui se trouve être au centre de conflits, rivalités et jalousies entre une dizaine de protagonistes. Avec ce postulat, Frank Gruber nous livre donc une nouvelle fois un scénario bien primaire empêchant par là même au spectateur de s’intéresser à ce qui peut bien arriver aux différents personnages. Le scénariste semble s’être fixé comme objectif de faire de son histoire la plus gonflée en bagarres et destructions en tout genre vue jusqu'à présent, comme s’il s’était senti frustré dans sa jeunesse de ne pas avoir commis d’acte de vandalisme. Toutes les dix minutes, nous avons ainsi droit à ce que l'un des protagonistes frappe, casse ou fasse exploser quelque chose sans malheureusement que la réalisation amorphe rende ces séquences (qui se voudraient homériques) au moins réjouissantes. Edmond O’Brien est toujours aussi peu convaincant dans le genre et le reste du casting, pourtant assez prestigieux (Edgar Buchanan, Barry Fitzgerald), ne provoque guère plus d’étincelles. Seul Yvonne de Carlo sort du lot ; déjà que sa beauté rayonne mais elle s’avère également, au contraire du film, dynamique et enjouée. La comédienne est l’autre bonne raison de ne pas trop s’ennuyer au cours de ce western qui s’avère pourtant le moins pénible des trois films que Byron Haskin a tournés sous la férule de Nat Holt pour la Paramount, le troisième allant être Denver & Rio Grande (Les Rivaux du rail) l’année suivante.


Silver City est un western qui pourra éventuellement divertir pour quelques scènes d’action originales et une Yvonne de Carlo épanouie comme jamais (c’aurait été Rhonda Fleming, le premier choix sur lequel le producteur s'était penché, que ça n’en aurait pas été plus mal non plus). On pourra aussi s’intéresser à quelques notations sur le métier "d’essayer", celui qui consiste à évaluer un filon ou un gisement minier. Pour le reste, c’est assez laborieux mais certains y trouveront probablement leur comptant d'adrénaline.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 30 mars 2019