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Critique de film
Le film
Affiche du film

L'Emploi

(Il posto)

Analyse et critique

Deux ans après son premier film, Le Temps s'est arrêté, Ermanno Olmi réalise L’Emploi, l’un de ses films les plus connus et les plus célébrés par la critique (même si Jacques Lourcelles par exemple n’y voit qu’un intérêt très relatif, preuve qu’Olmi n’a jamais fait l’unanimité : "le film parut à la sortie d’une grande nouveauté, mais n’est rien d’autre en définitive qu’un avatar très tardif du néo-réalisme... La dédramatisation extrême et l’abstraction du récit finissent par rendre le personnage totalement indifférent..."). On rétorquera au critique que c’est son abstraction même qui rend le film, et son héros, si attachants, leur conférant une touche d’universel assez bouleversante. Sandro Panzeri, là encore un acteur amateur, est d’une vérité confondante, et l’on n’oubliera pas de sitôt le regard triste qu’il pose sur sa ville, et sa vie future.

Toute en subtilité, la réalisation d’Olmi procède par fines touches, alternant une mise en scène réaliste (la cellule familiale filmée à la manière d’un documentaire) avec quelques séquences, franchement réussies, aux confins du fantastique (les scènes de bureau kafkaïennes, filmées au grand angle), le tout avec une pointe d’humour et d’ironie désabusée qui n’est pas sans anticiper, toutes proportions gardées, le Playtime de Jacques Tati (notamment lors de l’embauche effective de Domenico). Là encore, Olmi ne martèle jamais son propos, n’assène pas de vérités, mais fait passer comme en contrebande une certaine vision, désenchantée, de son pays - en voie d’industrialisation et de déshumanisation.


Mais L’Emploi, c’est aussi et surtout une histoire d’amour. 90 minutes d’une rare intelligence sur la naissance du sentiment amoureux, sur les corps qui se rapprochent, les yeux qui se croisent, les mains qui se frôlent, les trains que l’on rate pour rester, encore un peu, avec l’être désiré. La plus vieille histoire du monde, en quelque sorte, mais racontée avec une telle finesse, un tel sens du timing (au contraire de L’Arbre aux sabots, qui dilate le temps jusqu’au cliché) et un tel talent que chacun pourra s’y retrouver. Sandro Panzeri, mais aussi la très belle Loredana Detto sont pour beaucoup dans l’émotion distillée par le film.

DANS LES SALLES

DISTRIBUTEUR : TAMASA DISTRIBUTION

DATE DE SORTIE : 15 mars 2017

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La fiche IMDb du film

Par Xavier Jamet - le 17 avril 2007