JANVIER 2023
FILM DU MOIS
Visuellement sublime, une merveille de légèreté, teintée d'amertume,au ton universel, loin de la brillance intellectuelle mais élitiste du microcosme new yorkais.
DECOUVERTES
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Des enfants gâtés- Bertrand Tavernier (1978) 7/10
Premier film social pour Tavernier, avec cet instantané de la France urbaine de 1978.Il y mélange son expérience personnelle avec les changements de l'époque, comme la destruction du Paris populaire, la crise économique ou le féminisme. Christine Pascal en jeune chômeuse y est éblouissante.
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Portrait d'une enfant déchue- Jerry Schatzberg (1970) 7/10
Autoportrait d'une mannequin depressive. Brillant premier film du photographe de mode Schatzberg, dont la mise en scène et le montage épouse ici la psyché tourmentée de Faye Dunaway.
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A l'ouest rien de nouveau- Lewis Milestone(1930) 8/10
Superbe film de guerre pacifiste(les Nazis arrivés au pouvoir 3 ans plus rard n'ont pas vraiment apprécié
) , à la réalisation remarquable (ces travellings furieux lors des assauts) et aux personnages profondément attachants. Le pendant chaleureux d'un autre chef d'œuvre pacifiste,
Les Sentiers de la gloire de Kubrick.
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Nebraska- Alexander Payne(2013) 8/10
Superbe road movie en scope noir et blanc, drôle et touchant, où un fils(Will Forte) apprend à connaître son père(Bruce Dern).La surprise, c'est la mère (June Squibb, épatante) véritable voleuse de scènes
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Panique- Julien Duvivier (1946) 8/10
Inspiré des
Fiancailles de Mr Hire de Georges Simenon, un splendide film de studio, qui dénonce les faux-semblants et la bêtise de la foule. Michel Simon, en misanthrope brisé par la vie, y est particulièrement émouvant. Profondément ironique et pessimiste.
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Un condamné à mort s'est échappé - Robert Bresson(1956) 9/10
Que reste t il d'un film quand on a enlevé tout ce qui n'est pas essentiel au sujet, y compris le jeu des acteurs ? Du cinéma à l'état pur. Totalement hypnotique.
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L'Emmerdeur- Édouard Molinaro (1973) 6/10
Petite déception, avec un Ventura fidèle à lui même et un Brel en Pignon sensible et émouvant.Etonnamment doux-amer mais très loin de la perfection comique du duo Depardieu/Richard.
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Harvey- Henry Koster (1950) 6/10
Mignon mais niais.
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Seules les bêtes - Dominik Moll (2019) 7/10
Drame humainement juste, sur fond de solitude contemporaine et de mondialisation . La partie à l'étranger, quoique justifiée , se greffe mal à l'ambiance rurale du film
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Le Rapace- José Giovanni (1968) 7/10
Ventura en tueur nihiliste face aux idéaux de la révolution mexicaine. Film Désabusé(et probablement autoportrait du cinéaste), annonciateur des grands films pessimistes des années 70.
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Roubaix une lumière- Arnaud Desplechin (2018) 7.5/10
Drame fin et nuancé sur la misère humaine , illuminé par un immense et princier Roshdy Zem et porté par la délicate mise en scène de Desplechin. L'anti
Bac Nord par excellence .
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Harold et Maude- Hal Ashby (1972) 7/10
Étonnante romance oscillant entre humour macabre et folie douce. Une ode à la liberté typique de ces années là.
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Des gens sans importance- Henri Verneuil(1956) 8/10
Très beau portrait du quotidien d'un simple routier des années 50,fait de fatigue chronique et de solitude. Verneuil y fait preuve aussi d'une étonnante modernité, en confrontant les interdits sociaux de l'époque à la réalité du monde ouvrier. Excellents Gabin et Mondy.
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Les bonnes causes- Christian-Jacques (1963) 7/10
Féroce et jubilatoire charge contre le système judiciaire de l'époque. Pierre Brasseur en Mephistopheles des prétoires est éblouissant de virtuosité, Marina Vlady délicieuse en fausse ingénue et Bourvil en juge d'instruction intègre esquisse ici son rôle de commissaire dans le Cercle Rouge. La conclusion, sous couvert de happy end, est délicieusement cynique.
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Loving- Jeff Nichols (2016) 8/10
D'un procès historique, l'affaire Loving contre l'état de Virginie, Jeff Nichols dresse un portrait épuré et pudique d'un couple mixte dans l'Amérique des années 50,en évitant tout pathos larmoyant ou discours moralisateur. Le final, tout en regards silencieux, en est d'autant plus bouleversant
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Espion, lève toi- Yves Boisset(1982) 8/10
Zurich.un agent dormant français est réveillé. Les cadavres commencent à s'accumuler autour de lui...
Casting royal,avec notamment un dangereux et charmeur Piccoli, et un Ventura pris dans la ratière comme quelques années plus tôt dans
Un papillon sur l'épaule.
Un excellent film d'espionnage qui n'a rien à envier aux grandes réussites anglo saxonnes du genre.
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L'anglais- Steven Soderbergh (1999) 8/10
D'une banale histoire de vengeance, Soderbergh tire un film formellement splendide. Hommage au polar anglais des années 60-70, film sur les illusions perdues(celle d'un père et des sixties flamboyantes), un des sommets de sa filmo porté par une audacieuse narration éclatée et deux immenses acteurs, Terrence Stamp et Peter Fonda.
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Moonlight- Barry Jenkins(2016) 7/10
Tableau en 3 actes de la vie d'un jeune homosexuel noir dans les quartiers pauvres de Miami. Beau portrait fin et sensible, qui évite tous les clichés du film de ghettos. Mahershala Ali y est immense.
REVUS
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Que la fête commence - Bertrand Tavernier(1975) 8/10
Féroce et truculent tableau de la régence de Philippe d'Orléans, qui évite tous les pièges du film à costumes.
Mise en scène virevoltante de Tavernier au service d'un trio d'acteurs exceptionnel (Noiret, Rochefort et Marielle)
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César et Rosalie - Claude Sautet (1972) 8/10
Une femme peut elle aimer deux hommes en même temps ? Sautet répond oui mais peut-il en être autrement quand il s'agit de Romy Schneider aimant le beau Sami Frey et le flamboyant Yves Montand ?
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Sexe, mensonges et vidéo - Steven Soderbergh(1989) 9/10
A travers la relation au sexe de quatre personnages, Soderbergh dresse un tableau saisissant de la misère affective dans l'Amérique yuppie. D'une affolante modernité à l'époque et toujours pertinent aujourd'hui.
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Angel heart- Alan Parker (1987) 7/10
Beau film noir, magnifié par sa plongée dans l'univers vaudou. Mickey Rourke y est immense et Lisa Bonnet est belle à damner un saint.
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La cérémonie - Claude Chabrol (1995) 8/10
Le maître-artificier Chabrol place une bombe à retardement(Sandrine Bonnaire) dans une gentille famille bourgeoise progressiste( Jacqueline Bisset,Jean-Pierre Cassel) et goguenard, allume la mèche(Isabelle Huppert). Boum !
SERIES
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We own this city (7/10)
Constat implacable et à hauteur d'homme sur le système de corruption sévissant dans la police de Baltimore. Seul reproche, un format court(8 épisodes) qui limite le développement des personnages pour aller à l'essentiel.
Le carton de fin est désespérant...