MARS 2024
FILM DU MOIS:
The Annihilation of Fish, de Charles Burnett (1999) 9/10 - Gros coup de cœur pour ce poignant portrait d'un trio d’âmes solitaires, un peu barrées, mais surtout très émouvantes et humaines. Je me suis laissé emporter, notamment par le charisme de James Earl Jones et Lynn Redgrave, entre lesquels l'alchimie est précieuse...
FILMS DECOUVERTS:
Le lait, de Semih Kaplanoglu (2008) 6/10 - Mise en scène contemplative, ado taiseux, le film demande un peu de patience, et son sujet est assez banal (l'ado en question se cherche, sa mère veuve trouve un nouvel amoureux, il écrit de la poésie et ne sait comment lacher sa colère), mais la photo est plutôt jolie.
La grande frousse /
La cité de l'indicible peur, de Jean-Pierre Mocky (1964) 6/10 - Sorte de récit policier fantaisiste, où Bourvil campe un policier qui ne veut arrêter personne, mais découvre toutes sortes de crimes, à la recherche d'un ivrogne frileux... Souvent raté, quelques bons moments malgré tout.
Saw X, de Kevin Greutert (2023) 6,5/10 - Bonne idée que de tourner le dos au reboot malheureux de la franchise, pour un épisode situé après le 1. L'intrigue est rigolote, la mécanique est celle, familière, des autres films. L'ensemble est un divertissement amusant, pour peu qu'on apprécie le genre...
Jeunes filles en uniforme /
Mädchen in Uniform, de Leontine Sagan & Carl Froelich (1931) 7,5/10 - Au delà de son sujet sulfureux d'amour entre une élève et sa professeur, qui a fait entrer le film dans la légende, ce dernier recrée avec efficacité la vie dans un pensionnat, et offre plusieurs séquences assez réussies.
L'empire, de Bruno Dumont (2023) 4/10 - Dumont a l'immense mérite d'essayer des choses, et il greffe ici son univers à un récit de science-fiction picaresque. Las, sa mise en scène ne l'est pas, picaresque, aussi le décalage entre ce qui est raconté et ce qui est montré (surtout la façon dont c'est montré) est en constant décalage et entretient une gêne qu'aucun sous-texte ne vient atténuer ou exploiter. Un ratage ambitieux.
Le successeur, de Xavier Legrand (2023) 7/10 - Un polar très joliment mis en scène, même si certaines des décisions du personnage principal interpellent le spectateur qui n'y adhère pas totalement...
Suburbia, de Peneloppe Spheeris (1983) 9/10 - Immense coup de coeur pour ce film punk, entre récit social et manifeste de l'outsider et du marginal... La BO est particulièrement emballante pour l'enfant des années 80 que je suis.
Idiots and angels, de Bill Plympton (2008) 7,5/10 - Très imaginatif, mais aussi bourré d'idées poétiques et très sympa à suivre.
Dügün, de Lufti Akad (1973) 7/10 - Un film social sur le délitement d'une famille montée en ville pour vivre, dans lequel des frères profitent de leurs soeurs qu'ils marient en échange de dots conséquentes. Découverte de l'actrice Hülya Koçyigit, qui a joué dans plus de 180 films et a droit à 4 lignes dans son wikipédia français (à part ça les français sont très curieux et ouverts sur le monde)...
Hababam Sinifi Sinifta Kaldi, de Ertem Egilmez (1975) 2,5/10 - Suite grotesque d'une comédie lamentable... J'admire le prétexte trouvé par le scénariste pour cette suite (à la fin du premier les cancres passaient l'examen et tiraient le principal de l’hôpital en lui montrant leurs diplomes. En réalité, c'étaient de faux document, ils se sont tous plantés et redoublent une fois encore). Ici, le coeur du film est qu'il y a une femme professeur. Mais oui, une FEMMME !!!! Dingue ! Vite, on va lui faire des déclarations d'amour bidon et rire à gorge déployée...
Adoption /
Örökbefogadás, de Marta Meszaros (1975) 7,5/10 - Beau portrait d'une femme seule, prise tardivement par l'envie d'élever un enfant, alors que son compagnon est un homme marié avec enfant. Le
statu quo autrefois accepté est remis en question. Un fort joli film, remarquablement joué.
Trop tôt/Trop tard, de Danièle Huillet & Jean-Marie Straub (1981) 5/10 - Film très théorique, qui oppose des textes sur la misère et le soulèvement rural, français puis surtout égyptien, à des plans longs, panoramiques à 360 degrés... On sent combien ce cinéma nourrit des James Benning ou des Apichatpong Weesarethakul, mais le visionnage en reste assez éprouvant.
Siesta, de Mary Lambert (1987) 4/10 - Une espèce de thriller psychologique sur fond d'érotisme charnel (sans doute ce qui est le plus réussi). Las, l'intrigue est tirée par les cheveux, le casting en fait des caisses (Julian Sands est d'une extravagance folle), y compris Jodie Foster qui donne tout de même l'impression de s'amuser, et l'explication finale est aussi paresseuse que frustrante. Principaux atouts, une jolie photo qui met en valeur les actrices, et une BO autour de Miles Davis qui fait passer beaucoup de choses...
You've got mail, de Nora Ephron (1998) 7,5/10 - Une comédie romantique new-yorkaise, liée à l'émergence de l'internet et absolument charmante. Meg Ryan et Tom Hanks sont au pic de leur capital sympathie.
Green Snake /
Bai She 2: Qing She jie qi, de Amp Wong (2021) 7,5/10 - Si techniquement, les productions des studios light chasers sont améliorables, il faut louer leur animation qui vise un public ado avec des films inspirés des traditions chinoises, mais nourries de fantasy et de science-fiction contemporaine. C'est un indéniable plaisir que de découvrir ces films, en attendant le 3 qui doit sortir cet été...
L'empreinte de Dracula /
El retorno de Walpurgis, de Carlos Aured (1973) 7,5/10 - Un film horrifique assez classique dans sa mouture, mais on apprécie l'ambiance et l'inspiration occulte qui imprègne le film. Paul Naschy est un loup-garou à la fois drole pour l'aspect fruste de son maquillage, et crédible pour la rudesse de son regard. Chouette...
Hypnotic, de Robert Rodriguez (2023) 5/10 - Ben Affleck se trouve aux prises avec des gens qui altèrent les perceptions d'autrui... S'agit-il d'une métaphore du cinéma contemporain ? Affleck cinéaste cherche-t-il sa liberté créatrice loin des studios avides de numérique ? En tout cas, au premier degré, le film est facile et enfonce beaucoup de portes ouvertes, malgré un rythme efficace et une ambiance réussie.
Frère et soeur /
Ani imôto, de Mikio Naruse (1953) 7,5/10 - Une jeune femme, tombée enceinte doit quitter sa famille et partir à Tokyo pour protéger les siens de l'infamie. Son frère vit mal la situation.
El esqueleto de la señora Morales, de Rogelio A. González (1960) 8/10 - Un petit conte criminel mexicain, un peu bunuélien dans son anti-cléricalisme, et assez cruel dans son humour. On s'amuse beaucoup, et la mise en scène est assez ingénieuse.
La princesse errante /
Ruten no ôhi, de Kinuyo Tanaka (1960) 8/10 - En filmant en couleur et en scope ce biopic de l'épouse japonaise du frère de l'empereur de la Mandchourie, Tanaka révèle un sens pictural de premier ordre, et sa fresque historique offre de magnifiques tableaux qui accompagnent le parcours de cette femme emportée par l'histoire et baignant dans deux cultures... Remarquable.
Killer Sofa, de Bernie Rao (2019) 5.5/10 - On s'amuse pas mal devant ce petit film néo-zélandais indépendant, et tourné sans moyens. L'intrigue fonctionne pas mal, dommage que ce soit globalement mal joué, mais il y a de quoi passer une soirée rigolote quand on est amateur de cinéma de genre...
J'aurai ta peau /
I, the Jury, de Harry Essex (1953) 6/10 - Film noir médiocrement mis en scène et pas hyper-bien joué (Biff Eliott est un boxeur, et ça se devine). Mais c'est la première adaptation d'une avanture de Mike Hammer, d'une part, et surtout la photo de John Alton est magnifique et transcende le film. Merci à la Cinémathèque d'avoir permis de le découvrir en 3D, sur une copie restaurée de premier ordre.
Le manoir de la peur, d'Alfred Machin (1927) 6/10 - Ambiance fantastique, explicitation rationnelle un peu fofolle (un singe est à l'origine des frayeurs), mais un joli final... Rien de vraiment renversant, sinon la qualité de la restauration de la copie du film par le CNC...
Toute une nuit, de Chantal Akerman (1982) 8/10 - Entre film et dispositif, cette suite de vignette sur des gens, la nuit, à Bruxelles, multiplie les situations, les rencontres, les disputes, les retrouvailles, les séparation, et résonne au petit matin comme un film sur la solitude. Poignant.
Joan the Woman, de Cecil B. DeMille (1916) 8,5/10 - Grandiose projection du film, restauré et accompagné du duo de musique électronique Zombie Zombie... Les qualités picturales du cinéma de DeMille sont déja au rendez-vous, tandis que la BO atmosphérique en souligne le sous-texte mystique. Ma séance du week-end et du très grand cinéma.
Heureux comme Lazzaro /
Lazzaro felice, d'Alice Rohrwacher (2018) 8/10 - Un conte emprunt de spiritualité sur la misère et l'exploitation humaine, conté avec sensibilité et douceur. Je découvre le cinéma d'Alice Rohrwacher, et je suis sous le charme.
Kung Fu Panda 3, d'Alessandro Carloni & Jennifer Yuh Nelson (2016) 6/10 - Une suite moins inventive, qui creuse le sillon préparé par les épisodes précédents. Ca reste sympathique et parfois drole...
Chonchon, le plus mignon des cochons /
Knor, de Mascha Halberstad (2022) 7,5/10 - Un charmant film d'animation en volume, qui interroge avec humour la relation entre l'homme et l'animal.
Immaculée, de Michael Mohan (2024) 8/10 - Un film d'horreur réussi, qui joue sur les clichés pour évoluer vers quelque chose de plus ample, et un grand plaisir à voir.
Nowhere in Africa /
Nirgendwo in Afrika , de Caroline Link (2001) 8,5/10 - Un film qui suit l'exil au Kenya d'une famille juive allemande en 1938. Ecrit avec finesse, riche de par ses thématiques d'échange et de rencontre, remarquablement photographié et joué, un beau film de cinéma.
Las Ninas, de Pilar Palomero (2020) 5,5/10 - Evocation d'une adolescence dans les années 80, le film ne démérite pas mais manque singulièrement de personalité ou d'originalité, sur un thème très exploité déja (la première cigarette, le maquillage et le garçon en mob...).
Infeccion, de Flavio Pedota (2019) 6/10 - Rien de bien original non plus dans ce énième film d'infectés, sinon le cadre (le Venezuela). Le tout est plutôt bien fait, la photo est réussie, mais on a tout déja vu ailleurs mille fois...
The Queen of Black Magic /
Ratu ilmu hitam, de Timo Stamboel (2019) 7,5/10 - Un hommage aux films philippins trash des années 80, à la fois efficace et bien fichu, malgré quelques effets numériques douteux (les insectes). Mais l'ambiance est franchement efficace et un peu malaisante. Recommandé.
Still the Water /
Futatsume no mado, de Naomi Kawase (2014) 8/10 - Deux ados gagnent en maturité sur l'ile paradisiaque d'Amami, l'un en faisant face à la séparation de ses parents, l'autre en perdant sa mère à la maladie. Un film qui met à plat la douleur et la complexité des sentiments, sans jamais trop en faire, et avec une photographie superbe. Un très beau film.
Toute la beauté et le sang versé /
All the beauty and the bloodshed, de Laura Poitras (2022) 9/10 - Un film qui décrit la lutte militante de Nan Goldin et d'activistes contre la famille Sackler et ses médicaments hautement addictifs. Retraçant la vie riche et difficile de l'artiste, le documentaire montre en quoi, d'une résilience rare, doté d'un solide passé militant (act up) et ancienne toxicomane, l'artiste a tout pour être au cœur de cette lutte. Un film fort, poignant, et un remarquable portrait d'artiste.
Snoopy Come Home, de Bill Melendez (1972) 5,5/10 - En termes d'animation, il y a quelque chose d'assez pauvre dans la mise en scène des aventures filmée de Snoopy et des personnages qui l'accompagnent. Mais reste la plume de Charles Schultz, avec quelques rares fulgurances qui pointent de temps à autre au fil du film...
Les filles d'Olfa, de Kaouther Ben Hania (2023) 7,5/10 - Un intéressant travail d'introspection dans ce documentaire qui retrace le parcours de jeunes filles radicalisées à travers le témoignage de leur mère et de leurs jeunes soeurs. Le dispositif conjugue témoignage et reconstitution sous le regard des témoins, qui commentent et réagissent. Intéressant.
FILMS REVUS:
Baby Cart: le sabre de la vengeance /
Kozure Ôkami: Ko wo kashi ude kashi tsukamatsuru, de Kenji Misumi (1973) 8.5/10 - Révision heureuse du classique film d'ouverture de baby Cart. Moins attaché au récit, je reste admiratif devant la mise en scène de certaines séquences très réussies.
Kung fu Panda, de Mark Osborne & John Stevenson (2008) 7,5/10 - Révision sympathique pour préparer l'arrivée du nouvel opus du cycle...
King fu Panda 2, de Jennifer Yuh Nelson (2011) 8/10 - Même en bluray, je persiste à trouver ce film plus ambitieux formellement que le précédent.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Janvier 2021 = Tian mi mi / Comrades: Almost a Love Story, de Peter Chan (1996)
Février 2021 = Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw (2017)
Mars 2021 = Peking Opera Blues, de Tsui Hark (1986)
Avril 2021 = Den Enfaldigen Morderen, de Hans Aldredsson (1982)
Mai 2021 = La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2019)
Juin 2021 = Les enfants nous regardent, de Vittorio de Sica (1944)
Juillet 2021 = Titane, de Julia Ducornau (2021)
Aout 2021 = Kladivo na carodejnice / Witchhammer, de Otakar Vávra (1970)
Septembre 2021 = La divine croisière, de Julien Duvivier (1929)
Octobre 2021 = The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Novembre 2021 = Historias extraordinarias, de Mariano Llinas (2008)
Decembre 2021 = Don't look up, d'Adam McKay (2021)
Janvier 2022 = Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson (2021)
Février 2022 = Here comes Mr Jordan, d'Alexander Hall (1941)
Mars 2022 = Szürkület / Twilight , de György Fehér (1990)
Avril 2022 = Encanto, de Jared Bush, Byron Howard & Charise Castro Smith (2021)
Mai 2022 = Great day in the morning, de Jacques Tourneur (1956)
Juin 2022 = Men, d'Alex Garland (2022)
Juillet 2022 = Les corneilles / Wrony, de Dorota Kedzierzawska (1994)
Aout 2022 = I remember Mama, de George Stevens (1948)
Septembre 2022 = Hinterland, de Stefan Ruzowitzky (2021)
Octobre 2022 = Le mariage des moussons, de Mira Nair (2001)
Novembre 2022 = Krzyzacy / Les chevaliers teutoniques, d'Alexander Ford (1960)
Decembre 2022 = Avatar: the way of water, de James Cameron (2022)
Janvier 2023 = La dernière étape/ Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948)
Février 2023 = RRR, de S.S. Rajamouli (2022)
Mars 2023 = L'étreinte du serpent, de Ciro Guerra (2015)
Avril 2023 = Victim, de Basil Dearden (1961)
Mai 2023 = Guardians of the Galaxy Volume 3, de James Gunn (2023)
Juin 2023 = Tonnerres lointains / Ashani Sanket, de Satyajit Ray (1973)
Juillet 2023 = Nishant, de Shyam Benegal (1975)
Aout 2023 = Chronique du soleil à la fin de l'ère Edo / Bakumatsu taiyôden, de Yûzô Kawashima (1957)
Septembre 2023 = Anatomie d'une chute, de Justine Triet (2023)
Octobre 2023 = ...Et mourir de plaisir, de Roger Vadim (1960)
Novembre 2023 = Mars Express, de Jérémie Périn (2023)
Decembre 2023 = When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad, de Demián Rugna (2023)
Janvier 2024 = The Quiet Girl / An Cailín Ciúin , de Colm Bairéad (2022)
Février 2024 = Romeo et Juliette, de Franco Zeffirelli (1968)