J'éprouve un sentiment ambivalent à l'égard de cet ultime film de l'homme au chapeau de cowboy.Demi-Lune a écrit :Un flic (1972)
Je ne vois pas comment appeler ça autrement qu'un crash. Jean-Pierre, merde, comment t'as pu rater à ce point ?
Rien ne prépare d'ailleurs à cet échec avec ce début inspiré, où le déchaînement des éléments et l'ancrage fantomatique de cette banque donne de suite une belle ambiance. L'image où la voiture de Delon traverse les Champs-Élysées qui s'allument sur son passage est pas mal aussi. Mais alors pour le reste, c'est simple, il faut avoir bien de l'indulgence pour ne pas voir en Un flic une parodie du style melvillien. Le minimalisme de l'écriture, qui sublimait jadis par sa force morale et son émotion latente l'histoire, tend ici purement à la caricature avec ces personnages raides comme des pantins et incompréhensibles (comment avoir de l'empathie pour un Delon manifestement las lorsque tout lorgne vers l'abstraction ? qu'est-ce que vient foutre Deneuve là-dedans ?), ces non-dits qui deviennent involontairement comiques (la scène au bar où Delon, Deneuve et Crenna se regardent tous à tour de rôle sans rien dire en buvant leur verre) ou ces aphorismes sortis de nulle part ("Dans le fond, les deux seuls sentiments que l'homme aie jamais été capable d'inspirer à un policier sont l'ambiguïté et la dérision"). Pour un cinéaste aussi rigoureux que Melville, un tel renoncement est inexplicable. Le pompon avec cette séquence nanardesque en diable des maquettes de train et d'hélico.
Et la nouvelle vision d'hier soir n'y change rien.
C'est évident que les défauts sont nombreux, à commencer par cette fameuse séquence du braquage du train et l'utilisation de maquettes ridicules.
Et puis plusieurs scènes auraient pu être raccourcies.
Cela dit, si ce n'est pas un chef d’œuvre, je pense qu'il faudrait peu de choses pour qu'il en soit un.