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Test dvd
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L'Homme qui venait d'ailleurs

DVD - Région 2
Potemkine
Parution : 5 mai 2015

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Film-culte oblige, L’Homme qui venait d’ailleurs a donné lieu à un nombre conséquent d’éditions numériques, en DVD ainsi qu’en Blu-ray. Hormis des disques allemand, espagnol ou bien encore italien, le film fut aussi édité aux États-Unis chez Anchor Bay - en 2003 sous la forme d’un double DVD - puis chez Criterion, d’abord en DVD (2005), par la suite en Blu-ray (2008). L’Homme qui venait d’ailleurs fit aussi l’objet d’un premier DVD français paru en 2005 chez StudioCanal.

Nombre de ces versions précédant le disque édité par Potemkine/Agnès b. étant désormais épuisées, on se contentera de comparer ce cru 2015 numérique et hexagonal de L’Homme qui venait d’ailleurs avec le Blu-ray que le britannique Optimum lui a consacré en 2011, toujours disponible. Au risque d’enfoncer une porte (gigantesquement) ouverte, le DVD proposé par Potemkine offre bien évidemment une image d’une qualité inférieure à celle (hautement définie) du Blu-ray d’Optimum. La copie utilisée par Potemkine s’avère cependant d’une belle propreté, à la colorimétrie douce et (à notre goût...) satisfaisante. Le transfert jouit qui plus est d’une précision comme d’une fluidité généralement suffisantes. Et les manquements criants en la matière - comme cette restitution pour le moins incertaine des travellings latéraux lors de la séquence de la boutique d’antiquités au début du film... - sont suffisamment ponctuels pour ne pas remettre en cause le plaisir visuel procuré par ce disque.

Précisons en outre que l’éditeur français propose L’Homme qui venait d’ailleurs dans sa version initiale et intégrale de 139 minutes. Lors de sa sortie aux États-Unis, le film fut raccourci d’une vingtaine de minutes par son distributeur. Ces coupes visaient tant à ménager la censure locale - en supprimant notamment les séquences érotiques de L’Homme qui venait d’ailleurs - qu’à "normaliser" la narration kaléidoscopique d’un film jugé trop difficile d’abord pour le public "moyen" des salles étasuniennes. C’est donc bien le director’s cut de L’Homme qui venait d’ailleurs que Potemkine propose dans un DVD à l’image inévitablement en-deçà de celle du Blu-ray d’Optimum, à la facture cependant assez soignée pour goûter le visionnage de ce fascinant conte philosophico-science-fictionnel.

Son

Là aussi, la bande-son du simple DVD édité par Potemkine souffre sans doute de la comparaison avec celle en HD du Blu-ray d’Optimum. La piste stéréo (uniquement en version originale) proposée par l’éditeur français est cependant suffisamment propre et claire pour assurer une restitution plaisante du complexe univers sonore de L’Homme qui venait d’ailleurs. Précisons au passage que le Blu-ray d’Optimum offre des sous-titres anglais pour malentendants permettant aux spectateurs et spectatrices francophones manquant un peu d’assurance dans la langue de Shakespeare de suivre plus aisément une bande-son exclusivement anglophone.

Suppléments

Un unique supplément accompagne L’Homme qui venait d’ailleurs : il s’agit d’un module de vingt-cinq minutes intitulé David Bowie au cinéma, combinant des interventions de Jean-Marc Lalanne, des Inrockuptibles, et de Linda Lorin, animatrice à Radio Nova. Ainsi que l’annonce sans ambiguïté le titre de ce bonus, il n’est que fort minoritairement question du film de Nicolas Roeg lors de ces propos impressionnistes durant lesquels le réflexif le dispute à l’anecdotique... L’évocation (très) rapide de L’Homme qui venait d’ailleurs sert en réalité de point de départ à un aperçu plus large sur l’ensemble de la carrière cinématographique de David Bowie, avec quelques échappées sur d’autres de ses prestations visuelles (clips vidéo, publicité). On imagine aisément que pareil choix éditorial de la part de Potemkine répond avant tout à l’actualité bowienne de ce mois de mai 2015 puisque le chanteur fait en ce moment l’objet d’une très populaire exposition à la Philarmonie de Paris. Mais si ses fans trouveront peut-être leur compte dans ce David Bowie au cinéma, les admirateurs et admiratrices du film de Nicolas Roeg se sentiront sans doute frustré.e.s.

Pour celles et ceux qui voudraient donc prolonger le visionnage numérique de L’Homme qui venait d’ailleurs par des boni en traitant réellement, on les invitera à se procurer le Blu-ray édité par Optimum comprenant quant à lui plus de deux heures de suppléments. Hormis un documentaire rétrospectif de vingt-quatre minutes intitulé Watching the Alien, on y entend aussi s’exprimer longuement Nicolas Roeg lui-même, ainsi que trois autres chevilles ouvrières essentielles de L’Homme qui venait d’ailleurs : la comédienne Candy Clark (en charge du rôle féminin principal, celui de Mary-Lou), le directeur de la photographie Tony Richmond ainsi que le scénariste Paul Mayersberg. Si tous leurs propos ne sont certes pas constamment passionnants - Candy Clark, sans doute enthousiaste, tend un peu à verser dans l’hagiographie... - ils offrent néanmoins suffisamment d’éclairants rappels factuels ou de pistes interprétatives pour satisfaire celles et ceux désirant en savoir plus sur L’Homme qui venait d’ailleurs. Le tout est cependant présenté en anglais sans le support d’aucun sous-titrage, même anglophone.

Notons enfin, à l’intention des aficionados complétistes et fortunés de L’Homme qui venait d’ailleurs que l’édition (épuisée) qu’en fit Criterion - et qui s’échange maintenant à prix d’or... - comprend quant à elle un commentaire audio par Nicolas Roeg, David Bowie himself et le comédien Buck Henry, en charge du rôle de Oliver Farnsworth, ainsi que des échanges avec Candy Clark, Rip Torn (l’interprète du personnage de Nathan Bryce), Paul Mayersberg, la costumière May Routh et le directeur artistique Brian Eatwell. Des interviews auxquelles s’ajoute une batterie d’archives photographiques. Au cas où Potemkine voudrait étoffer la partie bonus de son DVD de L’Homme qui venait d’ailleurs lors de sa (re)sortie dans le coffret Nicolas Roeg annoncé pour septembre prochain, cet aperçu sur les éditions anglo-saxonnes du film rappelle qu’il y a pléthore de possibilités en la matière...

Par Pierre Charrel - le 20 mai 2015