John Farrow (1904-1963)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Julien Léonard »

En fait, c'est un cinéaste frustrant ! En cela, il est peut-être pire que les mauvais réalisateurs... Bon, promis, un de ces jours, sur mon PC, je retenterais Vaquero. :wink:

Effectivement, le DVD Warner fait mal aux yeux, bien plus que pour La colline des potences (qui était pourtant convenable, sans plus).
Image
Lord Henry
A mes délires
Messages : 9466
Inscription : 3 janv. 04, 01:49
Localisation : 17 Paseo Verde

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Lord Henry »

C'est un peu du cinéma de dilettante. Le film noir lui est plus facile, et si le brio de la mise en scène y fait office de marque de fabrique, la solidité des scénarios vient fort opportunément remédier à la vacuité du regard - avec de vraies réussites à la clé. En revanche, en d'autres occasions il préfère verser dans l'inconsistance plutôt que de chercher des solutions.
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99636
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Jeremy Fox »

Lord Henry a écrit : En revanche, en d'autres occasions il préfère verser dans l'inconsistance plutôt que de chercher des solutions.
C'est tout à fait ça concernant Terre Damnée visionné en début de semaine ; il n'a même pas eu le courage de mettre un scène un long plan séquence virtuose comme on savait qu'il était capable d'en faire (même si ceux ci paraissent parfois bien lourds).
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par bruce randylan »

Pour donner une idée de sa virtuosité (à partir de 2min 12 sachant que le fondu au noir au passage de la fenêtre n'apparaissait pas la copie que j'ai vu)

"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Profondo Rosso »

Vaquero (1953)

Image

La guerre de Sécession passée, un ancien colonel sudiste du nom de Cameron (Howard Keel) arrive dans une région frontière au sud du Texas pour y reconstruire sa vie avec sa femme Cordelia (Ava Gardner). Or Cameron choisit une région où une bande de desperados menés par Jose Esqueda (Anthony Quinn) impose sa loi. Esqueda est contre tout progrès et s'oppose aux lois en compagnie de celui avec qui il a été élevé, un fin tireur nommé Rio (Robert Taylor). Entre la détermination de 2 hommes pour faire plier l'autre, Rio est attendrie par le charme de la belle Cordelia et compte bien ne pas en rester là ...

Plutôt spécialiste du film noir, John Farrow signe là une incursion remarquable dans le western (on lui doit aussi l'excellent Hondo un peu plus tard dans le genre) dans une veine romanesque voisine de Duel au soleil. Ride, Vaquero n'égale pas ce glorieux modèle la faute à un scénario à la construction un peu déséquilibrée (des personnages quittent et reviennent dans l'intrigue pendant de longues minutes sans raison) mais le trio d'acteurs et la tournure psychologique de leurs relation rend le tout captivant à suivre. L'histoire dépeint l'affrontement entre les nouveaux propriétaires terriens fraîchement installés à la frontières mexicaines et les bandits locaux voient ces arrivés d'un mauvais œil car l'arrivée de la civilisation et ses lois signifierait aussi la fin de leurs exactions. Le redoutable chef des desperados José Esqueda (Anthony Quinn) va ainsi s'opposer au plus courageux des propriétaires Cameron (Howard Keel) qui va le défier publiquement après qu'il ait brûlé sa maison. Pourtant derrière ces grands enjeux, d'autres plus intimes se dessinent. Rio (Robert Taylor) frère adoptif et taciturne homme de main de José va tomber amoureux de l'épouse de Cameron Cordelia (Ava Gardner) ce qui va bouleverser l'équilibre des forces en présences et semer le trouble dans les relations liant les protagonistes.

Image

Un des grands atouts du script de Frank Fenton est d'éviter avec brio de rendre ses personnages conventionnels. Le plus prévisible semble être Cameron typique de l'américain courageux prêt à défendre ses terres bec et ongles mais une péripétie inattendue le grandit encore quand il épargnera Rio pour au contraire s'appuyer sur lui pour étendre son domaine et gagner la confiance des autres mexicains de la région. Howard Keel amène une droiture et un charisme formidable au personnage. Le grand méchant incarné par Anthony Quinn devient un être totalement déséquilibré par l'abandon de son frère, aux réactions incohérentes et uniquement guidées par sa détresse affective. L'acteur apporte une nuance surprenante à une figure de brute épaisse à laquelle il donne une vraie fragilité sans atténuer sa violence.

ImageImage

C'est bien sûr avec la relation entre Robert Taylor et Ava Gardner que ce parti pris s'avère le plus prenant. Tout de noir vêtu, la mine glaciale et totalement détaché de ce qui l'entoure, Taylor campe un être désabusé qui a renoncé à tout. Une attitude ébranlée par l'amour qu'il se découvre pour Ava Gardner et qui va lui faire trahir son frère. Ava Gardner (dans un rôle bien plus intéressant que Lone Star son grand western) est parfaite en enjeu romantique pour lequel tous se déchirent et est absolument envoutante lorsqu'on devine peu à peu ses sentiments basculer pour Rio dans deux scènes formidables. Alors qu'elle a l'occasion de tuer Anthony Quinn, sa volonté vacille en pensant que Rio sera tué. Plus tard face à Rio elle prend conscience de ce qui l'a fait réellement renoncer et lui cède (tout en affirmant le contraire dans le dialogue) et dans ces deux moments Ava Gardner est absolument prodigieuse de culpabilité et d'émotions contradictoires.

ImageImageImage

Il est dommage que le récit patine un peu après cette montée en puissance et la conclusion est assez maladroitement amenée et expédiée. John Farrow ne retrouve pas la sophistication de ses films noirs dans sa mise en scène ici (malgré quelques beaux morceaux de bravoures tout de même) mais néanmoins offre un formidable pic émotionnel lors du duel final entre Robert Taylor et Anthony Quinn. Beau western 4,5/6. Par contre cette copie ouch c'est vraiment pour l'amour d'Ava que je met quant même des captures :mrgreen:

Image
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8964
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par feb »

Profondo Rosso a écrit :Par contre cette copie ouch c'est vraiment pour l'amour d'Ava que je met quant même des captures :mrgreen:
C'est beau l'amour :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Profondo Rosso »

Il en fallait pour tenir jusqu'au bout avec une telle copie :mrgreen: C'est loin d'être irregardable mais c'est franchement pas terrible quand même.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Profondo Rosso »

Quels seront les cinq ? (1939)

Image

Douze personnes embarquent à bord d'un avion, le "Silver Queen", à destination de l'Amérique du Sud. Mais l'engin est pris dans une tempête et s'écrase dans un endroit situé dans les Andes, où vivent les Jivaros, les "réducteurs de têtes". Bill Brooks et son co-pilote Joe tentent de réparer l'avion. Henry Spengler, vieux professeur, s'aperçoit que le territoire, sur lequel ils ont atterri, est plus que dangereux. Si certains personnages s'adaptent à la situation, d'autres révèlent leur véritable nature...

John Farrow réalise là un remarquable ancêtre de film catastrophe avec ce Five came back. L'interprétation du solide casting et la construction limpide de l'intrigue donne même une fraîcheur appréciable à tout ce qui deviendra des poncifs du genre. Nous avons donc ici un équipage de douze passagers qui suite à une avarie de moteur et d'une violente tempête vont voir leur avion s'écraser dans la région des Andes. Dès lors à travers la difficile survie dans ce territoire hostile et alors que les pilotes tentent de réparer l'avion, les caractères de chacun vont se révéler dans l'adversité. La première partie introduit brièvement et avec efficacité les différents passagers : un jeune héritier en fuite pour se marier avec sa secrétaire(Wendy Barrie et Patric Knowles), un vieux couple bougon en voyage (C. Aubrey Smith et Elisabeth Risdon), un homme accompagnant le garçonnet d'un ami en difficulté (Allen Jenkins), un policier et l'anarchiste qu'il escorte (John Carradine et Joseph Calleia) et une jeune femme pimpante qu'on suppose de mauvaise vie (Lucille Ball seule star du lot).

Si leurs natures sont brossés à gros traits par le dialogue (les échanges secs et amusant du vieux couple), les situations les introduisant (la tentative d'évasion de l'anarchiste) où leur image (le jeune couple presque niais dans le côté WASP propre sur eux), ce n'est que pour mieux développer la manière de l'épreuve va les révéler à eux même. Nos retraités retrouvent ainsi leur énergie et leur complicité, la jeune délurée se découvre un instinct maternel afin de protéger le petit garçon tandis que l'héritier va révéler toute sa faiblesse de caractère alors qu'il doit pour la première fois se battre pour quelque chose. On devine forcément la présence de Dalton Trumbo sur ce dernier point et les élans gauchistes du script, notamment avec le personnage de l'anarchiste ( Joseph Calleia absolument remarquable loin des rôles hispanique à gros traits qu'on lui a fait souvent jouer) qui en obtenant un suris à l'exécution qui l'attendait s'épanouit dans cette communauté où comme le soulignera un dialogue chacun coexiste sans distinction social et apporte sa part à l'édifice. Ce sont finalement les figures d'autorités (le flic incarné par Carradine) et d'aisance sociale avec Patric Knowles qui feront vaciller l'équilibre paisible des rescapés.

Ces points de tension iront bien sûr en s'exacerbant lorsqu'interviendra le rebondissement final : faute de carburant, seul cinq passagers pourront embarquer tandis que pointe la menace d'indiens jivaros rôdant aux alentours. La conclusion est ainsi un superbe moment d'émotion entre la fin humble des sacrifiés acceptant leur destin et la lâcheté des autres suivant leur nature égoïste (la dimension politique se retrouvant dans la notion de mérite de ceux qui partiront). John Farrow aura remarquablement amené cette évolution tout en n'oubliant jamais de délivrer un vrai film d'aventure. Il fait des miracles pour recréer cette jungle foisonnante malgré son budget étriqué, Farrow faisant importer de vrais arbres dans son décor studio et travaillant énormément la bande-son la bande son afin de renforcer le réalisme et l'immersion de ce cadre exotique (remarquable manière d'introduire les jivaros à la fin, digne d'un western et pleine de mystère dans l'esprit de la menace invisible qu'ils constituent tout le film). De même les effets spéciaux des scènes de vols sont remarquables, on devine certes la maquette (du modèle Capelis XC-12 pour les férus d'aviation) mais le tout est parfaitement intégré et les scènes de heurts aériens, de crash et le décollage final sont vraiment palpitants et parfaitement filmés et découpés. Succès surprise pour la RKO, le film aura droit à plusieurs déclinaisons dans les années suivantes. Un remake mexicain intitulé Los que volvieron sera produit en 1948, Farrow en personne revisitera son film au sein de cette même RKO en 1956 avec Back from eternity (Robert Ryan, Rod Steiger et Anita Ekberg au casting) et plus étonnant l'intrigue sera reprise dans l'épisode The Galileo Seven/Galilée ne répond plus de la première saison de la série originale de Star Trek. 5/6
Lord Henry
A mes délires
Messages : 9466
Inscription : 3 janv. 04, 01:49
Localisation : 17 Paseo Verde

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Lord Henry »

TCM a programmé A Bullet Is Waiting dans le cadre de leur mois "Jean Simmons".

La seule chose notable, c'est que contrairement à ses habitudes John Farrow la joue profil bas. Cela ne rend pas le film plus intéressant pour autant; verbeux, démonstratif et pire que tout, édifiant.

Maintenant, je n'aurai pas le cœur d'être inutilement sévère avec une œuvre dans un laquelle un chien et un agneau tiennent les premiers rôles.
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99636
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Jeremy Fox »

Quels seront les cinq ? Ce n'est pas une question mais le titre d'un film de John Farrow qui sort dans la dernière fournée RKO pocket de chez Montparnasse
André Jurieux
Assistant(e) machine à café
Messages : 262
Inscription : 13 mai 11, 20:43

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par André Jurieux »

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

CHINA. LE DÉFILÉ DE LA MORT. 1943

Avec Alan Ladd ( David Jones), Loretta Young (Carolyn Grant), William Bendix (Johnny Sparrow). Reste de la distribution composée essentiellement de sino-américains.

En Chine, avant la deuxième guerre mondiale...

David Jones et Johnny Sparrow son employé, deux aventuriers américains, transportent des marchandises à travers la Chine au bénéfice de l'occupant japonais auquel ils procurent du carburant et diverses fournitures.
Alors qu'ils prenaient un peu de repos dans une petite ville refuge, celle ci est bombardée par les japonais. Sparrow ramasse un bébé chinois en pleurs et ne sachant qu'en faire mais ne voulant pas l'abandonner le garde
avec lui ce qui rend furieux Jones lorsqu'il s'en aperçoit. Il ne veut aucunement s'encombrer d'un enfant, désire reprendre la route au plus vite et sauver le camion et son chargement.

Surviennent des hommes en uniforme qui ordonnent à Jones de les suivent. C'est la résistance chinoise qui tente de le forcer à rentrer à leur service. Ce dernier refuse catégoriquement et il reprend la route avec son
acolyte. Bientôt, un enfant commence à pleurer à l'arrière du camion. Contrairement aux ordres reçus, Sparrow a sauvé l'enfant.
Des centaines de réfugiés encombrent la route et au milieu de cette cohue et sous les bombardements qui se poursuivent, le camion tente de se frayer un passage. Contraint pourtant de s'arrêter, ils font ainsi la connaissance
d'une jeune américaine, Carolyn Jones, qui travaille pour une institution de jeunes filles chinoises. Avant de monter à bord du camion, elle réussit, à l'insu de Jones, a faire monter à l'arrière tout un groupe de ses jeunes
élèves.

Commence alors un long périple à travers la Chine...

Image

Un film qu'il est impossible de raconter tant il s'y passe de choses....

On voit bien ou Farrow veut en venir mais le film de propagande est bien tardif. Il faudrait savoir si le projet était resté dans les cartons. C'est parfois le cas pour ces films d'aventures au message politique trop risqué (En tout
cas du point de vu du ou des studios). J'y reviendrais plus loin...

Le début peut faire penser à un film ultérieur comme Josey Welles. Un aventurier sans scrupules (ou dans le cas d'Eastwood qui ne pense qu'à sa vengeance) se retrouve encombré par une bande de "bras cassés" qui contrarient
ses projets. Le personnage joué par Bendix déjà tranche avec celui interprété par Ladd. C'est un brave type bourré d'humour qui désapprouve ouvertement les ordres du boss mais s'incline tout de même le plus souvent. Il n'a
pas pu abandonner le bébé chinois qui accompagnera le groupe pendant un bon moment. On voit bien les possibilités de situations cocasses qui peuvent découler de cette situation ...on les a bien...et c'est très réussi.

Ensuite, les jeunes chinoises. La aussi, cette présence insolite amène de bonnes scènes, drôles d'abord puis tragiques.
Enfin, un jeune homme, assistant de Mrs. Grant est assez énigmatique. On se demande longtemps s'il est vraiment ce jeune homme naïvement provocateur ou si c'est un résistant uniquement là pour surveiller Jones ?

Donc ce film de Farrow n'est pas dénué d'humour mais je dirais que dans son esprit sans doute c'était le contrepoint nécessaire au reste du film. Car on est bien dans un film de guerre et un film de guerre aux scènes parfois très
dures pour l'époque. La cruauté des japonais est montré sans détour. On rejoint là les intentions du film. L'attitude de l'aventurier américain qui tient des discours "isolationnistes" proclamant qu'il n'a pas à prendre parti pour qui
que ce soit, qu'il à parfaitement le droit de faire du commerce avec qui il l'entend est clairement désapprouvé !

Le duel verbal avec Carolyn Grant au sujet de la situation politique en Chine est d'ailleurs assez sérieux pour un film "commercial" américain.
Je ne veux pas en dire trop mais plus tard le conflit portera surtout sur la destination finale du convoi. Jones veut livrer sa camelote aux japonais alors que l'institutrice pense surtout à mettre à l'abri ses protégées.

Quelques reproches tout de même. Dans les scènes sentimentales (car vous vous doutez bien que...), une musique hideuse, sirupeuse au possible gâche un peu le plaisir. Certaines de ces scènes entre Bendix et L. Young et entre
cette dernière et A. Ladd sont dialoguées de manière ahurissantes. Ou ce dialoguiste as t'il entendu des "fils du peuple " s'exprimer de cette manière ?

Enfin bref, très bon film tout de même. Je m'aperçois que je n'ai même pas encore signalé qu'il y avait aussi dans ce film de nombreuses scènes d'action propre au genre...ce qui est plutôt bon signe. D'autres moments encore ou
l'émotion n'est absolument pas trafiquée...et je peux encore ajouter que le final explosif très réussi est lui extraordinairement bien dialogué.

Pour moi, l'un des meilleurs films de Farrow et 3 acteurs au sommet de leur forme. Mention spéciale pour Bendix dont c'est un des meilleurs rôles.

Vu en VOST. Celui ci je l'ai sous titré pour faire plaisir à un copain fan d'Alan Ladd.
André Jurieux
Assistant(e) machine à café
Messages : 262
Inscription : 13 mai 11, 20:43

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par André Jurieux »

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

JOHN PAUL JONES. JOHN PAUL JONES, MAÎTRE DES MERS. 1959

Avec Robert Stack (John Paul Jones), Marisa Pavan (Aimée de Tellison), Charles Coburn (Benjamin Franklin), MacDonald Carey (Patrick Henry),
Bette Davis (Catherine de Russie), Jean-Pierre Aumont (Louis XVI), Peter Cushing (capitaine Pearson), David Farrar (Wilkes) et Bruce Cabot (Lowrie)

Image

John Paul, un jeune écossais frondeur, s'engage comme mousse sur un navire dès l'âge de 13 ans. Il gravit un à un tous les échelons et à 26 ans il est maintenant
capitaine d'un navire qui commerce avec les Antilles. Au cour d'une traversée, une mutinerie se produit à bord et Paul tue un des marins rebelle. Le gouverneur
de Tobago qu'il consulte lui conseille de prendre la fuite et de changer d'identité pour éviter un procès incertain.

Il quitte donc ruiné mais sans véritable regret son existence de marin, change de nom en ajoutant Jones à son patronyme et décide de rejoindre son frère, un
planteur de Virginie. Mais à son arrivée il apprend la mort prématuré de ce frère et hérite donc de sa fortune. Introduit dans la bonne société de Virginie, il fait
ainsi la connaissance de Patrick Henry et de George Washington, deux futurs héros de l'indépendance américaine.
Les incidents commence d'ailleurs à se multiplier avec les arrogants anglais et Jones en tant qu'ancien marin est sollicité pour servir dans la marine américaine.

Ce sont ses aventures contrariées que nous suivront. Elles le mèneront en France et en Angleterre jusqu'à la déclaration d'indépendance puis il servira l'impératrice
de Russie avant de mourir autour de ses 40 ans prématurément usé.

L'interprétation :

Celle de Robert Stack dans le rôle titre est le gros point faible du film...Il est certes plein de noblesse. S'exprime avec distinction et avec une certaine hauteur mais
pour autant il ne dédaigne pas avoir parfois recours à la violence... mais tout ceci parait sans vie !
Contrairement au véritable Jones qui était semble t'il une sacré personnalité, un homme réellement audacieux et profondément ambitieux, Stack nous fait çà à la
Stewart Granger mais un Granger qui aurait éteint une partie des lumières. Il réussirait presque à lui tout seul à rendre ennuyeuse une histoire de bateau par ailleurs
pleine de péripéties et filmée dans un Technicolor somptueux. Il n'y en a qu'un qui a ma connaissance a secoué Stack, c'est Douglas Sirk...qui a reveillé plus d'un
acteur/trice disposant de peu de moyens dramatiques.

Au milieu d'une distribution qui se prend au sérieux, dans ce film historique par ailleurs totalement dénué d'humour, on distingue néanmoins quelques prestations
amusantes. En quelques apparitions, une déjà vieillissante Bette Davis réussit à enterrer toute la distribution. En impératrice de Russie hautaine, sourire crispé au
coin des lèvres, s'exprimant en russe, en français et en anglais, elle crève l'écran par le coté pince sans rire de son interprétation. J'ai lu quelque part que la vrai
Catherine, en réalité 9 ans plus agée que Bette Davis était à cette époque là un vrai tonneau et qu'elle avait un ratelier constitué de dents en bois. Ah Hollywood !
Toujours en pointe pour respecter la vérité historique ! Ok mais c'est pas ce qu'on lui demande en priorité dirait moult cinéphiles...

Jean-Pierre Aumont en Louis XVI et l'espagnole Susana Canales en Marie Antoinette sont eux aussi assez amusant. Quand Jones vient à Versailles pour tenter de se faire
"sponsoriser" pour la construction d'un bateau, il suscite l'enthousiasme de Marie-Antoinette. "Mais bien entendu, vous aurez l'argent" et Louis XVI de lui répondre à peu
près ceci "Mais enfin mon amie, vous êtes sûrs, c'est l'équivalent de 3 parures de diamant ! Vous allez vous sacrifier ?"..."Mais bien sûr mon très cher...etc...

Enfin, un Charles Coburn bien fatigué mais toujours fringant est un très bon et bienveillant Benjamin Franklin.

Image

Un peu d'histoire...John Paul Jones a réellement existé. Les exploits qu'on lui voit accomplir sont absolument fidèles à l'histoire. Par contre pour ce qui est de sa personnalité
et de ses aventures amoureuses, là, encore une fois Hollywood à frappé...

Farrow, qui était également le co-scénariste du film, en plus d'un film d'aventures maritimes classiques, a voulu nous tenir un discours politique un peu trop réitéré et appuyé.
C'est selon moi (et sans doute profondément pour lui) la raison d'être du film. Le discours égalitaire est en effet omniprésent. Le véritable Jones était en avance sur son temps.
Du temps de sa 1ère carrière dans la marine britannique, il avait fait du trafic d'esclaves et en était resté dégouté. Dans le film, on le voit d'ailleurs émanciper illégalement des
esclaves de la plantation de son frère.
Par ailleurs, tout au long de sa vie, Jones est montré comme un rebelle à l'autorité ce qui n'aide sans doute pas sa carrière mais surtout comme un homme en lutte contre les
privilèges, y compris dans sa patrie d'adoption. Sa carrière est en effet sans cesse entravée par ses origines modestes et en dépit de ses succès militaires et de ses appuis haut
placés, notamment l'amitié de Washington et de Franklin, on lui refuse périodiquement le commandement de navires de guerre.

Même sa vie sentimentale est contrariée par ses origines. La famille de la jeune femme interprétée par Marisa Pavan s'opposera en effet à leur mariage.

Bref, Farrow a voulu tenir 2 bouts d'une corde trop longue pour lui...ou il aurait fallu qu'il soit bien épaulé par tout le monde et ce n'est pas le cas...car par moment je trouve
qu'on s'ennuie un peu.

Tournage en France et surtout en Espagne et un film qui a du bénéficier d'un bon budget. Le producteur Samuel Bronston se fera par la suite un des spécialistes des superproductions.
Il produira notamment "Le roi des rois" de Nicolas Ray et "Les 55 jours de Pékin" pour le même metteur en scène, les 2 hippopotames d'Anthony Mann, Le Cid et La chute de l'empire
romain puis "Le plus grand cirque du monde pour Hathaway et finira sa carrière en produisant le "Fort Saganne" d'Alain Corneau.

Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99636
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Jeremy Fox »

Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99636
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui sur le site : Terre damnée et son DVD
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99636
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: John Farrow (1904-1963)

Message par Jeremy Fox »

Répondre