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Le chroniqueur, harassé par de longues journées consacrées à écrire ce papier, doit bien avouer qu’il n’a trouvé ni le courage, ni le temps, de revoir les six films dans leur intégralité pour la seule critique technique. L’avis donné ci-dessous fait donc fi du moindre professionnalisme et se base sur une vision en diagonale de films, sur quelques scènes clefs piochées au gré des films (scènes de nuit, de brouillard, de combats bien entendu…) afin de se faire une idée de la qualité technique de l’édition que nous propose Wild Side. Un très beau menu animé, propre à chaque épisode, ouvre le film. Une musique hypnotisante et le lettrage rouge qui se découpe sur le noir et blanc de l’image, nous plongent immédiatement dans l’univers sombre de la saga. Il est rapidement évident que l’édition Wild Side n’a pas à rougir du très beau travail d’HK lors de la précédente sortie de la série. Si les couleurs semblent un peu moins éclatantes, sur les autres aspects techniques le chat qui miaule dépasse même nos espérances. Si l’état parfait de la copie ne nous surprend pas (les films bénéficient de nouveaux masters restaurés, et les éditions HK étaient déjà quasiment parfaites) la qualité de la définition et surtout une compression impeccable, élément qui pêchait bien souvent chez Wild Side, nous enchantent. Les contrastes sont très poussés et les scènes de nuit donnent des noirs profonds sur lesquels se détachent impeccablement couleurs et sujets. Ces contrastes donnent également aux scènes de jours des contours très tranchés et une définition d’une grande finesse. Si l’on excepte quelques scènes où un léger flou se fait ressentir (mais il faudrait chercher plus avant afin de savoir s’ils sont d’origine), Wild Side nous offre une édition splendide, qui plus est dotée de nouveaux sous-titres.
Son
L’unique version originale proposée est d’une beauté à couper le souffle. Il semble que Wild Side ait poussé la dynamique par rapport à l’édition HK, ce qui n’enlève rien à la clarté des différentes sources : voix, musique, chocs des lames, chairs découpées, râles, hurlements, cris d’agonies, gargouillis d’hémoglobine… Si on ressent dans les moments les plus barbares une petite saturation du son, l’ensemble est magnifique et ne déplore nul souffle ou parasite.
Suppléments

Kenji Misumi, un père et passe (14 mns) - Kazuma Nozawa, biographe de Misumi, retrace le parcours de ce cinéaste passionnant. Il éclaire entre autre l’œuvre du réalisateur par trois années de captivité en Sibérie à l’issue de la guerre 39/45, événement qui marque profondément l’homme et qui provoquera en lui un dégoût de la guerre (un thème qu’il n’a jamais abordé au cinéma) et nourrira sa vision de la violence au cinéma. Nozawa brosse le portrait d’un homme psychologiquement dur, intraitable dans ses rapports avec les studios, créateur exigeant et perfectionniste. Il nous parle de la collaboration du réalisateur avec son équipe technique attitrée, la "Misumi-gumi", son écoute constante aux propositions de ses collaborateurs. Nozawa évoque ensuite la place de Misumi au sein de la Daiei, et son statut de "réalisateur féminin". La fin du documentaire est consacré aux relations conflictuelles du cinéaste avec son père. Fils d’une geisha, il ne pouvait vivre avec elle, et ce drame intime marque fortement son cinéma et notamment Baby Cart avec les rapports complexes qui se tissent entre Daigoro et son père. 14 minutes très riches menées par un Nozawa qui semble intarissable sur le sujet.
Frank Miller et Baby Cart (10 mns) - Jean-Paul Jennequin, historien de la bande dessinée, nous parle de l’influence du Japon et du manga sur les auteurs de Comics américains, et notamment sur Frank Miller, le plus prestigieux, le plus génial de tous (avec Chris Ware, bon, là je m’écarte carrément du sujet…mais il est toujours bon de rappeler l’importance du bonhomme). Le personnage du samouraï est la matrice de nombreux héros de Miller, de Ronin à Wolverine, en passant par Dark Knight, sa formidable relecture de Batman. Jennequin nous dévoile un Frank Miller initiateur de la vague manga en Occident.

Tuez (9 mns) - Nicolas Rousseau, à travers six exemples, nous explique le travail de transposition du manga au film. Il analyse précisément la construction des planches et du mouvement interne de la bande dessinée, et les met en rapport avec leur mise en scène cinématographique. Découpage, cadre, rythme sont subtilement analysés dans les deux médiums, et Rousseau nous donne là une véritable leçon de mise en scène, brillamment illustrée par une réalisation qui sait capter et souligner chaque explication du journaliste. . Un supplément indispensable, peut-être le plus passionnant de ce coffret !
Galeries photos - Une galerie est proposée pour chacun des films, composée de captures, de photos d’exploitation et de l’affiche originale.
Bandes-annonces des six films. - Très belles, magnifiquement rythmées, entrecoupées de planches du manga, ces bandes-annonces sont saisissantes de modernité. Six petites perles rythmées par la musique pop d’ Hideaki Sakurai.
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