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Test dvd
Image de la jaquette

Coffret Allan Dwan, une légende d'Hollywood

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 19 novembre 2009

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Tout d’abord un grand merci à Carlotta d’avoir pensé à déterrer ces films que de nombreux cinéphiles attendaient avec une impatience non feinte, d’autant qu’ils n’existaient qu’en zone 1 mais sans aucun sous-titres. Cette aubaine de coffret contient donc sept des dix films qu’Allan Dwan tourna pour le producteur Benedict Bogeaus et non des moindres puisqu’au moins les trois chefs-d’œuvre de la série, ceux avec John Payne pour interprète principal. Au vu des tests précédemment effectués des DVD VCI (notamment ceux de Silver Lode et de Slightly Scarlet), les copies semblent être absolument identiques. Il doit être d’ailleurs difficile de s’en procurer d’autres plus satisfaisantes puisque même les versions françaises, au dire de l’éditeur, n’ont pu être récupérées malgré le fait qu’elles aient bel et bien existé.

Les menus, tous sur le même modèle, sont beaux et sobres. La qualité des copies varie selon les titres mais pour les plus moyennes, Carlotta s’en excuse avant même le générique (sur Escape to Burma en l’occurrence). Sachons aussi dès lors qu’aucun miracle n’a pu être accompli ; chaque copie possède son lot de scratches plus ou moins visibles, de lignes verticales intempestives (surtout sur Slightly Scarlet), de séquences assez abimées et parfois des couleurs manquant un peu de peps. Mais là où le bât blesse, c’est surtout dans le choix des formats. Sur ce point, nous nous verrions néanmoins très mal enfoncer plus avant l’éditeur d’autant plus que c’est nous, spectateurs, qui avions réclamé à cor et à cri les copies en format large des derniers films projetés en SuperScope sans savoir qu’ils avaient en fait été tournés à l’origine en "format carré". Carlotta nous les a donc servies sur un plateau, que demander de plus ? C’est seulement après coup que le regret se fait sentir car, après comparaison avec les copies 1.37 diffusées sur le satellite voici quelques années, force est de constater que le format SuperScope détériore sacrément l’image originelle en leur faisant perdre une bonne partie en haut et surtout en bas de l’écran, et en affaiblissant quelque peu le tonus et la luminosité des couleurs. Dommageable mais pas scandaleux puisque les films ont longtemps été distribués de la sorte en salles et que la copie de Tennessee’s Partner se révèle très appréciable, le travail de John Alton sur les couleurs ressortant encore de la plus belle des manières. Il n’était certainement pas non plus possible d’avoir d’autres copies de Silver Lode ou de Pearl of the South Pacific, qui, même si très satisfaisantes au niveau de la colorimétrie et de la définition, sont bizarrement rognées, sur les côtés cette fois, les cadrages se révélant ainsi parfois inharmonieux. Tout cela ne nous empêche pas de pouvoir découvrir ces films dans de très honnêtes conditions mais il fallait néanmoins signaler ces "bugs" qui ne doivent cependant pas être imputés à l'éditeur qui a certainement dû choisir ce qu’il a pu trouver de mieux.
Au cas par cas, les copies de Silver Lode, Tornade et Cattle Queen of Montana sont proposées au format 1.37 respecté. Elles se montrent assez propres, bien conservées (à l’exception de quelques séquences floues, ou bien avec les fameuses trois bandes de couleurs peinant parfois à se superposer), bien contrastées quoique parfois un poil ternes, bien définies et bien compressées (témoins les innombrables travellings qui ne laissent devant nos rétines aucunes traces numériques pénibles) même si cela fourmille parfois dans les arrière-plans. En résumé, nous avons de très belles copies, notamment la plus réussie du coffret, celle superbe de La Reine de la prairie devant laquelle on reste ébloui grâce à de si chaudes couleurs et notamment de si beaux verts. Pour les films projetés au cinéma en 2.0, Carlotta a fait deux choix : La Perle du Pacifique est proposé dans son format 1.37 (mais encore très visiblement rongé sur les côtés) dans une copie de très belle facture avec les mêmes qualités et les mêmes défauts que les trois premières. En revanche les trois autres sont proposées en format large : 1.77 pour Escape to Burma et Slightly Scarlet et 2.0 pour Tennessee’s Partner ; donc, contrairement à ce qu’affirme Carlotta en préambule des deux films diffusés en 1.77, il leur manque très logiquement et mathématiquement aussi de l’image sur les côtés ! Nous ne reviendrons pas sur la situation idéale qui aurait été de pouvoir nous proposer les deux formats, mais force est de constater (surtout si l'on a eu l’occasion de les comparer) que l’étirement en format large n’est pas la meilleure chose qui soit arrivée à ces petites perles de la série B, même si ceux-ci restent très regardables en l’état d’autant plus que les copies proposées (surtout celle du western, celle du film noir étant très sale, celle du film d’aventure sacrément délavée) se trouvent être très correctes, respectant au moins le travail du chef opérateur. Déception certes, mais vite oubliée devant ce matériel honorable, qui a néanmoins pu être récupéré dans l’ensemble, et devant la joie de pouvoir redécouvrir des films dont nous nous étions fait à l’idée qu’ils deviendraient probablement invisibles pour nous.

Son

Concernant le son, pas grand-chose à redire ; toutes les pistes anglaises s’avèrent très claires, même pour Pearl of The South Pacific malgré pas mal de crépitements sur cette dernière. Revenons rapidement sur la déception légitime que pourraient avoir les amateurs de versions françaises puisqu’ils en seront ici privés !

Suppléments

Carlotta s’en tire une nouvelle fois avec les honneurs dans ses choix concernant les suppléments tout en sachant ne pas en faire trop, ne se sentant pas obligé comme certains d’y inclure tout et n’importe quoi. Chaque film possède sa bande-annonce originale ; leur état n’est pas particulièrement reluisant (celle de Tornade est même proposée en noir et blanc) mais elles sont en revanche toutes sous-titrées.

Sur chaque titre, on trouve un extrait de l’interview audio (en tout plus de 60 minutes) qu’Allan Dwan donna en 1968 à Peter Bogdanovich sur fond d’une image fixe du magnétophone de John Payne dans Slightly Scarlet ; idée simple mais efficace et très sympathique, d’autant plus que la scène du film est utilisée en préambule et en épilogue de chaque passage comme si John Payne et Rhonda Fleming nous passaient la bande à écouter. Nous l’avons déjà dit dans le cours de l'article, Allan Dwan nous conte des anecdotes de tournage et nous parle de ses acteurs et techniciens mais n’analyse jamais vraiment ses œuvres. Ce qu’il dit se révèle très intéressant, mais les analystes purs et durs ne pourront qu’être un peu en manque.

Le Dernier des grands maîtres (30’) est une interview filmée de Peter Bogdanovich qui revient avec émotion sur ses rapports avec le cinéaste tout en évoquant l’ensemble de sa carrière.

L’Homme qui acheta un canyon (11’) et Au secours de Cain (29’) sont deux passionnantes interviews du scénariste Robert Blees (scénariste de nombreux films de Douglas Sirk de sa période Universal) qui, dans la première revient sur le tournage de Cattle Queen of Montana, ses rapports avec le cinéaste et les acteurs et notamment du statut d’acteur de Ronald Reagan. Conscient des défauts du film, il ne cherche jamais à l’enjoliver et en parle avec une belle lucidité. Dans la seconde, il aborde longuement l’adaptation du mauvais roman de James Cain qui a abouti à Slightly Scarlet et parle de sa collaboration avec le duo Dwan/Bogeaus.

L’Homme qui filmait plus vite que son ombre est une interview croisée de deux acteurs de Silver Lode, Stuart Whitman et Harry Carey Jr., ce dernier étant surtout connu pour avoir fait partie de la famille fordienne. Ils se remémorent non seulement le tournage du western d’Allan Dwan mais aussi ceux avec Raoul Walsh ou John Ford justement.

Enfin, pour compléter le tout, Carlotta propose aussi dans de très belles copies noir et blanc, deux téléfilms de 25 minutes chacun tournés par Allan Dwan en 1956 pour la série hebdomadaire diffusée au bénéfice de la Director’s Guild : Screen Directors Playhouse. Le premier, High Air, raconte la redécouverte d’un père et son fils vingt ans après leur séparation sur le lieu de travail du père, un chantier de forage de tunnel. Un aspect documentaire intéressant en arrière-plan pour une histoire attachante de Borden Chase interprétée par Wiliam Bendix et le jeune Dennis Hopper. Le second, It’s Always Sunday, est une fable souriante sur le thème de la confiance avec Dennis O’Keefe en sympathique pasteur et Fay " King Kong " Wray dans le rôle de son épouse. L’histoire amusante est signée D.D. Beauchamps, le scénariste de Tennessee’s Partner.

Par Erick Maurel - le 18 novembre 2009