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Critique de film
Le film

Les Rubis du prince birman

(Escape to Burma)

L'histoire

En Birmanie au 20ème siècle, le Sawbwa (Robert Warwick), un prince influent de la région, demande l’aide à la police britannique afin de retrouver le meurtrier de son fils qui n’est autre que l’ami de ce dernier, un certain Jim Brecan (Robert Ryan) qui clame pourtant haut et fort son innocence. Un officier de la sécurité, l’inspecteur Cardigan (David Farrar), se lance immédiatement à sa recherche. Poursuivi également par les hommes du souverain, l’aventurier se réfugie dans la plantation isolée de Mrs Gwenn Moore (Barbara Stanwick), une propriétaire occidentale qui élève des éléphants. Ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre mais Cardigan finit par retrouver la piste du fugitif. Des bandits font à leur tour irruption dans la plantation ; le policier, l’aventurier et la riche propriétaire vont devoir faire front commun pour se dépêtrer de cette situation dangereuse. Cardigan n’en oublie pourtant pas sa mission et prévient Brecan qu’il le conduira ensuite à Rangoon afin qu’il y soit jugé…

Analyse et critique

Après un trio de bons (voire très bons) westerns, Allan Dwan quitte l’Ouest américain pour tourner deux films d’aventures exotiques, l’un se déroulant en Birmanie, l’autre dans les Mers du Sud. Escape to Burma raconte l’histoire au 20ème siècle d’un prince influent de la région qui demande l’aide à la police britannique pour retrouver le meurtrier de son fils qui n’est autre que l’ami de ce dernier, un certain Jim Brecan (Robert Ryan) qui clame pourtant haut et fort son innocence. Un officier de la sécurité (David Farrar) se lance immédiatement à sa recherche. Poursuivi également par les hommes du souverain, l’aventurier se réfugie dans la plantation isolée de Mrs Gwenn Moore (Barbara Stanwyck), une propriétaire occidentale qui élève des éléphants et dont il tombe immédiatement amoureux. Mais Cardigan finit par retrouver la piste du fugitif et des bandits font à leur tour irruption dans la plantation ; le policier, l’aventurier et la riche propriétaire vont devoir faire front commun pour se dépêtrer de cette dangereuse situation. Film d’aventure maritime, Pearl of the South Pacific narre celle d’un trio d’aventuriers ayant repêché en mer un indigène naufragé sur lequel ils découvrent de magnifiques perles noires. Ayant appris que celles-ci proviennent d'un endroit où se trouve tout un trésor, ils décident de mettre le cap sur l’île paradisiaque des Mers du Sud sur laquelle le "butin" est caché au fond d’un lagon gardé par une pieuvre géante. Dans ce monde tranquille coupé de tout, le vieux chef de la tribu locale refuse tout contact avec le monde extérieur pour préserver la paix de son peuple. Mais le trio d’aventuriers mal famés va tenter de s’y infiltrer, la femme du groupe (Virginia Mayo), l’aguicheuse et cupide Rita se faisant passer pour une missionnaire afin de mettre en confiance les paisibles autochtones.


Chasse à l’homme (et au tigre) dans la jungle moite, temples en ruine squattés par les singes, dressage d’éléphants, mise à mort par le fouet, idylle entre un aventurier et une femme mure et forte, jalousie latente entre deux "males" (un meurtrier présumé et l’homme chargé de son arrestation) pour les yeux de la belle… Navigation et explosion d’un voilier dans les Mers du Sud aux eaux bleues turquoises, aventurière aguichante toujours en short très court, jalousie des deux escrocs pour leur pulpeuse partenaire, romance entre cette dernière et le fils du chef de l’île, bataille sous-marine avec une pieuvre géante, mariage coloré entre les natifs de l’île… Autant d’éléments alléchants pour les amateurs de films d’aventures hollywoodiens colorés, remuants et distrayants. Peine perdue et l’on doit au contraire vite déchanter car, que ce soit Les Rubis du Prince Birman ou La Perle du Pacifique, ces deux films se révèlent tous deux bien médiocres et, n’hésitons pas à le dire, souvent ridicules. Le second peut même être considéré comme un navet pur jus, l’humour involontaire finissant rapidement par ne même plus nous faire sourire. Pour une fois, Allan Dwan, le génie de son chef opérateur John Alton et la débrouillardise de Van Nest Polglase ne parviennent pas à transcender les substances narratives de départ plus que basiques et ont du mal à pallier l’absence de moyens ; entre les stock-shots mal intégrés et les minables décors en plastique, le charme de l’exotisme a vraiment du mal à prendre et se révèle même totalement absent devant une jungle aussi peu luxuriante et une île qui semble être sise aux abords de Los Angeles. Ajoutez à cela des dialogues franchement grotesques, des situations risibles, des personnages caricaturaux (Dieu que Lance Fuller est mauvais dans le second film ! Que le couple Ryan/Stanwick fonctionnait beaucoup mieux dans Clash by Night de Fritz Lang !), des scénarios (tous deux écrits par Talbot Jennings qui eut certainement une bonne fée penchée au dessus de sa plume lorsqu’il écrivit le superbe script de Across the Wide Missouri de William Wellman) qui se trainent lamentablement quand ils ne font pas du sur place, jamais ni passionnants ni même tout simplement plaisants, et une mise en scène qui a du mal à nous faire sortir de la torpeur qui nous a très vite envahis… et vous aurez vite regretté d’avoir perdu ces trois heures de temps à moins d’être un "complétiste" de la filmographie d’Allan Dwan.


Ce dernier, très lucide, disait d’ailleurs à Peter Bogdanovich à propos de Pearl of the South Pacific : « Sur ce tournage, même le bateau a sombré… On aurait mieux fait de s’abstenir… Une catastrophe… » Tentons néanmoins de sauver du naufrage quelques éléments épars. Dans ce mélange à priori séduisant de film policier, de mélodrame et de film d’aventure que se trouve être Escape to Burma - et qui, transposé dans l’Ouest, aurait très bien pu faire un western sans que l'on ait eu besoin de beaucoup modifier le script – on retiendra le charisme animal de Robert Ryan, la chasse au tigre plutôt bien montée, une belle utilisation des décors qui avaient été créés pour Le Conquérant de Dick Powell, la séquence nocturne dans le Temple envahi par les singes… mais héla pas Barbara Stanwick, guère convaincante. Pour sa défense, il était certainement difficile de l’être à partir d’un personnage aussi piètrement écrit. Homer Dickens, dans son ouvrage sur l’actrice, parle carrément de son plus mauvais film.


Dans Pearl of the South Pacific, à l'exception des jambes et du joli minois de la ravissante Virginia Mayo, ce n’est même pas la fameuse bataille avec la pieuvre qui mérite d’être signalée. On préfèrera vous renvoyer vers deux autres séquences identiques beaucoup plus réussies et tendues, celles incluses dans les très bons Naufrageurs des Mers du Sud (Reap the Wild Wind) de Cecil B. DeMille et dans Le Réveil de la Sorcière rouge (Wake of the Red Witch) d’Edward Ludwig, sans oublier bien évidemment celle insurpassable mise en scène par Richard Fleischer dans le magnifique 20 000 lieues sous les mers. Difficile aussi de croire au rachat de Virginia Mayo dans la seconde partie, et surtout désolée de devoir en passer par là, d’autant plus que son personnage au départ vil, aguichant et cupide, était le seul point intriguant de ce ratage total. Point de nonchalance mais de la paresse ou plutôt du désintérêt total de la part de Dwan devant des scénarios aussi ineptes ; et au final on ne trouvera même pas le charme du kitsch et chamarré comme on peut en rencontrer par exemple dans les comédies musicales de la MGM. Quant à David Farrar, après tant de rôles remarquables en Angleterre sous la direction de Michael Powell, il a dû amèrement regretter d’avoir traversé l’Atlantique pour poursuivre sa carrière.

En savoir plus

La fiche IMDb du film

Par Erick Maurel - le 18 novembre 2009