FEVRIER 2024
FILM DU MOIS:
Romeo et Juliette, de Franco Zeffirelli (1968) 10/10 - Difficile d'imaginer une adaptation plus réussie du barde. Remarquable de bout en bout, et j'ai encore une fois fini en larmes...
FILMS DECOUVERTS:
Amelia's Children, de Gabriel Abrantes (2023) 4,5/10 - Un scénario assez classique, un traitement parfois maladroit, sans doute lié à un casting inégal (Carloto Cotta est assez hilarant). On rigole souvent, pas toujours aux cotés du film. Mais ce dernier reste plutôt plaisant à suivre.
The Seeding, de Barnaby Clay (2023) 7,5/10 - Partant d'un schéma qui évoque la femme des sables (Hiroshi Teshigahara, 1964), le film se batit un microcosme doté de ses traditions et pratiques, et se suit avec un certain plaisir. Scott Haze est très bien.
The Zone of Interest, de Jonathan Glazer (2023) 9/10 - Un film dense et entêtant, dont l'inventivité formelle offre une autre approche, oblique, d'un récit historique mortifère qui reste difficile à évoquer encore aujourd'hui.
The Iron Claw, de Sean Durkin (2023) 8/10 - Cette saga familiale est présentée ici comme une réactualisation des Atrides, dans le monde du catch. L'incarnation est excellente, tant la troupe joue au diapason, et le film se révèle d'une grande intensité émotive. Choc pour moi, et un très beau film dans un univers qui m'est pourtant bien étranger.
Anthony Adverse, de Mervyn Leroy (1936) 7,5/10 - Entre mélo et film d'aventures, on y suit un jeune orphelin d'aventure en aventure, à la recherche de son amoureuse. Il apparaîtra gênant aujourd'hui que, dans sa perte de soi, Adverse se soit retrouvé marchand d'esclaves pendant quelques années, avant que le bon père François ne le pousse à faire amende honorable. Une production classique du cinéma hollywoodien, assez classieuse.
Super bourrés, de Bastien Milheau (2023) 7,5/10 - Un coming of age français, et fortement régionalisé (le sud-ouest). C'est frais, naturel, un teenage movie qui fonctionne fort bien. Dommage que le titre pénalise un peu le film, plus fin qu'il n'y parait.
Lake Bodom, de Taneli Mustonen (2016) 3/10 - Malgré quelques idées, la mise en scène peine à accrocher le spectateur, dans ce qui reste comme un slasher vite vu, vite oublié, et assez peu divertissant.
Perpetrator, de Jennifer Reeder (2023) 8/10 - A la limite du cinéma expérimental et de l'absurde situationnel, un film de genre qui pousse les curseurs de l'étrange pour aboutir à une curiosité intéressante et atypique. Beaucoup aimé.
Forbidden Play /
Kinjirareta asobi, de Hideo Nakata (2023) 5,5/10 - Un film de genre qui plonge dans le grand guignol avec quelques effets visuels bumériques un peu ratés. On aurait aimé que le film sorte un peu des sentiers battus, mais ça reste divertissant (et un peu grotesque).
Spark of being, de Bill Morrison (2010) 7/10 - Film expérimental bien fichu, qui bénéficie d'un score très sympa. L'indexation à une narration (le film s'inspirerait du récit de Frankenstein) fonctionne beaucoup moins bien.
Trois Chants sur Lénine /
Tri pesni o Lenine 6/10 - Un film de propagande peu surprenant, mais dont on comprend que, n'évoquant jamais Staline, il ait conduit son réalisateur aux oubliettes
Morgiana, de Juraj Herz (1972) 7/10 - Ambiance surréaliste, avec doubles, chats et miroirs... Sympa pour l'ambiance, même si le tout manque un peu de tension.
Badland Hunters /
Hwang-ya, de Heo Myeong Haeng (2024) 6/10 - Ma Dong-seok (alias Don Lee) reprend son rôle de donneur de baffes, mais cette fois-ci dans un univers post-apo et contre un savant fou. Pas folichon mais divertissant.
The Song of Bernadette, de Henry King (1943) 8,5/10 - Un fort joli biopic, imprégné d'une grande spiritualité (score magistral d'Alfred Newman), doté d'un script fort bien écrit et Jennifer Jones y incarne une merveilleuse Bernadette Soubirous (oscar gagné, d'ailleurs).
La bête, de Bertrand Bonello (2024) 8,5/10 - Récit d'une relation à travers les ages, d'une lutte contre l'oubli, à la fois visuellement très réussi et assez fascinant. Ma passion pour Bonello ne se dément pas.
A man /
Aru otoko, de Kei Ishikawa (2022) 7/10 - Un mystère à base d'usurpation d'identité, bien construit et ingénieux, mais sans grande tension.
And then we danced, de Levan Akin (2019) 6/10 - Coming of age d'un jeune homosexuel en Georgie. Le film est assez banal dans son récit (en dehors du cadre de la danse traditionnelle géorgienne), mais quand on lit l'accueil fait au film dans son pays, on se dit qu'il en faudrait plus malgré tout, pour changer un peu les mentalités.
The World of tomorrow, trilogie de films courts de Don Herzfeldt (2015-2020) 8,5/10 - Une animation minimaliste, une photo assez belle malgré tout, et des enjeux SF et humains tout à fait émouvants. J'aime beaucoup.
Les meilleures intentions, de Bille August (1992) 7,5/10 - Une étrange saga au héros bien antipathique, ce qui s'explique quand on sait qu'il s'agit du père d'Ingmar Berman, scénariste du film, et qui a eu quelques soucis avec lui dans sa jeunesse...
La saga de Gosta Berling /
Gösta Berlings saga, de Mauritz Stiller (1924) 7,5/10 - Un film qui adopte la forme romanesque, avec destins qui s'entrecroisent et barrières sociales... Mais les motivations de certains personnages sont difficiles à percer, et au final le film n'emporte jamais totalement. Un joli film en tout cas.
Madame Web, de S.J. Clarkson (2024) 3,5/10 - Pauvre, confus, répétitif, un peu lourd (comme il faut que l'idiot du village regardant le film comprenne le pouvoir de l'héroine, on le lui réexplique 3 fois, de façon assez lourde). Pauvre Tahar Rahim...
Argylle, de Matthew Vaughn (2024) 4/10 - Vaughn a envie de faire de la BD. Jolis plans, un scénario vide au service de ces jolies situations qu'il aime créer... Dommage d'une part que les comédiens n'y prennent pas part (Bruce Dallas Howard pas du tout crédible et qui joue mal, Samuel Jackson en vacances qui s'amuse...), mais surtout, ce qui était déja le problème de son Kingsman précédent, c'est qu'un film d'espionnage sans fond géopolitique tourne forcément à vide et sans enjeu.
El Conde, de Pablo Larraín (2023) 8/10 - Cette farce un peu décalée joue la carte d'un récit figé et hiératique pour conter une fable assez cruelle, et finalement assez drole, mais toujours traitée sérieusement, en qui en accentue le mordant.
Le 6 juin à l'aube, de Jean Grémillion (1946) 6,5/10 - Grémillon vient filmer l'état de la Normandie après le débarquement. Le tout est un peu confus, mais le document historique est précieux dans son témoignage.
La sagesse de la pieuvre /
My octopus teacher, de James Reed & Pippa Ehrlich (2020) 5/10 - Une jolie photo pour un récit sans profondeur, mais charmant, d'amitié entre un documentariste dépressif et un poulpe commun. C'est mignon, on se croirait sur instagram...
Pupille, de Jeanne Herry (2018) 8,5/10 - Un film qui se penche sur l'univers de l'adoption, la partie "vie privée" des intervenants est un peu artificielle, mais l'ensemble fonctionne bien et le film est très émouvant.
Bad Black, de Nabwana I.G.G. (2016) 7,5/10 - Film cheap et délirant de wakaliwood... La mise en scène est bourrée d'idées (un peu trop sans doute), et le film est réduit à ses morceaux de bravoure. Sans temps mort et mal exécutés, manque de moyens oblige, mais toujours avec une soif d'images et de récit saisissante. Un bon moment.
Schock, de Mario Bava (1977) 6,5/10 - En raison d'un scénario qui peine à prendre position (c'est dans ma tête ou il y a un fantôme ?), le film peine à passionner. Seules quelques fulgurances formelles font sortir le film de la banalité.
Le procès Goldman, de Cédric Kahn (2023) 7/10 - La force du sujet élève le film, qu'une mise en scène assez figée pénalise sensiblement. Intéressant, pas grandiose.
Sick, de John Hyams (2022) 5/10 - Le slasher Covid par excellence... Pas très original dans son déroulement, mais rigolo dans ses motivations.
Les Trois Mousquetaires: Milady, de Martin Bourboulon (2023) 8/10 - Le dépoussiérage de Dumas fonctionne bien, et l'on ne s'ennuie pas une seconde.
Orions Belte, de Ola Solum (1985) 7,5/10 - Pur récit de guerre froide, tourné en décors naturel dans le Svalbard, un lieu aussi magnifique que géopolitiquement complexe. Très intéressant.
The Pumpkin Eater, de Jack Clayton (1964) 8,5/10 - Titre français absurde (le titre en VO cite une comptine anglaise, en français ça ne veut rien dire, il n'y a pas de citrouilles dans le film). Le film évoque le suivi d'un couple à travers ses crises, de sa constitution (en flashback) aux phases dépressives de madame, en passant pas les tromperies de monsieur. Très juste, filmé avec style et une belle BO de George Delerue, le film est de ces grands films sur le couple, sans concession, magnifié par un casting royal (Ann Bancroft et Peter Finch). Très belle découverte.
La môme, de Olivier Dahan (2007) 8/10 - Un film qui fonctionne étonnamment bien notamment en raison de l'interprétation extraordinaire de Marion Cotillard, mais pas seulement.
The Eleanor Roosevelt Story, de Richard Kaplan (1965) 7/10 - Un éclairage bienvenu sur l'épouse de Franklin D. Roosevelt, et sur ses implications personnelles, assez impressionnantes et que je connaissais mal. A ce titre, le documentaire est passionnant. Formellement, en revanche, il est très classique et sage.
Alibi, de Roland West (1929) 4/10 - Cette adaptation d'une pièce de Broadway souffre lourdement de son origine théâtrale. Une séquence d'ouverture sympa, quelques danses jolies, mais un comédien qui surjoue (nommé à l'oscar 1929, comme quoi...) et un scénario bien statique pour une histoire de gangsters...
Le monde du silence, de Jean-Yves Cousteau et Louis Malle (1956) 7/10 - Véritable curiosité à découvrir aujourd'hui, ce film multiprimé qui a ouvert une porte à l'écologie cinématographique apparait comme le témoignage d'une époque révolue, quand l'homme se considérait maitre et possesseur de la nature. On chevauche les tortues, on dynamite le corail, on percute les cachalots ou on massacre les requins, ennemis naturels des marins... Tout en explorant les fonds marin. Très parlant, je pense.
Le cercle des neiges /
La sociedad de la nieve, de J.A.Bayona (2023) 8/10 - Un film de survie haletant, souvent très bien tourné. Le film aurait peut-être gagné à être resserré, sa durée finissant pas diluer la tension, mais globalement il s'agit d'un film remarquable. Belle BO de Giacchino...
The Fall of Ako Castle /
Akô-jô danzetsu, de Kinji Fukasaku (1978) 7,5/10 - Là aussi, un film un chouia trop long, mais cette version du récit des 47 ronins prend de l'ampleur par le nombre de personnages qu'elle suit. Voir le film en bluray a été pour moi un immense plaisir visuel.
Revenge /
Haevnen, de Susanne Bier (2010) 7,5/10 - Un film qui interroge les notions de vengeance, de violence en retour, à la fois au niveau domestique, mais aussi en situation plus tendue. Le film est plutôt rythmé et intrigant, même si la résolution a tendance à être prévisible et consensuelle.
Streetwise, de Martin Bell (1984) 9/10 - Plongée phénoménale dans le monde de la rue, aux cotés d'ados de Seattle dont le quotidien alterne menus larcins, prostitution, violence occasionnelle et drogue... La caméra de Bell parvient à faire émerger les personnalités des enfants qu'il filme, c'est assez intense. Un immense documentaire.
Tiny: The Life of Erin Blackwell, de Martin Bell (2016) 7/10 - En retrouvant une des ados de son film, Martin Bell et Mary Ellen Mark montrent un combat contre le déterminisme social assez poignant, et qui soulève maintes questions... Même si formellement c'est moins brillant, le film interroge en profondeur et n'offre pas de réponse facile...
Maestro, de Bradley Cooper (2023) 7,5/10 - Bonnes productions values, et interprétation impeccable. Dommage que le film se concentre sur une banale histoire de couple pour évoque l'un des acteurs majeurs de la musique du XXème siècle, mais bon, il est gay et marié, bi, ou pan, ou whatever... C'est un sujet dans l'air du temps, je suppose...
American Fiction, de Cord Jefferson (2023) 9/10 - A la fois drole, subtil et tendre, bien joué et pointu dans son analyse de l'air du temps, sans trop céder à la facilité. Un grand plaisir de spectateur, et un nouveau nom que je place sur la liste des gens à suivre.
Dune: Deuxième partie, de Denis Villeneuve (2024) 10/10 - Grand spectacle, une intrigue riche qui n'insulte pas Herbert (malgré quelques arrangements), des personnages et des plans iconiques, une BO à tomber et un travail sur le son époustouflant. Immense coup de coeur !
FILMS REVUS:
The Jazz Singer, de Richard Fleischer (1980) 7,5/10 - Grand plaisir que de revoir ce film à la BO très réussie. Neil Diamond n'est pas l'acteur du siècle, mais il est très bien entouré (Laurence Olivier et Lucy Arnaz sont parfaits). Et Fleischer sait mettre tout ça en scène avec efficacité.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Janvier 2021 = Tian mi mi / Comrades: Almost a Love Story, de Peter Chan (1996)
Février 2021 = Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw (2017)
Mars 2021 = Peking Opera Blues, de Tsui Hark (1986)
Avril 2021 = Den Enfaldigen Morderen, de Hans Aldredsson (1982)
Mai 2021 = La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2019)
Juin 2021 = Les enfants nous regardent, de Vittorio de Sica (1944)
Juillet 2021 = Titane, de Julia Ducornau (2021)
Aout 2021 = Kladivo na carodejnice / Witchhammer, de Otakar Vávra (1970)
Septembre 2021 = La divine croisière, de Julien Duvivier (1929)
Octobre 2021 = The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Novembre 2021 = Historias extraordinarias, de Mariano Llinas (2008)
Decembre 2021 = Don't look up, d'Adam McKay (2021)
Janvier 2022 = Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson (2021)
Février 2022 = Here comes Mr Jordan, d'Alexander Hall (1941)
Mars 2022 = Szürkület / Twilight , de György Fehér (1990)
Avril 2022 = Encanto, de Jared Bush, Byron Howard & Charise Castro Smith (2021)
Mai 2022 = Great day in the morning, de Jacques Tourneur (1956)
Juin 2022 = Men, d'Alex Garland (2022)
Juillet 2022 = Les corneilles / Wrony, de Dorota Kedzierzawska (1994)
Aout 2022 = I remember Mama, de George Stevens (1948)
Septembre 2022 = Hinterland, de Stefan Ruzowitzky (2021)
Octobre 2022 = Le mariage des moussons, de Mira Nair (2001)
Novembre 2022 = Krzyzacy / Les chevaliers teutoniques, d'Alexander Ford (1960)
Decembre 2022 = Avatar: the way of water, de James Cameron (2022)
Janvier 2023 = La dernière étape/ Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948)
Février 2023 = RRR, de S.S. Rajamouli (2022)
Mars 2023 = L'étreinte du serpent, de Ciro Guerra (2015)
Avril 2023 = Victim, de Basil Dearden (1961)
Mai 2023 = Guardians of the Galaxy Volume 3, de James Gunn (2023)
Juin 2023 = Tonnerres lointains / Ashani Sanket, de Satyajit Ray (1973)
Juillet 2023 = Nishant, de Shyam Benegal (1975)
Aout 2023 = Chronique du soleil à la fin de l'ère Edo / Bakumatsu taiyôden, de Yûzô Kawashima (1957)
Septembre 2023 = Anatomie d'une chute, de Justine Triet (2023)
Octobre 2023 = ...Et mourir de plaisir, de Roger Vadim (1960)
Novembre 2023 = Mars Express, de Jérémie Périn (2023)
Decembre 2023 = When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad, de Demián Rugna (2023)
Janvier 2024 = The Quiet Girl / An Cailín Ciúin , de Colm Bairéad (2022)